Glissez Virginie Grimaldi dans votre poche!

©Karine Fléjo photographie

Quand six « octogéniaux » décident d’unir leurs forces pour lutter contre l’avis d’expulsion qui les menace, cela donne un roman d’un humour irrésistible et d’une immense tendresse. Ou comment Virginie Grimaldi excelle à vous faire passer du rire aux larmes.

Amitié, amour, vieillesse

Impasse des colibris, on trouve six maisons séparées par de hautes haies. Six maisons habitées par des octogénaires, qui partagent leur quotidien depuis des décennies. Il y a Marceline, rude en apparence mais fondante au cœur et Anatole, son amour depuis plus de soixante ans. On y croise aussi Joséphine, ex-danseuse, dans son célèbre justaucorps fuchsia, ou encore Gustave, Rosalie et Marius. Une impasse dont le calme est soudain rompu par l’annonce du nouveau projet du maire : il n’y a plus assez de classes pour accueillir les enfants, par conséquent il faut construire une nouvelle école et un parking. Ce qui suppose de raser les maisons de l’impasse des colibris.

Nos octogénaires sont sidérés. Comment ce maire, fils de leurs anciens voisins et amis, peut-il envisager un millième de seconde les expulser de chez eux ? Car raser leurs maisons, c’est bien davantage que de transformer de vieilles habitations en tas de pierres.

« Ce ne sont pas que nos maisons qui vont être écrabouillées, ce sont nos souvenirs. Nos vies. (…) Cette place est mon point d’ancrage, mon radeau. Elle a porté mes craintes de jeune mariée, la naissance d’amitiés, toutes nos soirées de rires, les premiers pas de nos enfants, leurs premières cigarettes aussi, elle a accueilli nos secrets, nos espoirs et nos peines, elle est partout dans ma mémoire. »

Alors, que faire ? Se mettre en quête d’une maison de retraite qui voudra bien les accueillir ? Chercher un appartement ailleurs ? Pleurer, se lamenter ? C’est mal connaître nos six compères. Si Marceline regrettait que les haies aient créé une certaine distance entre eux, l’expulsion qui les menace va les rapprocher. Et nos octogénaires de décider de contre-attaquer. Ils ont autant d’idées pour s’opposer au plan du maire que d’années au compteur. Et de fonder le groupe des « octogéniaux ». Leur méthode : multiplier les petites actions. Leur but : user le maire pour obtenir gain de cause. Ils jubilent à fomenter de nouvelles actions, à mettre en place de nouveaux projets, unis, déterminés. Voilà qui leur donne une nouvelle jeunesse !

Ils vont ainsi mener une opération escargot au supermarché, sur la route, écrire et chanter du rap sur Youtube, créer une page Facebook avec des milliers d’abonnés, être invités à la radio, à la télévision. En un mot, ils font le buzz. Et s’attirent le soutien de tous. Sauf du maire.

Pourquoi ce dernier s’acharne-t-il à vouloir construire son école à cet emplacement-là ? Son entêtement cache-t-il autre chose ? A-t-il des comptes à régler avec ces gens, comptes liés à une vieille histoire avec la fille de Marceline et Anatole ? Et nos « octogéniaux », aussi déterminés soient-ils, parviendront-ils à remporter la bataille ?

Un livre profond et léger, drôle et émouvant à la fois

Il est facile de faire pleurer au cinéma ou dans un livre. Il est beaucoup plus difficile de faire rire. Non pas juste sourire, mais rire vraiment (au risque de passer pour une douce dingue auprès des inconnus assis près de vous). C’est le cas de Virginie Grimaldi, qui est capable en un éclair de vous faire passer du rire aux larmes. Et inversement. Son irrésistible humour, ses métaphores désopilantes, ses personnages cocasses, vous feront éclater de rire bien souvent. Une légèreté qui ne doit pas laisser croire à une superficialité. Car les personnages de ce roman sont tout sauf futiles. Ces octogénaires sont en effet viscéralement humains, attachants, émouvants. Marceline nous dévoile son parcours de vie, sa renaissance en rencontrant Anatole, les combats qu’il lui a fallu mener, ses joies et ses peines. Une vie de soleil et de pluie, comme toute vie, mais illuminée en tout temps par l’amour de son Anatole. Un amour qui fait frissonner l’âme et galoper le cœur. Un amour dont chacun rêve.

Un roman lumineux, qui vous mettra des étincelles dans les yeux et du soleil dans le cœur!

Informations pratiques

Quand nos souvenirs viendront danser, Virginie Grimaldi – éditions du Livre de Poche, juin 2020 – 352 pages – 7,90€

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