
Toute disparition suscite des questions, conduit à chercher le ou les responsables. Aurait-on pu l’éviter ? Et si… Brigitte Giraud revient sur la décès accidentel de son mari 20 années plus tôt, cherche le grain de sable qui aurait pu enrayer l’engrenage mortel. Emouvant.
Avec des si…
En ce printemps 1999, tout semble sourire à Brigitte Giraud, son mari Claude et son fils. Ils viennent de faire l’acquisition d’une maison à deux pas de leur appartement, dans la ville de Lyon. Brigitte se sentait un peu à l’étroit dans cet appartement doté d’une seule chambre. Et encore, ce serait bien plus étroit quand ils auraient concrétisé leur envie d’agrandir la famille. Après dix ans de vie heureuse dans cet appartement de la Croix rousse, l’heure du déménagement avait sonné. Et de se projeter déjà dans la maison, d’imaginer les travaux qu’ils y feront, les plantes dont ils orneront le jardin, le petit studio d’enregistrement qu’ils y aménageront. Il ne leur manque plus que les clés et leur rêve deviendra réalité. Ils pourront alors emménager dans leur joli nid et commencer une nouvelle vie.
Et, joie suprême, les clés peuvent leur être remises en avance. Ils vont pouvoir profiter du week-end pour transvaser leurs affaires de l’ancien au nouveau lieu de vie. Le rêve prend corps.
Mais il a suffi de quelques secondes pour que le rêve vire au cauchemar. Pour que cette maison n’abrite jamais leur bonheur à tous les deux….
Pour que tout bascule.
Vouloir comprendre
C’est un récit très personnel et très émouvant que nous livre Brigitte Giraud, 20 ans après les faits, en cette rentrée littéraire chez Flammarion. Vivre vite évoque en effet un drame qui l’a fauchée en plein bonheur, lors du décès accidentel de son mari et père de son fils alors âgé de 7 ans. Alors qu’aujourd’hui elle s’apprête à vendre la maison, elle refait une dernière fois le tour du propriétaire, inspecte chaque angle mort, éclaire les coins d’ombre, pour essayer de comprendre comment ce drame a pu être possible. Et surtout, aurait-on pu l’éviter, éviter cet enchainement de circonstances qui ont conduit à l’inéluctable ?
« Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner, on fixe la ligne d’horizon, droit devant. Quand un drame surgit, on rebrousse chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l’origine de chaque geste, de chaque décision. On rembobine 100 fois. On devient le spécialiste du cause à effet. »
N’allez pas imaginer qu’il s’agit d’un livre sombre, car il est question d’un décès par accident. Au contraire, Brigitte Giraud évite avec brio l’écueil du pathos, nous offre un récit indiciblement vivant, vivant par son rythme soutenu mais aussi par la vie qu’elle redonne à son mari par le biais de ses mots.
Un roman qui se lit dans une forme d’urgence, comme assis sur une moto lancée à vive allure. Bouleversant.
Informations pratiques
Vivre vite, Brigitte Giraud – éditions Flammarion, août 2022 – 206 pages – 20€