
Et si les lieux modelaient notre existence, comme les mains d’un potier invisible? Il y a des endroits où l’on se sent immédiatement bien, apaisé, confiant. La datcha fait partie de ces lieux-là.
Renaître
Hermine avait mis un terme à trois années d’errance, de faim et de froid, en se posant en ces lieux 20 ans plus tôt, alors âgée de 21 ans. Abandonnée par sa mère et placée en foyer, elle avait eu l’irrépressible besoin de la retrouver à la majorité. En vain. Jusqu’à ce qu’un couple lui propose l’hospitalité en l’échange d’un travail dans leur hôtel, La Datcha, au cœur du Lubéron.
La Datcha, c’est le nom donné à cet hôtel par Jo, en l’honneur de l’amour indéfectible qui le lie à Macha, son épouse russe. C’est un lieu plein de vie, de rires, de bienveillance et d’amour où le personnel comme les clients aiment à se retrouver. Un lieu à l’image du couple. Une famille de cœur.
Mais quand Jo décède, ce bel équilibre vacille. Pour tous. Les lieux vont-ils survivre à la disparition de ceux qui leur ont donné leur âme ? Que va devenir Hermine, elle qui doit tout à cet endroit et à leurs occupants, elle qui y a enfin trouvé un équilibre, une sérénité, un amour inconditionnel et gratuit ? Et que va décider Vassili, fils de Macha et Jo et héritier de la Datcha, concernant l’avenir de l’hôtel et de ceux qui y travaillent avec tant de passion ? Face à ces incertitudes, chacun tremble.
L’âme des lieux
Avec son huitième roman, La Datcha, publié aux éditions Pocket en ce mois de mars, Agnès Martin-Lugand nous emmène en Provence, dans un lieu où d’emblée on se sent accueilli, chez soi, en confiance. Un lieu qui agit comme un baume lénifiant sur les blessures, qui apaise, rassure, nourrit. Car les lieux ont une âme, imprègnent leurs murs de la joie et de l’amour de leurs habitants et en dispensent à leur tour. Ils vivent. Tandis qu’Hermine n’a jamais eu de racines, de cocon à elle, cet hôtel lui offre un refuge. Pour se reconstruire. Pour apprivoiser enfin le bonheur et l’amour.
C’est un roman très touchant et viscéralement humain que nous offre Agnès Martin-Lugand. On a envie de se mettre en route immédiatement pour la Datcha et d’y poser ses valises. Avec beaucoup de finesse dans l’analyse psychologique des personnages, l’auteure nous interroge sur l’impact des blessures passées sur nos vies actuelles. Peut-on dépasser le passé ? Renoncer à vouloir le changer et enfin l’accepter ? Pardonner ? Peut-on faire confiance quand on a été trahi, s’abandonner à quelqu’un et à soi quand on a été abandonnée dans son enfance ?
Un roman enveloppant comme une douce étole, dont on n’a pas envie de quitter ni les lieux ni les personnages.
Informations pratiques
La Datcha, Agnès Martin-Lugand – éditions Pocket, mars 2022 – 348 pages – 7,70€