Le réveil, Laurent Gounelle

le réveil Laurent Gounelle

S’appuyer sur la peur est le meilleur moyen d’obtenir que les gens renoncent à leurs libertés. Manipulation des masses, désinformation, la liberté a t-elle encore sa place dans notre société?

La guerre contre la mort

Il a suffi de la déclaration d’un médecin renommé, affirmant que toute mort en deçà de 120 ans est une mort prématurée, pour que les esprits s’embrasent. Car force est de constater que l’espérance de vie réelle avoisine davantage les 80 ans que les 120. Et la population de se sentir lésée, spoliée de 40 années de vie supplémentaire. Le gouvernement décide alors de prendre le problème à bras le corps : la guerre allait être déclarée à la mort.

Sur les chaines d’information continue, dans la presse, à la radio, sur les réseaux sociaux, il n’est plus question que de cela. Pour remporter la bataille, diverses mesures, dont la première : réduire les accidents de la route en passant aux voitures autonomes, avec port de minerve obligatoire au volant, limitations horaires et kilométriques de déplacement. Une décision appuyée par les reportages qui pleuvent sur les chiffres affolants de mortalité au volant, des images terrifiantes de corps déchiquetés dans des carcasses de voiture. De quoi développer dans l’inconscient collectif une phobie de la conduite automobile. Tom, jeune ingénieur, absorbe sans recul ces informations et décisions, obéit en bon petit soldat, fustigeant ceux qui osent critiquer ces mesures et ainsi contribuer à maintenir un chiffre de mortalité au volant trop élevé.

Suivent d’autres restrictions : la limitation de la consommation de sucre avec implantation d’une puce pour contrôler la glycémie et limiter les risques cardiovasculaires, la suppression des paiements en espèce pour réduire les crimes crapuleux lors de vols à la tire, la mise ne place de cameras à reconnaissance faciale pour détecter les émotions susceptibles de conduire à un acte criminel. Tom approuve, se soumet, même s’il sent naître en lui un mal-être de plus en plus grand.

Christos, un ami de Tom établi en Grèce, observe toutes ces mesures d’un air sceptique, critique même : « Quand on s’y prend bien, en jouant sur les émotions, on peut faire croire aux gens n’importe quoi, y compris des horreurs, même aux plus intelligents et cultivés d’entre eux. »

Il décide alors de réveiller son ami, de l’inviter à se réapproprier son existence. Y parviendra-t-il et par quel moyen ?

La manipulation des masses par la peur

« La population en général ne sait pas ce qui est en train de se passer. Et elle ne sait même pas qu’elle ne sait pas. » Cette citation de Noam Chomsky, en exergue du roman, résume parfaitement le propos du livre. Avec Le réveil, paru aux éditions Calmann-Lévy, Laurent Gounelle nous offre un autre regard sur les évènements de ces deux dernières années. Même si le contexte du roman n’est pas celui de la pandémie mais cette guerre à la mort, la gestion de l’urgence par les autorités publiques est la même. L’auteur nous interpelle alors : n’y a-t-il pas une grande similarité avec les méthodes de soumission et de manipulation des masses dénoncées dans la charte de Biderman, méthodes ayant fait leurs preuves sur certains peuples lors des décennies passées ?  Et si au nom de l’intérêt général, on privait la population de ses libertés ? Plus on maintient les gens dans un état de peur, plus ils se soumettent docilement à l’autorité censée les protéger. Plus la peur s’installe, plus la population s’habitue au fait d’être contrôlée.

Se basant sur des faits historiques, sur des méthodes de coercition des masses dénoncées par Amnesty International, l’auteur interpelle le lecteur. A l’image de Christos s’adressant à Tom, il l’invite à se demander si toutes ces mesures poursuivent vraiment le but affiché, si cette atteinte à ses libertés essentielles ont une quelconque légitimité. Un livre qui bouscule, offre un recul, sème le doute et ouvre le débat.

Passionnant !

Informations pratiques

Le réveil, Laurent Gounelle – éditions Calmann Lévy, février 2022 – 192 pages -15€

Les 4 prochains livres sur le blog!

La semaine prochaine, ce ne sont pas trois mais quatre livres qui seront mis à l’honneur sur le blog! Des livres passionnants, dans des registres très différents : manipulation des masses, trafics d’enfants, dérives des réseaux sociaux, vous aurez le choix!

