Les enfants sont rois, Delphine de Vigan

Les enfants rois

Radiographie de notre société où tout se marchande et est régi par le culte de l’égo. Une analyse tout en finesse et en sensibilité.

Disparition d’enfant

Alors qu’elle jouait avec d’autres enfants de son âge, Kimmy Diore, la fille de Mélanie Claux, âgée de six ans, a disparu. Kimmy est une enfant jouissant d’une certaine notoriété grâce à sa chaine YouTube fédérant pas moins de 5 millions d’abonnés. Simple disparition? Enlèvement contre rançon? Accident?

Clara Roussel est alors chargée de l’enquête. Et de découvrir un monde virtuel qu’elle ne soupçonnait pas, avec ses codes, ses habitudes, ses followers, ses algorithmes. Mais aussi ces rituels entre les abonnés des chaines YouTube et ceux qui les animent, ces rapports particuliers qu’ils entretiennent alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés dans la « vraie vie ».

Sur les dernières vidéos tournées, Kimmy semblait ne plus être enthousiaste, comme obligée de participer à un tournage qui la fatiguait, l’ennuyait, lui coutait. Qu’en était-il vraiment ? Cette enfant était-elle si épanouie que sa mère l’affirme dans le rôle de starlette écrit de toutes pièces pour elle ?

Le drame des enfants youtubeurs

Avec Les enfants sont rois, Delphine de Vigan se penche avec beaucoup d’intelligence et de pertinence sur le sort des enfants projetés dans une soudaine célébrité par le bais des réseaux sociaux et autres émissions de téléréalité. Des enfants surexposés par leurs parents dès leur plus jeune âge, qui se voient obligés de tout partager de leur quotidien, sans aucune frontière entre ce qui relève de l’intime et du public. Sans aucun ancrage dans la réalité. Sous des apparences inoffensives, ces enfants youtubeurs déballent des cadeaux, essaient des vêtements, goutent à des friandises, jouent à des nouveaux jeux, sous la caméra de leur parent. Et avec un sourire de commande. Car l’idée sous-jacente est bien que posséder tous ces présents est la condition du bonheur. La voie suprême à une existence réussie. Avec tact, l’auteure dénonce cette violence invisible exercée par les parents sur leur progéniture, ce travail caché que représentent ces heures innombrables de tournage chaque semaine, pendant des mois et des années. Une exploitation d’autant plus aisée qu’elle fait face à un grand vide juridique.

Delphine de Vigan passe au crible les dérives de la société ces 20 dernières années, une société qui a permis à des inconnus de passer du total anonymat à la célébrité. En peu de temps. Emissions de télé-réalité, chaines YouTube, réseaux sociaux, internet rendent possible une exposition de soi tous azimuts. Le credo : être vu, reconnu, admiré, avoir son ¼ d’heure de célébrité. Ou quand le besoin de reconnaissance pousse à tous les excès…

Un roman passionnant et magistralement mené.

A lire absolument!

Informations pratiques

Les enfants sont rois, Delphine de Vigan – éditions Gallimard, mars 2021- 348 pages – 20€

Célestine du bac, Tatiana de Rosnay

Celestine du bac

Une magnifique histoire d’amitié entre deux êtres que tout semble opposer : un jeune homme de bonne famille et une SDF sans âge rongée par l’alcool.

Une rencontre improbable

Depuis le décès accidentel de sa mère alors qu’il n’était âgé que de deux an, Martin Dujeu vit seul avec son père, les conquêtes de ce dernier et son inséparable chien Germinal. En terminale dans une boite à bac réputée, lui autrefois excellent élève s’apprête encore à redoubler. Car la préoccupation de Martin, ce grand rêveur et amoureux de Zola, n’est absolument pas de décrocher son bac. Mais de terminer l’écriture de son premier roman, roman qu’il rédige en cachette de son père. Un père avec lequel la communication est d’ailleurs réduite aux formules de politesses.

