
Un roman sur l’acceptation, l’ouverture à l’Autre. Mais aussi et surtout, un hymne à l’amour chanté en plein cataclysme. Magnifique.
Femme dans un corps d’homme
Le narrateur est un jeune lycéen dont le père se trouve à l’hôpital. A l’heure où il s’adresse au lecteur, son père subit une opération peu banale : un changement de sexe. Une opération qui fait suite au séisme qui a secoué l’enfant et sa mère deux ans auparavant, séisme dont l’aveu du père fut l’épicentre :
« Je suis une femme. A l’intérieur, une vraie. Ce n’est pas grave. Je t’aime. Je vous aime. Mais je n’ai jamais été un homme. »
Un secret que son père gardait depuis ses cinq ans, âge auquel il a ressenti ses premières dysphories. La secousse sismique est telle, que ce sont les fondations même de la famille qu’ils forment tous les trois qui sont ébranlées. Avec son regard d’enfant, le narrateur évoque ces deux années de reconstruction pour chacun, ces failles consolidées au ciment de leur amour. Jusqu’au grand jour pour le père. Jusqu’à sa renaissance. Mieux même : sa reconnaissance.
Acceptation et amour
Dans Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, Julien-Dufresne-Lamy donne la parole à ceux qui vivent un séisme très particulier et bien souvent tabou : les personnes transgenres et leurs proches. Etre une personne transgenre, c’est se sentir appartenir au sexe opposé à celui inscrit sur l’acte de naissance. C’est se sentir femme dans un corps d’homme. Ou inversement. Autrement dit, il s’agit de personnes qui sont nées dans un corps avec lequel elles ne se sentent pas en accord. D’où parfois ce désir de subir des interventions et traitements lourds pour changer de sexe. D’où parfois ce besoin vital d’oser dire. D’oser être.
A travers le récit particulier d’une famille, l’auteur invite le lecteur à ouvrir son regard sur ces personnes qui décident de changer de sexe, à ne pas les juger mais au contraire à essayer de les comprendre et surtout à respecter leur choix. Il analyse avec beaucoup de justesse et de finesse les dommages collatéraux sur l’enfant, le conjoint, les phases nécessaires du deuil pour ces derniers, deuil de la personne avant sa transition (transition de l’homme vers la femme ou de la femme vers l’homme). Un roman sur la tolérance, l’empathie, l’acceptation. Et l’amour. Car accepter l’autre tel qu’il est et tel qu’il est devenu surtout, avec ses séismes, avec ses failles, est la plus belle preuve d’amour qui soit.
Un bijou de sensibilité et d’humanité.
Ne passez pas à côté de ce livre!
Informations pratiques
Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, Julien Dufresne-Lamy – éditions Belfond, août 2020 – 250 p. – 17€