
Un roman autobiographique sur l’expérience de l’auteure de l’extrême précarité et de l’exclusion. Un roman sur la difficulté d’intégration, le choc des cultures, l’exil.
Une femme et son enfant à la rue
Louise, alias Léonora, a quitté son pays (le Cameroun), pour venir étudier en France. Alors qu’elle est en licence à l’université, elle décide de tout plaquer pour aller vivre avec son petit ami. Une union qui n’est pas du goût de la famille de ce dernier, qui décide alors de leur couper les vivres, tandis qu’ils logent à l’hôtel. Or tous les deux viennent d’avoir un bébé, une petite fille prénommée Bliss. Une enfant que lui a désiré, mais pour laquelle il ne se bouge pas, ne cherche pas de solution pour assurer les besoins de subsistance. Alors Louise décide de le quitter avec son bébé. Et de se retrouver à la rue avec sa fille, à l’âge de 23 ans, sans titre de séjour, sans travail, sans toit, sans soutien familial, bien que ses parents soient toujours vivants et son père soit établi en France. Quant à sa mère restée au Cameroun, elle n’accepterait pas que Louise revienne au pays en lui faisant l’affront d’exhiber son statut de fille-mère à la communauté. Louise ne peut donc compter que sur les services sociaux de ce pays d’accueil, sur les maigres aides financières et les soins que ces derniers lui octroient, de même que sur le toit certes sordide et les repas du centre d’hébergement et de réinsertion sociale de Crimée. Une galère qu’elle partage avec de nombreuses femmes. Mais elle tient, reste debout, grâce à l’indéfectible amour qui la lie à sa fille.
Un roman autobiographique
C’est un roman très intime, à vocation universelle, que nous livre Léonora Miano avec Stardust en cette rentrée littéraire des éditions Grasset. Un roman autobiographique écrit il y a 20 ans, mais qu’elle n’a pas cherché à faire publier jusqu’alors, pour ne pas être étiquetée « l’écrivain SDF » dit-elle en préambule. Le sujet avait tout pour me toucher. Vraiment. Comment rester insensible à la détresse de ces femmes, à leurs conditions de survie plus que de vie, à l’insuffisance des moyens humains et financiers pour leur venir en aide ? Mais j’ai été irritée tout au long du livre par les lancinantes mises en accusation des services sociaux et de leur personnel qui fait pourtant ce qu’il peut avec les faibles moyens dont il dispose, par le procès uniquement à charge fait à la France. Cette vision manichéenne, avec les méchants services sociaux, les méchants assistants sociaux, la méchante France d’un côté, et de l’autre les exilés, aurait mérité un peu plus de nuances et a desservi la cause que l’auteure voulait défendre, à savoir celle des femmes exilées, livrées à une précarité extrême en France.
Informations pratiques
Rentrée littéraire, Stardust de Léonora Miano- éditions Grasset, aout 2022- 215 pages – 18,50€
J’ai beaucoup aimé ce livre et mettrais personnellement plus de nuances pour ce qu’elle dit des services sociaux. Elle pointe surtout le manque de moyens, la fatigue du personnel… Le regard aussi d’une jeune femme qui se sent différente des femmes qu’elle côtoie. L’expression de ces contradictions est intéressante. J’ai quand même été assez agacé aussi par le portrait qu’elle fait des activistes cherchant une cause à exploiter à travers les mauvaises conditions d’accueil de ces femmes… Mais ensuite ses engagements font la part des choses. Belle journée à vous. Alain « Bibliofeel »
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Je comprends tout à fait votre point de vue. Pour avoir des personnes du centre de Crimée dans mes connaissances, et savoir combien elles sont dévouées, j’ai trouvé que le livre manquait de gratitude. Totalement. Certes on manque dramatiquement de moyens, certes ces conditions sont inacceptables, certes il y a parmi ce personnel comme parmi tout personnel des personnes moins investies que d’autres, mais il y a aussi des gens investis, motivés, qui font des prouesses, qui sauvent et soutiennent. Et ce manque de reconnaissance m’a irritée. Je vous souhaite une très bonne soirée !
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