Alors qu’il promène dans le quartier, il remarque une SDF d’un âge indéfinissable, assise sous un porche. Elle dit se prénommer Célestine du Bac. Quelques mots échangés à chaque passage. Un peu d’argent déposé à son intention la fois suivante. Des vêtements et des couvertures à l’arrivée du froid. Ce rituel devient important pour Martin, qui contre toute attente s’attache à la femme rongée par l’alcool, le froid et la dureté de la vie dehors. Une femme qui partage visiblement avec lui la passion pour l’écriture. Que consigne-t-elle dans son cahier ? Un mystère que Martin aimerait bien percer, à l’image de celui qui entoure la disparition de sa mère.

Un roman lumineux

Tatiana de Rosnay a écrit ce roman, Célestine du Bac en 1990. Puis l’a laissé dormir pendant 30 ans. On ne peut donc que se réjouir qu’elle l’ait retrouvé à la faveur d’un déménagement. Cette histoire d’amitié est en effet si belle, si bouleversante, et Martin comme Célestine si attachants, qu’il eût été dommage de ne pas les rencontrer.

C’est la rencontre entre deux univers opposés, celui du milieu bourgeois de Martin et celui du dépouillement le plus total de la rue. Mais c’est aussi la rencontre de deux belles âmes, de deux êtres viscéralement humains, animés par la passion de l’écriture. Si en apparence tout les séparent, en profondeur leurs valeurs humaines les rassemblent. Alors chacun va aider l’autre à avancer, à mettre du soleil dans son existence. A faire du reste de sa vie la plus belle partie de son existence.

Un roman lumineux, bienveillant, qui met du soleil dans les esprits à défaut de le voir briller dans le ciel de Paris ce moi de mai !

Informations pratiques

Célestine du bac, Tatiana de Rosnay – éditions Robert Laffont, mai 2021- 352 pages – 21,50€

Citation du jour

Les histoires ne s’inventent pas dans l’air. Elles surviennent en travaillant, au contact de la plume. Les phrases appellent les mots qui appellent les idées. Un livre s’écrit sans se prévoir, s’invente sans se savoir. Les romans prennent forme à force de frapper dessus, comme les statues se sculptent à coups de burin et les peintures à coups de pinceau. Rien n’est dans la tête, d’avance. Tout reste à créer.

Le cœur en laisse, Line Papin- éditions Stock

le coeur en laisse

Trois, Valérie Perrin

Trois de Valérie Perrin

Une magnifique ode à l’amitié déclinée sur trente années. Un roman viscéralement humain.

Des amis inséparables

1987. Nous sommes dans une ville de province, à la Comelle, à la rentrée des classes. Dans la même section de CM2, Nina, Etienne et Adrien. Etienne le meneur, Nina le cœur et Adrien le suiveur. Ils ne le savent pas encore, mais une amitié très forte est en train de se mettre en place dans leur trio. De ces amitiés que l’on se promet à la vie à la mort. De ces liens si forts sur lesquels on est convaincu que le temps n’aura aucune emprise. Nina est le trait d’union entre eux, sans ambiguïté sur la nature des sentiments qui la lie aux deux garçons. Pour Etienne, elle représente une sœur. Pour Adrien, un idéal. Ils partagent tout, leurs joies comme leurs peines. Tout, enfin presque. Car chacun garde jalousement des secrets. Secrets qui vont finir par les éloigner les uns des autres. Que s’est-il donc passé ?

2017 : une voiture vient d’être repêchée à la Comelle, avec un cadavre à l’intérieur. Elle avait été volée en 1994. Qui a péri à l’intérieur du véhicule ? Cela a-t-il un rapport avec la disparition de Clotilde la même année, laquelle était la petite amie d’Etienne ?

