En ce mois de novembre, les éditions Albin Michel publient un nouveau roman de Frédéric Lenoir : « La consolation de l’ange ». Rencontre avec un auteur aussi chaleureux que passionnant.
Qu’est ce qui a motivé l’écriture de ce livre?
Frédéric Lenoir : Si je devais dire à des enfants, à des jeunes, l’essentiel de ce à quoi je crois sur la vie, c’est ce livre que je leur donnerais. J’ai écrit ce livre pour ça, en me disant je pourrais mourir maintenant, j’ai transmis l’essentiel de ce à quoi je crois. C’est à la fois philosophique, spirituel, ça touche-à-tout. C’est un livre de transmission.
Et pourquoi j’ai écrit ce livre ? Ce sont les ateliers de philo que je fais avec les enfants de la primaire jusqu’aux jeunes du lycée qui m’y ont conduit. Je demande aux enfants, surtout en primaire : « Quelles sont les grandes questions que vous posez ? » Et tous me disent la même chose : 1°Pourquoi on est sur terre ? 2°: Pourquoi on meurt si on vit ? 3° Est-ce qu’il y a quelque chose après la mort? À force d’entendre cela, je me suis dit qu’il fallait apporter des réponses. On ne peut pas se contenter de dire c’est trop compliqué à expliquer, tu verras quand tu seras plus grand.
Quelle est l’histoire de ce livre?
F.L. : C’est un jeune garçon d’une vingtaine d’années qui trouve que la vie est absurde et qui fait une tentative de suicide. Il s’en sort et il se retrouve dans une chambre d’hôpital avec une vieille femme qui va mourir et qui elle, à 92 ans, et bien qu’elle ait eu une vie très dure, adore la vie. Elle va essayer de lui expliquer pourquoi elle adore la vie et lui donner des raisons de vivre. Donc c’est vraiment un livre de transmission entre une vieille femme et un jeune homme, que tout oppose au départ mais qui vont s’adorer.
Y a -t-il un personnage qui vous ressemble dans ce livre?
F.L. : Je dis dans la bouche de la vieille femme appelée Blanche, tout ce que je pense, tout ce que la vie m a appris C’est ça qui est très agréable dans un roman, c’est que l’on peut se cacher derrière ses personnages.
La question du suicide peut effrayer des lecteurs. Est-ce un roman sombre?
F.L. : Non, ce n’est pas un éloge du suicide. Le suicide n’est qu’un point d’entrée du roman. L’adolescent du roman est désespéré par la façon dont les adultes traitent le monde. Mais Blanche va lui montrer que le monde ne va pas si mal que cela. Elle lui redonne un espoir dans l’humanité. Mais il me fallait un contraste entre ces deux personnages, psychologiquement, pour construire le roman.
Votre roman évoque la vie dans ses côtés lumineux comme dans ses côtés sombres
F.L. : Je n’esquive pas le côté dramatique de la vie dans ce livre. Mais le discours général de mon roman est de dire que malgré tous ces drames, la vie vaut la peine d’être vécue. Voilà pourquoi.
Pourquoi ce titre, La consolation de l’ange?
F.L. : Car je pense que dans toute épreuve, chacun peut rencontrer un ange d’une manière ou d’une autre (un être humain, un livre, une émission de radio), c’est à dire une main tendue, quelque chose qui d’un coup va permettre de trouver une réponse au moment très douloureux qu’on vit.
Etes vous un optimiste ou un pessimiste?
F.L. : Je suis quelqu’un de lucide et d’optimiste. Je vois le monde tel qu’il est, je vois l’être humain capable du meilleur comme du pire. Mais le pessimiste va dire face à un problème : « c est foutu! », alors que l’optimiste dit : « Cherchons les solutions ». Je suis optimiste et je trouve la vie magique.
« Tout le chemin de la vie, c’est de passer de l’inconscience à la conscience et de la peur à l’amour », c’est une phrase extraite du livre et mise en exergue
F.L. : On attire à soi, par notre inconscient, la grande majorité des événements personnels ( et non les événements collectifs) de notre vie. Les événements sont essentiellement liés a quelque chose chose qu on porte en soi et qu’on attire a soi. On sous-estime la force de la pensée : tout ce qu’on dit et tout ce qu’on pense, ce sont des énergies et ces énergies ont un impact colossal.
« On ne naît pas libre, on le devient », je dis toujours cela. Car quand on passe de l’inconscience à la conscience, quand on comprend pourquoi il nous est arrivé telle chose, comment les événements se sont enchaînés, pourquoi on faisait toujours les mêmes choix, on devient libre. Je parle là de liberté intérieure.
Avoir cette ouverture d’esprit, comprendre ce qui aide devenir libre, dépend de l’éducation, de la culture…
F.L. : J’écris pour cela, pour que les gens qui n’ont pas reçu dans leur milieu familial des clés qui aident à vivre, les trouvent dans les livres.
©Karine Fléjo photographies