Ce sera Laurent Gounelle qui ouvrira la marche avec Le réveil, paru en ce mois de février aux éditions Calmann-Lévy. S’appuyer sur la peur est le meilleur moyen d’obtenir que les gens renoncent à leurs libertés. Manipulation des masses, désinformation, la liberté a t-elle encore sa place dans notre société? Un livre qui bouscule, offre un recul, sème le doute et ouvre le débat.

Puis nous poursuivrons avec le nouveau roman de Thierry Cohen, aux éditions Plon : Rien ne nous séparera. Un roman bouleversant, inspiré de faits réels, où le meilleur de l’homme côtoie le pire. La quête éperdue de parents pour retrouver leurs enfants, victimes d’un trafic d’enfants lucratif. Impossible à lâcher.

Jeudi, place à ce roman très intéressant, très juste dans l’analyse, Troll me tender, de Sophie de Villenoisy, aux éditions Eyrolles. Quand deux femmes issues de deux univers diamétralement opposés (une professeur de français, une influenceuse sur les réseaux sociaux) s’affrontent par écran interposé sur Instagram. Un roman très pertinent et captivant sur les dérives des médias communautaires et la « liberté » de harceler en toute impunité qu’offre l’anonymat des écrans.

Et bien sûr, les petits ne seront pas oubliés, avec la chronique littérature jeunesse mercredi. L’occasion de découvrir deux nouveaux opus d’Olga Tralala aux éditions Grenouille. Une petite héroïne pleine de vie, d’énergie, espiègle, débordante d’imagination, qui est confrontée aux mêmes problèmes que les enfants dans leur apprentissage de la vie. Comment devenir propre, apprendre à repérer les moments auxquels il faut interrompre ses jeux pour aller sur le pot? Que sont ces gaz malodorants qui font fuir tout le monde?

Alors, cela vous tente? Je l’espère. En attendant de vous en parler davantage, je vous souhaite de passer un excellent dimanche !

Citation du jour

« La vie est bien trop courte pour perdre son temps à se faire une place là où l’on en a pas, pour démontrer qu’on a ses chances quand on porte tout en soi, pour s’encombrer de doutes quand la confiance est là, pour prouver un amour à qui n’ouvre pas les bras, pour performer aux jeux de pouvoir quand on n’a pas le gout à ça, pour s’adapter à ce qui n’épanouit pas.

La vie est bien trop courte pour la perdre à paraître, s’effacer, se plier, dépasser, trop forcer.

Quand il nous suffit d’être, et de lâcher tout combat que l’on ne mène bien souvent qu’avec soi, pour enfin faire la paix, être en paix.

Et vivre. En faisant ce qu’on aime, auprès de qui nous aime, dans un endroit qu’on aime, en étant qui nous sommes, Vraiment. »

Alexandre Jollien

Dans la mer il y a des crocodiles, Fabio Geda

dans la mer il y a des crocodiles

Le récit poignant d’un enfant afghan de dix ans, condamné à l’exil, seul sur les routes, de l’Afghanistan à l’Italie. Un voyage insensé, où la débrouille le dispute à la peur, l’entraide à l’exploitation. Une ode au courage et à l’espoir. Inoubliable.

Un récit d’enfance inoubliable

Enaiat appartient à une ethnie afghane minoritaire, les Hazaras. S’il ne quitte pas le pays, sa mère le sait, il sera condamné à mort par les talibans ou les Pachtounes. Alors, même si la douleur est inhumaine, même si le voyage est dangereux, elle se résout à le confier à des passeurs dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe. D’une vie tout court.

Première étape, le Pakistan. Débrouillard, Enaia survit de petits boulots, obtient en échange de journées de travail exténuantes de dormir dans une pièce où ils s’entassent à 5 avec un maigre repas. Il affronte l’hostilité des habitants mais aussi la violence gratuite des policiers, la solitude, l’épuisement, la faim. Mais un jour, il décide que c’est l’humiliation de trop. Avec d’autres gamins de la rue, il projettent d’aller tenter leur chance en Iran. Mais arrivés en Iran, l’exploitation continue : le passeur les conduit sur un chantier, les oblige à travailler tandis qu’il perçoit leur salaire. L’homme n’est-il donc capable que du pire ? Enaia envisage de rentrer en Afghanistan, à bout de forces physiques et morales. Mais il puise en lui ses dernières ressources et continue sa route.

Après le Pakistan, cap sur la Turquie, avant la Grèce et enfin l’Italie. Plus de cinq ans d’errance. Des périples où nombre d’autres migrants ont laissé leur vie, tandis que les passeurs, non contents de leur soutirer toutes leurs économies, les maltraitent et les exploitent. A pied sur des sentiers escarpés des jours durant sans eau ni chaussures adaptées ou entassés dans le double-fonds de camions, ils ont connu l’enfer…  Mais l’enfer est-il vraiment derrière eux ?

