
Un bijou de cette rentrée littéraire à ne manquer sous AUCUN PRETEXTE. Un premier roman aussi impertinent que drôle, aussi profond que brillant, d’une flamboyance hors du commun. Un ouvrage sans concession sur le handicap et sur le regard que la société porte sur lui.
Amitié, amour et maladie
Ils sont quatre copains corses inséparables : Marcos, François, Romain et le héros. En fait, ils sont en réalité cinq. Car la maladie, une myopathie dégénérescente, accompagne 24h/24 le jeune homme. « Une maladie sauvage, indomptée qui s’organisait des repas orgiaques de muscles pour, à terme, laisser sans énergie, aussi athlétique qu’un mollusque. » Mais qu’à cela ne tienne, tout problème à sa solution quand on a des amis, une volonté farouche et une énergie phénoménale. Alors le soir, porté par l’un, poussé par l’autre, il sort avec eux dans les bars. La nuit, il surfe sur les sites de rencontres, mais si lui assume sereinement son handicap, le regard que posent les autres sur lui le réduit à sa maladie et les femmes fuient. Sauf une. Sauf une certaine Laura. Et, deuxième rayon au soleil de son existence, le neurologue lui annonce qu’un nouveau traitement est testé actuellement et des protocoles thérapeutiques recrutent des profils semblables au sien. Si le traitement marche, alors lui aussi marchera peut-être, du moins devrait-il retrouver une certaine mobilité et donc une plus grande autonomie.
Mais quand la faim de vous affranchir de la maladie vous tenaille depuis si longtemps, quand le besoin irrépressible d’être libéré des douleurs et du fauteuil roulant gronde en vous, quand la peur panique que le handicap ne s’érige en obstacle dans votre couple devient térébrante, alors grande est la tentation de bruler les étapes, de vouloir aller plus vite, plus haut, plus loin. Ce qui n’est pas sans risque…
Un premier roman incontournable de cette rentrée littéraire
Il y a des livres au sujet desquels on a presque envie de se contenter de dire « Lisez-le ! Lisez-le et vous verrez ! », tant on a le sentiment que tout ce que l’on pourra en dire restera en deçà de ce que l’on aimerait exprimer. Marche ou rêve, de Ferdinand Laignier-Colonna, paru aux éditions Heloise d’Ormesson en ce mois de janvier, fait partie de ces rares livres-là. Le titre, magnifique, se voulait annonciateur d’un contenu qui le serait tout autant. Promesse plus que tenue. Dans ce premier roman, Ferdinand Laignier-Colonna réalise un véritable tour de force : évoquer le handicap du point de vue de la personne handicapée de façon totalement décomplexée, nous faire rire de sujets graves, se montrer drôle et profond à la fois, corrosif mais jamais irrévérencieux ni choquant. Avec un humour jubilatoire, l’auteur envoie paître les clichés et les contradictions d’une société qui prône le bien-vivre ensemble dans un monde uniquement conçu par et pour les valides.
Mais pas seulement. Ce roman est aussi une ode à l’amitié et à l’amour, à ces liens humains plus puissants que tous les antalgiques et autres traitements contre la douleur et la maladie, contre les coups de blues aussi.
On rit, on tremble, on applaudit, on pleure aussi parfois, tant ce roman est un concentré d’émotion dans toutes ses acceptions. Ferdinand Laignier-Colonna donne tant de consistance à ses personnages, les rend tellement vivants, que l’on a envie de prendre tout ce petit monde dans les bras et de les aider à donner corps à leurs rêves. Une invitation à aimer, à rêver, à vivre pleinement, quitte à se brûler les ailes. Une lecture galvanisante tant l’énergie de l’auteur est contagieuse.
Dire que c’est un très bon roman ? Non. C’est bien davantage. Un roman magistral, tant au niveau du fond que du style si maitrisé, si fluide, si énergique et émaillé de formules qui claquent. Un livre qui ne laisse pas indemne : vous ne regarderez plus jamais le handicap et les personnes handicapées de la même façon.
Vous êtes encore là à me lire ? Mais vous devriez avoir déjà filé en librairie pour l’acheter !
Informations pratiques
Marche ou rêve, Ferdinand Laignier-Colonna – éditions Héloïse d’Ormesson, janvier 2023- 224 pages – 19€
Ton retour me fait penser à ce livre Le lâche. L’aurais-tu lu ?
J’hésite entre les deux.
J’aimeAimé par 1 personne
Non je n’ai pas lu Le lâche. Mais ce roman de Ferdinand est un tel coup de coeur, si drôle et bouleversant à la fois, si humain, tellement énergique et si magnifiquement rédigé, que je ne peux que te conseiller celui-ci encore et encore !
J’aimeJ’aime