©Karine Fléjo photographie
Et si la réalité dépassait la fiction? Quand un livre déposé au service des manuscrits par un mystérieux auteur se révèle prémonitoire. Offrez-vous une immersion dans le monde de l’édition !
Un roman sans auteur
Le manuscrit est arrivé par la poste, avec pour destinataire le « Service des manuscrits », rejoignant ainsi la prose de milliers d’auteurs en herbe. Mais contrairement aux 500 000 manuscrits refusés chaque année (toutes maisons d’édition confondues), « Les fleurs de sucre », premier roman d’une certaine Camille Désencres a recueilli l’approbation de Violaine Lepage, éditrice et directrice du service des manuscrits. Mieux, après sa publication, il a été sélectionné pour le fameux Prix Goncourt, prix littéraire prestigieux s’il en est. En effet, « décrocher le prix Goncourt pour une maison d’édition, un auteur et son éditeur attitré est un enjeu comparable à celui qui dirige une équipe de football, son pays et son entraîneur qui se retrouvent en finale du mondial. »
Sauf que jamais l’éditrice ni ses collègues n’ont croisé ni entendu l’auteur. Seule indication concernant le romancier (ou la romancière), une adresse mail sur le manuscrit. Mais si l’auteur, relativement fuyant, a répondu aux mails dans un premier temps, à l’approche de la remise du Prix Goncourt, c’est le silence radio. Une situation inédite et très inconfortable pour son éditeur.
Plus inconfortable encore, voilà que les crimes relatés dans le manuscrits… se produisent dans la réalité. Simple coïncidence? Lien réel entre ces crimes et l’auteur? Violaine Lepage est sommée de s’expliquer devant la police. Mais a-t-elle seulement les réponses?
Une plongée dans l’univers de l’édition
Avec « Le service des manuscrits« , Antoine Laurain nous propose une incursion dans les arcanes de la publication. Où mieux qu’au service des manuscrits, lieu où arrivent des milliers de romans, essais, biographies chaque année, peut-on prendre la température du monde de l’édition? Chances de publication, enjeux des prix littéraires, rapports éditeurs/auteurs, le lecteur vit au diapason d’une maison d’édition dans une mise en abîme très bien orchestrée. Non sans humour, Antoine Laurain évoque « les insectes », ces auteurs en herbe offusqués de voir leur manuscrit refusé, jouant de leurs relations et dotés d’une prétention sans borne. Il joue avec les nerfs du lecteur en multipliant les pistes, toutes aussi crédibles les unes que les autres, jusqu’au rebondissement final…qui ne correspond à aucune d’entre elles. Mais je vous laisse le découvrir!
Un roman à l’intrigue très bien menée, au style fluide, qui se lit d’une traite!
Informations pratiques
Le service des manuscrits, Antoine Laurain – éditions Flammarion, janvier 2020 – 215 pages – 19 €