Cécile Coulon, La langue des choses cachées

la langue des choses cachées Cécile Coulon

Accompagnez ce jeune guérisseur, formé par sa mère, lors de sa première intervention au chevet d’un malade. Et apprenez avec lui la langue des choses cachées.

Guérisseur de mère en fils

Sa mère est aujourd’hui âgée et ne quitte plus la maison. Aussi quand elle est appelée pour secourir un enfant du lieu-dit « Le fonds du puits », c’est lui qui s’y rend. Seul pour la première fois, après avoir observé si souvent sa mère œuvrer. Après avoir écouté pieusement ses conseils et enseignements.

Dans ce village éloigné des hôpitaux, sans médecin, la Mère est connue pour ses pouvoirs, pour sa capacité à parler la langue des choses cachées. Et alors qu’il arrive au chevet de l’enfant, ressent les douleurs et les drames qui ont peuplé ce lieu, il se laisse distraire sur le retour par l’appel d’un membre de l’autre famille du village. Sa mère lui a pourtant répété qu’il doit se concentrer sur ce pour quoi il est venu et uniquement sur cela. Mais il déroge à la règle. Et ne va pas s’arrêter là dans ses transgressions.

Un roman dense, habité

Avec La langue des choses cachées, publié par les éditions de L’iconoclaste, Cécile Coulon crée immédiatement une ambiance inquiétante, envoutante, pré-apocalyptique. Avec beaucoup de talent, une grande puissance évocatrice, elle fait ressentir au lecteur tout ce que hurlent les silences, les mots que clament les maux du corps, crient les non-dits, cachent les lâchetés. A l’image du jeune guérisseur, le lecteur perçoit l’extrême violence des hommes, ceux qui ont commis des actes atroces, mais aussi ceux qui les couvrent par leur silence. Faute de mots éclos, les maux poursuivent leur carnage souterrain, dans les corps et les âmes, sur plusieurs générations.

Le jeune guérisseur sait, lui, entendre au-delà des silences, des non-dits. Car il est attentif aux autres, à ce qu’expriment leur regard, leur corps, leurs gestes, leurs silences. Et ce que comprend ce jeune homme, c’est que sa mère, par le passé, n’a pas fait le bon choix. Alors il décide de faire le nécessaire, de rétablir l’équilibre, une forme de justice.

La langue des choses cachées est un court roman indiciblement immersif, qui se lit d’une traite.

Informations pratiques

Cécile Coulon, La langue des choses cachées – éditions de L’iconoclaste, janvier 2024 – 135 pages – 17,90€

Langue choses cachees c est ts les mots qui ne sont pas dits, tout le langage contenu dna sle silence, c’est le langage qu’on perçoit quand on est attentif et ouvert aux autres, quand on les observes, qd on observe leur corps. Cette langue lui est translise par la mère, qu on ne voit pas et pourtant est personnage principal car elle incarne ce qui est immuable et qu’on transmet de generation en generation. Et soudain, une nuit, on commence a croire qu il faut contourner ces choses la, faire autrement, et ne plus faire comme on nous l a appris. Quand on se confronte au passé, on risque de ne plus aimer sa mee, de mettre à feu et à sang un village

Violence masculine mais aussi violence qui unit des failles et des communautés qui gardent le silence alors qu’ils savent.

Ecriture très habitée, envoutante, msyterieuse, inquietante

Le syndrome du spaghetti, Marie Vareille

le syndrome du spaghetti Vareille Marie

Qu’avez-vous fait de vos rêves ? Marie Vareille nous propose de suivre une adolescente promise à une belle carrière de basketteuse, dans la vie de laquelle la maladie joue le fauteur de troubles. Mais le propre de l’existence n’est-il pas d’être imprévisible ? Comme un ballon de basket, l’important est de savoir rebondir. Un roman bouleversant et lumineux.

Poursuivre un rêve

Léa est née avec un ballon de basket dans les mains ou presque. Fille d’un coach de basket, qui a très tôt décelé un véritable don en elle, Léa, 16 ans, vit et pense basket. Des heures d’entrainement quotidien, une hygiène de vie stricte, avec un seul et unique objectif : intégrer l’INSEP puis la WMBA.

Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Brutalement, la vie de Léa et de ses proches bascule. Va-t-elle devoir enterrer ses rêves ?

