Des lendemains qui chantent, Alexia Stresi

Alexia Stresi Des lendemains qui chantent

La revanche de l’orphelin

Paris, 1935. C’est la première de Rigoletto de Verdi à l’Opéra-Comique. Une institution au bord de la faillite, qui mise tout sur ce spectacle pour espérer commencer à renflouer ses caisses. Mais ce n’est pas gagné sait le directeur, nerveux. Et un miracle de se produire. Affecté à un rôle secondaire, un jeune ténor, inconnu du public, éclipse la vedette sur scène. Un certain Elio Leone. Sa voix extraordinaire concentre tous les regards, tous les applaudissements, tous les éloges. De ces voix, rares, qui font frissonner l’âme. Mais d’où sort ce prodige ? Qui est-il ? Tout ce que l’on sait, c’est qu’il a été imposé à ce rôle par Mademoiselle, la plus grande préparatrice de rôles de France, voire du monde. Mystère.

Une voix en or qui cache bien des blessures. Et qui s’est nourrie d’elles aussi. Car la vie et le parcours d’Elio Leone sont aussi incroyables que sa voix…

La voie de sa voix

C’est un roman envoutant, émouvant, dense, que nous offre Alexia Stresi avec Des lendemains qui chantent, aux éditions Flammarion. Le destin indiciblement romanesque d’un enfant dont l’existence commence pourtant sous les plus sombres augures. Fruit d’un viol, il perd sa maman, Musetta, quelques heures après sa naissance. Musetta rêvait pour son fils d’un grand avenir. « Tu seras quelqu’un » lui avait-elle murmuré avant de s’éteindre. Et il le deviendra, au-delà de ses espérances.

Alexia Stresi nous entraine allegro fortissimo sur la partition de la vie d’Elio, de l’enfance dans l’étable à la scène de la Scala, en passant par l’orphelinat, l’Opéra-Comique, les 6 années de stalag, ou encore Haïti. Une partition qui a pu être jouée grâce aux rencontres déterminantes que le jeune Elio a fait dans sa vie, avec Giuseppe qui lui a ouvert la voie de sa voix, sœur Annamaria qui l’a entouré d’affection, Mademoiselle qui lui a fait travailler son don, ou encore son ami Eugène qui a donné corps à son rêve. Des êtres qui ont su montrer à l’orphelin, que la vie n’est pas que bémols, mais aussi notes envolées et légères. Qui ont su être pour lui une véritable portée, de précieux tuteurs de résilience. Des êtres qui ont su lui montrer qu’il était digne d’amour, d’intérêt, de respect. Qui ont permis son envol.

Alexia Stresi nous offre un destin hors du commun, viscéralement humain. Plein d’espoir aussi : une enfance difficile n’est pas une condamnation, dès lors que de belles rencontres émaillent la route, que des mains se tendent, que des cœurs s’ouvrent.

Un éloge à l’amitié, à l’amour, à la musique. A l’espoir. Parce qu’il n’est jamais trop tard pour faire du reste de sa vie la plus belle partie de son existence.

« Peut-être même que parfois, une seule note peut changer une vie ».

A lire !

Informations pratiques

Des lendemains qui chantent, Alexia Stresi – éditions Flammarion, février 2023 – 446 pages 621 €

Autres romans d’Alexia Stresi

Retrouvez les articles consacrés aux deux précédents romans d’Alexia Stresi en cliquant sur leur titre :

Batailles

Looping

Constance Debré, Offenses

Constance Debré Offenses

Après Play Boy, Love Me Tender et Nom, Constance Debré nous revient avec un livre tout aussi percutant, pertinent et dérangeant, Offenses.