Virginie, la mystérieuse narratrice du roman, semble en savoir long sur les liens du trio. Sur les hauts et les bas de leur amitié. De même que sur la disparition de Clotilde. Qui est cette femme, qui semble si proche d’Adrien, Nina et Etienne ? Un autre mystère à éclaircir au fil des pages…

Un roman dense, viscéralement humain

J’attends avec fébrilité chaque nouveau roman de Valérie Perrin. Après Les oubliés du dimanche, Changer l’eau des fleurs (chronique ICI), je me suis donc précipitée sur Trois. Et j’y ai retrouvé tout ce qui me séduit tellement chez cette auteure : sa capacité extraordinaire à donner de la chair à ses personnages, sa sensibilité à fleur de plume, la densité de ses histoires. Plus qu’un livre, c’est une immersion aux côtés des personnages, qu’elle nous offre, tant elle nous les rend vivants. Comme si nous étions témoins ou amis et non simples lecteurs.

Dans ce roman, elle aborde avec tact divers thèmes : l’amitié, la capacité à tenir ses promesses, la violence conjugale, la discrimination, le courage d’être soi, ou encore l’identité sexuelle. Elle nous invite à voir au-delà des apparences, à ne pas prendre pour argent comptant ce que l’on perçoit de l’autre ou ce qu’il nous donne à voir. Derrière un sourire peuvent se cacher des blessures. Derrière une assurance de façade, peut se dissimuler une grande difficulté à s’affirmer tel que l’on est vraiment. Au fil des pages, le voile se déchire, et chaque membre du trio nous apparait avec ses fragilités et ses faiblesses, ses secrets les plus intimes, ses peurs, ses doutes.

Une ode vibrante à l’amitié.

Informations pratiques

Trois, Valérie Perrin – éditions Albin Michel, avril 2021 – 21,90€ – 669 pages

Livre enfant +CD : Le lion et le singe

le lion et le singe

Un conte traditionnel animalier originaire d’Afrique, qui montre avec humour que la force ne fait pas le poids devant l’intelligence.

Le lion, roi de la savane

Quand le lion arrive dans la savane, tous les animaux prennent leurs jambes à leur cou. C’est que le lion est le plus fort, court très vite, n’est-il pas le roi des animaux? Mais tout roi qu’il est, un jour il tombe par mégarde dans un trou. Et pour en sortir, il a besoin d’aide. Et d’appeler un singe passant par là à son secours. Ce dernier, que le lion n’aurait pas hésité à manger en d’autres circonstances, va -t-il faire une bonne action et le sortir de son trou? Ou l’y laisser croupir, jusqu’à ce qu’un chasseur le capture?

Et toi, que ferais tu?

Un conte traditionnel africain

C’est une histoire pleine de sagesse que nous offre Franck Sylvestre avec Le lion et le singe, aux éditions Planète rebelle. Un conte traditionnel africain qui met en avant l’empathie, l’entraide. Et cette réflexion : faut-il aider tout le monde? Une bonne action entraine-t-elle forcément une bonne action ou n’est-elle jamais récompensée?

Une histoire qui montre que les apparences sont parfois trompeuses. Les personnes qui s’en sortent le mieux ne sont pas toujours celles qui ont le plus de force, de charisme. Mais celles qui réfléchissent et utilisent leur intelligence.

Franck Sylvestre est conteur. Il parcourt les villages et les villes, en France et à l’étranger, à la rencontre des enfants. Et partage aussi ses histoires avec eux grâce à ces livres audio.

Un bel ouvrage, tendre, touchant, empli de sagesse. Des illustrations vivantes et hautes en couleur.

Informations pratiques

Le lion et le singe, Franck Sylvestre (texte) et Elise Kasztelan (illustrations) – éditions Planète rebelle, avril 2021 – 32 pages illustrées plus un CD audio – 19,95€ –

La remplaçante, Sophie Adriansen et Mathou

la remplaçante

Devenir mère est certes merveilleux. Mais la maternité, l’accouchement, les premiers pas avec le bébé, ne sont pas que féérie et paillettes. Une bande dessinée nécessaire et déculpabilisante.

