Prix de la maison de la presse 2018 : la sélection

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Mardi 27 mars, le jury du Prix de la Maison de la presse a révélé le nom des six auteurs sélectionnés pour cette 49ème édition.

Le Prix de la Maison de la presse

Le Prix Maison de la presse distingue une publication d’un auteur de langue française pour « son importante diffusion ». Ces livres peuvent relever de la catégorie « roman » ou « document ». Ils sont l’oeuvre d’un auteur de langue française.

Le jury  du Prix de la Maison de la presse : 

Le jury  est composé de 20 professionnels de la distribution, dont 12 libraires propriétaires de Maison de la Presse. Chaque année, sa composition change. Cette année, il est présidé par Michel Bussi.

Les 6 livres en lice pour le Prix de la Maison de la presse :  

  • Changer l’eau des fleurs de Valérie Perrin (Albin Michel)
  • Massacre des innocents de Marc Biancarelli (Actes Sud)
  • Tyrannie de Richard Malka (Grasset)
  • La chambre des merveilles de Julien Sandrel (Calmann Lévy)
  • Sauf d’Hervé Commère (Fleuve noir)
  • Les indifférents de Julien Dufresne Lamy (Belfond)

Le prix sera décerné le 30 mai.

Manger juste, Sabine Mazloum : prendre soin de son corps grâce à 85 recettes simples et saines

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Manger juste, de Sabine Mazloum

Editions Larousse mars 2018

85 recettes, rapides et faciles, joliment illustrées, avec des aliments à la portée de tous.

Les points forts du livre :

  • Des recettes rapides et simples à réaliser : temps de préparation de 5 à 20 minutes en moyenne
  • Des ingrédients aisés à trouver
  • Des illustrations qui mettent l’eau à la bouche
  • Un lexique sur les vertus des aliments « magiques »
  • Une cure de détox proposée
  • Un choix vaste : 85 recettes

Prendre soin de son corps en veillant à avoir une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, relève de la responsabilité de chacun. Cette prise de conscience est de plus en plus forte ces dernières années : manger des aliments frais et variés plutôt que des produits transformés, limiter les sucres ajoutés et les graisses saturées, aide à prévenir certaines maladies dont les maladies cardio-vasculaires.

Prévenir plutôt que guérir.

Avec Manger juste, Sabine Mazloum se propose de vous livrer des recettes qui respectent les besoins nutritionnels de votre corps, son équilibre. De belles associations d’ingrédients aux vertus magiques (ail, citron, huile de coco, huile d’olive, gingembre, curcuma,…), pour composer entrées, salades, plats, desserts mais aussi tisanes et autres boissons détox. De la pizza libanaise à la Minestra de la Rome antique en passant par la Parmigiana de Sicile, l’élixir matinal ou le sorbet à l’abricot pour ne citer que ces exemples, il y en a pour tous les goûts.

Il ne vous reste plus qu’à passer aux fourneaux !

Explique-moi la guerre et le terrorisme, Le racisme et l’intolérance… (Nathan)

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La guerre et le terrorisme

Le racisme et l’intolérance, de Louise Spilsbury (texte) et Hanane Kai (illustratrice)

Collection « Explique-moi », éditions Nathan – Mars 2018

A partir de 6 ans

Une collection passionnante aux éditions Nathan, avec des mots justes, de belles illustrations, pour expliquer simplement aux enfants ce qui se passe dans le monde, sans les inquiéter mais sans rien leur cacher.