Misère et justice

Une vieille femme git dans une mare de sang à son domicile, tuée à l’arme blanche. Dans cette banlieue défavorisée où « tout est abimé dès la naissance », elle a été poignardée par un jeune de 20 ans qu’elle connaissait, car il avait pour habitude de lui faire ses courses. Certes, elle avait un fils cette vieille dame, mais il ne venait jamais la voir. Contrairement au petit jeune désargenté et père de famille qui habitait le même immeuble. Alors souvent, il lui grappillait la monnaie au passage, pas de grosses sommes, mais la vieille femme s’en est rendue compte, s’est énervée. Et ça a dégénéré. Alors c’est la vieille qui a pris, mais cela aurait pu être n’importe qui. Car il avait besoin d’un exutoire, de pouvoir purger sa colère, son sentiment d’injustice. Cette femme représente tous les autres, la société à la face de laquelle il a envie, il a besoin, de cracher son incommensurable colère, le mal qu’est le monde lui-même, ce mal qui nait du manque d’argent et du manque d’amour. « Il faut bien un sacrifice, que quelque chose d’insupportable soit purgé. Un homme doit payer pour tous les hommes. »

Un roman coup de poing

Un roman qui cette fois n’est pas une autofiction, mais qui est animé du même souci : « Nous tous c’est vous aussi. Ce que je raconte c’est ce que vous ne voulez plus voir de vous-mêmes. » Avec Offenses, paru en ce mois de février aux éditions Flammarion, Constance Debré signe un nouveau roman coup de poing. Un roman volontairement et bénéfiquement dérangeant. Pour frapper les esprits, filer un uppercut à la bien-pensance, mettre KO les arrangements avec la vérité, avec l’hypocrisie de notre société. L’auteure frappe avec ses mots, économise ses coups avec une écriture dépouillée à l’extrême .Elle dénonce l’hypocrisie d’une société qui prône la justice, le vivre ensemble, mais qui repose sur une injustice criante dès la naissance. Une injustice face à laquelle la société choisit de fermer les yeux : ceux qui naissent dans des cités défavorisées, dans des familles défavorisées, sont condamnés d’emblée à vivre dans la misère, à réaliser que le confort, l’accès à une bonne éducation, à de bons soins, aux bons postes dans les entreprises, à la considération, c’est pour les autres sauf de très rares exceptions. En fermant les yeux, la société se rend coupable. Et si les victimes étaient en réalité ces laissés pour compte ? Constance Debré nous interroge.

Informations pratiques

Offenses, Constance Debré – éditions Flammarion, février 2023 – 122 pages – 17,50€

Autres livres de Constance Debré

Retrouvez les chroniques des précédents ouvrages de Constance Debré aux éditions Flammarion en cliquant sur leur titre :

Nom

Play Boy

Love me tender

Michelle Obama : Cette lumière en nous

Cette lumière en nous Obama Michelle

Comment s’accomplir en des temps incertains ? Après son best-seller « Devenir », Michelle Obama livre aux lecteurs les fruits de son expérience, de ses connaissances, pour avoir confiance en soi et prendre du recul par rapport à l’incertitude du monde actuel.

Trouver la sérénité malgré l’incertitude

Rien n’est jamais écrit à l’avance. Rien n’est jamais acquis. Alors, pour garder le cap face aux doutes et à l’inconnu, il y a des conseils et des stratégies parfois relativement simples à mettre en place. Que ce soient les enseignements de sa mère, de ses amies, de professeurs ou de personnes croisées sur son parcours, Michelle Obama a puisé en eux de la force, du courage, des béquilles pour prendre du recul et savoir quelle direction suivre. C’est donc dans un désir de transmission qu’elle partage avec le lecteur comment avoir confiance en soi, comment composer avec nos peurs, évoque l’équilibre dans le couple, l’affirmation de ses différences au travail, l’éducation des enfants, ou encore l’entretien des liens d’amitié, pour ne citer que ces exemples.

« Connaitre sa lumière c’est se connaitre soi-même ; c’est porter un regard lucide sur sa propre histoire. La connaissance de soi engendre la confiance en soi, qui nous permet d’être plus sereins et de prendre du recul. C’est ainsi que nous pouvons nouer des relations authentiques avec les autres. Pour moi, c’est la base de tout. »

