La Kar’Interview de Line Papin, auteur de L’éveil (Stock)

Ce mardi 4 octobre, c’est une jeune femme discrète et indiciblement talentueuse que j’ai rencontrée aux Editions Stock. Auteur de l’Eveil, premier roman impressionnant, elle a déjà reçu trois prix pour ce titre : Prix de la vocation 2016, Prix de la forêt des livres, Prix du magazine Transfuge.

Rencontre avec une jeune femme indiciblement touchante :

Quel est le livre qui a changé votre vie ?

Je dirais davantage « les » livres, en général. Mais c’est vrai qu’il y en a un que j’ai lu assez jeune, qui n’est pas un roman, il s’agit des correspondances entre Kafka et Miléna (collection Imaginaire chez Gallimard), que j’ai beaucoup aimé. Dans mon livre, L’éveil, il y a d’ailleurs une petite citation du livre. C’est un livre pas très connu, mais qui m’a beaucoup marquée.

Depuis quand avez-vous commencé à écrire ? Et quel a été l’élément déclencheur à partir duquel vous vous êtes sentie autorisée à écrire ?

J’ai toujours écrit, même quand j’étais petite où j’écrivais des petits contes que j’illustrais. Je me suis sentie autorisée à écrire un peu plus et plus sérieusement quand j’ai eu 16 ans (l’auteur en a aujourd’hui 20). Cela a toujours été là mais vers 16 ans j’ai vulu faire quelque chose de plus vrai. En plus, c’est un âge où on découvre beaucoup de choses (les rapports amoureux, la colère, …) c’est un âge assez explosif et du coup c’est un peu cela que j’ai eu envie d’écrire, même si ce n’est pas de moi dont je parle.

Vous écriviez dans un carnet, sur écran, un peu partout ?

Oui, sur des carnets, mon agenda, mon portable, … Puis je tape cela sur ordinateur ensuite. Mais je préfère écrire à la main, cela m’est plus facile pour réfléchir, organiser les idées, mettre des signes de renvoi, des flèches etc.

Vous avez commencé à écrire L’éveil à 16 ans ?

Oui, j’ai mis trois ans à l’écrire, en ai fait plusieurs versions.

Vous avez dû avoir changé vous-même au cours de ces trois ans. Est-ce que cela a influencé l’écriture ?

Si, car je n’avais pas du tout d’histoire préconçue en fait. J’avais juste envie d’écrire. Et comme il m’est arrivé plein de choses entre 17 et 19 ans, cela a nourri et construit les personnages.

Montrez-vous votre travail au fur et à mesure ?

Non, je ne le montre pas. J’attends d’avoir terminé, de le juger éventuellement montrable.

C’était un choix dès le départ de ne pas donner de prénom au personnage masculin ?

Pour les autres personnages, un prénom s’est imposé naturellement à moi. Pas pour ce personnage.

N’est-ce pas justement parce que cet homme est insaisissable ? Il est tellement multiple : on croit qu’il est vieux or on découvre qu’il est jeune ; on le pense gentil, or il se révèle assez cynique ; il est amoureux, mais de plusieurs femmes ; il fait une expérience de la liberté à partir du vide…

Oui, il est complètement insaisissable, et donc c’est pourquoi il n’a pas de prénom.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de ce titre, L’éveil?

Il s’appelait Soleils éteints au début. Mais le directeur des éditions Stock, Mr Carcassonne, ne trouvait pas ce titre porteur. Il m’a alors proposé L’éveil. Un choix qui me paraissait contestable car je craignais qu’on fasse l’amalgame entre le roman et le fait que je sois une jeune femme qui « s’éveille » à l’écriture. J’étais un peu réticente mais au final, je reconnais que L’éveil est un très bon titre. Même si dans certains articles je lis « l’éveil d’une jeune femme etc » ce n’est pas gênant.

On fait beaucoup référence à Marguerite Duras quand on parle de votre roman. Comment le prenez-vous ?

C’est flatteur. Mais je ne suis pas convaincue que mon roman soit durassien. Si j’écris d’autres livres qui ne se passeront pas à Hanoï et qui ne seront pas une histoire d’amour, je ne pense pas qu’on continuera à faire ce parallèle entre Duras et moi.

Continuez-vous à écrire ?

Oui, j’écris toujours, j’écris chaque jour. L’éveil m’a demandé trois ans et je ne sais pas le temps que me prendra mon prochain roman ni si cela aboutira à quelque chose. Mais j’ai toujours besoin d’écrire, même plus qu’avant. Ce que j’écris est stimulé par ce que je vis mais n’est jamais autobiographique.

On attend donc impatience le prochain livre !

Retrouvez la chronique que j’ai consacrée à L’éveil en cliquant sur ce lien :L’éveil, de Line Papin