Après l’immense succès de La tresse, Laetitia Colombani nous offre un deuxième roman tout aussi viscéralement humain, Les victorieuses. Un roman qui donne la parole à ces femmes malmenées par la vie, combattives et généreuses, recueillies par l’Armée du salut au Palais de la femme. Un véritable hymne à la solidarité.
Du métier d’avocat à celui d’écrivain public
Solène est une brillante avocate. Sa carrière a jusqu’ici toujours été sa priorité, et à 40 ans, elle est reconnue et appréciée par ses pairs. Jusqu’à ce drame. Un client qu’elle défendait se suicide sous ses yeux suite à sa condamnation. Le sol s’ouvre alors sous ses pieds. Solène s’effondre au sens propre comme au sens figuré.
C’est le burn-out.
Le psychiatre qui la suit et la voit dériver lui fait une proposition :
« Faites quelque chose pour les autres. Pourquoi pas du bénévolat ? La crise que vous traversez est une crise de sens. Il faut sortir de soi, se tourner vers les autres. Retrouver une raison de se lever le matin. Se sentir utile à quelque chose ou à quelqu’un. »
Sans grande conviction, Solène décide de suivre son conseil et répond à une annonce concernant une mission d’écrivain public. Enfant, écrire était sa passion et écrivain sa vocation. Mais ses parents, juristes tous les deux, ne trouvaient pas cette vocation sérieuse ni rémunératrice. Elle a donc fait du droit. Comme ils le souhaitaient. Et si le temps était venu de se recentrer sur ce qu’elle aime, de donner corps à ce rêve ? Rédiger du courrier en tant qu’écrivain public lui permettra de remettre la plume à l’encrier, de renouer avec les mots. Et qui sait?
Elle quitte donc le palais de justice pour le Palais de la femme, lieu qui accueille des femmes de tous pays, qui ont fui la misère, la violence, voire les deux, pour tenter de se reconstruire. Des femmes certes blessées, dans leur cœur souvent, dans leur chair parfois, mais combattives toujours. Mais lors de sa première séance d’écrivain public, les résidentes du Palais de la femme ne lui réservent pas un accueil chaleureux. Solène va devoir les apprivoiser, gagner leur confiance. Et elle va découvrir à cette occasion que la méfiance dépassée, ces femmes sont admirables d’altruisme, de courage et de pugnacité. Des femmes dont elle a beaucoup à apprendre, qui l’aident autant qu’elle les aide. Solidaires. Généreuses. Courageuses.
En parallèle du parcours de Solène, Laetitia Colombani nous fait voyager dans le temps, un siècle plus tôt, et découvrir le combat de Blanche Peyron, cheffe de l’Armée du Salut en France, à l’origine de la création du Palais de la femme.
Deux parcours émouvants et viscéralement humains.
Un hymne à la solidarité
Dans ce roman, Laetitia Colombani rend hommage à cette femme admirable que fut Blanche Peyron, laquelle a consacré sa vie aux plus démunis et s’est battue au mépris de sa santé, pour que les femmes exclues de la société aient un toit. Elle célèbre de même les résidentes de ce Palais de la femme, des femmes qui ont échappé à la guerre, à la maltraitance, à la misère extrême et restent debout, envers et contre tout. Des femmes solidaires.
Les personnages de ce livre vous hanteront longtemps, qu’il s’agisse de personnages principaux ou secondaires. Tous ont un parcours chaotique dont ils se sont efforcés à chaque fois de se relever. Tous suscitent l’admiration, la compassion et l’empathie. Tous nous donnent envie de consacrer un peu plus de notre temps et de notre attention, à ceux qui en ont besoin. Un roman bouleversant, magnifiquement rédigé.