Des conseils et stratégies pour garder confiance en soi

C’est un ouvrage très intéressant et très inspirant, que nous livre Michelle Obama aux éditions Flammarion, avec Cette lumière en nous. Nul désir de donner des leçons, nulle prétention d’avoir réponse à tout. Non, Michelle Obama a écrit ce livre avec beaucoup d’humilité et d’honnêteté, dans le désir de partager son expérience, de montrer quelles astuces l’aident à tenir et à avancer, dans l’espoir que ce partage puisse aider d’autres personnes à trouver des éléments de réponse à leurs questionnements et des pistes pour surmonter leurs propres difficultés et doutes. Car « la lumière se transmet ». Et c’est que que fait Michele Obama ici. Comment ne pas se décourager quand on se fixe un objectif très (trop) ambitieux ? Comment maintenir la flamme qui brille en soi et faire bénéficier aux autres de sa lumière et de sa chaleur ? Comment ne pas laisser nos peurs nous gouverner ? « Car nos blessures deviennent nos peurs. Et nos peurs, nos limites. »

Ce livre balaye tous les domaines de la vie, l’identité, les minorités, la famille, le couple, les études, le travail, les amis, le rôle de parents, l’image de soi, l’estime de soi, la confiance en soi, et donne des clés que chacun doit s’approprier et adapter à sa situation. Un livre touchant de sincérité, lumineux dans ses propos et indiciblement bienveillant. A lire!

« On commence véritablement à s’accomplir, quand on est capable de porter un regard bienveillant sur soi-même ».

Informations pratiques

Cette lumière en nous, Michelle Obama – Editions Flammarion, novembre 2022 – 23,90€ – 348 pages

Une année de philosophie, Marie Robert

Une année de philosophie Marie Robert

Un ouvrage clair, brillant, accessible à tous, qui rassemble plus de 150 textes courts, fruits des réflexions de l’auteure Marie Robert sur des thèmes ancrés dans notre quotidien. Inspirant et lumineux.

La philosophie comme outil du quotidien

Chaque matin, depuis plus de 5 ans, Marie Robert publie un billet, fruit de ses réflexions du moment, sur les réseaux sociaux. Elle se met alors à l’écoute de ce qui lui trotte dans la tête et le couche sur son profil instagram (@philosophyissexy). Des textes courts (2000 signes), d’une grande clarté et d’une tout aussi grande pertinence, qui balayent des sujets aussi divers que la confiance en soi, l’amour, la famille, le bonheur, la persévérance, les rencontres, la déception ou l’impatience, pour ne citer que ces exemples. Des réflexions intimes à vocation universelle : non seulement Marie Robert sait les rendre très accessibles, mais elle réveille chez chacun la curiosité, la réflexion, le désir de mettre en perspective, de partager, de confronter les points de vue. Autrement dit, Marie Robert a l’art de mettre notre cerveau en appétit. Et le régale de ses textes émaillés ou non de références philosophiques et toujours ancrés dans notre quotidien.

Un livre inspirant et accessible à TOUS

Sur ce blog vous avez déjà eu l’occasion de découvrir les ouvrages de la philosophe Marie Robert à plusieurs reprises.  Des livres inspirants, qui ont l’art de rendre la philosophie attirante, séduisante et diablement moderne. Marie Robert nous revient en ce mois de novembre avec Une année de philosophie, aux éditions Flammarion/Versilio. « Ce que j’essaye ici chaque matin, c’est de donner de modestes fragments de douceur, d’espoir et de transmission, de petits morceaux pour dire que cela vaut la peine de penser, de lire, d’interroger, de se cultiver. » Cet ouvrage, qui retranscrit sur papier environ 150 des billets quotidiens de l’auteure, est en effet né d’un désir de transmission, de partage. Emaillé de très beaux collages réalisés par l’artiste Lia Rochas Paris, le livre se picore, se savoure. Chaque bouchée de lecture nourrit le cerveau et alimente la réflexion. On en redemande alors avec gourmandise !

Là où nous sommes souvent passifs devant nos écrans, quels qu’ils soient, Marie Robert relève le défi de nous faire réagir, interagir, de nous sortir de cet état léthargique. Elle réveille nos consciences et ouvre le champ de notre regard. Et cela fait un bien fou !

A lire.

Informations pratiques

Marie Robert, Une année de philosophie – éditions Flammarion/Versilio, novembre 2022- 19,90€ – 290 pages

Simone Veil, récit : Seul l’espoir apaise la douleur

Simone Veil seul l'espoir apaise la douleur

Le témoignage bouleversant de Simone Veil sur sa déportation à l’âge de 16 ans ½ avec sa sœur et sa mère. Digne. Courageux. Terrible. Nécessaire.

