Serge Joncour, L’amour sans le faire : plus qu’un coup de coeur, un coup de foudre!

9782081249141

L’amour sans le faire, de Serge Joncour

Editions Flammarion,  Août 2012

 

      Très jeune, Franck a ressenti l’appel de la ville, la faim de l’inconnu, la soif de liberté. Prendre la relève de la ferme parentale du Lot n’était pas pour lui. Non, sa vie serait ailleurs, caméra au poing. Les terres et leur exploitation, il les laissait à son jeune frère Alexandre, quitte à ce que ce dernier ressente son départ comme une trahison. Après tout, Alexandre a tout du bon fils, un digne successeur avec la terre dans le sang. Lui, non. Au fil des années, ce monde rural qui l’a vu grandir lui est devenu étranger. Plus rien à dire aux siens. Plus rien à partager.

      Alors il espace ses visites.

      Alors il ne revient plus les voir.

      Dix ans plus tard, et des blessures en plus, il ressent pourtant le besoin viscéral de revoir les siens. Mais quand on ne s’est pas parlé depuis si longtemps, comment réamorcer le dialogue? Comment ne pas se sentir étranger chez soi? Pétri d’appréhension, Franck prend donc le train pour la propriété familiale des Bertranges.

      De son côté, depuis le décès de son mari, Louise survit. La ville se révèle ne pas lui offrir le réconfort souhaité. Elle l’avait espéré, pourtant, comptant sur l’anonymat de la foule pour prendre un nouveau départ. Mais les illusions sont vite devenues illusoires. On ne quitte pas sa souffrance en mettant une distance physique avec les lieux du drame. La douleur est en soi, comme une blessure lancinante, permanente, inscrite dans la chair, tatouée sur l’âme. Indélébile. Il n’est de pire geôle que la prison mentale. Le manque de celui qu’elle a tant aimé s’inscrit en plein dans le vide de ses journées. De chaque journée. Aussi, elle décide de retourner chez son ex-belle-famille quelques jours, dans la ferme des Bertranges, là où l’attend son petit garçon de trois ans, Alexandre. Là où se rend Franck.

     Et Louise et Franck de se rencontrer.

      Avec ce SUBLIME roman, Serge Joncour peint avec sensibilité, justesse, magnificence, la rencontre de deux êtres blessés, qui se comprennent par delà les mots, dont le regard seul réchauffe, dont la seule présence apaise de vivre. Le tableau magistral de deux renaissances.

      Je n’ai pas aimé ce livre, je l’ai adoré.

      Je ne l’ai pas lu, je l’ai dévoré.

      A moins que ce ne soit lui qui ne m’ait dévoré…

      Vous l’aurez compris, L’amour sans le faire, de Serge Joncour, est un morceau de bravoure. Une écriture intense et belle, portée par un élan vital merveilleux. Un livre qui donne envie d’aimer la vie. D’aimer tout court.

      De ces livres, rares, qui vous marquent à jamais…

 

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P. 49 : « Dans l’amour, il y a bien plus que la personne qu’on aime, il y a cette part de soi-même qu’elle nous renvoie, cette haute idée que l’autre se fait de nous et qui nous porte. »

P. 221 : Ne pas pouvoir s’aimer c’est peut-être encore plus fort que de s’aimer vraiment, peut-être vaut-il mieux s’en tenir à ça, à cette très haute idée qu’on se fait de l’autre sans tout en connaître, en rester à cette passion non encore franchie, à cet amour non réalisé mais ressenti jusqu’au plus intime, s’aimer en ne faisant que se le dire, s’en plaindre ou s’en désoler, s’aimer à cette distance où les bras ne se rejoignent pas, sinon à peine du bout des doigts pour une caresse, une tête posée sur les genoux, une distance qui permet tout de même de chuchoter, mais pas de cri, pas de souffle, pas d’éternité, on s’en tient là (…).

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