La famille Martin, David Foenkinos

La famille Martin
Copyright photo Karine Fléjo

Quand un écrivain en panne d’inspiration décide d’écrire sur la première personne qu’il va croiser au coin de la rue, cela donne une mise en abyme savoureuse. Coup de cœur pour le nouveau roman de David Foenkinos!

Fiction versus réalité

Le narrateur est un écrivain qui traverse une mauvaise passe. Marie, la femme de sa vie, l’a quitté car elle avoue lui préférer la compagnie de… la solitude. Quant à ses écrits, ils sont au point mort, faute d’inspiration. Dans ce marasme, il décide de sortir de sa zone d’inconfort en provoquant le destin : au lieu, comme habituellement, d’imaginer une histoire et des personnages, il va écrire sur la première personne qu’il va croiser dans la rue. Il va divorcer de la fiction pour épouser la réalité. Mais ces deux couples sont-ils si distincts l’un de l’autre?

Et de tomber sur une vieille femme, une certaine Madeleine Tricot et sa famille, la famille Martin. Une femme âgée qui regrette son premier amour, un couple au bord de l’implosion, des enfants en pleine crise d’adolescence, un chef de famille victime de harcèlement au travail, la vie de cette famille Martin en particulier, et de toute famille en général, est-elle matière à roman ?

Un roman jubilatoire

Dans La famille Martin, David Foenkinos joue tel un funambule sur la frontière ténue qui sépare fiction et réalité. Deux mondes pas si distincts que cela, qui se nourrissent l’un l’autre, déteignent l’un sur l’autre. Ainsi, l’auteur peut-il influer sur la vie des membres de la famille Martin, riche des confidences que lui font ces derniers? Ses échanges avec Madeleine, Valérie et les autres, vont-ils de même orienter son propre destin?

Avec beaucoup de finesse, d’ingéniosité, David Foenkinos nous plonge dans la génèse d’un livre, livre dans lequel les personnages sont réels et l’auteur parfois lui-même un personnage. « C’est toujours ainsi : c’est en s’éloignant des choses qu’on les atteint le mieux. En me précipitant vers les autres, je n’étais pas à l’abri de me rencontrer. » Grâce à son savoureux humour, il parvient à évoquer des sujets graves (harcèlement , crise conjugale, Alzheimer…) avec le sourire et de la profondeur à la fois. Il prend le lecteur dans le filet de ses mots, joue avec lui, et en fait l’otage consentant de l’intrigue grâce à une tension narrative savamment entretenue.

Une excellente mise en abyme qui se lit d’une traite !

Autres romans de David Foenkinos

La famille Martin est le 17ème roman de David Foenkinos. Vous retrouverez quelques unes des chroniques que j’ai consacrées à ses livres en cliquant sur le lien:

  • La délicatesse : chronique ICI
  • Nos séparations : chronique ICI
  • La tête de l’emploi : chronique ICI
  • Charlotte : chronique ICI
  • Vers la beauté : chronique ICI
  • Interview de David Foenkinos : interview ICI

Informations pratiques

La famille Martin, David Foenkinos – éditions Gallimard, octobre 2020 – 226 pages – 19,50€