Rien ne nous séparera, Thierry Cohen

Rien ne nous séparera Cohen

Un roman bouleversant, inspiré de faits réels, où le meilleur de l’homme côtoie le pire. La quête éperdue de parents pour retrouver leurs enfants, victimes d’un trafic d’enfants lucratif.

Le trafic d’enfants

Maroc, 1964. Jacob et Sarah, paysans, peinent à joindre les deux bouts. Pour Jacob, ne pas être capable de nourrir correctement ses deux enfants et sa femme est une honte, fait de lui un sous-homme. Aussi, quand un homme distingué lui rend visite et se présente comme le fondateur de l’Institut de la seconde chance, association d’aide aux enfants dont les parents vivent dans la misère et aux orphelins, Jacob l’écoute. Et, s’il ne donne pas de réponse à l’individu désireux de soustraire ses enfants à la pauvreté et de leur assurer des études, l’idée fait son chemin dans son esprit.

Quand l’homme revient quelque temps plus tard, la décision de Jacob est prise. Et ni les larmes, ni les cris de Sarah n’y changeront rien. L’homme ne leur a-t-il pas promis que ce placement ne serait que provisoire, le temps qu’ils se refassent une santé économique? Ne leur a t-il pas affirmé qu’ils pourront faire revenir leurs enfants à la maison ensuite? A défaut d’être une solution satisfaisante, ce placement en institution est la moins mauvaise solution dans l’immédiat, pense Jacob.

La moins mauvaise en apparence. Car les intentions du dirigeant de la fondation sont aux antipodes de celles avouées. Nul désir de secourir des enfants mais un appétit féroce de se faire de l’argent. Quant à revoir leurs enfants, leur a-t-on menti sur ce point aussi?

Retrouver ses origines

Avec Rien ne nous séparera, paru en ce mois de février aux éditions Plon, apprêtez-vous à être les victimes consentantes d’une lecture en apnée. Impossible de reposer le livre une fois la lecture commencée. Impossible de ne pas suivre le cœur battant ce couple de parents et ce couple d’enfants devenus grands, arrachés les uns aux autres, qui des années plus tard, tentent de se retrouver. Plus encore, imaginer que ces trafics d’enfants ont réellement existé, que des enfants ont réellement été arrachés à leurs parents pour être vendus à l’autre bout du monde à des familles riches, ou pour servir de main d’œuvre gratuite à des familles d’accueil peu scrupuleuses, donne une dimension encore plus grande à ce roman. Thierry Cohen donne la voix à celles et ceux dont la vie a été brisée sciemment, par des individus avides d’argent , mais aussi parfois par des autorités publiques. Il y a ainsi eu des vols de bébés organisés par les dictatures chilienne, argentine, espagnole, par des réseaux mafieux mais aussi par la République française lorsque des enfants réunionnais ont servi à repeupler des zones rurales de certains départements de métropole.

C’est un roman bouleversant, à la tension narrative extrême, qui vous prend en otage à la première page pour ne vous relâcher qu’à la toute dernière ligne, bouleversé(e).

Un gros coup de cœur!

Et au pire on s’aimera, Thierry Cohen

Et au pire on s'aimera Thierry Cohen
Copyright photo Karine Fléjo

Quand la vie monotone d’une trentenaire célibataire s’emballe suite à un mystérieux bouquet de roses. Amour et télé-réalité, un couple infernal.

Célibat et solitude

Jusqu’ici, la vie d’Alice, trentenaire célibataire, est plutôt une morne plaine. Pas de grand amour, un travail dans une ambiance délétère, un physique passe-partout et aucun effort pour le mettre en valeur. Sans compter qu’aucune perspective de changement ni côté cœur ni côté boulot ne se profile. Même si sa vie ne la satisfait pas, Alice semble s’y résigner. Comme si c’était une fatalité. Comme si elle ne méritait pas mieux qu’une existence fade.

Et pourtant, une rose trouvée sur son paillasson un matin va bousculer son existence. Et si le destin lui souriait soudain et l’exhortait à sortir de sa transparence, à prendre sa vie en main? Même ses collègues semblent se réjouir pour elle de cette embellie dans sa vie.

Mais ce qui commençait comme une mystérieuse et romantique histoire d’amour se révèle au fil des jours inquiétante. Les bouquets se multiplient, y compris sur son lieu de travail. Qui est donc cet inconnu qui semble savoir tout sur elle, qui connait son lieu de travail et son domicile? Un amoureux ou un dangereux détraqué? Alice navigue entre espoir et inquiétude.

