Maison libre, sans toit ni cloison, Sophie Moszkowicz

Un roman d’une grande sensibilité, délicat, sur la figure paternelle, l’absence, la liberté, mais aussi la quête de soi.

Recherche du père

A peine le cérémonie de l’enterrement de son père terminée, père dont elle était si proche, Claire a pris la fuite. Juste le minimum glissé dans une valise. Elle a laissé derrière elle son frère, ses proches, le père de son enfant à naître, sa librairie et est partie sans une explication. Mais que fuit-elle ? Quelle faute à ses yeux a-t-elle commise ?

Une fuite, mais aussi une quête. Celle de connaître cet homme sous toutes ses facettes et pas seulement sous l’angle du père aimant qu’il fut. Ce qui veut dire aller à la rencontre de ceux qui l’ont connu, et tout particulièrement de cette inconnue prénommée Irène. Dans la robe de chambre de son père, Claire a en effet trouvé une carte énigmatique de cette femme. Qui était-elle ? Quel rôle a-t-elle joué dans la vie de son père pour qu’il conserve précieusement ses écrits ? Quel est ce projet de maison sans toit ni cloison qu’elle évoque ? Cette carte postale a été envoyée des années plus tôt de la ville de T., au bord de l’océan. Claire compte bien s’y rendre et y trouver les pièces manquantes du puzzle de la vie de son père.

Quête de soi

C’est un roman d’une grande douceur, où les émotions s’échouent par vagues sur la page, caressent le papier et emportent le lecteur, que nous offre Sophie Moszkowicz avec Maison libre, sans toit ni cloison, paru aux éditions Héloïse d’Ormesson. Un roman émouvant dans lequel l’héroïne veut creuser la mémoire, découvrir qui était cet homme avant sa naissance, ce qui l’a animé, construit, porté. Un homme assoiffé de liberté.

« Quand les parents meurent, on a comme une soif de leur passé. La clé de voute se trouve dans cette question : comment étaient-ils jeunes ? Comment ont-ils construit leur vie d’adulte ? Comme s’il y avait là quelques secrets pour soi-même, nous qui vivons cette séquence-là de l’histoire. Comme si le passé de nos parents pouvait nous éclairer sur les choix présents que nous avons à faire. »

En allant à la rencontre de son père, c’est aussi à la rencontre d’elle-même que va aller Claire, soutenue par l’énergie salvatrice de l’océan, personnage à part entière du roman. Vague par vague, elle s’approche de la vérité, désensable les secrets. Et se découvre elle-même.

Un roman humain, profond, d’une grande poésie. Une ode à la liberté, jusque dans la mort.

Informations pratiques

Maison libre, sans toit ni cloison, Sophie Moszkowicz- Editions Héloïse d’Ormesson, mai 2022 – 18€-252 pages