Mois: juin 2016
Les grandes jambes, Sophie Adriansen (Slalom)
Les grandes jambes, de Sophie Adriansen
Editions Slalom, juin 2016
A partir de 10 ans.
L’adolescence est le temps des métamorphoses tant physiques que psychiques. Des changements physiques directement exposés au regard des autres, suscitant parfois des commentaires moqueurs ou amusés, si difficiles à supporter pour ces ados qui ont déjà du mal à se reconnaître eux-mêmes.
C’est le cas de Marion, dont la croissance s’est emballée à l’entrée au collège. D’un seul coup, tous ses vêtements se sont retrouvés trop petits pour ce long corps et tout particulièrement ces interminables jambes. « Grande perche ! » « Sauterelle ! » Les surnoms railleurs fusent.
Et le calvaire de commencer, ces longues jambes devenant une obsession, un véritable complexe. Impossible pour Marion de trouver un pantalon à sa taille. De quoi mettre à mal le peu de confiance qu’elle a en elle. Et surtout, de quoi ruiner à tout jamais ses chances auprès du beau Grégory . A-t-on jamais vu un garçon beau comme un dieu s’intéresser à une géante aux tenues trop courtes ?
Pour Marion, le champ de vision s’arrête au niveau de ses chevilles dénudées. C’est alors qu’un voyage à Amsterdam va élargir son regard, lui faire découvrir d’autres personnes de grande taille. D’autres chemins de croix. Des émerveillements artistiques aussi.
Et relativiser.
Dans ce roman tendre et résolument optimiste, Sophie Adriansen aborde avec beaucoup de justesse et de sensibilité les questionnements, complexes, envies et craintes de l’adolescence. Un roman sur le rapport à soi et aux autres, qui trouvera un fort écho chez les ados. Une histoire qui montre qu’il suffit parfois d’un regard, d’une réflexion, d’une rencontre, pour que le monde autour de soi se teinte d’espérance.
Prix Marcel Pagnol 2016 : Astrid Eliard
Cette récompense littéraire distingue un livre sur le thème du souvenir d’enfance. Le jury, présidé par Jacqueline Pagnol et Daniel Picouly, a couronné le roman Danser, d’Astrid Eliard (au Mercure de France).
Depuis 2010, cette récompense littéraire a su trouver sa place. Bien sûr, ce prix est né, comme l’auteur du Château de ma mère, à Aubagne, en Provence, à l’occasion du festival du livre Terres d’enfance en 2000. Il a été créé et organisé par Floryse Grimaud. Son esprit? Couronner chaque année un livre sur le thème du souvenir d’enfance. Si cette distinction a pris de l’ampleur, elle le doit aussi à son jury présidé par Jacqueline Pagnol et Daniel Picouly. Il est composé d’Azouz Beggag, Guy Goffette, Dominique Guiou, Karin Hann, Xavier Houssin, Stéphanie Janicot, Nicolas Pagnol, Claude Pujade-Renaud et Floryse Grimaud.
Avec cette édition, le Prix Marcel Pagnol fêtait ses seize années. La remise a eu lieu au Fouquet’s Barrière. La lauréate est repartie avec un chèque de 3.000 euros offert par les sociétés Marcel Pagnol Communication et la Compagnie Méditerranéenne de films, qui soutiennent le prix.
Astrid Éliard, qui collabore au Figaro littéraire, avait face à elle de sérieux candidats, dont Jean-Marc Parisis, Claude Gutman, Dominique Sampiero, Isabelle Spaak et François-Guillaume Lorrain.
J’avais chroniqué son roman Danser, en mars dernier :
Danser, Astrid Eliard
Mercure de France, février 2016
Avec beaucoup de tendresse, Astrid Eliard nous entraîne dans le monde des petits rats de l’Opéra. Un monde à part.
Ils sont trois Chine, Delphine et Stéphane. Trois adolescents que les motivations et les origines tant sociales que géographiques, opposent. Mais qu’une seule et unique passion réunit : la danse classique. Une passion et un don pour cet art qui les conduisent cette année à intégrer la prestigieuse Ecole de danse de l’Opéra et son internat.