Et, comme si la tempête amoureuse qu’elle traverse ne suffisait pas, son patron menace de la licencier sous de fallacieux prétextes. Après la morne plaine, Alice évolue désormais sur des montagnes russes.

Qui est donc cet homme? Va-t-elle regretter la banalité de sa vie d’avant?

Amour et télé-réalité

Dans Et puis au pire on s’aimera, paru aux éditions Plon, Thierry Cohen nous dresse le portrait d’une jeune femme touchante, timide, qui attend patiemment sur le bas-côté de la route, que le destin l’embarque vers un avenir meilleur. Car Alice a si peu confiance en elle, qu’elle n’ose pas prendre les rênes de sa vie, attend que la vie décide pour elle. Mais il faut savoir sortir de sa zone de confort, devenir l’acteur et non le spectateur de son existence. Ce qu’Alice va tenter de faire. Avec succès ou pas?

Ce roman donne aussi l’occasion à l’auteur d’aborder le voyeurisme malsain et l’absence de scrupules qui guident beaucoup de programmes télévisuels ces dernières années. Télé-réalité, télé poubelle, sensationnalisme, la qualité des programmes s’est inclinée devant l’audience à tout prix et donc devant la recherche de rentabilité. Violation de la vie privée, humiliation et moquerie des individus sous couvert d’empathie et d’altruisme, les dérives sont légion. Jusqu’où est-on prêt à aller pour faire de l’argent à la télévision en particulier et dans les médias en général? Les limites semblent sans cesse repoussées…

Le bon côté de ces dérives télévisuelles, c’est qu’on ne regarde plus la télévision et qu’on peut lire davantage! Vous aurez donc le temps et le plaisir de lire ce roman! 😉

Informations pratiques

Et au pire on s’aimera, Thierry Cohen – éditions Plon, octobre 2020 – 452 pages – 20€

Avant la haine, Thierry Cohen (Flammarion)

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Avant la haine, Thierry Cohen

Éditions Flammarion, novembre 2015

Un roman d’une brûlante actualité.

Deux enfants, Raphaël et Mounir, un juif et un musulman, deviennent amis. Très proches amis. Frères de cœur. Tous deux marocains, partageant les mêmes traditions, les mêmes racines, ils se retrouvent en France, dans la région lyonnaise où leurs parents viennent de s’installer. De cette émigration, tous deux ont hérité de l’ambition commune de devenir français, de s’intégrer dans ce pays d’accueil. De réussir. Mais le racisme anti-français est un obstacle bien réel et difficilement franchissable. Heureusement, nos deux amis se serrent les coudes, luttent ensemble pour se faire une place en dépit des préjugés et autres murs érigés devant les étrangers qu’ils demeurent aux yeux des autochtones.

Dans ce roman choral, on suit tour à tour Mounir et Raphaël tout au long de leur existence. Une existence marquée par une actualité internationale tourmentée, comme en 1982 avec les événements du massacre de Chabra et Chatilla. Premières divergences de points de vue entre les deux protagonistes. Première fissure dans leur amitié qu’ils croyaient indéfectible. Et les brèches de se multiplier au fil des conflits, chaque communauté revendiquant la légitimité de ses revendications, de ses actions. Jusqu’à la haine. « Nous n’aurions jamais pensé que la confrontation des opinions se muerait, trente ans après, en haine capable de conduire au meurtre. »

Un roman d’une actualité on ne peut plus brûlante, qui enrichit le débat, ouvre le regard et suscite la réflexion. Un appel à la tolérance. Un roman au sujet duquel Saint-Exupéry aurait pu écrire : « Pourquoi nous haïr? Nous sommes solidaires, emportés sur la même planète, équipage d’un même navire. Et s’il est bon que des civilisations s’opposent pour favoriser des synthèses nouvelles, il est monstrueux qu’elles s’entre-dévorent. »

Citation du jour

 » C’est à cela qu’on reconnaît un vrai couple : lorsque chacun œuvre au bonheur de l’autre, le pousse au delà des limites qu’il s’est imposées pour l’amener à se découvrir plus fort encore et sans crainte qu’il finisse par lui échapper. » de Thierry Cohen, dans Je n’étais qu’un fou (Flammarion)

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Citation du jour

« Les femmes ont ce sens pratique, cette logique qui les amène à comprendre ce qui est bon pour leur famille et ce qui peut lui nuire. Elles sont les gardiennes du sens, cherchent à préserver les acquis et à inscrire tout nouvel épisode dans la continuité de l’histoire qu’elles contribuent à écrire. Elles sont actrices et réalisatrices de leur vie, possèdent une vision du scénario. Les hommes ne sont que des comédiens de l’instant. Et s’ils comprennent un jour, c’est quand le film est fini. » Thierry Cohen, dans Je n’étais qu’un fou (Éditions Flammarion)

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En route!, le nouveau né des studios d’animation Dreamworks en livre!