La condition des migrants

Dans la mer il y a des crocodiles est un témoignage bouleversant, qui vient de sortir au format poche aux éditions J’ai lu. Un livre nécessaire. Fabio Geda partage avec nous le parcours hors du commun du petit Enaia, livré à lui-même et surtout à la cupidité et la violence des hommes. Car en fuyant l’enfer des talibans, il ne se dirige pas pour autant vers des cieux cléments. L’Europe n’est pas l’eldorado loué par les passeurs. Pas plus que le prix de la traversée que ces derniers font payer, n’est le prix définitif : tout est bon pour soutirer à chaque étape du parcours davantage d’argent aux migrants, quitte à les faire travailler au black à l’arrivée dans un nouveau pays, en leur subtilisant leur salaire à la fin du mois. Et les policiers ne sont pas toujours là pour faire régner l’ordre : ils sont les premiers à maltraiter les migrants en leur volant le peu qu’il leur reste, quand ils ne les violentent pas sourire aux lèvres.

Et pourtant, malgré son si jeune âge, malgré les conditions inhumaines de son exil, Enaia est parvenu en Italie, y a appris la langue, étudié et obtenu un permis de séjour. Un parcours qui force l’admiration envers le petit afghan, arraché aux siens. Un périple au cours duquel on perd souvent foi en l’être humain, même s’il s’est trouvé sur sa route de rares personnes pour lui tendre la main et lui témoigner de l’humanité et du respect.

Un témoignage inoubliable et une prise de conscience nécessaire.

Informations pratiques

Dans la mer il y a des crocodiles, Fabio Geda, l’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari – éditions J’ai lu, février 2022 – 216 pages- 7,10 €

Imagiers en pop-up

Imagier en pop-up éditions Nathan

Quand l’apprentissage des mots devient ludique avec ce livre aux merveilleux pop-ups qui se déploient sur chaque double-page. A partir de 1 an.

Apprentissage des mots

Pendant les douze premiers mois de sa vie, l’enfant écoute et s’amuse à reproduire les sons qu’il entend. A l’âge d’un an, il commence à formuler ses premiers mots et en comprend bien davantage qu’il n’en prononce. C’est l’occasion de l’accompagner dans son apprentissage avec ce joyeux imagier aux pliages magiques paru aux éditions Nathan. Chaque imagier aborde un thème particulier comme La maison ou encore Les animaux. Pour chaque thème, l’enfant va apprendre des mots placés dans leur contexte, illustrés par des dessins colorés et tendres, ce qui l’aidera à mieux les comprendre et mieux les mémoriser : le savon, le lavabo, le miroir, la baignoire sont par exemple intégrés à la salle de bains. L’idée est de faire vivre les mots dans leur décor.

Un jeu de cherche et trouve complète chaque double page en pop-up, pour entrainer l’enfant à aiguiser son sens de l’observation et sa concentration.

En fin d’ouvrage, un double pop-up récapitule tous les mots appris sur le thème. L’occasion pour le tout-petit de montrer ce qu’il a retenu et d’être fier des progrès effectués.

4 raisons de choisir ces imagiers en pop-up

  • C’est un concept novateur, à la fois ludique, pédagogique et instructif.
  • L’association d’un dessin au mot et le placement du mot dans son contexte favorisent la mémorisation de ce dernier.
  • L’objet-livre est très attractif avec ses pliages qui s’ouvrent comme par magie, ses couleurs vives et ses personnages aux traits craquants.
  • Les pages cartonnées épaisses, le petit format des ouvrages (18X18 cm) sont particulièrement adaptés aux petites menottes pas toujours tendres des enfants.
  • C’est l’occasion d’un beau moment de partage entre tout-petit et adulte au fil des pages.

Informations pratiques

Pop pop pop, mon imagier pop-up – Les animaux familiers – éditions Nathan, janvier 2022- 12 pages – 9,95€

Pop pop pop, mon imagier pop-up – La maison – éditions Nathan, janvier 2022- 12 pages – 9,95€

Les accords silencieux, Marie-Diane Messirel

les accords silencieux

Quand la musique se révèle être un langage universel, le vecteur d’émotions plus fortes encore que les mots. Les destins croisés de deux femmes qui n’ont à priori rien en commun, si ce n’est leur amour profond pour la musique et un secret bien gardé.