Qui dit internat dit éloignement familial. Autonomie salvatrice ou douloureuse ? Si d’aucuns y trouvent un nouveau souffle, loin des tensions familiales, d’autres réalisent n’être pas prêts à couper le cordon qui les lie à leurs parents. Et cette école qui les a tant fait rêver, qui a mobilisé toute leur énergie, tous leurs espoirs, se révèle t-elle à la hauteur de leurs attentes ? « Ici on ne danse pas, pas encore en tout cas. On apprend. On travaille. (…) On est crevés, on a mal partout, les jambes sont lourdes, les pieds douloureux, mais la journée qui vient de passer ne nous a pas rassasiés. »
Dans ce roman choral, Astrid Eliard, nous invite à pénétrer dans les coulisses d’un univers très fermé, où la discipline, la rigueur et la persévérance sont reines. La rivalité aussi. Un milieu exigeant s’il en est, qui ne pardonne aucun écart, aucune faiblesse, aucune blessure. Mais aussi particulier soit ce monde, on retrouve les mêmes préoccupations chez ces 3 petits rats que chez les adolescents de leur âge : les premiers émois amoureux, le désir, les doutes, l’autorité, la liberté. Sur la pointe de la plume de l’auteur, le lecteur suit alors la chorégraphie aérienne de ces trois jeunes existences, lesquelles forment un ballet ô combien attachant. Un ballet où la réalité fait tantôt le grand écart avec les rêves, tantôt un pas de deux…
Citation du jour
« La création littéraire devint pour moi ce qu’elle est toujours, à ses grands moments d’authenticité, une feinte pour tenter d’échapper à l’intolérable, une façon de rendre l’âme pour demeurer vivant. »
Romain Gary – La promesse de l’aube
Sur la route de ses rêves, Marie-Laure Bigand :coup de coeur!
Sur la route de ses rêves, Marie-Laure Bigand
Éditions Il était un bouquin, 2016
Un roman choral d’une sensibilité à fleur de plume, viscéralement humain.
Cyril ne s’est jamais remis du décès de son premier amour, Laureen, une jeune femme rencontrée au lycée. Une blessure demeurée à vif dont il se s’est ouvert à personne et dont le souffle du souvenir ravive régulièrement la brûlure. Faute de mots à même d’apaiser ses maux, il est incapable de vivre une nouvelle relation. Et de fuir dès qu’une femme s’attache un peu trop à lui. Aimer est synonyme de souffrance, de peur, de risque.
Gabrielle est une jeune femme qui s’est construite sans la colonne vertébrale qu’est l’amour maternel. Entre une mère défaillante et absente, un père qui a refait sa vie, une place difficile à trouver au sein de la famille recomposée, elle a dû essentiellement compter sur elle-même pour se protéger et trouver une forme d’équilibre.
Jeanne est quant à elle une vieille femme d’une tendresse infinie dont la vie fut riche. Riche de l’amour qui l’unissait à Henri, son mari. Riche du bonheur que lui procurait son métier passionnant de chapelière. Un métier dévorant, chronophage, qui l’a conduite à être une mère insuffisamment présente auprès de sa fille adoptive. Ce que cette dernière n’aura de cesse de lui reprocher.Au crépuscule de sa vie, elle a encore de nombreux rêves, dont un lui tient particulièrement à cœur. Mais elle sait son temps compté…
Trois personnages attachants, trois êtres blessés, que rien ne prédestinait à se rencontrer, si ce n’est la découverte d’une mystérieuse valise, sous le plancher d’un immeuble en voie de démolition. Que contient ce bagage ? Qui l’a laissé dans cette cache ? Quel secret de famille renferme t-il ?
Marie-Laure Bigand nous offre un roman bouleversant, viscéralement humain, et crée dès les premières pages une telle intimité entre les personnages et le lecteur, qu’on vit cette histoire bien davantage qu’on ne la lit. Le lecteur s’engouffre dans le sillage de sa plume, vibre, tremble, sourit, espère, incapable de poser le roman tant qu’il n’est pas rassuré sur leur sort.
Un roman positif, qui redonne foi en l’être humain.
Un roman qui montre qu’il ne faut jamais renoncer à prendre la route de ses rêves.