Depuis le 15 avril dernier, le dernier né des studios d’animation Dreamworks est sur tous vos écrans. Et désormais, il a aussi ses livres grâce aux éditions Hachette jeunesse !

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En route ! Un extraterrestre extraordinaire( Dreamworks)

Hachette jeunesse, avril 2015

32 pages – 3,10€

de 4 à 8 ans.

Les BOOVS, aliens à l’ego surdimensionné, choisissent, pour échapper à leurs ennemis jurés les GORGS, de faire de la Terre leur nouvelle planète d’adoption. Mais OH, l’un d’entre eux, va révéler accidentellement la cachette de son peuple… Contraint de fuir, il fait la connaissance de TIF, une jeune fille à la recherche de sa mère. Ensemble, ils vont devenir d’improbables fugitifs embarqués dans l’aventure de leur vie et vont réaliser que les enjeux auxquels ils font face sont beaucoup plus complexes que de simples mésententes intergalactiques…

Une fillette métisse intrépide, des monstres attachants, des illustrations superbes, des rebondissements incessants, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette lecture un cocktail de détente réussi !

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En route ! Activités et autocollants

Hachette jeunesse, avril 2015

32 pages – 4,95€

Envie de rejoindre Tif et Oh dans des activités intergalactiques ? Alors il suffit d’un crayon et d’un peu de réflexion, de concentration et d’imagination pour participer à ces jeux issus de planètes lointaines. Carré extraterrestre, parole de Boov, mots perdus dans l’espace, points à relier sur Smekland, jeux des différences entre Boovs, chasse aux granités, recherche d’intrus interstellaire ne sont que de petits aperçus des épreuves ludiques qui attendent nos chères têtes blondes.
Ils regretteront de ne pas avoir six bras comme les Boovs pour s’amuser et coller les multiples chouettes autocollants offerts dans ce livre !

Je n’étais qu’un fou, de Thierry Cohen : nul n’est à l’abri du succès…

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Je n’étais qu’un fou, de Thierry Cohen

Éditions Flammarion, avril 2014

Nul n’est à l’abri du succès…

Depuis son adolescence, Samuel Sanderson caresse le rêve d’écrire un roman. Non par besoin de reconnaissance ou de gloire, mais pour se tester, pour voir s’il est capable de tenir la distance du récit, de créer une histoire cohérente, de faire vivre des personnages.

La quarantaine venue, heureux en amour avec sa femme Dana et leur fille Dayane, épanoui professionnellement, il se décide enfin à relever le défi. Et y parvient haut la main. Non seulement il va jusqu’au bout de la rédaction, mais un éditeur lui propose de le publier. Mieux encore que dans ses rêves les plus fous, c’est le succès immédiat. Et la bascule vers un autre monde, un autre univers. « Le monde dans lequel je venais de prendre pied était fait d’illusions, de superficialité,de prétentions, de tous les défauts et vices qui m’habitaient et que j’avais tentés, des années durant, d’étouffer ».

Pris dans les tourbillons de la notoriété, il s’éloigne des valeurs qu’il défendait jusqu’alors, s’éloigne des siens. Et perd l’amour de sa femme et la reconnaissance de sa fille. « L’orgueil était là, tapi dans les plis de mon esprit, me faisant croire à l’intérêt de mon texte, au génie de mon sens créatif ». Suffisance, frivolité, superficialité. Et de faire l’expérience, aussi, de l’envers du succès : si ce dernier est plus efficace qu’une chirurgie esthétique, rend soudain beau et désirable, ce dont Samuel ne se prive pas pour multiplier les conquêtes d’un soir, il suscite aussi les rivalités. Tandis que le public l’adule, particulièrement le public féminin, les critiques littéraires le descendent en flèche. Trop guimauve, trop prévisible, toujours cette même recette à chaque roman : suspens, sentiment, sexe (les 3S). L’admiration de ses lecteurs n’a d’égale que le mépris des journalistes.

