Camille s’en va, Eliane Girard
Editions Buchet Chastel, mars 2015
Roman d’une fugue, Camille s’en va parle autant des excès de notre société que de la solidarité qui, envers et contre tout, autorise l’espoir.
Pour Maryline, la vie s’est arrêtée douze ans plus tôt, le soir où son mari a été la victime innocente d’un braquage. Depuis ce jour maudit, elle vit recluse dans son appartement, shootée aux antidépresseurs et autres anxiolytiques. Un appartement qu’elle partage avec sa fille Camille aujourd’hui âgée de 18 ans. Camille, son trésor, son seul lien à la vie. Submergée par l’angoisse qu’un autre drame ne survienne, que la vie lui arrache sa fille comme elle lui a arraché son mari, elle prive cette dernière de liberté, limite ses moindres déplacements. L’extérieur, le monde réel, auquel elle n’a plus accès qu’à travers le prisme de la télévision, lui parait si hostile, si dangereux. A contrario, l’extérieur incarne pour Camille le lieu de tous les possibles, la liberté, la vie, comme le lui renvoient les émissions de télé-réalité qu’elle regarde. Et de s’imaginer en héroïne d’un jeu télé, partant à l’aventure, sans argent, comptant sur la seule bonne volonté des habitants croisés en chemin. Une perspective séduisante.
Si séduisante qu’un jour elle décide de la mettre en pratique. Elle quitte le cocon étouffant de la maison et fugue, part à la rencontre des autres, d’elle-même, de la vie.
Avec Camille s’en va, Eliane Girard dresse le portrait de personnages attachants, des êtres blessés en quête de sens, funambules en équilibre fragile sur le fil de la vie. Un chemin initiatique parsemé de désillusions mais aussi d’agréables constats sur le genre humain.
Touchant.
Nombre de pages : 268
Prix éditeur : 15€