8 minutes de ma vie, Gilles Bornais : Chlore. Et clore…

9782709642378-G

8 minutes de ma vie, Gilles Bornais

Éditions Jean-Claude Lattès, mai 2012

 

Rêve de chlore ou…de clore?

 

     Dans quelques minutes, Alizée va s’élancer pour tenter de remporter la finale du 800 mètres nage libre aux Jeux olympiques. Une place enviée. Place enviable? Moins sûr. Car dans les bassins d’entrainement, loin de l’ébullition des médias, des déclarations énamourées des fans, des sponsors qui louvoient, se cache une réalité autre. Une réalité que l’auteur, ancien reporter sportif, puis nageur de compétition et entraîneur, connaît bien.

     Pas de place au repos, au moindre relâchement. Entraineur, club, sponsors, médias, fans, amis, famille, tout le monde compte sur la nageuse. Derrière sa confiance affichée, Alizée tremble. Ne pas décevoir, être à la hauteur de son image de championne, gagner, gagner, gagner. Et donc s’entrainer, s’entrainer, s’entrainer. Toujours plus vite. En dépit d’inhumaines souffrances. En dépit de l’épuisement.

     Dans la chambre d’appel, la nageuse s’interroge. Que fait-elle là? Rêve de chlore ou de clore? Désire t-elle vraiment cette médaille ou n’est-elle que le pantin du désir des autres, un robot programmé pour avaler les longueurs sans broncher? Ses rêves de conquête, l’ivresse des chronos, le plaisir de nager semblent avoir bu la tasse, voire s’être noyés dans les flots des entrainements sans fin, des efforts à l’extrême à fournir au quotidien, des sacrifices, de la souffrance et de la solitude.

     Dans huit minutes elle sera fixée sur son sort. Dans huit minutes, elle saura si l’angoisse qui l’étreint aura fait place au soulagement.

     Au cours de ces huit minutes, elle va jouer sa vie.

     Un enjeu terrifiant. P.52 : «  L’or sinon la mort, on en revient toujours là. »

     Si le sort d’Alizée se joue en huit minutes, il suffit de huit millièmes de secondes au lecteur pour plonger tête la première dans l’encre des mots de Gilles Bornais. Un univers impitoyable, des mythes qui sombrent, des rêves qui coulent, on nage dans la réalité violente du monde olympique. Si la nageuse aligne les longueurs, le roman de Gilles Bornais n’en souffre aucune. Très belle performance de l’auteur dans cette course de 203 pages qui se lit en apnée.

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