
Après le succès d’Une bête au paradis, prix littéraire le Monde, Cécile Coulon signe avec Seule en sa demeure son huitième roman.
Mariage forcé
Nous sommes au XIXème siècle dans le Jura. Candre Marchère, 26 ans, est une âme pieuse et riche. Un homme devenu veuf seulement quelques mois après son mariage. Un cœur à prendre. Quand le père d’Aimée lui présente Candre comme le meilleur parti qui soit pour elle, elle n’a pas vraiment le choix. Sinon celui d’obtempérer. Et de quitter son cousin Claude auprès duquel elle a grandi dans une grande complicité. Ce dernier ne voit d’ailleurs pas d‘un bon œil que sa cousine rejoigne cette famille frappée par le destin. Après être devenu orphelin à 5 ans de père et de mère, Candre a perdu sa jeune épouse. Le sort s’acharnera-t-il aussi sur Aimée ?
Mais épouser Candre, c’est aussi épouser sa vie au domaine Marchère. Un domaine isolé par de vastes bois sombres et des ronces. Une maison ceinte de fossés semblables à des douves. Enchâssée dans la végétation. Une prison végétale. Un lieu où très vite, Aimée se sent seule. Seule et oppressée. Certes, il y a Henria, la domestique qui a élevé Candre. Mais pourquoi cache-t-elle son fils Angelin à l’écart de la propriété ? Mystère. Sans compter l’ombre de la défunte épouse qui plane dans chaque pièce de la demeure et dont la mort reste énigmatique. Aimée sent qu’on lui cache des choses et ce sentiment grandit au fil des jours.
Heureusement, pour illuminer ses journées, il y a Emeline, sa professeure particulière de flûte. Mais en sa présence il se produit des phénomènes étranges, qu’Aimée est bien déterminée à élucider. Comme les autres secrets du domaine.
Secrets et non-dits
En cette rentrée littéraire, Cécile Coulon nous revient avec un roman très différent par le fond, mais égal par le talent : Seule en sa demeure, aux éditions de L’iconoclaste. J’adore la plume de cette romancière et poète, sa puissance évocatrice, sa capacité à se renouveler, à donner de la chair à ses personnages mais aussi aux lieux.
Ici, le domaine de Marchère est un personnage à part entière. Un geôlier, avec sa part sombre, mystérieuse, inquiétante. Avec ses secrets bien enfouis. A la manière d’une enquête policière, Cécile Coulon nous glisse dans les pas d’Aimée, nous fait vivre au diapason de ses émotions, de ses craintes, de ses doutes. De ses découvertes. Impossible de reposer le roman sans connaître la suite, sans lever le sceau du secret. Et la vérité est loin d’être évidente, tant l’auteure joue avec les nerfs du lecteur, esquisse des pistes pour mieux le balader et ménager le suspense.
Une belle découverte de cette rentrée littéraire.
Informations pratiques
Seule en sa demeure, Cécile Coulon – rentrée littéraire – éditions de l’Iconoclaste, août 2021 – 334 pages – 19€