Camille, mon envolée, de Sophie Daull
Éditions Philippe Rey, août 2015
Rentrée littéraire
Ce 19 décembre 2013 semblait un jour comme les autres. La pétillante Camille, seize ans, est de sortie avec ses amis du club de théâtre. Certes, elle a une légère fièvre, mais rien de nature à assombrir la soirée. Noël approche, les rues s’illuminent, les vitrines scintillent, les bras se chargent de cadeaux. L’heure est festive.
Mais le lendemain, la fièvre augmente. Des douleurs térébrantes dans tout le corps l’accompagnent. Sophie Daull, sa mère, s’inquiète. Médecin, Samu, service des urgences d’un grand hôpital parisien, personne ne prend les maux de Camille très au sérieux. Dans son cœur de mère pourtant, un doute, de plus en plus fort, de plus en plus obsédant : et s’il s’agissait de quelque chose de grave ? Car elle connaît sa fille, laquelle est tout sauf douillette. Car son cœur de maman sent le danger. Quand après quatre jours de fièvre très élevée et de douleurs inhumaines, quand après des dizaines d’appels passés au corps médical son inquiétude est enfin prise au sérieux, il est trop tard : Camille décédera au cours de son transport à l’hôpital.
Comment survivre à la perte d’un enfant ? Impensable, contre nature. Un enfant ne peut pas mourir avant ses parents ! Perdre un enfant c’est tout un avenir qui disparaît, c’est toute la composition de la famille qui change, c’est notre rôle de mère, de père, qui est remis en cause. Perdre un enfant c’est un choc émotionnel qui bouleverse la vie personnelle, conjugale, familiale, sociale et professionnelle. Perdre un enfant c’est voir voler en éclats tous ses repères, une partie du sens donné à l’existence. C’est être obsédé par des questions sans réponse…
Alors Sophie Daull décide de s’envoler sur les ailes de sa plume. Pour suturer ses plaies béantes au fil de ses mots. Pour donner vie à sa fille par la voix de son encre. « Je n’ai qu’une envie, c’est d’être avec papa et de continuer à écrire ce texte. D’être avec toi, donc. Écrire, c’est te prolonger. » P.76 Car il y a quelque chose de plus fort que la mort : la présence des absents dans les mots et les pensées des vivants.
Non, il ne s’agit pas d’un énième livre sur le deuil. Non, il ne s’agit pas d’un récit qui verse dans le pathos. Non il ne s’agit pas d’un linceul de mots. Ce livre est UNIQUE et MAGNIFIQUE. Un chant d’amour vibrant d’une mère à sa fille. Une partition poignante, aux envolées poétiques sublimes, ponctuée de notes d’humour comme autant de dièses à l’insondable douleur. Une écriture d’une déchirante beauté.
Il y a un avant et un après ce livre. Et une certitude : Camille va continuer à vivre, dans nos esprits, éternelle.