Anthony, issu d’un milieu défavorisé, a quant à lui cessé depuis longtemps de rêver. Entre son frère dealer qui multiplie les gardes à vue, sa mère et ses problèmes de travail, l’argent qu’il faut trouver pour payer le loyer, il reste peu de place pour rêver.

Mais là encore, la vie se charge de réserver des surprises à Léa et à Anthony. S’agira-t-il de belles surprises cette fois ?

Faire le deuil d’un proche et de ses rêves. Et rebondir.

Avec Le syndrome du spaghetti, publié par les éditions Pocket, Marie Vareille se révèle une fois encore être une extraordinaire passeuse d’émotions. Difficile de ne pas se sentir proche de Léa et de sa famille, d’Anthony et des autres protagonistes, tant la romancière sait créer une forte intimité entre eux et le lecteur, leur donner de la chair.

Dans ce roman viscéralement humain, Marie Vareille évoque un double deuil. Celui d’un proche, mort de maladie. Et celui de ses rêves, qu’il devient impossible de poursuivre. Choc, déni, colère, reconstruction, acceptation, la construction du roman suit les phases du deuil. Comment survivre à l’absence ? Comment renoncer aux rêves pour lesquels on se bat depuis des années ? Et le tour de force est là : ce roman, malgré la gravité de son sujet, est tout sauf triste. Il est émouvant, beau, lumineux, inspirant. Positif.

A l’image d’un match de basket, la vie nécessite de se battre, pas contre une autre équipe, mais contre l’adversité. Il faut s’entrainer à surmonter son chagrin, à accepter que tout ne se déroule pas comme prévu. Et rebondir comme un ballon. Et pour cela, il faut unir ses forces à celles des autres. Faire équipe.

Ce roman, c’est l’histoire de deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer. Deux adolescents qui vont pouvoir compter l’un sur l’autre dans l’adversité, formant une équipe redoutable, prête à tout surmonter, pour marquer à nouveau des points, se hisser très haut et tutoyer de nouveaux rêves. C’est aussi l’histoire d’une solidarité à toute épreuve, d’amitiés et d’amour indéfectibles.

Un gros coup de cœur !  

Informations pratiques

Le syndrome du spaghetti, Marie Vareille – éditions Pocket, février 2024 – 320 pages – 8,30€

Lisa Gardner, L’été d’avant

l'été d'avant Lisa Gardner

Reprenez ce cold case avec Frankie, qui consacre sa vie à retrouver des personnes disparues. Laissez-vous happer par l’écriture immersive et addictive de Lisa Gardner dans son nouveau thriller, L’été d’avant.

Une disparition inquiétante

Frankie, ancienne alcoolique, n’est ni policière ni détective privée. Et pourtant, cette quadra consacre sa vie, de ville en ville, à tenter de retrouver des personnes disparues, plus particulièrement des enfants et adolescents. Elle intervient après la police, quand cette dernière a laissé tomber l’affaire, le plus souvent parce que le ou la disparu(e) fait partie d’une minorité ethnique ou d’un milieu social défavorisé.

Cette fois, elle enquête sur la disparition d’une adolescente haïtienne, Angélique, qui réside avec son frère chez sa tante, dans les quartiers chauds de Boston. Une jeune fille sérieuse, bonne élève, bien décidée à réussir ses études pour devenir médecin et s’extirper de la misère.  Tout sauf le profil d’une fugueuse. Son permis de séjour arrivant à terme, s’est-elle enfuie pour éviter l’expulsion du pays ?

Mais alors que Frankie se bat contre ses démons, elle découvre qu’une autre jeune fille a disparu 3 mois après Angélique. Y-a-t-il un lien entre ces deux disparitions ? Les deux adolescentes se connaissaient-elles ?

Un thriller avec une enquêtrice diablement attachante

Le thriller de Lisa Gardner, L’été d’avant, publié par les éditions Albin Michel, vous entraine sur les pas d’une enquêtrice à la personnalité attachante. Une femme dont la vie est elle-même une énigme dans l’énigme, que l’on découvre indice après indice au fil des pages. Une femme entière, qui se donne corps et âme à ses investigations, sans attendre la moindre rémunération ni même une reconnaissance en retour.