C’est une très belle et très intelligente collection que lancent les éditions Nathan pour les enfants de six ans et plus. Il s’agit d’expliquer aux enfants des thématiques telles La pauvreté et la faim, Les réfugiés et les migrants, Le racisme et l’intolérance ou encore La guerre et le terrorisme, sujets très actuels. Ces livres joliment illustrés proposent aux enfants de s’ouvrir sur le monde, de mieux le comprendre, de mettre des mots sur ce qu’ils entendent brièvement à la télévision ou surprennent dans les conversations d’adultes et peut susciter en eux confusion et anxiété. Leur expliquer sans les inquiéter. Ne pas nier l’existence de guerres, d’actes de terrorisme, de famines, de réfugiés sans toit, mais le leur expliquer tout en les rassurant sur leur propre situation d’une part, et en leur donnant des moyens d’action d’autre part.

Pour aider à la compréhension du monde qui les entoure, Louise Spilsbury use volontairement des mots justes : le terrorisme, les préjugés, les conflits armés, le racisme, le culte, le respect, l’ONU, l’intolérance …, et propose des définitions claires et accessibles aux enfants. Par le biais d’illustrations très parlantes et d’exemples nombreux, les auteures répondent aux questions, multiples, que se posent les enfants. Et pour ceux dont la curiosité n’a pas été rassasiée, elles proposent en fin d’ouvrage une bibliographie pour compléter la lecture, mais aussi des sites internet sur la thématique développée dans le livre.

Ces petits livres sont vraiment essentiels pour nos enfants. Pour les informer, ouvrir leur champ de vision, leur permettre de comprendre le monde qui les entoure et dont ils sont partie intégrante. Une invitation à la tolérance, à la compréhension, à la curiosité et au respect de l’autre. Émouvant et intelligent. A lire, à relire, à offrir !

 

Ce soir on regardera les étoiles, Ali Ehsani (Belfond) : un témoignage essentiel

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Ce soir on regardera les étoiles, Ali Ehsani

Editions Belfond, février 2018

Récit

Pourquoi lire ce livre ?

  • C’est un témoignage de l’intérieur sur la condition des migrants
  • C’est une invitation à la tolérance, à l’ouverture aux autres
  • Pas de misérabilisme ni de sensationnalisme mais au contraire beaucoup de courage, de détermination et d’espoir dans ce récit

Agé de 8 ans, Ali Ehsani a dû fuir l’Afghanistan en 1998 après la mort de ses parents dans un bombardement. C’est ce bouleversant exil de 5 années avec son frère Mohammed à travers le Moyen-Orient et l’Europe, jusqu’aux côtes italiennes, qu’il raconte ici. Un témoignage bouleversant. Une invitation à la tolérance, à l’ouverture à l’autre. A lire de toute urgence.

Kaboul, 1998. De retour de l’école, Ali, 8 ans, ne retrouve plus la maison de ses parents. Bombardée par un missile. Réduite à un tas de pierres. Incrédule, il refuse d’accepter l’atroce réalité : ses parents ont pourtant bien  été tués. Son grand frère Mohammed le prend sous son aile et décide de fuir l’Afghanistan et sa guerre, de tout laisser derrière eux. Pour survivre. Du moins pour espérer survivre.

Avec bienveillance, douceur et un amour infini, Mohammed veille sur son petit frère, masque la peur qu’il éprouve lui-même, rogne sur ses maigres repas et l’eau si rare, pour que le petit Ali souffre le moins possible. Arc-boutés sans eau ni nourriture sur le toit d’une camionnette dont ils ont dû grassement payer le chauffeur, ils mettent le cap sur Téhéran via le Pakistan. Première étape d’un périple qui durera cinq interminables années.

Mais Téhéran ne peut qu’être une étape. Vivre dans la clandestinité, sans papiers, sans droits, ne peut pas être une fin en soi. Cap sera alors mis sur l’Europe : la Turquie, la Grèce, puis l’Italie. Avec le risque de se faire arrêter et reconduire en Afghanistan à tout instant.

A pied, sur le toit de camionnettes, sous les camions, à bord de bateaux gonflables de fortune, ils affrontent le froid et la chaleur extrême, la faim et la soif, la peur et la solitude, les montagnes, le désert et la mer déchaînée. Mais jamais ne renoncent. Quitte à y laisser la vie.

