La sandale rouge, de Guy Jacquemelle

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La sandale rouge, Guy Jacquemelle.
Editions Ramsay, avril 2008.

Période estivale approchant, j’ai cherché une paire de sandales chaussant mon enthousiasme. Et de trouver en La sandale rouge, premier roman de Guy Jacquemelle, la pointure du talent. Un talent avec un grand T.

Dès les premières pages, j’ai été happée par l’histoire et ai emboîté le pas à sa sandale, une sandale mêlant dans une construction parfaite et un style d’une grande fluidité, intrigues journalistiques et romance sentimentale. Une tension permanente, un rythme soutenu du début à la fin qui ne nous laisse guère le loisir de souffler.

Jeanne veut devenir journaliste et exulte en décrochant un CDD dans un journal parisien. Le paradis ? Un mirage seulement… Guy Jacquemelle dresse sur le milieu de la presse écrite un constat lucide où s’affronte d’un côté Jeanne, jeune journaliste passionnée, pugnace, d’une intégrité sans faille, animée d’une certaine candeur, et un sérail où règnent l’ambition et son cortège de rivalités intestines, où l’information n’est pas toujours au service de la vérité mais de la quête de la notoriété et de l’évitement de tout remous, où les relations sont biaisées (chacun n’étant qu’un faire-valoir pour l’autre et ne devant en aucun cas lui faire de l’ombre.) Les aspirations nobles de Jeanne «  ce qui fait la beauté de ce métier, c’est cette chance que l’on a de chercher la vérité et de donner au lecteur des moyens de s’informer, de se forger sa propre opinion. Etre au service de l’information, la vérifier sans cesse, être toujours en éveil, ne pas se laisser abuser par les écrans de fumée, ne pas renoncer… », ces nobles aspirations, donc, se heurtent très vite aux désillusions de la réalité. Malgré les pressions, les menaces,  parviendra t-elle à garder sa ligne de conduite, à mener son travail de journaliste tel qu’elle le conçoit et non tel qu’on veut l’y enjoindre, ou calquera t-elle ses pas sur ceux de la résignation ?

Les détails qui émaillent le roman, tant au niveau du cadre que des personnages et de leurs échanges, nous conduisent à nous mettre non plus en position de lecteur mais de témoin, catapultés au cœur d’une rédaction, suivant en parallèle avec frisson les rebondissements de l’histoire d’amour de ladite journaliste.
Autrement dit, bien davantage qu’on ne le lit, on VIT ce roman.
On chausse la sandale.
Jeanne nous devient familière, une femme d’une fragilité forte très attachante, viscéralement humaine. Même chose pour la pétillante Betty, l’émouvant Luc, Laurent et les autres personnages, nombreux, qui peuplent cette histoire. On referme le livre avec le sentiment de connaître ces gens, de pouvoir les visualiser, les entendre, voire, qui sait, les croiser dans la rue tant ils sont vivants, tant l’auteur a su leur donner de la chair. Plus fascinant encore, on se fond à ce point dans les pages qu’on oublie que c’est un récit et non le réel  mais aussi que c’est un homme qui tient la plume et se glisse avec une aisance remarquable dans la peau de Jeanne. Pas un seul instant on ne doute que les réactions de la narratrice, ses réflexions, ses propos sont dictés par  la plume d’un auteur masculin. Sidérant.

 

 

Un récit captivant,  haletant, dans lequel on s’engouffre à un rythme effréné en quête de la vérité sur ces enquêtes journalistiques, sur l’issue de cette histoire d’amour. Guy Jacquemelle nous distille avec talent des indices, pas à pas, dans le sillage de sa sandale rouge, en révélant ni trop, ni trop peu, juste suffisamment pour attiser et maintenir vivace le désir du lecteur  de connaître la suite, de désirer suivre ses empreintes. Et de nous surprendre en nous emmenant là où on ne s’y attendait pas, en nous écartant des pistes que nous avions ébauchées. Un suspens hitchcockien.

La sandale rouge saura chausser votre enthousiasme, courrez l’acheter ! Une très grande pointure à laquelle vous ne pourrez qu’emboîter le pas.  Et sur votre chemin, arrêtez-vous sur le blog que l’auteur a consacré au roman : http://lasandalerouge.blogspot.com/

Et de  battre la semelle en attendant le deuxième roman de Guy Jacquemelle (Koryfée-de-la-prose-à-son-insu 😉

Informations pratiques :

Prix éditeur : 21.85€
Nombre de pages : 240
ISBN : 2841148653