Devenir mère : une joie mais pas seulement

Entre Clovis, père de deux enfants d’une première union, et Marketa, c’est le coup de foudre. Une évidence. Tout comme l’est la décision de concevoir un enfant tous les deux. Mais ce qui avait commencé comme un rêve vire au cauchemar. La grossesse ne se déroule pas comme prévu, pénible, douloureuse, contraignante. Quant à l’accouchement, quand le jour J arrive enfin, ce n’est pas le plus beau jour de la vie de Marketa comme elle l’avait si souvent entendu dire… Une douleur insoutenable, une sage-femme peu chaleureuse, un bébé qui tarde à sortir, on est loin du tableau idyllique. Quand son bébé est enfin posé contre elle, elle ne peut pas savourer l’instant, tant elle est percluse de douleur.

Et ce n’est que le début du parcours d’obstacles qui s’érige devant elle. La tétée se révèle une épreuve tant ses seins sont douloureux, le bébé pleure et peine à s’alimenter, la renvoyant à un sentiment abyssal de nullité. Perdue, elle culpabilise de ne pas être submergée de joie mais d’angoisse, de tristesse et de fatigue, Et s’enfonce. Ce corps vide et déformé lui renvoie une image en laquelle elle ne se reconnait plus. Les nuits écourtées par les pleurs du bébé ajoutent à son incommensurable fatigue. Elle n’y parvient pas. N’y parvient plus. Elle rêve de trouver une remplaçante, une femme qui lui ressemblerait, mais en mieux. Car elle saurait s’y prendre avec l’enfant, elle. Car elle serait une wonder woman, elle.

Il faudra la compréhension d’une infirmière, l’amour du papa, et surtout du temps, pour que Marketa reprenne pied, pour qu’entre elle et le bébé se tricote le plus beau et le plus indéfectible des liens. Pour qu’elle se sente pleinement mère.

Post-partum et baby-blues

J’aime beaucoup la plume de Sophie Adriansen. Avec Sophie, il ne s’agit pas de simplement divertir le lecteur. Ses écrits sont toujours engagés, au service d’une cause forte. Ici, la dépression post-partum. Un livre pour informer, déculpabiliser, prévenir. Je découvre à cette occasion les talents d’illustratrice de Mathou, ses traits infiniment expressifs mis au service du texte. Une collaboration réussie!

Si devenir maman est certes merveilleux, notre société a tendance à idéaliser la naissance. celle de l’enfant, mais aussi celle de la femme devenue mère. Or la réalité n’est pas que légèreté, doudou rose et étincelles dans les yeux. L’accouchement est un séisme physique dont les répliques sont longues à s’estomper. Un tsunami émotionnel aussi. Un raz de marée épuisant. Dans pareils moments, la maman se sent démunie, parfois pas à la hauteur par rapport à ce qu’on attend d’elle. Et culpabilise, sombre. Il faut toute la compréhension de l’entourage, tout son amour, du temps de repos et de reconstruction, pour que la jeune femme puisse se sentir mère.

D’où le caractère nécessaire de ce si touchant ouvrage paru aux éditions First. Essentiel pour informer les femmes, mères ou non, de la réalité de la maternité. Essentiel pour que l’entourage soit conscient de ce qu’éprouve la maman, de ses besoins et accompagne au mieux ses premiers pas.

Informations pratiques

La remplaçante, Sophie Adriansen (texte) et Mathou (illustrations) – éditions First, mai 2021 – 200 pages – 19,95€

Intuitio, Laurent Gounelle

Intuitio Laurent Gounelle

Et si nous étions davantage à l’écoute de nos intuitions? Cette perception extrasensorielle a beaucoup à nous apprendre. C’est ce que va découvrir notre personnage, mêlé malgré lui à une enquête criminelle de grand envergure.

Être à l’écoute de son intuition

Timothy Fisher est un auteur de polar. De son propre aveu, son existence est banale, son physique est banal, son intelligence est banale. Rien ne le prédestinait donc à basculer dans une vie trépidante, avec l’accès à d’extraordinaires pouvoirs. C’est pourtant ce qui lui arrive quand deux agents du FBI sonnent à sa porte. Ils lui proposent de se joindre à eux, pour les aider à attraper le criminel le plus recherché du pays, avant qu’il ne s’attaque à sa prochaine cible.

