« J’ai voulu écrire un roman sur la souffrance des gens »

Ce mercredi 23 septembre, les éditions grasset organisaient un merveilleux petit déjeuner avec Grégoire Delacourt, dans le joli cadre des Deux Magots. Rencontre avec l’auteur du roman Un jour viendra couleur orange (éditions Grasset)
C’est un livre différent en ce sens qu’il est très engagé
Le changement, c’est notamment l’éditeur. Il y a eu plein de changements dans ma vie : je suis parti vivre à l’étranger, j’ai changé d’éditeur. Or on a une relation très intime avec son éditeur. Une journaliste m’a dit : « Vous avez écrit en exil ». J’ai écrit plus loin et paradoxalement j’étais plus près. Le fait d’être loin a enlevé des pudeurs. Je me suis dit : « Prends des risques, va dans la violence du monde, dans la matière, dans la chair de la colère. »
Ce qui m’a le plus marquée dans ce nouveau roman, c’est la justesse de l’analyse psychologique, et ce, pour chaque personnage
J’ai rencontré chacun de mes personnages. Rencontré au sens de « laissé l’autre m’envahir ». Louise existe, c’est une infirmière en soin palliatifs que j’ai rencontrée par exemple.
Vous abordez la colère des gilets jaunes notamment. Vous êtes en plein dans l’actualité
Oui, mais ce n’est pas un roman sur les gilets jaunes, j’ai voulu écrire un roman sur la souffrance des gens. Je ne traite pas une actualité, je traite une permanence, la souffrance permanente des gens, ce qui me permet d’être dans l’immédiateté de l’époque.

Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ?
J’ai commencé à écrire très tard, à 50 ans, parce que j’ai eu envie de dire à ces gens qu’ils ne sont pas seuls avec leur souffrance, qu’ils existent. Moi, les livres m’ont sauvé. J’ai découvert les livres, j’ai rêvé. Dans chaque livre, il y a une promesse de quelque chose de possible. A mon tour, j’ai envie d’écrire des histoires pour les gens qui souffrent.
Vous écrivez sur la souffrance mais sans verser dans le pathos
J’essaye mais c’est super dur. J’ai enlevé la musique. Je me suis dit : il ne faut pas que j’écrive la phrase de trop, le mot de trop. Les mots, il faut les retenir. J’écris puis ensuite j’enlève, c’est aussi le travail que je fais avec mon éditrice.

Comment travaillez-vous avec votre éditrice ?
J’aime bien écrire mon roman vite et le donner imparfait. Je ne suis pas du genre à passer des heures à regarder chaque phrase avant de l’adresser à l’éditrice. Puis avec l’éditrice on rentre dans la chair du texte, on enlève le gras, on modifie des choses. A partir du moment où on a une immense confiance en l’éditrice, c’est un travail merveilleux. J’adore faire cela.
Comment s’ébauche un roman ?
J’écris dans ma tête et ne commence à écrire sur le papier que quand j’ai terminé d’écrire le roman dans ma tête. Chaque jour, de 7h à 13h, du lundi au dimanche, pendant trois mois, j’écris. Je m’y consacre totalement.
Retrouvez la chronique que j’ai consacrée au roman de Grégoire Delacourt ICI
Merci bcp pour ce partage. Une belle façon d’éclairer ce roman sur les gilets » lucioles » comme les surnomme l’auteur 😉
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C’était très intéressant d’écouter son point de vue en effet . Bon dimanche ! 💕
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Qu’il devait être merveilleux de le rencontrer ! Je n’apprécie pas toujours ses romans (il y a d’ailleurs longtemps que je n’en ai pas lu, hormis Les quatre saisons de l’été que je lis chaque année), mais il a une façon de faire passer ses textes de façon tranquille qui me plaît beaucoup.
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J’aime beaucoup son regard, son écriture et le suis chaque année pour ma part. C’était une chaleureuse rencontre en petit comité 👍🥰
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