Coup de cœur !
Citation du jour
Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance.
Abraham Lincoln
Le guide des livres de votre été!
L’été approche à grands pas, même si la météo semble annoncer l’automne 😉 L’esprit déjà en vacances, vous vous apprêtez à faire vos valises. Vous imaginez le concert des cigales, le chant des vagues, le hamac tendu à l’ombre du figuier, le jus de fruit frais frappé à portée de main. Le contexte idéal pour lire. Lire oui, mais quels livres ? Il y en a eu tant encore cette année !
Pas de panique, je vous propose de puiser dans la liste qui suit. Une sélection serrée de mes lectures depuis septembre dernier ; il y en a pour tous les goûts et tous les âges. Prévoyez juste assez de place dans vos bagages !
NB : il vous suffit de cliquer sur les titres pour accéder à la chronique du livre.
Le coin des adultes, entre la crème solaire et les lunettes :
– Une énorme bouffée de tendresse : Les jours areuh, François d’Epenoux (éditions Anne carrière)
– Du suspens, du mystère ? Lisez Agatha christie, le chapitre disparu, de Brigitte Kernel (Flammarion)
– Un cocktail d’émotions, juste équilibre entre amour, drame, suspens, servi avec talent ? Ruez-vous sur le livre de poche de L’enfant du parc, de Philippe Routier !
– S’ouvrir au monde des autistes, avec le bouleversant témoignage de Clémentine Eméyé : Le voleur de brosses à dents (Robert Laffont)
– Un vertigineux jeu de miroirs aux frontières de la folie : Celle que vous croyez, de Camille Laurens (Gallimard)
– L’enfer au travail, à savourer d’autant plus que vous en serez loin : Brillante, de Stéphanie Dupays (Mercure de France). Gros coup de cœur !
– Un roman noir fascinant : Trois jours et une vie, de Pierre Lemaître (Albin Michel)
– Pour être au diapason du chant de la mer face à vous : Entre ciel et Lou, de Lorraine Fouchet (EHO)
– Pour vous mettre du baume au cœur : On regrettera plus tard, d’Agnès Ledig ( Albin Michel)
– Un parfum d’enfance envoûtant ? Le bouleversant Tomber, de Eric Genetet (EHO)
– Le reste de leur vie, de Jean-Paul DidierLaurent (Diable Vauvert) : un livre qui redonne foi en l’être humain !
Le coin des enfants, entre le doudou et le cerf-volant :
– Envie de voyager ? Les chemins de l’école (Nathan) Une série coup de coeur sur les enfants et l’école à travers le monde.
– Besoin de calme ? Heureux et détendu (Nathan) : le premier livre de méditation pour enfants !
– Un petit creux ? Le repas du loup (Nathan) : un livre interactif très amusant!
– Vous séchez face à leurs incessantes questions ? Une aide précieuse avec Dis pourquoi? C’est pas sorcier (Deux coqs d’or) Pourquoi du brouillard sort-il de la bouche quand il fait froid ? Quel nom portait l’épée du célèbre roi Arthur ? Ce sont ainsi plus de 150 questions dans tous les domaines (histoire, géographie, biologie, ethnologie, zoologie, chimie, civilisations, inventions, …) qui trouvent réponse.
– Il rechigne à se coucher ? J’ai LA solution, si, si ! Le lapin qui veut s’endormir : LA solution à l’endormissement des petits (Gauthier-Languereau)
– Et si vous lui permettiez d’être au cinéma tout en restant sur sa serviette de plage ? Mes plus belles histoires Dreamworks (Hachette jeunesse). Les plus grands héros des enfants réunis dans une compilation de 15 aventures.
– Votre enfant aime les animaux ? Emmenez-le au zoo grâce à la collection lancée par Nathan et le parc zoologique de Paris :Les animaux du zoo (Nathan)
– Un roman sur la différence, pétillant, sensible et plein d’humour : Ma vie en noir et blanc, de Delphine Bertholon (Rageot)
Je sais, je sais, ce n’est plus une valise mais une malle qu’il vous faut ! 😉
Bonnes lectures et bonnes vacances!