Si être sollicité par le FBI est pour Timothy Fisher extrêmement flatteur, quel intérêt peut-il avoir à les aider ? Et pourquoi lui ? Mais conscient qu’à trop gérer son intérêt, on ne génère que des regrets, il finit par accepter. L’idée du FBI est d’aider Timothy Fischer à accéder à son intuition, à parvenir à la convoquer à volonté, grâce à un programme secret, le Remote viewing, mis au point en laboratoire. Le but ? Que son intuition lui fournisse les réponses aux questions qui lui seront posées au cours de l’enquête, comme l’identification du prochain bâtiment auquel le criminel mettra le feu. Et de comprendre pourquoi il a été choisi : il a fait montre dans ses romans de beaucoup d’inspiration, or inspiration et intuition sont très voisines. Dans toute œuvre littéraire, n’y-a-t-il pas une part d’imagination pure et une part d’intuition d’une réalité non encore réalisée ? Il devrait donc être un bon élève.

« L’intuition est une aptitude de l’esprit permettant d’obtenir une information non accessible par nos cinq sens : quelque chose que l’on ne peut ni voir, ni toucher, ni sentir, ni goûter. »

 Timothy Fischer a-t-il eu raison d’accepter cette mission ? Sa vie va-t-elle devenir plus romanesque que celle des personnages de ses romans ? L’intuition est-elle une arme dont nous disposons tous, plus ou moins inconsciemment, et dont on pourrait faire usage à bon escient?

Un thriller mâtiné de développement personnel : passionnant

Avec Intuitio, paru aux éditons Calmann-Lévy, Laurent Gounelle nous offre un thriller initiatique fascinant à bien des égards. D’une part, parce que la construction est parfaitement huilée et nous entraine de rebondissement en rebondissement, nous tenant en haleine de la première à la dernière page. Mais pas seulement. Dans ce roman, l’auteur s’inspire de travaux existant réellement sur l’intuition, la fameuse méthode du Remote Viewing, pour ouvrir notre regard sur d’autres possibles. On se repose souvent voire exclusivement sur notre mental, on évolue dans un univers cartésien. Or ce faisant, on se ferme l’accès à la perception extrasensorielle qu’est l’intuition. Si chacun possède de l’intuition, peu le savent et moins encore savent comment la convoquer. Elle suppose de lâcher prise, de déplacer sa conscience en d’autres lieux sans déplacer son corps physique.

« L’intuition, un sens que l’on gagne à apprivoiser. Qui nous aide à être en accord avec nous-même, en harmonie avec le monde. (…) l’intuition est avant tout écologie de l’esprit. Si on est en paix avec soi-même, connecté à ses intuitons, à son corps, et qu’on respecte sa réalité intérieure, il y a de fortes chances qu’on respecte aussi la nature puisque nous sommes la nature, et la nature c’est nous.« 

Un roman à la fois divertissant, brillant et passionnant.

Informations pratiques

Intuitio, Laurent Gounelle – Editions Calmann-Lévy, avril 2021 – 398 pages – 21,90€

Les 5 prochains livres sur le blog!

La semaine prochaine, retrouvez sur le blog, comme chaque semaine, des nouveautés littéraires pour adultes comme pour enfants.

Au programme de la semaine à venir

Côté littérature adulte :

