
C’est le troisième livre de Constance Debré, laquelle s’est imposée pour ses phrases coupées au sabre, la puissance de ses propos, les lignes qu’elle fait bouger. Cette fois, l’auteure s’interroge sur l’essence de notre identité : le nom.
Un livre qui bouscule et déplace les lignes
Alors que son père vit ses derniers instants et qu’elle est à son chevet, Constance Debré nous interroge sur l’importance du nom de famille. A fortiori un nom aussi connu que le sien avec des hommes politiques illustres, dont un premier ministre, un reporter de guerre Prix Albert Londres (père de Constance), des médecins renommés. Ces dernières années, Constance s’est dépouillée de tout pour ne garder que l’essentiel. De façon radicale. Elle a rendu sa robe d’avocate, s’est séparée de son mari, a quitté son appartement, a coupé les ponts avec beaucoup, s’est débarrassée du matériel.
« Marcher vers le vide, voilà, c’est ça ce qu’il faut faire, se débarrasser de tout, de tout ce qu’on a, de tout ce qu’on connaît, et aller vers ce qu’on ne sait pas. Sinon on ne vit pas. (…) Être libre, c’est le vide ce n’est que ce rapport avec le vide. »
Mais dans ce dénuement extrême, il y a une chose qui la suit, un héritage lourd : son nom. « Ce qui n’est pas nommé n’existe pas. Le nom est l’essence de notre identité ». Avant même de la connaître, avant même qu’elle ne se présente, son nom charrie dans son sillage l’héritage de sa famille, leurs empreintes dans l’histoire politique, médicale et autre. Ce nom qui est le nôtre, qui nous désigne, désigne en réalité notre famille. Et d’arriver à ce constat sidérant de vérité : « Notre identité c’est les autres ».
Transformer le réel
Constance Debré signe ici son troisième livre, Nom aux éditions Flammarion. Et force est de reconnaître qu’en trois livres, elle a su imposer son style cash et la puissance de ses propos sur la scène littéraire. Aucun de ses livres, aucune de ses phrases, aucun de ses mots n’est gratuit. Non, ses écrits ont pour mission de nous bousculer, de nous interpeller, de nous faire nous demander si le regard que nous portons sur la vie ne mérite pas de changer d’angle. Car d’un côté il y a les faits, incontestables, implacables. Et de l’autre, la représentation que nous en faisons. Or c’est cette représentation que Constance Debré entend remettre en question. Pourquoi accepter que ce nom, qui parle en réalité de nos pères, nos mères, du passé, définisse notre identité dans nos sociétés actuelles ? Ne pourrait-on pas refuser cet héritage ?
Un livre qui bouscule et fait réfléchir.
Les livres de Constance Debré
Retrouvez ici, les deux précédents ouvrages de Constance Debré chroniqués les années passées. Il vous suffit de cliquer sur le titre pour accéder à la chronique :
Informations pratiques
Constance Debré : Nom- Editions Flammarion, février 2022 – 19 € – 169 pages