Glissez Catherine Locandro dans votre poche!

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Pour que rien ne s’efface, Catherine Locandro

Editions Pocket, janvier 2018

Un requiem élégant, à la beauté cruelle, qui fixe magnifiquement le portrait d’une icône déchue du cinéma. Coup de cœur !

Si juger est quelquefois un plaisir, comprendre en est toujours un. Ces propos d’Henri de Régnier pourraient servir de morale à cette bouleversante histoire…

Lila Beaulieu, star déchue du cinéma, est retrouvée morte dans un studio miteux, âgée de 65 ans seulement. Deux mois se sont écoulés entre son décès et la découverte du corps. Comment cette femme, adulée autrefois, connue et reconnue, a t-elle pu finir dans l’indifférence, le dénuement et la solitude les plus absolus ? Pour tenter de répondre à cette question, Catherine Locandro rembobine le film de sa vie et donne la parole à celles et ceux qui l’ont connue. Ou plus précisément, à ceux qui l’ont côtoyée en croyant la connaître.

Car qui la connaissait vraiment ? Si tous ont le sentiment de tout savoir d’elle ou presque, aucun, hormis le lecteur, ne connait toutes ses facettes. Est-elle cette mauvaise mère alcoolique que décrit sa fille ? Sa petite-fille et son ex-mari apportent des couleurs bien plus lumineuses à son portrait. Au fil des témoignages, se dessinent les contours, les pleins et les creux de cette défunte femme, ses failles et leurs origines. Ses richesses humaines aussi. Celle que d’aucuns fustigent a pourtant fait du mieux qu’elle a pu avec ce qu’elle a (et n’a pas) reçu dans son enfance, dans ses fréquentations malheureuses avec la gent masculine, dans ce milieu de requins qu’est le cinéma. Lila Beaulieu n’est ni ange ni démon. Mais un être humain, tout simplement.

Dans ce roman choral remarquablement orchestré, Catherine Locandro nous présente une femme indiciblement attachante. Sa plume délicate inscrit sur la portée de ce requiem des notes sensibles et justes, dont la mélodie vous hante longtemps, le livre refermé.

 

L’île des absents, Caroline Eriksson (Presses de la Cité) : un premier thriller suédois

L’île des absents, Caroline Eriksson

Editions des Presses de la cité, juin 2018

Un premier roman suédois, sur des disparitions inquiétantes au milieu d’un lac à l’eau noire et stagnante, surnommé Cauchemar. De quoi faire frissonner ? Pour ma part, j’ai eu du mal à accoster sur l’île de Caroline Eriksson…

Greta, Alex et leur fille Smilla sont en vacances et décident à cette occasion d’aller faire un tour en hors-bord sur un ilot situé au cœur d’un lac aux eaux sombres et maudites depuis la nuit des temps, surnommé le Cauchemar. Mais arrivés à proximité de l’îlot, Greta préfère rester sur le bateau. Alex et Smilla vont explorer l’île comme deux vrais pirates.

Or les heures passent et Greta ne les voit toujours pas revenir. Aucun bruit, aucun appel, elle décide d’aller à leur rencontre sur l’île. En vain, aucune trace de leur passage. Elle décide alors de rentrer au cottage. Qui sait, ils lui ont peut-être joué un tour et l’attendent bien tranquillement, jubilant de leur farce, à la maison ? Mais quand elle arrive au cottage, seul Tirith, le petit animal de Smilla, l’attend.

Jusqu’ici, je nageais en eaux à peu près claires avec ce roman… Puis l’auteur a prolongé l’intrigue en multipliant les rebondissements tordus, les invraisemblances, les longueurs, de sorte que je ne suis pas parvenue à trouver une réelle crédibilité à cette histoire. Comment expliquer que Greta aille bien tranquillement se coucher, prenne ses repas tout aussi tranquillement, si son conjoint, qui se révèlera être son amant, et la petite Smilla, ont disparu ? Comment expliquer qu’elle fasse des bonds de kangourou au moindre bruit, panique quand elle voit son ombre, mais attend plusieurs jours avant d’alerter la police sur leur disparition ? Certes, Greta souffre de déséquilibres psychologiques issus de son enfance traumatique et a des réactions pour le moins bizarres, mais quand même…Cela ne m’a pas paru bien cohérent.

Deux nouveaux livres de T’Choupi, l’ami des petits!

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T’Choupi champion de foot! et T’Choupi fait du camping, Thierry Courtin

Editions Nathan, juin 2018

Pour les enfants à partir de deux ans

Le petit héros de Thierry Courtin nous revient avec deux nouvelles aventures à lire et à écouter grâce à l’application Nathan live.

Les petits livres colorés sur papier glacé, feront la joie des enfants. T’Choupi cette fois part en vacances à la montagne avec ses parents. Mieux, il va faire une randonnée et camper en pleine nature. L’occasion de croiser un hibou, des biquettes, des papillons, des fleurs sauvages et de faire la cueillette de mûres. Nul doute, T’Choupi a l’âme d’un aventurier.

Mais T’Choupi est aussi sportif! Avec ses chaussures à crampons il est le roi du ballon. Échauffement, entrainement aux passes et aux tirs au but, esprit d’équipe, T’Choupi apprend avec bonheur. Et marque un but pour son équipe!

Avec ces petites histoires, l’enfant s’identifiera facilement à son héros, à ses peurs, à ses joies et parviendra à mieux identifier et dépasser ses propres émotions. Situation nouvelle à affronter avec le camping, règles à observer et esprit d’équipe à développer avec T’Choupi champion de foot , deux aventures à insérer dans le rituel de lecture du soir!

