
Devenir père, c’est aussi transmettre à son enfant ce que l’on a reçu, l’histoire de sa famille. Un homme à l’aube de sa paternité s’interroge sur la transmission. Pour que la shoah ne sombre pas dans l’oubli.
Devenir père
Demain, sa femme et leur bébé vont rentrer de la maternité. A l’aube de cette vie à trois qui s’offre à lui, le papa, Samuel, est tiraillé entre bonheur et angoisse. Bonheur d’accueillir ce petit être, fruit de leur amour. Angoisse de ne pas parvenir à lui transmettre l’histoire de sa famille et du peuple juif. Tandis que la nuit défile, toutes sortes de réflexions s’affichent sur l’écran de ses pensées. Il revoit sa tante Rosa, rescapée d’Auschwitz, tante qu’il n’a que rarement aperçue après les camps, cette dernière ayant désiré couper tout lien avec le continent qui l’a déportée, brisée, blessée au fer rouge. Elle s’est installée au Texas, où elle a monté un cabaret. Il se revoit enfant, pendant les vacances avec les autres enfants de la famille, tandis qu’il s’amusait à jouer aux cow-boys partis à la recherche du fameux cabaret dans le désert texan. Il pense à cette femme, qui joue chaque soir sur scène le drame de sa vie, à celle pour laquelle la scène est devenue un mémorial. Comment transmettre ce lourd passé à son enfant ? Comment ne pas éteindre son bonheur en ravivant la flamme du passé ? Comment éviter que la Shoah ne tombe dans l’oubli faute de faire vivre la mémoire des siens ?
Devoir de mémoire et transmission
C’est un roman très touchant que nous offre Joachim Serf en cette rentrée littéraire des éditions Grasset avec Le cabaret des mémoires. Un livre court sur la transmission, sur le devoir de mémoire. Samuel, le nouveau papa, ne veut pas reproduire sur son enfant les névroses dont il souffre, nées du silence de sa famille sur cette partie de l’Histoire. Il veut trouver les mots.
« Je veux tout transmettre à mon enfant, son arrière-grand-père et son arrière-grand-tante Rosa, six millions d’âmes qui priaient chaque nuit pour que le lendemain revienne la lumière et que le cauchemar se dissipe. »
Une urgence à transmettre d’autant plus grande que Rosa va quitter la scène, cesser de raconter. Et est très âgée. Quand plus aucun témoin ne pourra raconter l’indicible, que restera-t-il ? « Qui sommes nous quand les ainés ne sont plus là pour désigner le passé ? »
Un roman émouvant, sur le rôle de père et d’homme.
Informations pratiques
Rentrée littéraire : Le cabaret des mémoires, Joachim Schnerf – éditions Grasset, août 2022 – 140 pages – 16€
Oui tout à fait d’accord, un court roman très émouvant sur la paternité et la transmission de la mémoire.
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Très touchant en effet ❤
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