Le témoignage de Simone Veil

Blessée que les déportés n’aient pas été écoutés à leur retour des camps – un silence qu’ils n’ont pas choisi, mais une indifférence à leur endroit, Simone Veil tenait à transmettre ce qu’a été l’extermination des juifs. Elle qui l’a vécu, ainsi que son frère, ses sœurs et ses parents. Simone Veil est issue d’une famille juive de quatre enfants. Une famille tout à fait laïque pour laquelle la religion n’existait pas. Son père, architecte, ancien combattant de la guerre 14-18, n’imaginait pas un seul instant que Pétain puisse ne pas reconnaitre ce que représentaient les Français anciens combattants, fussent-ils juifs. Quand il prend conscience du danger, c’est trop tard. Simone Veil n’a que de 16 ans 1/2 en mars 1944, quand elle est arrêtée dans une rue de Nice. Avec sa mère et sa sœur Milou, elles sont déportées tout d’abord à Drancy. La première étape d’un cauchemar dans les camps qui va durer 18 mois.

Transmettre pour ne pas oublier

Dans le cadre de la constitution d’archives audiovisuelles, Mémoires de la Shoah, 115 témoignages ont été recueillis. Il s’agit de témoignages de déportés, de Justes, d’enfants cachés, d’acteurs de la mémoire. Simone Veil, qui était la présidente de la Fondation de la Mémoire de la Shoah, a apporté ici son bouleversant témoignage. Elle parle de l’horreur, de l’humiliation permanente, de la cruauté, de la faim, du froid, des morts. Mais aussi de sa merveilleuse maman d’une bonté et d’un courage exceptionnels, de son engagement pour l’Europe, de la nécessité de transmettre pour ne pas oublier.

« Peut-être que pour moi ce qu’il est important de dire et de redire, c’est combien, lorsque nous étions au camp, pour chacune d’entre nous, il était important d’espérer, de penser que certaines rentreraient et parleraient, et témoigneraient. On parle souvent du devoir de mémoire (…). Mais en ce qui nous concerne c’est un devoir de transmission que nous avons, parce que nous l’avons promis. »

Un témoignage indiciblement émouvant, pour ne pas oublier certes, mais aussi pour insister sur la nécessité d’évacuer les rancœurs, la haine et désirs de revanche pour ne pas obérer l’avenir des jeunes générations.

A lire absolument !

Informations pratiques

Seul l’espoir apaise la douleur, Simone Veil-éditions Flammarion, octobre 2022 – 19€ – 220 pages

Fabrice Midal : la méthode Foutez-vous la paix !

La méthode foutez-vous la paix

Après son ouvrage Foutez-vous la paix, Fabrice Midal nous revient une méthode simple et efficace, pour cesser de vous torturer et réapprendre à vivre. De la théorie à la pratique !

Foutez-vous la paix

Il y a de nombreuses occasions dans la vie où l’on regrette de ne pas avoir osé dire non, d’avoir culpabilisé à outrance, de s’être laissé submerger par la colère, de s’être mal organisé ou encore d’avoir consacré trop peu de temps aux êtres qui nous sont chers. Et ces exemples pourraient se multiplier à l’infini ! Dans une société où les moindres faits et gestes sont commentés, évalués, comparés, partagés sur le net, nous vivons avec la crainte permanente et plus ou moins consciente de mal faire, de ne pas être à la hauteur des attentes des autres (ou des attentes que nous imaginons être celles des autres). En conséquence, nous passons notre temps à nous exhorter à faire mieux, à nous mettre la pression, incapables de « nous foutre la paix » et d’être satisfaits. Autrement dit, nous sommes notre propre bourreau. Fatalité ? Pas du tout ! Fabrice Midal nous propose une méthode concrète pour se libérer des injonctions de réussite et de perfection et être heureux.

Une méthode pour se libérer des auto-injonctions de réussite et de perfection

Avec La méthode Foutez-vous la paix, parue aux éditions Flammarion/Versilio, Fabrice Midal vous donne les outils pour passer de la théorie à la pratique. Pour atteindre l’objectif ô combien convoité du lâcher-prise. L’ouvrage se découpe en 20 chapitres courts, consacrés chacun à un problème particulier : ne pas savoir dire non, culpabiliser, ne pas aimer son corps, se plaindre constamment, mal dormir, trop ruminer etc.