  • Intuitio, Laurent Gounelle, éditions Calmann-Lévy : Et si nous étions davantage à l’écoute de nos intuitions? Cette perception extrasensorielle a beaucoup à nous apprendre. C’est ce que va découvrir notre personnage, mêlé malgré lui à une enquête criminelle de grand envergure.
  • Mais aussi La remplaçante, de Sophie Adriansen et Mathou, éditions First : Devenir mère est certes merveilleux. Mais la maternité, l’accouchement, les premiers pas avec le bébé, ne sont pas que féérie et paillettes. Une bande dessinée nécessaire et déculpabilisante.
  • Ou encore le tant attendu Trois, de Valérie Perrin, aux éditions Albin Michel : Une magnifique ode à l’amitié déclinée sur trente années. Un roman viscéralement humain.
  • Et ce n’est pas fini pour cette riche semaine ! Vous retrouverez aussi le nouveau roman de Tatiana de Rosnay, Célestine du Bac, aux éditions Robert Laffont : Une magnifique histoire d’amitié entre deux êtres que tout semble opposer : un jeune homme de bonne famille et une SDF sans âge rongée par l’alcool.

Côté livre pour enfants :

  • Je vous ferai voyager en Afrique avec ce conte traditionnel, Le lion et le singe, de Franck Sylvestre, éditions Planète rebelle : Un conte traditionnel animalier originaire d’Afrique, qui montre avec humour que la force ne fait pas le poids devant l’intelligence.

Et bien sûr, des citations, des extraits chaque jour de la semaine !

Le parfum des fleurs la nuit, Leila Slimani

le parfum des fleurs la nuit

Récit d’une expérience étonnante, celle de passer une nuit dans un musée. L’occasion de mener une analyse passionnante sur le métier d’écrivain et la création littéraire.

Ecriture et solitude

Le travail d’écriture requiert du recueillement, de la concentration, de la solitude. Et donc le refus systématique de toute sollicitation, distraction, invitation. Une règle à laquelle Leila Slimani a pourtant dérogé en acceptant la proposition de son éditrice : passer une nuit seule dans un musée, La Punta della Dogana à Venise. Non pas qu’elle soit fan d’art contemporain, mais elle traverse une panne d’inspiration. Alors cet enfermement volontaire, coupée de tout et de tous, lui offrira peut-être la solitude nécessaire à la création.

Le soir venu, elle rejoint le musée dans lequel lui a été dressé un lit de camp. Pour la nuit, elle est la reine des lieux, entourée d’une cour d’œuvres contemporaines. Et alors qu’elle ne s’est jamais sentie particulièrement attirée par les musées en général et par l’art contemporain en particulier, elle se rend compte que ces œuvres lui parlent, convoquent ses fantômes. Un dialogue s’installe entre elles et la romancière le temps d’une nuit.

Une nuit au Musée

Une nuit au Musée est une collection dirigée par Alina Giurdel, éditrice. Imaginez un écrivain passant la nuit avec des œuvres d’art pour lui seul. C’est cette expérience étonnamment riche que nous livre Leila Slimani dans Le parfum des fleurs la nuit. Chaque œuvre, par sa puissance évocatrice, la ramène à un souvenir. L’occasion pour la romancière d’évoquer son rapport à la solitude, à la création littéraire, à l’injustice, aux origines, à l’écartèlement entre deux cultures. Mais aussi sa relation avec son père, le rôle de la littérature ainsi que ses exigences. Elle illustre ses propos avec de nombreuses références littéraires et mène une réflexion magistrale sur les auteurs et le travail d’écriture.

Une confession touchante, pudique. Brillante.

Informations pratiques

Le parfum des fleurs la nuit, Leila Slimani – éditions Stock, 2021 – collection Ma nuit au musée – 152 pages – 18€

8 livres à offrir pour la fête des mères

C’est bientôt la fête des mères. Quel plus beau cadeau qu’un livre, cadeau qui la fera voyager, frissonner, sourire, rire? Alors j’ai sélectionné pour vous 8 livres à offrir, parmi des publications récentes.