Si Lisa Gardner, avec ses 25 millions de livres vendus à travers le monde, séduit autant son lectorat, c’est parce qu’elle excelle à construire des intrigues, à maintenir la tension constante, à créer une proximité forte entre ses protagonistes et le lecteur. Et l’été d’avant n’y déroge pas. Cette femme, Frankie, est touchante par son désir d’aider les autres au péril de sa vie, par ses failles affectives, ses démons intérieurs, sa faim d’amour même si elle est trop indépendante pour envisager de se poser avec quelqu’un. Le lecteur se sent immédiatement en empathie avec elle, désireux de soutenir sa cause si noble : retrouver des enfants et adolescents, de milieux défavorisés, dont plus personne, à commencer par la police, ne se préoccupe.

L’intrigue est très bien construite, subtile, crédible. Les rebondissements sont multiples. Il est alors difficile de résister à l’envie de tourner la page, d’avancer dans l’enquête, avec l’espoir que cette fois, Frankie retrouvera la disparue avant qu’il ne soit trop tard.

Informations pratiques

L’été d’avant, Lisa Gardner – éditions Albin Michel, janvier 2024 – 22,90€- 444 pages

La femme de ménage

la femme de ménage J'ai lu

Imaginez que l’on vous propose de travailler dans une somptueuse villa new-yorkaise auprès d’un couple et de leur fille, alors que jusqu’ici, depuis votre sortie de prison, vous dormiez dans votre voiture. Comment pourriez-vous refuser ? Et pourtant vous devriez…. Un thriller haletant et remarquablement bien construit. 

Réinsertion après la prison

 Quand Millie apprend qu’une riche famille new-yorkaise cherche une femme de ménage, elle décide aussitôt de proposer sa candidature. Elle espère juste que la maîtresse de maison, Nina, ne cherchera pas à vérifier les informations de son curriculum vitae. En effet, Millie sort tout juste de 10 années de prison.

Or Nina ne prend visiblement pas cette peine. Millie décroche le poste. C’est une chance inespérée pour elle et l’occasion de repartir de zéro.

Mais Millie est-elle la seule personne de cette maison à avoir des choses à cacher ? Car au fil des jours, Nina se révèle de plus en plus instable, agressive et toxique. Pire :  une rumeur circule selon laquelle Nina aurait séjourné en hôpital psychiatrique après avoir tenté de noyer sa fille. Est-ce de cela que le jardinier italien de la propriété voulait la protéger quand il lui a dit de faire attention, sans préciser la nature de sa mise en garde ?

Un thriller psychologique fascinant

Avec La femme de ménage, publié par les éditions j’ai lu, Freida mcFadden nous offre un thriller psychologique à couper le souffle.

Dès les premières pages, dans cette magnifique villa new-yorkaise habitée par un couple aimant et leur fille unique, on sent que le danger rôde. Mais il est bien difficile d’en identifier la source. Si les soupçons se portent naturellement sur Milly, tout juste sortie de prison, très vite on se rend compte que les apparences et les préjugés nous égarent. Sans pour autant savoir qui et que suspecter. Car la romancière excelle à brouiller les pistes.

Les chapitres courts impulsent un rythme soutenu au roman. La tension est palpable, monte crescendo, les rebondissements se multiplient. Et les illusions tombent les unes après les autres. Derrière des sourires, des tenues soignées et une réussite sociale, peut se cacher un monstre.

Un thriller psychologique sans faille, impossible à lâcher une fois la lecture commencée, qui vous fera frissonner du début à la fin !

Informations pratiques

La femme de ménage, Freida mcFadden, édition J’ai lu 2023 – 8,60 euros-  412 pages

Comment j’ai tué mon père, Sara Jaramillo Klinkert

A 11 ans, l’auteure perd son père, avocat colombien, assassiné par un tueur à gages. Elle relate ici avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse, les dommages collatéraux de cet assassinat au sein de la famille. Un hymne à l’amour d’une fille à son père et au courage inébranlable de sa mère.