Chaque problème a sa solution. Et pour atteindre l’objectif fixé, Fabrice Midal procède comme suit : il expose la situation, évoque quelles sont les mauvaises stratégies que nous avons tendance à adopter, et enfin, comment nous foutre la paix. Puis l’auteur nous passe le relais : suivent des exercices pratiques pour mettre en application les conseils et passer de la théorie à la pratique. Il ne vous reste plus qu’à essayer ! C’est clair, pertinent, inspirant et…libérateur.

Informations pratiques

La méthode « Foutez-vous la paix ! », Fabrice Midal -éditions Flammarion/Versilio – 16,90€- 175 pages

Autres livres de Fabrice Midal

Retrouvez les autres ouvrages de Fabrice Midal auxquels j’ai consacré une chronique sur ce blog en cliquant sur leur titre :

Rentrée littéraire : Brigitte Giraud

vivre vite Giraud brigitte

Toute disparition suscite des questions, conduit à chercher le ou les responsables. Aurait-on pu l’éviter ? Et si… Brigitte Giraud revient sur la décès accidentel de son mari 20 années plus tôt, cherche le grain de sable qui aurait pu enrayer l’engrenage mortel. Emouvant.

Avec des si…

En ce printemps 1999, tout semble sourire à Brigitte Giraud, son mari Claude et son fils. Ils viennent de faire l’acquisition d’une maison à deux pas de leur appartement, dans la ville de Lyon. Brigitte se sentait un peu à l’étroit dans cet appartement doté d’une seule chambre. Et encore, ce serait bien plus étroit quand ils auraient concrétisé leur envie d’agrandir la famille. Après dix ans de vie heureuse dans cet appartement de la Croix rousse, l’heure du déménagement avait sonné. Et de se projeter déjà dans la maison, d’imaginer les travaux qu’ils y feront, les plantes dont ils orneront le jardin, le petit studio d’enregistrement qu’ils y aménageront. Il ne leur manque plus que les clés et leur rêve deviendra réalité. Ils pourront alors emménager dans leur joli nid et commencer une nouvelle vie.

Et, joie suprême, les clés peuvent leur être remises en avance. Ils vont pouvoir profiter du week-end pour transvaser leurs affaires de l’ancien au nouveau lieu de vie. Le rêve prend corps.

Mais il a suffi de quelques secondes pour que le rêve vire au cauchemar. Pour que cette maison n’abrite jamais leur bonheur à tous les deux….

Pour que tout bascule.

Vouloir comprendre

C’est un récit très personnel et très émouvant que nous livre Brigitte Giraud, 20 ans après les faits, en cette rentrée littéraire chez Flammarion. Vivre vite évoque en effet un drame qui l’a fauchée en plein bonheur, lors du décès accidentel de son mari et père de son fils alors âgé de 7 ans. Alors qu’aujourd’hui elle s’apprête à vendre la maison, elle refait une dernière fois le tour du propriétaire, inspecte chaque angle mort, éclaire les coins d’ombre, pour essayer de comprendre comment ce drame a pu être possible. Et surtout, aurait-on pu l’éviter, éviter cet enchainement de circonstances qui ont conduit à l’inéluctable ?

« Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner, on fixe la ligne d’horizon, droit devant. Quand un drame surgit, on rebrousse chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l’origine de chaque geste, de chaque décision. On rembobine 100 fois. On devient le spécialiste du cause à effet. »

N’allez pas imaginer qu’il s’agit d’un livre sombre, car il est question d’un décès par accident. Au contraire, Brigitte Giraud évite avec brio l’écueil du pathos, nous offre un récit indiciblement vivant, vivant par son rythme soutenu mais aussi par la vie qu’elle redonne à son mari par le biais de ses mots.

Un roman qui se lit dans une forme d’urgence, comme assis sur une moto lancée à vive allure. Bouleversant.

Informations pratiques

Vivre vite, Brigitte Giraud – éditions Flammarion, août 2022 – 206 pages – 20€

Jean-Gabriel Causse, Les couleurs invisibles

Les couleurs invisibles Causse Jean Gabriel

N’avez-vous jamais eu envie de larguer les amarres, de tout quitter ? Mettre de la distance pour mieux se retrouver, c’est le voyage initiatique que nous propose Jean-Gabriel Causse avec Les couleurs invisibles.