Il n’est pas toujours facile de se repérer dans l’offre pléthorique des librairies. C’est pourquoi je vous ai fait une petite sélection de livres pour la fête des mères, dont vous pourrez retrouver la chronique complète, juste en cliquant sur le titre. Alors, elle n’est pas belle la vie? 😉 Et puis, si plusieurs livres vous tentent, offrez-les lui! Quand on aime, on ne compte pas. ❤

  • Un amour retrouvé, Véronique de Bure, éditions Flammarion : Dans ce livre, l’auteure évoque sa mère, sa relation si forte et si belle avec elle. Une relation qui a évolué avec l’arrivée dans la vie de la septuagénaire d’un nouvel amour.  Et Véronique de Bure de craindre de « perdre » sa mère, de ne plus trouver sa place dans la maison à chacune de ses visites. D’être presque de trop pour sa mère, là où elle était son essentiel. Crainte aussi que cet homme ne remplace son défunt père, ne l’efface. Substitue-t-on un amour à un autre ou l’additionne-t-on ? C’est tendre, bouleversant et viscéralement humain.
  • Roule ma poule, Denise Tidiman, éditions Jouvence : Quand un couple, soudé jusqu’alors, n’envisage pas la retraite de la même façon. Que faire, se résigner ? Ou vivre ses rêves envers et contre tout ? C’est un roman tendre, plein d’humour et de fraicheur aussi. Une histoire qui nous montre qu’il faut faire confiance en la vie, en sa capacité à nous surprendre. Un roman tendre et envolé.
  • L’amour au temps des éléphants, Ariane Bois, éditions Belfond : et si vous offriez à votre maman un voyage dans le temps et sur trois continents, en compagnie des éléphants? Ariane Bois part d’un fait divers authentique – la pendaison d’une éléphante en 1916 dans le sud des Etats-Unis- pour en faire une épopée envoutante sur trois continents, aux côtés de trois êtres unis par cette soif inextinguible de liberté, de justice et de respect – y compris des animaux. Car « Il n’y a pas d’hommes libres sans animaux libres ».C’est émouvant, fascinant et tendre.
  • Comme des bêtes, Violaine Bérot, éditions Buchet Chastel : Toute la force et la beauté de l’écriture de Vilaine Bérot dans ce roman au cœur de la nature pyrénéenne. Un roman sur la différence, les préjugés et une belle ode à la vie simple. Et surtout, un roman d’amour d’une mère pour son fils handicapé mental.
  • Les trois vies de Suzanna Baker, Philippe Amar, éditions Mazarine : quand une femme tente de reconstituer le puzzle de la vie de sa mère. Quand un test génétique révèle des origines inconnues, commence alors une quête de vérité aussi excitante qu’effrayante. Une investigation qui va mener jusqu’aux heures les plus sombres de la Shoah. Un bouleversant destin de femme.
  • Oh happy day, Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat éditions Pocket : du bonheur en barre à offrir à votre maman! Vous cherchiez un livre divertissantdrôle et tendre à la fois ? Ne cherchez plus ! Oh Happy day vous offre tout cela et bien davantage. Il est question d’amour, d’humou, bref, un roman absolument jubilatoire.
  • La dernière tempête, Ragnar Jonasson, éditions La Martinière : votre maman n’a pas peur du grand froid islandais? Elle aime frissonner de peur? Alors ce polar va la tenir en haleine de la première à la dernière page. Ragnar Jonasson excelle à entretenir le suspense, à nous mener en bateau, à jongler avec les apparences et les nerfs des lecteurs. Les personnes dangereuses ne sont pas toujours celles que l’on croit et dont on se méfie…
  • La divine comédie de nos vies, Gavin’s Ruiz, éditions Albin Michel : mettez plein de couleurs et de pétillance dans la vie de votre maman avec ce roman (et en plus ça rime ! 😉 ) Gavin’s Ruiz nous interroge sur le bonheur. En quoi consiste-il ? La réussite familiale ? La réussite professionnelle ? Ou, comme le précise la citation de Camus en exergue de son roman, « qu’est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l’existence qu’il mène ». Quand la vie ne correspond pas à nos besoins fondamentaux, quand on bâillonne nos désirs profonds pour nous couler dans le moule des attentes des autres, vient un moment où l’on étouffe. Soit on se laisse mourir à petit feu et on passe à côté de sa vie. Soit on décide de prendre son existence en main. de cesser la comédie de notre vie…