Devenir orpheline

Sara Jaramillo Klinkert vit dans le quartier de Medellin en Colombie. Son père, avocat de renom, est connu pour ne jamais perdre ses procès. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde. Sa vie est menacée et jusqu’ici, il a échappé aux poursuites à moto et aux hommes armés qui voulaient sa peau. Jusqu’à ce jour de mai 1991, où on annonce brutalement à Sara, alors âgée de 11 ans, qu’elle ne verra plus son papa. Il a été tué en pleine rue par des tueurs à gages. Cette nouvelle fait l’effet d’une bombe. « Je ne savais pas qu’on tuerait mon père. Aucun enfant ne peut imaginer une chose pareille ». Sara se retrouve alors seule avec sa mère et ses quatre frères, dont de jeunes triplés. Chacun va alors essayer de se relever, d’avancer, de composer plus ou moins bien avec le grand absent.

Se construire

Comment j’ai tué mon père, de Sara Jaramillo Klinkert, paru aux éditions Pocketest un livre très émouvant, porté par une analyse d’une grande finesse. Face à un drame, au séisme du décès, des répliques sont à redouter parmi les proches. Chacun tente de maintenir debout son édifice, mais tous ne possèdent pas de fondations aussi solides. La famille unie, aimante et relativement insouciante, a brusquement basculé dans l’horreur. Fracassée sur l’autel de l’assassinat.  En capitaine de navire, la mère s’emploie à donner l’exemple, même si parfois elle se sent vaciller. Et son courage force l’admiration de chacun. Mais il n’est pas simple de supporter le silence de l’absence, d’être projeté du jour au lendemain d’une vie de fillette choyée à une vie d’adulte esseulée. D’être assaillie de questions que l’on ne peut pas poser à sa maman tant elle est déjà submergée par le chagrin et les soucis.

Alors qu’elle revient sur les souvenirs heureux de son enfance, sur les écueils qu’il a fallu surmonter par suite du décès, sur les drames qui ont continué à frapper ses frères, l’auteure se reconstruit au fil des mots, suture ses plaies au fil de sa plume, rendant un hommage vibrant à cette maman si courageuse, poussant un cri d’amour à son père. Plus qu’un livre sur le deuil, c’est un chemin de résilience, de retour à la lumière qui est retracé ici.

Informations pratiques

Comment j’ai tué mon père, Sara Jaramillo Klinkert – éditions Pocket, collection Révélation – février 2023 – 7,30€

L’homme au perroquet vert Myriam Chirousse

Laissez-vous transporter dans les années 20, aux côtés d’un orphelin avide de liberté. Un roman aussi beau par l’émotion qu’il transmet que par son écriture poétique et ciselée. Un coup de cœur !

Sortir de la misère

1920. Alors que la France se remet avec difficulté de la Grande Guerre, un nouveau malheur frappe André : le décès de sa mère. Femme de ménage chez une famille bourgeoise, les Jourdan, elle était le dernier membre de sa famille. Tout son univers.

Orphelin, sans argent, André, qui rêvait de s’extirper de la misère, de fuir ce village pour des pays lointains, doit temporiser. Il renonce à enterrer ses rêves d’un avenir radieux, nés du passage d’un cirque au village avant la guerre. Il avait alors aperçu des animaux incroyables venus d’Amazonie, dont un perroquet vert qui se plaisait à scander « liberté ».

La liberté, il la veut de toute ses forces. Il est prêt à suer sang et eau pour gagner de quoi voyager. Et d’accepter d’être l’assistant du forgeron du village pour mettre de l’argent de côté.

Un jour, le forgeron reçoit une commande émanant des Jourdan. L’occasion, pour André, d’approcher cette luxueuse demeure dont sa mère lui a tant parlé. L’occasion d’entrevoir ce que sa vie pourrait être s’il réussissait à concrétiser son rêve de richesse et de liberté…

Un roman bouleversant servi par une écriture magnifique

Avec L’homme au perroquet vert, publié par les éditions Buchet Chastel, Myriam Chirousse nous offre un roman bouleversant. Impossible de ne pas s’attacher à André, ce jeune garçon volontaire, courageux, convaincu que la misère n’est pas une fatalité. Impossible de rester insensible à ses efforts pour en sortir, à ses espoirs d’une vie à deux avec la jolie fille du porteur d’eau. A ses envies d’ailleurs.

Impossible, de même, de ne pas s’enthousiasmer pour la beauté de l’écriture, pour cette langue poétique et riche, qui habille chaque page avec grâce. Lire Myriam Chirousse est une récompense pour les amoureux de littérature. Vraiment.