De New-York à Hong-Kong

New-York, 1937. Contrairement à son jumeau Joseph, violoncelliste prodige, Tillie n’excelle pas dans la pratique d’un instrument, mais partage avec son frère et toute sa famille, un incommensurable amour pour la musique. C’est donc tout naturellement qu’elle perpétue la tradition familiale et entre comme vendeuse chez Steinway and Sons, le temple du piano où l’on croise les plus grands, tels Rachmaninov ou encore Horowitz.

Hong Kong, 2014. Tillie n’approche plus son Steinway aux papillons gravés, son meilleur confident, tant elle est handicapée par l’irrépressible tremblement de ses mains. Un crève-cœur. Mais quand Xia, une étudiante chinoise, accepte de venir en jouer pour elle, d’interpréter les airs qui lui étaient et demeurent si chers à son cœur, Tillie se sent revivre, transportée 70 ans en arrière. Un bonheur que partage Xia, qui, suite à l’échec à un concours au conservatoire, avait cru avoir fermé la porte à sa passion pour la musique.

L’amour et le pouvoir de la musique

Avec Les accords silencieux, paru aux éditions Les escales, Marie-Diane Messirel nous offre un roman dans lequel la musique (et plus précisément un certain Steinway) est un personnage central. Un personnage qui voyage d’un continent à l’autre, à travers les décennies et unit les êtres autour de ses notes. Ces accords silencieux ne sont pas uniquement mélodiques, ce sont aussi les liens secrets qui unissent les êtres, les partitions amoureuses clandestines. Des partitions dont l’auteure préserve savamment la clé, garde secret le plus longtemps possible la note finale. Car ces êtres que tout semble séparer hormis la musique, sont en réalité liés par un vieux secret.  

C’est un voyage émouvant, aux notes mélancoliques, que nous invite à partager Marie-Diane, sur un texte à la partition très travaillée et très belle. Ou quand la musique adoucit les mœurs, aide à s’envoler l’espace de quelques notes au-dessus de la sombre réalité des guerres, des révolutions, des deuils et autres blessures. Mon seul bémol, petit, a été ma difficulté à garder le fil de l’histoire dans cette alternance de chapitres courts qui mêlent de très nombreux personnages et donc prénoms, de nombreux lieux et des allers-retours entre diverses périodes. Mais cela n’enlève rien au fabuleux voyage effectué sur les touches du piano, aux côtés de personnages attachants et passionnés.

Informations pratiques

Les accords silencieux, Marie-Diane Messirel- Editions Les escales, janvier 2022 – 19€ – 256 pages

Les trois prochains livres sur le blog

La semaine prochaine, comme chaque semaine, nous partirons ensemble à la découverte de la rentrée littéraire 2022. Je vous présenterai deux livres en littérature adulte, qui vous feront beaucoup voyager. Et bien sûr, mercredi, la place sera laissée à la littérature jeunesse!

Si vous aimez voyager, alors suivez-moi! Première escale de la semaine, avec Marie-Diane Messirel et son roman Les accords silencieux, paru aux éditions Les escales. Cap sur New-York et Hong-Kong ! Quand la musique se révèle être un langage universel, le vecteur d’émotions plus fortes encore que les mots. Les destins croisés de deux femmes qui n’ont à priori rien en commun, si ce n’est leur amour profond pour la musique et un secret bien gardé.

Un autre voyage, un périple plutôt, le récit poignant d’un enfant afghan de dix ans, condamné à l’exil, seul sur les routes, de l’Afghanistan à l’Italie. Un voyage insensé, où la débrouille le dispute à la peur, l’entraide à l’exploitation. Une ode au courage et à l’espoir. Inoubliable. Ce témoignage, c’est celui de Fabio Geda, dans son ouvrage Dans la mer il y a des crocodiles, paru aux éditions J’ai lu.

Et, chose promise, chose due, mercredi, les tout-petits (à partir de un an) s’amuseront à enrichir leur vocabulaire grâce à des imagiers en pop-up, parus aux éditions Nathan. Chaque imagier aborde un thème particulier comme La maison ou encore Les animaux. Pour chaque thème, l’enfant va apprendre des mots placés dans leur contexte, illustrés par des dessins colorés et tendres, ce qui l’aidera à mieux les comprendre et mieux les mémoriser : le savon, le lavabo, le miroir, la baignoire sont par exemple intégrés à la salle de bains. L’idée est de faire vivre les mots dans leur décor.