Nathalie Rykiel a accepté de nous parler de son nouveau roman, intitulé « Ecoute-moi bien », paru ce mois de mai 2017 aux éditions Stock. Un roman sur sa relation avec sa mère, la célèbre créatrice de mode, Sonia Rykiel. La romancière a déjà parlé de sa mère dans ses autres livres mais plus que la relation mère-fille, ce livre évoque ce que c’est de trouver sa place, quand on vous désigne une place.
Pouvez-vous nous dire quelques mots de ce livre :
C’est un livre extrêmement cher à mon cœur de fille, de femme et d’écrivain. Je me sens droite dans mes bottes. J’ai le sentiment d’avoir dit ce que j’avais envie de dire à l’instant T. Si je devais l’écrire dans trois ans ou plus, peut-être aurais-je une autre vision. Mais en cet instant, c’est exactement ce que j’avais envie de dire.
Quel est le sujet ?
C’est plusieurs choses :
Un portrait d’une femme incroyable, ma mère Sonia Rykiel. Mais aussi l’histoire d’une relation mère-fille tout aussi très incroyable si j’en juge par toutes les relations mère-fille que je connais autour de moi. Enfin, c’est un livre sur la recherche de sa place. Peut-on bouger de sa place une fois qu’on l’a trouvée, pour autant qu’on l’ait trouvée ? Je pars de mon histoire particulière mais ça a une portée universelle : comment trouver sa place, c’est ça la vraie histoire, ce que je raconte.
Je parle de tout, des débuts de ma mère dans la mode, son rôle dans la vie culturelle, comment je me suis inscrite petite-fille là-dedans. Comment c’était compliqué de faire ma place et ma vie avec avec une mère aussi dévorante que ça, aussi fascinante et aussi dingue que ça. On a développé une relation très particulière en travaillant ensemble, en vivant ensemble. Je parle aussi de la maladie. Elle a souffert pendant 20 ans de la maladie de Parkinson, particulièrement terrible les 5 dernières années. C’est un livre court (160 pages) mais dense.
Sur quoi vous sentez-vous la plus exposée dans ce livre ?
Par rapport à ma mère j’ai la sensation que quoi que je dise, y compris les choses dures que je dévoile, je n’ai aucun problème. Pour une raison très simple, c’est que je connais ma mère, et que plus que tout elle serait heureuse que je la raconte et que je lui consacre un livre. Donc vis-à-vis de ma mère je n’ai aucun souci. Evidemment, je ne donne qu’une version, la mienne, de ma relation avec ma mère. J’ai trois filles qui adoraient leur grand-mère, j’ai un frère. Ils ne peuvent pas tous trouver leur compte dans ma version de cette histoire. Il faut pouvoir s’affranchir du regard des autres, y compris de mes filles qui sont ce que j’aime le plus au monde, sinon je ne suis pas capable d’écrire, surtout l’intime. Je ne peux pas avoir de barrières comme ça. Mon frère est la seule personne au monde qui aurait pu me freiner. Il est aveugle et je lui lisais régulièrement ce que j’écrivais. Je lui ai dit : « Si quelque chose te gêne ou te choque je ne te promets pas de changer mais on en parlera. » Or lui m’a répondu : « je ne partage pas tout mais je respecte ta vision. »
Ce mystère de votre relation avec votre mère, l’avez-vous percé ?
Probablement pas. Car c’est un mystère qui est à la fois charnel, composé de paroles, de sons, de parfums, de mémoire.
Ce roman est écrit à la première personne du singulier, pourquoi ?
Cela s’est imposé à moi. C’est comme cela que j’écris. Et le « Je » permets de faire ressortir l’affect, d’éviter une mise à distance.
Retrouvez le roman de Nathalie Rykiel, Ecoute-moi bien, en librairie à partir du 10 mai!