Un roman dont le retournement final est aussi vertigineux que judicieux, qui se lit d’une traite! Et ne s’oublie pas.

Informations pratiques

L’homme au perroquet vert, Myriam Chirousse- mars 2024 -éditions Buchet Chastel- 19€ – 201 p.

Le rouge et le blanc, Harold Cobert

Le rouge et le blanc Harold Cobert

Voyagez dans le temps aux côtés de deux frères russes, unis par l’amour d’une femme, mais séparés par leurs opinions politiques. Une fresque historique magistrale, qui s’étend sur près d’un siècle, que vous lirez voir le temps passer.

Frères de sang, mais ennemis politiques

Alexeï et Ivan sont les fils, d’un richissime industriel russe et d’une mère aristocrate. Un milieu très aisé, dont les deux garçons ont une vision opposée. Pour Ivan, cette répartition du monde entre dominants est dominés, exploiteurs et exploités est une injustice qu’il convient de combattre par l’avènement d’une société sans classes. Il exècre Les privilèges liés à la naissance, voit son milieu comme une prison dorée dont il n’aspire qu’à s’échapper et se sent plus proche du peuple russe que des hautes sphères de la société. Une vision qu’Alexeï, capitaliste, libéral, ne partage pas du tout. Pas plus que ses parents. 

Kolya et Natalia, les enfants de leur nourrice, ont grandi à leurs côtés dans une égalité quasi fraternelle. Un quatuor inséparable. Jusqu’à ce que l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand ne sonne le glas de la paix. La guerre éclate. Dès lors, chacun rejoint le camp de ses convictions. 

Il n’y a plus de lien du sang qui compte…

Une fresque historique magistrale

Avec Le rouge et le blanc, publié par les éditions Les escales, Harold Cobert, réalise un véritable tour de force : inscrire l’histoire de deux frères russes aux idéologies diamétralement opposées, dans l’Histoire du XXe siècle, de l’avènement de la guerre 14/18 à la chute du mur de Berlin. Et ceci, dans un ballet superbement orchestré entre leurs histoires et l’Histoire.

Difficile de parler d’une telle œuvre. Difficile de résumer en quelques lignes, l’intensité, la densité, le foisonnement, l’intelligence et la profondeur de ce roman. 

Dans une construction particulièrement habile, avec une grande fluidité du style et des chapitres courts qui impulsent un rythme soutenu, l’auteur nous raconte le destin tragique de ces deux frères.  L’un libéral et défenseur d’une démocratisation de la Russie. L’autre proche des pensées anarchistes et farouche marxiste. Deux êtres avec des convictions fortes, bien déterminés à défendre la cause qu’ils considèrent juste, y compris si cela doit les amener à combattre l’un contre l’autre. A se voir comme des ennemis et non plus comme des frères.

Avec beaucoup d’habilité, Harold Cobert confronte les convictions des protagonistes à l’épreuve des faits historiques, fracasse leurs idéaux sur l’autel des désillusions, montre comment leur destin est façonné par l’Histoire. Un roman richement nourri de faits historiques, qui viennent éclairer le parcours des protagonistes, leurs choix, leurs engagements, sans jamais appesantir le récit. Mais également, un roman qui apporte un éclairage passionnant aux tensions, conflits et enjeux actuels à travers le monde.

Un roman de passion aussi. Passion pour une cause à défendre, passion pour une femme, ce roman d’êtres passionnés vous passionnera à son tour !

Informations pratiques

Le rouge et le blanc, Harold Cobert – éditions Les Escales, mars 2024 – 520 pages – 22€

L’influenceur, de Patrick Bauwen : les faux-semblants et dangers des réseaux sociaux

l'influenceur Patrick Bauwen

Imaginez que l’on vous propose de devenir du jour au lendemain une star des réseaux sociaux, avec les revenus afférents ? Accepteriez-vous ? Car pour toute exposition médiatique, il y a un prix à payer. Et il peut s’avérer prohibitif… Un thriller passionnant, redoutablement addictif, avec un twist final magistral.