C’est un témoignage absolument ESSENTIEL que nous livre Ali Ehsani, à une heure où on est abreuvé d’informations diverses et contradictoires, de sources multiples et non vérifiées, sur la condition des migrants. Un témoignage de l’intérieur. Tout quitter pour ne pas mourir sous les bombes. Avancer la peur et la faim au ventre, sans savoir de quoi demain sera fait. Parce qu’on n’a pas d’autre choix. Pas de misérabilisme ici, ni d’apitoiement, mais une leçon de courage magnifique, une invitation à davantage de tolérance et d’ouverture envers nos semblables. A lire ABSOLUMENT.

Il n’y a rien de plus semblable à l’espoir que la décision d’émigrer : espoir d’arriver dans un endroit meilleur, espoir de réussir, espoir de survivre, espoir de tenir bon, espoir d’un dénouement heureux, comme au cinéma. Il est normal que tout être humain cherche désespérément à améliorer sa condition et, dans certains cas, partir est le seul moyen d’y arriver.

 

Citation du jour

La pire des prisons se trouve dans votre tête et vous en détenez la clef : la volonté d’assumer l’entière responsabilité de votre vie, la volonté de risquer, de se défaire de tout jugement et de reconquérir son innocence, de s’accepter et de s’aimer tel que vous êtes vraiment : humain, imparfait, et tout entier.

Edith Eva Eger – Le choix d’Edith

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La KarInterview de Julien Sandrel : « On n’écoute pas suffisamment l’enfant, qui sommeille encore en nous! »

 

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Le 7 mars dernier, les éditions Calmann-Lévy ont publié ce magnifique premier roman de Julien Sandrel : La chambre des merveilles. Rencontre avec l’auteur.

Quel a été le point de départ du livre, ce qui vous a donné l’impulsion de l’écrire?

 La chambre des merveilles, c’est le pari un peu fou d’une mère qui tente de sortir son fils du coma en réalisant chacun de ses rêves, en les lui racontant, en les lui faisant vivre par procuration… en se disant que s’il l’entend ses incroyables aventures, peut–être que ça lui donnera envie de revenir à la vie.

L’idée de départ, celle de l’accident, m’est venue un matin alors que j’emmenais mes enfants à la piscine et qu’ils étaient tous les deux en trottinette. Je me suis dit qu’ils allaient trop vite. Je me suis demandé à quoi pourrait bien ressembler ma vie s’il arrivait quelque chose de terrible à l’un d’entre eux. La réponse m’est apparue comme une évidence. Ma vie ne pourrait plus être la même, jamais.

J’ai eu envie de raconter ça. Comment mon héroïne Thelma, qui pense avoir trouvé l’équilibre dans sa vie, en étant hyperactive et en menant sa carrière tambour battant, voit son monde basculer en quelques secondes. Comment elle se rend compte progressivement que ses priorités affichées ne correspondent pas à ses besoins, ses envies, ses valeurs. Comment elle va devoir progressivement abandonner sa vie de façade pour se reconnecter à ce qu’elle est vraiment.

Ce roman traite d’un sujet douloureux : comment une mère accompagne au mieux son fils plongé dans le coma. Pourtant vous évitez avec brio l’écueil du pathos. Ce livre est tout sauf accablant, « plombant ». Il est au contraire lumineux, positif. Comment avez-vous fait pour ne jamais verser dans le larmoyant ?

L’histoire que je souhaitais raconter, celle de Thelma, c’est l’histoire d’une transformation positive, une sorte de parcours initiatique, à près de 40 ans. Après l’accident de son fils, les cartes de la vie de Thelma sont rebattues. En vivant les rêves de son fils, Thelma se découvre elle-même, se comprend mieux, s’écoute mieux aussi. Cet événement la force, en quelque sorte, à se poser les bonnes questions sur « les choses importantes de sa vie », à se réinventer, à trouver son propre chemin.

