Les impatientes, Djaili Amadou Amal

Les impatientes

Couronné par le Prix Goncourt des lycéens en 2020, ce roman sur la condition des femmes au Cameroun est extrêmement courageux, édifiant, militant. Une lecture bouleversante.

La condition des femmes au Cameroun

De leur naissance à leur mort, les femmes s’entendent dire et répéter « Munyal ! » (Patience !), telle est la seule valeur du mariage et de la vie. Une valeur comme une condamnation au silence et à l’obéissance, face à leur mari, leur père, leurs frères. Et ce, quelle que soit l’attitude de ces derniers à leur endroit. Violences physiques, humiliations, répudiations, esclavage, les femmes sont censées non seulement l’accepter, mais ne pas s’en plaindre à quiconque. Pire, elles doivent se montrer reconnaissantes envers eux, malgré les coups, les insultes et leur droit à avoir plusieurs épouses.

« Vous appartenez à votre époux et lui devez une soumission totale. »

Ramla avait espéré faire figure d’exception. Elle ne jure que par les études et rêve de devenir pharmacienne, d’être indépendante, de gérer sa vie comme bon lui semble et d’épouser le gentil Aminou. Des rêves qui se brisent nets sur l’autel paternel : n’ayant que faire des velléités de Ramla, son père lui a trouvé un mari. Elle doit enterrer tous ses rêves d’études, de bonheur et partager son mari avec sa première femme Safira.

Pour Safira, jusqu’alors la seule épouse, l’unique à régner sur le cœur de son mari, il faut envisager de céder une partie de son empire amoureux à Ramla, laquelle incarne la jeunesse, le renouveau et l’érudition. Une rivalité polygame qui la ronge.

Hindou, la sœur de Ramla, n’est pas mieux lotie. Son père la marie à leur cousin, un homme alcoolique, drogué et violent. Mais là encore, quand elle supplie ses parents, le visage et le corps recouverts d’hématomes et de plaies, de la retirer des griffes de cet homme, on lui assène un « Munyal ! » et on la renvoie chez son mari en la fustigeant pour son audace.

Trois femmes de riches familles peules et musulmanes, confrontées à la suprématie et à la cruauté masculine, qui vont se battre pour se libérer. Y parviendront-elles ?

Le poids des traditions et de la religion

C’est un roman absolument édifiant que nous livre Djaïli Amadou Amal avec Les impatientes, paru en ce mois de janvier aux éditions J’ai lu. Un roman bouleversant, qui immerge le lecteur dans la société peule et musulmane camerounaise, où aucun droit n’est reconnu aux femmes. Des devoirs si.

« Accepter tout de notre époux. Il a toujours raison, il a tous les droits et nous, tous les devoirs. Si le mariage est une réussite, le mérite en reviendra à notre obéissance, notre bon caractère, à nos compromis ; si c’est un échec, ce sera de notre seule faute. »

Avec beaucoup de sensibilité, l’auteure nous décrit le quotidien des femmes partout dans le Sahel, aussi bien chez les musulmans que chez les chrétiens : une société patriarcale, soumise à des traditions qui font que la place de la femme est réduite à peau de chagrin. Un roman engagé, pour dénoncer les conditions de vie des femmes peules, soumises au poids de la famille, de la religion et de la société et donner sa voix à celles qui ne l’ont pas, pour faire valoir leurs droits.

A lire absolument!

Informations pratiques

Les impatientes, Djaïli Amadou Amal – éditions J’ai lu, janvier 2022- 288 pages – 7,90€

2 réflexions sur “Les impatientes, Djaili Amadou Amal

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