Ces mêmes critiques qu’il retrouvera un jour parmi les messages qui lui sont adressés sur Facebook par un inconnu ayant les mêmes nom et prénom que lui. Des critiques de plus en plus déstabilisantes pour Samuel. De plus en plus menaçantes aussi. Qui est cette personne qui semble tout savoir de lui, qui exige qu’il rédige un livre vérité pour s’amender? Est-ce un lecteur dérangé? Une de ses ex? Un proche réellement désireux de le faire revenir sur le droit chemin? Un écrivain rival souhaitant le déstabiliser? Son double venu l’avertir de ce qui l’attend? De quoi devenir fou.

Harcelé, menacé, après l’euphorie du succès, c’est la descente aux enfers…

Thierry Cohen nous offre un roman réussi et passionnant à plus d’un titre. Outre le suspens entretenu jusqu’à la dernière minute, le style fluide et maîtrisé, le rythme soutenu, l’auteur livre une analyse sans concessions et très pertinente sur l’envers du succès, les attentes réelles des maisons d’édition envers leurs auteurs, le statut de l’écrivain réduit à celui d’une vache à lait, les pratiques médiatiques peu louables pour doper l’audience…

Je n’étais qu’un fou, un roman qui se dévore follement!

 

P.20 : C’est à cela qu’on reconnaît un vrai couple : lorsque chacun œuvre au bonheur de l’autre, le pousse au delà des limites qu’il s’est imposées pour l’amener à se découvrir plus fort encore et sans crainte qu’il finisse par lui échapper.

P.30 : Les femmes ont ce sens pratique, cette logique qui les amène à comprendre ce qui est bon pour leur famille et ce qui peut lui nuire. Elles sont les gardiennes du sens, cherchent à préserver les acquis et à inscrire tout nouvel épisode dans la continuité de l’histoire qu’elles contribuent à écrire. Elles sont actrices et réalisatrices de leur vie, possèdent une vision du scénario. Les hommes ne sont que des comédiens de l’instant. Et s’ils comprennent un jour, c’est quand le film est fini.

Je n’étais qu’un fou, de Thierry Cohen

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Thierry Cohen

Je n’étais qu’un fou, de Thierry Cohen

Éditions Flammarion, avril 2014

 

Samuel Sanderson est un romancier américain adulé par le public, qui passe son temps à faire la fête et séduire ses lectrices, négligeant sa famille. Un jour, il reçoit un message d’un homonyme qui lui affirme être lui dans le futur et lui reproche d’avoir renié ses valeurs et de tromper ses lecteurs. Il l’engage à changer de vie et écrire un livre qui révélerait sa vraie nature.

 

Informations pratiques :

Nombre de pages : 362

Prix éditeur : 19,90€

ISBN : 9782081332942

Si tu existes ailleurs, de Thierry Cohen : c’est aujourd’hui dans la poche!

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Une énigmatique prophétie

Il lui lâcha la main et traversa la route. Crissements de pneus. Coups de klaxon. Cris. Parvenu sur le trottoir d’en face, l’enfant se retourna. Sa maman gisait sur la route, tuée par une voiture en voulant le rattraper. En une poignée de secondes, son enfance et son insouciance ont été fauchées.

Trente ans plus tard, la blessure de Noam demeure béante, son sentiment de culpabilité prégnant. Certes, il y a bien eu une éclaircie dans le ciel de son âme sombre, avec ce philosophal amour pour Julia. Mais ce rayon de soleil dans sa vie a été bien fugace. Julia l’a quitté. Et sa vie de n’être que survie au milieu de ses vieux démons, de ces angoisses qui l’oppriment comme un étau, de ces manques affectifs qui le privent d’oxygène. Il les consigne dans son carnet de confidences, tente d’exorciser ses maux en les habillant de mots. En vain. Noam se résigne à ce que l’avenir se colore aux teintes noires du passé. Comme une fatalité à laquelle il ne peut échapper.

Pourtant, les propos étranges de sa nièce Anna, âgée seulement de trois ans, vont provoquer un séisme dans son existence : « Tu vas mourir du coeur en même temps que cinq autres personnes. » Que veut-elle dire? Faut-il accorder un quelconque crédit à la déclaration de la fillette? D’où lui vient cette soudaine « illumination »? Déstabilisant. Incongru. Effrayant.

Noam tente de se rassurer. Mais lui qui est déjà hanté par des idées morbides ne peut échapper à ceux de l’annonce de sa mort. Il les rejette à grands renforts de raisonnements, ils lui reviennent tel un boomerang. Et de décider d’investiguer. Et de devenir à ce moment-là acteur de sa vie. Enfin.