La reine du tango, Akli Tadjer
La reine du tango, Akli Tadger
Éditions JC Lattès, mars 2016
Le tango est une expression du désir. Une danse fascinante et emblématique, faite d’amour et de conquête. Le tango, c’est un homme et une femme à la recherche l’un de l’autre. La recherche d’un enlacement, d’une façon d’être ensemble, le tout sur une musique qui éveille et tourmente les sens. Plus qu’une danse, le tango c’est donc l’accord des sens, un concentré d’émotion brute. Et la mère de Suzanne, la bien-nommée Reine du tango, incarnait ô combien cette sensualité forte, cette magnificence. Difficile dès lors pour la fille d’oser rivaliser avec l’image de cette mère qui a connu tous les succès. Si elle est elle aussi habitée par cette passion, elle ne l’exerce qu’en tant que professeur, presque confidentiellement. Jamais elle n’oserait participer à des concours, tenter le Mundial.
Une retenue d’autant plus forte « qu’en tango comme en amour, on n’est rien sans l’autre. » Or Suzanne, pas plus en amour qu’en danse, n’a su trouver le partenaire idéal. Elevée seule avec sa mère, laquelle l’abandonnait régulièrement pour retrouver ses amants de passage, puis laissée dans un orphelinat au décès précoce de celle-ci, sans père connu, Suzanne s’est construite comme elle a pu, fragilisée, sans réelles racines, avec cette térébrante peur de perdre l’amour des siens. Alors elle ne s’attache pas. Pour ne plus souffrir.
Elle survit plus qu’elle ne vit.
Pour vivre pleinement, il lui faut réunir les pièces manquantes du puzzle de son histoire. Quelles furent les circonstances de la mort de cette mère tant admirée ? Qui est son père ? Peut-on aimer sans craindre de perdre l’autre ? C’est seulement quand le puzzle sera complet que Suzanne, « entière », pourra s’apaiser, tourner la page et écrire en toute liberté son histoire. Vivre enfin.
Akli Tadjer nous offre un roman très subtil et très sensible sur le tango, mais aussi sur la quête d’identité, la construction. Avec cet émouvant constat qu’il n’est jamais trop tard pour oser être soi.
A lire !
Citation du jour
« Je vois la vie comme une grande course de relais où chacun de nous avant de tomber doit porter plus loin le défi d’être un homme. »
Romain Gary – La promesse de l’aube
Coup de coeur pour « Mes petits imagiers photos » chez Nathan jeunesse
Mes petits imagiers photos
Éditions Nathan jeunesse, juin 2016.
A partir de un an
Le bébé découvre l’image et le bruit correspondant. A vos côtés, il observe, écoute, reconnaît, imite.
Voilà un cadeau à faire absolument à votre petit bout de chou : l’imagier avec tous les bruits associés, édité chez Nathan jeunesse.
Très tôt dans la vie, un enfant joue avec sa voix : c’est le babillage, dans lequel il découvre les sons qu’il peut produire. Le langage étant un échange, l’enfant ne progresse que si on lui fait la conversation. Or ces 40 cartes, qui offrent un panorama complet des bruits familiers (cris d’animaux, sons d’instruments de musiques, véhicules, …) vont être l’occasion d’échanger avec votre petit, de stimuler son langage et ses sens, en douceur, de manière ludique. Les cartes légères et résistantes seront faciles à manipuler pour lui. Elles permettent de présenter un seul élément à la fois et ainsi, de capter son attention par le bruit correspondant. En effet, il vous suffira de télécharger l’application Nathan live ! et de scanner l’image avec votre téléphone, pour entendre le son associé à la carte.
Dès un an, l’enfant pourra pointer l’animal ou l’objet, citer son nom et écouter son cri ou le bruit qu’il fait, puis l’imiter.
Un livret est proposé aux parents avec l’analyse du pédiatre néonatalogiste Dominique Leyronnas sur le développement du langage chez le bébé et l’importance des échanges (parole, lecture, chant) entre le parent et l’enfant.
Un imagier sonore idéal pour échanger, jouer et enrichir le vocabulaire du tout-petit. Coup de cœur !
11*11*11 cm ; 40 cartes ; livret de 16 pages ; 12,50€