
Un roman passionnant sur le destin de deux sœurs rescapées du naufrage du Titanic. Des destins viscéralement humains, lumineux.
Naufrage du Titanic et naufrage d’une famille
1911, Portsmouth. Charles Alistair est le roi de la tourte. Avec sa femme, leur boutique est devenue en quelques années une véritable institution. Quand au cours de l’été, de riches américains en vacances en Angleterre goutent leurs célèbres tourtes, c’est l’émerveillement. Un filon qu’ils imaginent exploiter. Et ces derniers de proposer un marché à Charles : s’il vient aux Etats-Unis s’établir avec sa famille, alors ils investiront dans son entreprise.
Faire fortune à New-York, une idée qui fait son chemin dans la tête de Charles. Au printemps 2012, il vend sa boutique et prend six allers simples en deuxième classe, pour sa femme, ses deux filles, son fils et son beau-fils, à bord du plus grand paquebot du monde. Direction New-York.
Mais le 18 avril, le Titanic sombre avec à son bord plus de 2000 personnes. Les deux sœurs Alistair, Molly et Letta, font partie des 710 rescapés du naufrage. Seules survivantes de la famille Alistair…
Débarquée à New-York, Letta, l’ainée, se doit de faire face. Sa sœur Molly souffre de catatonie et compte sur elle. Alors certes, elles n’ont plus rien, ne connaissent personne dans ce nouveau monde, mais le renoncement ne fait pas partie du vocabulaire de Letta. Elle va se battre, pour elle, pour sa sœur, en souvenir de ceux qui ne sont plus. Douce utopie ou rêve à portée de main ?
Des portraits de femmes fortes
Avec la lecture d’Après l’océan, paru aux éditions Calmann-Lévy en ce mois d’avril, j’ai retrouvé tout ce qui me séduit tellement dans le style inégalé de Laurence Peyrin : des personnages féminins courageux, combattifs, émouvants, une intrigue captivante, une insertion du récit dans l’Histoire, mais aussi et surtout une histoire indiciblement vivante. La romancière sait donner tant de chair à ses personnages, créer une telle atmosphère autour d’eux, que c’est plus qu’une lecture qu’elle nous offre : c’est une immersion au cœur du livre. Un voyage. Le lecteur, voit, entend, sent, ressent tout, comme s’il était le témoin de ce qui se trame.
Au cours de cette histoire riche en rebondissements, le lecteur fait la connaissance de femmes combattives, qui ont surmonté le deuil, le handicap, la trahison, la difficulté de naitre femme dans un monde fait par les hommes pour les hommes. Il découvre aussi le difficile sort (un euphémisme) des personnes atteintes de maladies psychiques à cette époque : internement abusif, violence physique et psychologique envers les malades, abrutissement voire destruction par des médicaments, c’est à cet enfer que Letta va tenter d’arracher Molly.
Un roman qui se dévore comme les délicieuses tourtes et charlottes aux fraises qui en émaillent les pages. Captivant.
Informations pratiques
Après l’océan, Laurence Peyrin – éditions Calmann-Lévy, avril 2022- 428 pages – 20,90€