Une psychologue aux pratiques singulières, Linette Marcus, lui assure que l’annonce de sa nièce n’a rien d’ubuesque mais repose sur une théorie avérée: la prophétie des innocents. Dans notre monde où l’agressivité, la rivalité, la lutte pour le pouvoir se substituent souvent à l’entraide, aux relations pacifiées, à l’amour, les prophètes n’ont pour seul recours que les enfants et les handicapés, âmes nobles et pures par excellence, pour transmettre leurs messages. Anna aurait donc été « élue » pour lui délivrer une vérité.

Entre mysticisme et cartésianisme, Noam se bat pour découvrir la clef du mystère, retrouver ses cinq autres compagnons d’infortune. Une course contre la montre s’engage dans laquelle le lecteur s’engouffre en apnée. Impossible de reprendre son souffle. Impossible de quitter Noam des yeux. Impossible de reposer le roman avant la fin.

La construction est magnifique et d’une maitrise remarquable. Cette alternance entre présent et passé, carnet de confidences et propos mystérieux de cette personne qui demeure inconnue jusqu’à la toute fin, est menée avec brio. Ce n’est plus un mais plusieurs mystères qui s’entremêlent, qui attisent tels des soufflets puissants le feu de notre curiosité. On s’embrase avec Noam, on a envie de comprendre, de savoir, on tremble, on s’émeut, on s’attendrit. On devient le caméléon des émotions, riches, véhiculées par l’auteur.

Pas de doute, Thierry Cohen est un passeur d’émotion extraordinaire. A lire !!!

Éditions J’ai lu – Prix : 7,90€ – Mai 2013

Si un jour la vie t’arrache à moi, de Thierry Cohen : un envoutant ballet littéraire!

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Si un jour la vie t’arrache à moi, Thierry Cohen

Éditions Flammarion, mai 2013

Clara est danseuse classique, discipline exigeante s’il en est une. A l’image de ce que fut son parcours de vie. Rien n’a été obtenu sans effort, sans une indéfectible persévérance. Rien n’a été de soi. Aussi entre elle et Gabriel, homme d’affaires brillant, fils unique d’une famille bourgeoise, c’est le grand écart socialement. Handicap insurmontable ou « détail » sans importance? La chorégraphie de leurs sentiments pourra t-elle continuer à être ce magnifique pas de deux, ou les préjugés sociaux seront-ils source d’une pirouette au bonheur?

Pour l’heure, Clara et Gabriel décident de vivre leur amour sans tenir compte des autres. Carpe diem. Elle l’aime pour ce qu’il est. Il n’a jusqu’alors été aimé que pour ce qu’il avait. Jusqu’au jour où la douce Clara, qui jusqu’alors s’était contentée de ce que Gabriel lui offrait, exige plus d’engagement. Besoin de se projeter. Besoin d’être rassurée sur son désir de faire sa vie avec elle. Pourquoi soudain ce besoin impérieux? Pourquoi le ballet de leur amour ne peut-il continuer sur la même scène de légèreté? Désarçonné par cette exigence aussi inexpliquée que subite, Gabriel peine à se positionner. Et le destin de s’en mêler… Et un passeur d’âme de surgir. Ce dernier passe alors un contrat avec le jeune homme. Trois conditions à respecter. Un délai court pour y parvenir.

Gabriel veut vivre pour Clara. Clara veut mourir pour Gabriel. Huit jours, huit petits jours sont octroyés à Gabriel pour sauver la femme de sa vie, pour éviter que leur amour ne tire sa révérence. Mais comment venir en aide à Clara…s’il est déjà mort?

Avec « Si un jour la vie t’arrache à moi », Thierry Cohen renoue brillamment avec le mysticisme. Ou quand les accidents de la vie peuvent être l’occasion de modifier la donne, l’opportunité d’une rédemption. Une construction remarquable, un style très fluide, des personnages indiciblement attachants, de rebondissement en rebondissement – un vrai feu d’artifice- le lecteur s’engouffre dans le récit, victime consentante d’une lecture en apnée. Un envoutant ballet littéraire!

P. 40 : Le destin se moque de la beauté, de l’amour, des sentiments parce qu’ils offrent seulement une lecture du présent. Le destin, lui, lisse le temps, ignore l’éphémère. Il revendique l’avenir et ne se raconte qu’au passé.

P. 226 : On pense diriger sa vie et, un jour, on découvre qu’on se contente de la suivre. On ne sait pas comment on est passé d’acteur à figurant.