
La revanche de l’orphelin
Paris, 1935. C’est la première de Rigoletto de Verdi à l’Opéra-Comique. Une institution au bord de la faillite, qui mise tout sur ce spectacle pour espérer commencer à renflouer ses caisses. Mais ce n’est pas gagné sait le directeur, nerveux. Et un miracle de se produire. Affecté à un rôle secondaire, un jeune ténor, inconnu du public, éclipse la vedette sur scène. Un certain Elio Leone. Sa voix extraordinaire concentre tous les regards, tous les applaudissements, tous les éloges. De ces voix, rares, qui font frissonner l’âme. Mais d’où sort ce prodige ? Qui est-il ? Tout ce que l’on sait, c’est qu’il a été imposé à ce rôle par Mademoiselle, la plus grande préparatrice de rôles de France, voire du monde. Mystère.
Une voix en or qui cache bien des blessures. Et qui s’est nourrie d’elles aussi. Car la vie et le parcours d’Elio Leone sont aussi incroyables que sa voix…
La voie de sa voix
C’est un roman envoutant, émouvant, dense, que nous offre Alexia Stresi avec Des lendemains qui chantent, aux éditions Flammarion. Le destin indiciblement romanesque d’un enfant dont l’existence commence pourtant sous les plus sombres augures. Fruit d’un viol, il perd sa maman, Musetta, quelques heures après sa naissance. Musetta rêvait pour son fils d’un grand avenir. « Tu seras quelqu’un » lui avait-elle murmuré avant de s’éteindre. Et il le deviendra, au-delà de ses espérances.
Alexia Stresi nous entraine allegro fortissimo sur la partition de la vie d’Elio, de l’enfance dans l’étable à la scène de la Scala, en passant par l’orphelinat, l’Opéra-Comique, les 6 années de stalag, ou encore Haïti. Une partition qui a pu être jouée grâce aux rencontres déterminantes que le jeune Elio a fait dans sa vie, avec Giuseppe qui lui a ouvert la voie de sa voix, sœur Annamaria qui l’a entouré d’affection, Mademoiselle qui lui a fait travailler son don, ou encore son ami Eugène qui a donné corps à son rêve. Des êtres qui ont su montrer à l’orphelin, que la vie n’est pas que bémols, mais aussi notes envolées et légères. Qui ont su être pour lui une véritable portée, de précieux tuteurs de résilience. Des êtres qui ont su lui montrer qu’il était digne d’amour, d’intérêt, de respect. Qui ont permis son envol.
Alexia Stresi nous offre un destin hors du commun, viscéralement humain. Plein d’espoir aussi : une enfance difficile n’est pas une condamnation, dès lors que de belles rencontres émaillent la route, que des mains se tendent, que des cœurs s’ouvrent.
Un éloge à l’amitié, à l’amour, à la musique. A l’espoir. Parce qu’il n’est jamais trop tard pour faire du reste de sa vie la plus belle partie de son existence.
« Peut-être même que parfois, une seule note peut changer une vie ».
A lire !
Informations pratiques
Des lendemains qui chantent, Alexia Stresi – éditions Flammarion, février 2023 – 446 pages 621 €
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