 

Interview : La playlist de Myriam Chirousse

Chaque semaine, un auteur nous livre les musiques de sa playlist, celles qui ont accompagné ses heures d’écriture, celles qui ont nourri son livre, celles qui l’ont inspiré, celles qui ensoleillent sa journée. Aujourd’hui, c’est au tour de Myriam Chirousse.

En avril dernier, je vous ai fait part de mon coup de coeur pour le nouveau roman de Myriam Chirousse, paru aux éditions Buchet Chastel : Une ombre au tableau. Et si un mensonge en cachait un autre? Le tableau idyllique de ces familles aisées de la côte d’Azur est-il un faux? Un roman à l’atmosphère envoûtante qui se lit en apnée.

Retrouvez la chronique que j’avais consacrée à ce roman ici : Une ombre au tableau

La playlist de Myriam CHirousse : 

  • La musique qui accompagne vos heures d’écriture :

Je n’écris pas toujours en musique, ce n’est pas automatique, loin de là. Mais quand c’est le cas, j’ai besoin d’écouter des musiques qui m’aident à me concentrer, à m’isoler dans ma bulle et, éventuellement, à faire disparaître les bruits de l’arrière-plan. Il s’agit généralement de musiques très cycliques, répétitives et hypnotiques. Par exemple : Philip Glass, The Hours (tiré de la BO du film The Hours) : cette musique me permet une sorte d’autohypnose et m’aide à avoir de la concentration et de l’élan.

  • La musique qui vous accompagne au quotidien :

En ce moment, dans cette catégorie des musiques hypnotiques et qui déverrouillent les portes de l’imagination, j’écoute souvent la musique du film Interstellar, de Hans Zimmer. Le morceau Where We’re Going, par exemple, mais tout l’album a une grande homogénéité de fond. Pour l’anecdote, quand Christopher Nolan a demandé à Zimmer de faire la musique du film, il ne lui a pas raconté l’histoire, il lui a seulement dit : « ça parle d’un père et de sa fille ». Je suis touchée par le fait qu’à partir de cette simple idée, un père et sa fille, le compositeur ait pu déployer toutes ces harmonies et ces sonorités. Cela m’inspire beaucoup.

  • La musique qui  symbolise votre dernier roman : 

Mon dernier roman, Une ombre au tableau, n’a pas échappé à la règle. C’est-à-dire que je l’ai écrit lui aussi avec ce genre de musiques hypnotiques et finalement assez déconnectées de l’histoire, des personnages et des ambiances que je couche sur le papier (ma playlist de « musiques d’écriture » est plutôt répétitive, en fait !). Parmi celles-ci, peut-être que celle qui évoque le mieux l’ambiance du roman serait Come Into My Dreamland de Ed Harcourt (album Time of Dust). J’y entends quelque chose de pesant, de langoureux, d’un peu sournois, comme le regard hypnotique d’un serpent ou la danse d’une strip-teaseuse. Et dans ce roman, il est vrai que j’invite le lecteur à venir voir ce qu’il se passe dans un « monde de rêve » ! 😉

… La semaine prochaine, nous avons rendez-vous avec la playlist de Laure Manel! D’ici là, bonne semaine en musique!

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Le jour où maman m’a présenté Shakespeare, Julien Aranda : attention gros coup de coeur!

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Le jour où maman m’a présenté Shakespeare, Julien Aranda

Editions Eyrolles, mars 2018

Un roman d’une poésie, d’une tendresse et d’une fraîcheur infinies. Ou le monde vu à travers le regard lumineux et plein d’espoir d’un enfant.

Elle a embrassé la carrière de comédienne de théâtre par amour inconditionnel pour Shakespeare. Un amour tel, qu’elle a baptisé son chien Roméo et que son fils a longtemps cru que Shakespeare était ce père qu’il n’a jamais connu. Certes, cette maman passionnée, qui reste arc-boutée à ses rêves malgré la poignée de spectateurs qui vient la voir sur scène, peine à subvenir à leurs besoins. Certes, elle qui rêve de Comédie française, doit se contenter d’un petit théâtre de Meudon. Certes, le père de son enfant l’a abandonnée. Mais jamais elle ne se départit de son sourire. Mais jamais elle ne tarit d’amour et d’attentions à l’égard de son petit garçon. Et puis, à défaut d’un père, elle lui a offert une famille, celle de la joyeuse troupe de théâtre.

« Un jour, j’ai demandé à maman pourquoi on avait si peu de choses, et surtout, si peu d’argent. Il vaut mieux cultiver l’être plutôt que l’avoir m’a-t-elle répondu. »

Un point de vue que ne partage pas sa sœur Myriam, cadre dans une grande banque. Et de lui reprocher de ne pas vivre dans « la réalité des choses », d’être une éternelle adolescente, vivant au jour le jour. Et de lui intimer de chercher un travail plus sérieux.

Mais le petit garçon et sa maman n’en ont que faire de ces critiques. «  La vie est courte et l’essentiel c’est d’oser être ce que l’on est pour ne pas devenir ce que l’on hait, et surtout de toujours prendre du plaisir dans ce que l’on fait. »

Mais cette philosophie de vie est mise à rude épreuve le jour où les huissiers les expulsent de chez eux et placent le jeune garçon chez sa tante… Comment continuer à croire en ses rêves en pareilles circonstances ?

Dans ce roman, le narrateur est un enfant qui, confronté à la rudesse de la vie, découvre le monde et ses paradoxes. Si les situations traversées sont dures, jamais le roman ne verse dans le pathos, bien au contraire. D’une part, l’humour, la tendresse et la poésie offrent un recul salutaire. D’autre part, cet enfant et sa maman sont tout sauf des êtres résignés : l’espoir est leur moteur, l’amour qui les unit leur force. Un roman d’une émotion à fleur de plume, lumineux, positif, dont les personnages vous hanteront longtemps. Un ENORME coup de cœur !