
Tout le monde a déjà vu un film avec Greta Garbo. Mais qui la connait vraiment ? Catherine Locandro nous propose de lever le rideau sur le parcours de cette femme exceptionnelle par sa beauté certes, mais aussi et surtout par son talent et sa personnalité.
Une femme moderne
Nous sommes en 1982 à New-York. Alors âgée de 77 ans, Greta Garbo, cachée derrière de grandes lunettes, a réservé un fauteuil dans le fond de la salle de cinéma. Elle est venue incognito et souhaite pouvoir fuir avant le générique de fin pour ne pas être reconnue. Poursuivie toute sa vie par les journalistes, réalisateurs, producteurs, les fans, elle a développé une forme de paranoïa et multiplie les ruses pour ne pas être identifiée ni localisée. Cette fois, elle vient voir le film extrait du roman éponyme paru quelques décennies plus tôt : le portrait de Dorian Gray. Elle qui avait rêvé de jouer le rôle de Dorian Gray, dont la personnalité trouve un si fort écho en la sienne, s’était heurtée au refus de la MGM, qui n’envisageait pas un seul instant de lui confier un rôle masculin.
Dans la salle, d’autres spectateurs l’ont reconnue et évoquent la façon dont l’actrice a marqué leur existence, quand bien même ils ne l’aient jamais fréquentée en dehors du grand écran. L’occasion de revenir sur le parcours de cette jeune suédoise au visage racé, à la silhouette longiligne et au caractère de feu, surnommée le sphinx suédois par Hollywood.
Un portrait intime de Greta Garbo
Qui, même sans être cinéphile, ne connaît pas la fascinante Greta Garbo ? Connue dans le monde entier, elle a marqué son empreinte à Hollywood, avec Grand Hôtel, La reine Christine, Anna Karenine ou encore La femme aux deux visages, pour ne citer que ces films. Pour autant, qui connait Greta Lovisa Gustafsson, la femme derrière l’actrice, celle qui a toujours vécu cachée le plus possible des journalistes, des médias, des fans et des professionnels du cinéma, auréolant sans le vouloir sa vie de mystère ? Catherine Locandro, dans Le portrait de Greta G., paru aux éditions Les Pérégrines en cette rentrée littéraire, se propose de nous faire découvrir la femme derrière l’actrice. Et c’est une femme résolument moderne que nous découvrons. Une femme d’un caractère de feu, qui dès l’enfance, n’a pas hésité à imposer ses choix en fuguant une première fois à 12 ans de la maison pour échapper à son enfance miséreuse, à cette campagne dans laquelle elle étouffait, à ce père avec ses problèmes d’alcool. Ce n’était pourtant pas gagné en arrivant à Hollywood : certes, elle a une beauté hors-normes, mais justement, sortir des canons hollywoodiens de l’époque lui vaut des railleries des journalistes et des producteurs, sans compter son mauvais anglais, sa coiffure et ses vêtements jugés démodés. Qu’à cela ne tienne : Greta rêve de devenir une grande actrice et ceux qui la raillent bientôt lui mangeront dans la main. Non seulement elle imposera son style, mais elle exigera, fait révolutionnaire pour l’époque, de toucher les mêmes cachets que les acteurs masculins, que l’on respecte scrupuleusement les heures de tournage du contrat, qu’on lui propose des rôles intéressants et non ces sempiternels rôles de vamp. Et l’obtiendra.
« Garbo était son propre maitre, ne dépendant d’aucun homme ni d’aucune femme, échappant au système, insaisissable. »
Un portrait très riche, une peinture sociale de la société hollywoodienne et de son hypocrisie envers les homosexuels aussi, qui nous révèle une Greta Garbot côté cour. Une femme timide, solitaire, méfiante, courageuse et indépendante.