Tout quitter

Antoine attend les résultats de ses analyses dans la salle d’attente du service d’oncologie, en présence de sa femme Alice. Mais au moment où le cancérologue se présente à lui, pour lui annoncer le diagnostic, une peur panique l’envahit. Et de prendre sa femme par le bras pour s’enfuir. Cette dernière ne peut s’empêcher de lui manifester de la pitié, tout sauf ce dont Antoine a besoin en cet instant précis. Il se réfugie donc seul pour la nuit sur son voilier, avec une idée en tête : larguer les amarres. Toutes ses amarres. Celles de son travail de coloriste free-lance, travail bien en deçà de ses ambitions, lui qui a le don de synesthésie, c’est-à-dire de voir les sons en couleur, et imaginait mettre ce don au service de marques de luxe. Prendre du champ avec Alice, qu’il a rencontrée il y a quinze ans et avec laquelle une forme de routine s’est installée. « S’il y a quelque chose d’appréciable dans la maladie, c’est que ça pousse à se poser de vraies questions. ». Il a besoin de faire le bilan de sa vie, de prendre du recul. Et germe alors en lui une idée : convaincu de vivre ses derniers jours, il décide de concrétiser un rêve : utiliser son don à essayer de comprendre ce qui se cache derrière les couleurs, à aller voir les plus belles couleurs que la planète a à lui offrir. C’est décidé, il va mettre le cap sur l’atoll aux mille bleus de Bora Bora.

Un voyage loin des siens, de ses repères, qui va le rapprocher de lui-même et se révéler être un véritable voyage initiatique.

Voyage initiatique

Les fidèles de ce blog ont déjà entendu parler des livres de Jean-Gabriel Causse, écrivain et designer couleurs renommé. Après L’étonnant pouvoir des couleurs, Les crayons de couleur, ou encore L’algorithme du cœur,  Jean-Gabriel Causse nous revient avec Les couleurs invisibles, aux éditions Flammarion. Cette fois, il nous embarque aux côtés de son personnage pour un voyage au bout du monde, à la rencontre avec soi. L’occasion de découvrir en voilier un autre rapport au temps, de prendre du recul et d’identifier ses besoins, ses envies, de distinguer l’essentiel du superflu. Avec de nombreuses références à la physique quantique, à la méditation, ce roman se rapproche d’un roman de développement personnel, dans lequel le lecteur accompagne le personnage vers sa renaissance.

Une croisière haute en couleurs.

Informations pratiques

Jean-Gabriel Causse, Les couleurs invisibles – éditions Flammarion, mai 2022 – 250 pages – 18€

Comme dans un roman de Sagan

Voilà un livre très original : et si Françoise Sagan était un guide de vie? Et si ses œuvres fournissaient des réponses à nos questionnements quotidiens? C’est ce que nous propose Eve-Alice Roustang.

Les romans de Françoise Sagan

On ne présente plus Françoise Sagan, de son vrai nom Françoise Quoirez. Son œuvre est bien trop souvent réduite à ce succès international phénoménal de Bonjour tristesse, tandis qu’elle n’était âgée que de 18 ans. Elle a pourtant écrit plus d’une quarantaine d’ouvrages, des romans aux pièces de théâtre, en passant par les essais. Femme libre et moderne, dans le sillage de laquelle flottait un parfum de scandale. Eve-Alice Roustang propose de découvrir un autre aspect de son œuvre : sa richesse en conseils, en réflexions sur l’existence et ses questions de fond. Françoise Sagan est perçue ici comme un guide de vie, qui délivre ses messages à travers la voix de ses personnages. Une voie qu’explore l’auteure en passant ses écrits en revue.

