Rentrée littéraire : Mon acrobate, Cécile Pivot

Mon acrobate, Cécile Pivot

Un roman d’une grande pudeur, d’une extrême délicatesse, sur un couple qui doit faire le deuil de sa fille unique. Une histoire bouleversante de combat, de reconstruction. D’amour. Magnifique…

Survivre au décès de son enfant

C’est avec un sourire jusqu’aux oreilles que la petite Zoé avait quitté ses parents, Etienne et Izia, pour aller passer quelques jours de vacances avec sa meilleure amie et les parents de cette dernière. C’est sans vie qu’ils la reverront, renversée par un chauffard en état d’ivresse sur le lieu de vacances. Le sol s’ouvre alors sous leurs pieds. Comment survivre à la perte de son enfant ? Comment accepter l’inacceptable ? Zoé, leur petite fille si singulière, si facétieuse, pleine de vie, n’est plus.

Face à leur insondable chagrin, chacun réagit à sa manière. Izia fait de la chambre de Zoé un sanctuaire dans lequel elle passe ses journées, prostrée sur le lit de sa fille à respirer son odeur. Etienne, lui, se plonge dans le travail pour ne pas sombrer, et veille sur Izia comme sur une malade. Des attentions qui, au lieu de l’émouvoir, l’exaspèrent. Car elle n’a qu’une envie, rester seule avec les souvenirs et les affaires de Zoé. Alors le couple, bien que toujours aussi amoureux, décide de se séparer. Izia reste dans l’appartement, tandis qu’Etienne quitte Paris et s’installe à la campagne. Mais chaque jour, il reste présent à sa manière, adresse des photos du coucher de soleil face à lui à sa femme, des attentions pour lui montrer qu’il demeure là, mais aussi qu’elle lui manque.

Izia, sort de sa léthargie le jour où elle entend à la radio un homme endeuillé faire part de sa difficulté à trier les affaires de la défunte. Izia sent qu’elle tient là une idée, un projet à même de la tirer vers la vie : elle va monter une petite entreprise de déménagement d’un genre très particulier, proposant ses services aux gens endeuillés, qui ont besoin de soutien pour savoir que garder, donner, jeter, ou vendre. Elle se sentira davantage à sa place auprès de ces proches endeuillés que des gens joyeux et légers.

L’amour plus fort que tout

En cette rentrée littéraire, Cécile Pivot nous offre un roman aussi bouleversant que délicat, Mon acrobate, aux éditions Calmann-Lévy. Ne soyez surtout pas effrayés par le thème. Certes, il est question de la mort d’un enfant, du deuil le plus inhumain qui soit. Mais, et c’est là le véritable tour de force de l’auteure, ce livre est tout sauf morbide. C’est un roman sur la reconstruction, sur le retour à la vie, le retour à la lumière. Un roman sur l’amour. L’amour des parents pour leur enfant, mais aussi l’amour au sein d’un couple, l’amour de la vie. Car c’est bien la force des sentiments qui unit Etienne et Izia qui les maintient debout, malgré la souffrance, malgré l’impossible retour de leur fille. Un amour à même de panser les plaies, de leur permettre de mettre un pied devant l’autre et d’avancer. Malgré tout.

C’est un roman d’une grande pudeur, d’une infinie délicatesse, d’une sensibilité à fleur de plume, qui fait frissonner l’âme. Un roman impossible à oublier…

Informations pratiques

Mon acrobate, Cécile Pivot – éditions Calmann-Lévy, aout 2022- rentrée littéraire – 256 pages – 19,50€