©Karine Fléjo photographie
Elle a perdu son mari et ses deux filles dans un accident d’avion en Birmanie. La reconstruction lumineuse d’une femme qui a perdu tous ses repères : une femme sans homme, une mère sans ses enfants, une parisienne en Asie. L’histoire touchante d’une résilience matinée de sagesse orientale.
Tout perdre et tout reconstruire
Le sol s’est ouvert sous ses pieds quand le ciel lui a volé ses deux filles et son mari dans un accident d’avion. Eux qui vivaient si heureux, si insouciants en Birmanie et croyaient avoir la vie devant eux. Mais la narratrice se retrouve aujourd’hui seule, avec le sentiment que sa vie est derrière elle.
« Chaque jour qui passait était une sorte de choix. Cette existence que je ne désirais plus me retenait, ou je m’y accrochais malgré moi. Comment trouvais-je la force de vivre tout en souhaitant à chaque instant que tout s’arrête ? »
Paris la déprime, lui fait ressentir par sa grisaille et sa pluie l’absence des êtres chers. Elle décide alors de prendre un aller simple pour Rangoun, là où ils vécurent si heureux. Au fil des rencontres avec des amis et inconnus birmans, elle découvre une autre conception de la vie et de la mort, de la solitude, de la douleur. Une forme de sagesse.
« Toutes les épreuves ont un sens, si on les regarde sous le bon angle. »
Au fil des semaines, la narratrice apprend à traverser la vie, à ne pas entrer en résistance avec les difficultés, les douleurs et le chagrin rencontrés. Elle se reconnecte progressivement avec elle, ses besoins, son essentiel.
« Seule. Je le suis. Seule, c’est à moi qu’il revient de décider ce que sera ma vie. Pas me résigner, juste apprendre à accepter. Pas perdre l’espoir, mais gagner la sagesse. »
Le voyage est une fuite et une quête
Ce roman ne doit pas effrayer par son sujet. Certes, la perte des siens est une terrible épreuve, la plus terrible même, mais ce roman porte essentiellement sur la renaissance à la vie, la renaissance à une forme de sagesse. C’est donc un roman d’espoir, de reprise en mains des rênes de sa vie. Si le voyage de la narratrice était au tout début une fuite, fuite de la douleur, fuite de la solitude, fuite des souvenirs, il devient une quête : quête de sérénité, quête de sagesse, quête d’une meilleure connaissance de soi. Un regard très intéressant d’Isabelle Never, sur la culture birmane, culture qu’elle connaît bien car son travail dans l’humanitaire l’a conduite à vivre plusieurs années en Birmanie et actuellement au Laos. Comme le dit ce proverbe birman : « Il n’est jamais plus tard que minuit », car après minuit, commence un nouveau jour.
Un roman très touchant, très profond, une écriture sensible et très vivante. Et une immersion passionnante dans la culture et la sagesse orientales.