J’ai eu envie de parler de tout ça avec une tonalité à la fois grave – car le point de départ est un événement dramatique – et légère. Avec un petit grain de folie, à travers les folles expériences qu’un adolescent de 12 ans peut avoir envie de vivre… parce que la vie c’est ça aussi. On n’écoute pas suffisamment l’enfant, l’adolescent qui sommeille encore en nous, pourtant qu’est–ce que c’est bon de lâcher prise !

Jusqu’alors Thelma sacrifiait tout pour sa carrière, se sentait transparente en dehors de sa réussite professionnelle, et ce, malgré le mépris de ses supérieurs. Pensez-vous qu’il faille bien souvent un drame, pour que nous nous rendions compte que nous faisons fausse route, pour revoir nos priorités, nos choix de vie ?

Non, et heureusement ! Le drame que vit Thelma joue pour elle le rôle d’un accélérateur, il la secoue littéralement, la fait sortir de la torpeur dans laquelle elle s’était installée. Thelma pensait avoir atteint un certain équilibre de vie, entre sa carrière et sa vie de mère. Le drame qu’elle doit affronter, puis les trépidantes aventures qu’elle va vivre en réalisant une à une les merveilles de Louis, vont profondément la faire évoluer.

Je pense que le chemin peut être différent pour chacun d’entre nous. Pour Thelma, cela passe par une prise de conscience suite à un drame. Pour d’autres, un travail d’introspection, de bilan… une petite pause dans nos vies survoltées… peut être totalement suffisant, et tant mieux. C’est éminemment personnel.

 Une lecture récente du témoignage du Dr Edith Eva Eger dans « Le choix d’Edith », m’a fait penser à Thelma dans votre roman. Le Docteur Eger dit notamment : « Il y a une différence entre l’état de victime et la posture de victime. On est victime d’un fait extérieur (accident, violence d’un tiers, etc.) En revanche la posture victimaire émane de l’intérieur : il correspond au choix de s’accrocher à une posture de victime, avec un mode de pensées et d’être rigides, faits de récrimination et de pessimisme, (…). Alors qu’il faut se servir de cette souffrance comme d’un tremplin. Nos expériences les plus pénibles ne sont pas un passif, mais un cadeau. Elles nous offrent du recul et du sens, une opportunité de trouver notre objectif et notre force personnels. » Adhérez-vous à ce point de vue ?

 A nouveau, je pense que ce sont des questions assez personnelles, je ne suis pas persuadé que l’on puisse tirer des généralités. Nous ne sommes pas tous égaux face à la souffrance, chacun de nous va vivre les épreuves de la vie à sa manière. Et parfois une même personne va vivre un même genre d’épreuve de façon totalement différente, à un autre moment de sa vie.

En revanche je crois au pouvoir de la prise de recul et de l’optimisme. Je pense que lorsqu’une épreuve de la vie se présente, ce n’est pas la souffrance qui est le tremplin. Ce qui nous permet de rebondir, c’est l’acceptation de l’événement passé comme faisant partie intégrante de notre vie. Une fois que l’on accepte la nouvelle donne, sans la nier malgré la douleur, alors il est possible de se tourner de nouveau vers l’avenir, qui sera forcément différent de celui que l’on avait imaginé avant l’épreuve. Je crois que c’est – en partie – le chemin que fait Thelma au cours du roman.

 Quel serait le prochain rêve que vous inscririez dans votre carnet des merveilles ?

Je suis en plein rêve de gosse, actuellement. Je pense qu’étant enfant, écrire des romans aurait eu une place importante sur un éventuel carnet des merveilles. Je suis quasiment en cours de « cochage de case », comme l’aurait dit Louis… mon carnet des merveilles d’écriture ne fait que commencer, c’est très excitant !

Retrouvez la chronique que j’avais consacrée à ce roman ici : Chronique