Sœurs de miséricorde, Colombe Schneck
Editions Stock, août 2015
Rentrée littéraire.
Azul, née en Bolivie dans une famille d’indigènes quechuas, fait partie de ces femmes immigrées économiques, qui ont tout quitté – pays, famille, mari, enfants, faute de trouver des moyens de subsistance dans leur pays. Et de s’expatrier, loin de ceux qui leur sont chers, dans un pays dont elles ne connaissent rien. Ni la langue, ni les coutumes ni les codes.
Azul a grandi au sein d’une fratrie de 9 enfants, élevée par sa mère, Ximena, dans le petit village de Chuqui-Chuqui. Une famille matériellement pauvre mais riche de l’affection, du respect et des attentions que chacun porte aux autres. « La richesse n’est pas l’accumulation de biens, mais de liens à l’autre. » (p 39) Ximena cultive des fruits dans un jardin luxuriant, qu’elle échange sur le marché contre des produits pour les siens. Consciente de l’importance d’accéder à l’instruction, elle qui ne sait ni lire ni écrire, se sacrifie pour payer des études à ses enfants. Azul ira ainsi jusqu’au collège et deviendra secrétaire. Un mari et deux enfants plus tard, alors qu’elle a atteint une certaine stabilité, Azul voit ses repères s’effondrer. La crise économique que traverse la Bolivie l’oblige à partir chercher du travail à l’étranger, comme de nombreuses femmes. Direction l’Europe. Sans les siens. Mais pour les siens.
Dans ce roman, Colombe Schneck dresse le portrait d’une femme indiciblement attachante, de ces combattantes de l’ombre, capables de déplacer des montagnes pour les leurs, d’accepter sans broncher des sacrifices énormes, des conditions de vie terriblement dures. Seules. Mues par la foi. Par leur amour pour autrui. Des femmes d’une bonté rayonnante, viscérale, pure. Et contagieuse.
Un roman profondément humain. Une belle leçon de vie, de courage et de persévérance.