Mieux vivre grâce à Françoise Sagan

Avec Comme dans un roman de Sagan paru aux éditions Versilio-Flammarion, Eve-Alice Roustang partage sa propre expérience : comment elle a trouvé du soutien, des réponses sur le bonheur, l’épanouissement, les émotions, la vie tout simplement, dans les œuvres de Françoise Sagan. Dans de courts chapitres, l’auteure aborde les thèmes du bonheur, de l’infidélité, de l’argent, de la vieillesse, de la dignité, du changement, de la mort. Elle donne des outils au lecteur pour traverser la vie avec le sourire, délesté de ses peurs. C’est donc un livre d’un genre à part, entre ouvrage de développement personnel et livre hommage à l’œuvre de Françoise Sagan.

Pour découvrir Sagan autrement!

Informations pratiques

Comme dans un roman de Sagan, Eve-Alice Roustang – éditions Versilio-Flammarion, février 2022 – 220 pages – 16,90€

L’homme que je ne devais pas aimer, Agathe Ruga

Agathe Ruga Flammarion

Elle a un mari aimant et trois jeunes enfants, évolue dans un milieu social aisé, se réalise dans sa passion pour la littérature. Un monde idyllique que le regard d’un homme croisé dans un bar va pourtant faire basculer.

Amours plurielles

Il y a un an, Ariane est tombé malade en croisant un jeune homme alors qu’elle se promenait avec son mari et ses trois enfants. Contaminée par un regard. Atteinte d’un mal incurable. Un mal auquel sa famille ne survivra pas, elle le sait.

Les premiers temps, la maladie est asymptomatique. Du moins extérieurement. La jeune femme ne laisse rien paraitre de l’agitation intérieure qui l’anime, de sa fièvre et s’adonne à ses tâches quotidiennes avec la même régularité. Si ce n’est qu’elle a perdu le gout de lire, si prégnant chez elle, le sommeil, la tranquillité. Si ce n’est que s’occuper des enfants à longueur de journée l’ennuie. Pire, l’insupporte.

Même si elle mesure les risques qu’elle prend à retourner dans le bar où travaille le jeune homme prénommé Sandro, elle ne peut s’empêcher de l’approcher, de l’observer, de le détailler sous toutes les coutures. De s’y brûler. Et si ce dernier se refuse à répondre à ses attentes, mettant un point d’honneur à ne pas briser un couple et une vie de famille, Ariane insiste. La fièvre qui la gagne balaie tout raisonnement, toute sagesse. A chaque fois qu’elle tente de faire reculer la maladie, un désespoir fou la submerge, la terrassant bien plus encore.

Remise en question

Avec son deuxième livre, L’homme que je ne devais pas aimer, paru aux éditions Flammarion, Agathe Ruga nous entraine au cœur des tourbillons d’une maladie particulière, la maladie d’amour. L’amour exaltant, l’amour douloureux, l’amour conjugal, l’amour adultérin, l’amour filial, l’amour maternel, l’amour d’un beau-père pour sa belle-fille. L’amour fébrile, fragile, obsédant, non partagé, agonisant, transcendant, merveilleux. L’amour dans toutes ses acceptions.

A travers les hommes qui ont croisé la vie d’Ariane, père, frère, beaux-pères, amoureux, elle revient sur ce que chacun lui a apporté, pris, laissé. Que se passe-t-il avec Sandro ? Elle avait 4 ans quand ses parents ont divorcé et ne veut pas infliger un divorce à ses enfants. Enfin, sa raison ne veut pas. Mais que dit son cœur ?

Pour qu’une telle maladie contamine un cœur et un esprit, il fallait que ces derniers soient un terrain propice, avec un système immunitaire défaillant contre l’intrusion d’un nouvel amour. Que lui apporte cet homme qu’elle ne trouve pas ou plus chez son mari ? Être la maman de trois adorables petites filles fait-il forcément de vous une femme comblée ? Y-a-t-il encore une place pour une vie de femme quand on est mère, pour la folie quand on est responsable de trois enfants ? Briller dans la bonne société, aux bras d’un mari intelligent et plein de charme suffit-il à mettre des paillettes dans les yeux, à se sentir vivante ? Est-on condamnée à ne vivre qu’à demi quand on devient mère, à étouffer ses envies, son grain de folie, sa faim de vivre pleinement et intensément chaque journée?

Une très belle écriture, et une réflexion très touchante et très pertinente sur l’amour et les choix difficiles qu’il impose.

Informations pratiques

L’homme que je ne devais pas aimer, Agathe Ruga-éditions Flammarion, 202 pages – 19€