Rencontre avec Philippe Claudel pour son roman Inhumaines (Stock, mars 2017 : « Inhumaines, c’est nous vus sous une loupe. »

Ce mois de mars, les éditions Stock publient le nouveau livre de Philippe Claudel : Inhumaines.Selon Philippe Claudel, nous sommes devenus des monstres. On pourrait s’en affliger. L’auteur préfère en rire.

Pouvez-vous présenter votre roman ?

Je ne suis pas cette fois dans une tonalité grave. Là, j’ai essayé d’observer ce que nous sommes devenus, ce que nous devenons, mais en y appliquant un œil plutôt comique, plutôt sarcastique, en essayant de me mettre à la place d’un persan de Montesquieu, qui arriverait aujourd’hui dans notre société et y poserait son regard. Mais en me souvenant aussi que j’étais un grand lecteur d’Hara-kiri, de Reiser et d’autres absurdes auteurs géniaux comme Rolland Topor, qui nous amènent vers la farce, vers le conte cruel, vers le monstre dans tous ses états. Car  depuis quelques années, quand je nous regarde, je m’aperçois que nous sommes des monstres.

Nous rendons-nous compte que nous devenons des monstres ?

Je ne sais pas. Il me semble que la littérature parfois est là pour nous déciller, nous ouvrir les yeux, nous raboter un peu le cerveau comme je le dis en exergue de mon livre.

Un livre grave donc ?

Non. La littérature est aussi là pour nous amuser. Ce livre est fait pour rire, je préfère donner le mode d’emploi dès à présent. Certes, certains passages sont atroces, mais c’est destiné à amuser.

La genèse de ce livre fut-elle longue ?

Cela fait 4/5 ans que je travaille à Inhumaines. Je travaille, retravaille, je veux le publier, ne veux plus le publier, etc. A un moment, mon éditeur et moi nous sommes dits qu’il était temps de le publier. Notamment au regard de ce que les hommes sont devenus.

Ce livre nous donne des nouvelles de nous. Le microscope est posé sur un narrateur avec ses collègues, qui travaillent en entreprise. Ils ont une femme, des loisirs, des préoccupations qui sont les nôtres. Je me suis simplement amusé à collecter tout ce qu’il y avait autour de moi et à pousser un tout petit peu le curseur vers l’atroce, vers l’absurde, vers le délirant, peut-être pour faire comprendre là où nous en sommes. Une espèce de cul-de-sac me semble-t-il. Je ne sais pas si on pourra revenir en arrière.

Inhumaines, c’est nous vus sous une loupe.

Inhumaines, Philippe Claudel. Editions Stock, mars 2017. 142 P. 16,50€