Dans la mer il y a des crocodiles, Fabio Geda

dans la mer il y a des crocodiles

Le récit poignant d’un enfant afghan de dix ans, condamné à l’exil, seul sur les routes, de l’Afghanistan à l’Italie. Un voyage insensé, où la débrouille le dispute à la peur, l’entraide à l’exploitation. Une ode au courage et à l’espoir. Inoubliable.

Un récit d’enfance inoubliable

Enaiat appartient à une ethnie afghane minoritaire, les Hazaras. S’il ne quitte pas le pays, sa mère le sait, il sera condamné à mort par les talibans ou les Pachtounes. Alors, même si la douleur est inhumaine, même si le voyage est dangereux, elle se résout à le confier à des passeurs dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe. D’une vie tout court.

Première étape, le Pakistan. Débrouillard, Enaia survit de petits boulots, obtient en échange de journées de travail exténuantes de dormir dans une pièce où ils s’entassent à 5 avec un maigre repas. Il affronte l’hostilité des habitants mais aussi la violence gratuite des policiers, la solitude, l’épuisement, la faim. Mais un jour, il décide que c’est l’humiliation de trop. Avec d’autres gamins de la rue, il projettent d’aller tenter leur chance en Iran. Mais arrivés en Iran, l’exploitation continue : le passeur les conduit sur un chantier, les oblige à travailler tandis qu’il perçoit leur salaire. L’homme n’est-il donc capable que du pire ? Enaia envisage de rentrer en Afghanistan, à bout de forces physiques et morales. Mais il puise en lui ses dernières ressources et continue sa route.

Après le Pakistan, cap sur la Turquie, avant la Grèce et enfin l’Italie. Plus de cinq ans d’errance. Des périples où nombre d’autres migrants ont laissé leur vie, tandis que les passeurs, non contents de leur soutirer toutes leurs économies, les maltraitent et les exploitent. A pied sur des sentiers escarpés des jours durant sans eau ni chaussures adaptées ou entassés dans le double-fonds de camions, ils ont connu l’enfer…  Mais l’enfer est-il vraiment derrière eux ?

La condition des migrants

Dans la mer il y a des crocodiles est un témoignage bouleversant, qui vient de sortir au format poche aux éditions J’ai lu. Un livre nécessaire. Fabio Geda partage avec nous le parcours hors du commun du petit Enaia, livré à lui-même et surtout à la cupidité et la violence des hommes. Car en fuyant l’enfer des talibans, il ne se dirige pas pour autant vers des cieux cléments. L’Europe n’est pas l’eldorado loué par les passeurs. Pas plus que le prix de la traversée que ces derniers font payer, n’est le prix définitif : tout est bon pour soutirer à chaque étape du parcours davantage d’argent aux migrants, quitte à les faire travailler au black à l’arrivée dans un nouveau pays, en leur subtilisant leur salaire à la fin du mois. Et les policiers ne sont pas toujours là pour faire régner l’ordre : ils sont les premiers à maltraiter les migrants en leur volant le peu qu’il leur reste, quand ils ne les violentent pas sourire aux lèvres.

Et pourtant, malgré son si jeune âge, malgré les conditions inhumaines de son exil, Enaia est parvenu en Italie, y a appris la langue, étudié et obtenu un permis de séjour. Un parcours qui force l’admiration envers le petit afghan, arraché aux siens. Un périple au cours duquel on perd souvent foi en l’être humain, même s’il s’est trouvé sur sa route de rares personnes pour lui tendre la main et lui témoigner de l’humanité et du respect.

Un témoignage inoubliable et une prise de conscience nécessaire.

Informations pratiques

Dans la mer il y a des crocodiles, Fabio Geda, l’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari – éditions J’ai lu, février 2022 – 216 pages- 7,10 €

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