Réseaux sociaux versus réalité

Lisa Leroy est une assistante médicale, au service d’une célèbre chirurgienne esthétique. Un travail alimentaire dans une ambiance exécrable. Heureusement, pour s’évader de ce quotidien professionnel et personnel compliqué, Lisa sait pouvoir compter sur les livres. En lectrice assidue, elle partage sa passion sur son compte Instagram. Un compte sans prétention avec à peine 260 abonnés, sur lequel elle fait régulièrement des parallèles entre ses lectures et les échos qu’elles trouvent dans les joies et galères qui émaillent son existence.

Quand un jour une pseudo cliente du cabinet lui propose de booster son compte du jour au lendemain, de transformer son image au point que tout le monde veuille travailler avec elle, Lisa est dubitative. « Transformer », « améliorer » c’est mentir, travestir, alors que Lisa prône l’authenticité et se moque de la célébrité. N’y-a-t-il pas erreur de casting ? Mais son interlocutrice, Hazel Caine, insiste. Ce qu’elle omet de lui préciser, ce sont les méthodes employées, les contraintes et les risques associés à cette soudaine célérité…

Un thriller magistralement mené

Avec L’influenceur, publié par les éditions Albin Michel, Patrick Bauwen  nous propose une immersion aussi glaçante que fascinante dans les coulisses du marketing d’influence. Plus besoin d’être un chanteur, un sportif ou un acteur renommé pour avoir son heure de gloire. Ces dernières années, les réseaux sociaux sont devenus la scène de monsieur et madame Toutlemonde. A condition de savoir y faire et de ne pas être trop à cheval avec la morale et l’authenticité.

« La célébrité n’est pas le fruit du hasard, on peut la fabriquer. Comme n’importe quel produit. »

Lisa poste ponctuellement des billets d’humeur sur Instagram, partage ses lectures, sans être omniprésente ni aspirer à avoir des milliers de followers à scruter chaque évènement de sa vie, que ledit évènement soit réel ou fictif. Aussi, quand Hazel Caine fait exploser son nombre de followers en l’espace d’une nuit, la vie de Lisa bascule. Car désormais, chacun de ses faits et geste est épié, décortiqué, commenté. Il faut sans cesse alimenter la curiosité des followers, quitte à inventer des drames pour les contenter, comme on jetterait un bout de viande à un lion affamé. L’important n’est pas la réalité, la vérité, mais le buzz, l’omniprésence.

Etre suivi par des milliers de personnes, c’est aussi s’exposer statistiquement à ce que dans ces followers, il y ait des haters. Jusqu’où ces personnes, planquées derrière leurs écrans, sont-elles prêtes à aller pour nuire aux influenceurs dont elles jugent le succès usurpé ? Certains de ces haters s’arrogent même le droit de s’autoproclamer justiciers du web et de faire de la vie des influenceurs un cauchemar. Voire s’arrogent le droit de vie ou de mort sur eux. Rançon de l’exposition médiatique, du succès ? Lisa, comme beaucoup d’autres, déchante. Sa vie est en danger. Mais difficile de savoir d’où vient la menace.

Avec beaucoup de finesse, Patrick Bauwen analyse les dérives du marketing d’influence, les réelles intentions des agents chargés de gérer la carrière des nouvelles vaches à lait que sont les influenceurs. Après la télé réalité, qui au début des années 2000, a jeté en pâture au public des inconnus un brin candides, inconnus qui le sont redevenus aussi vite l’émission terminée, les réseaux sociaux ont pris le relais. Quels sont les risques inhérents à la célébrité, à la naïveté de personnes propulsées du jour au lendemain sur le devant de la scène médiatique ? Jusqu’où aller pour conserver ses followers et sa notoriété ? Quelle place garde l’authenticité dans une telle existence d’illusions, de superficialité et d’arrangements avec la réalité ?

Sans diaboliser les réseaux sociaux, Patrick Bauwen dresse un constat juste et saisissant sur leurs potentielles dérives. En très fin observateur de la société, il tient ses lecteurs en haleine de la première à la dernière ligne, vous transforme en un follower assidu, avide de connaitre la suite de l’intrigue, guettant chaque nouvel indice, chaque rebondissement dans la vie des protagonistes. Jusqu’à la chute, magistrale.

Un thriller haletant, terriblement addictif !

Informations pratiques

L’influenceur, Patrick Bauwen – éditions Albin Michel, février 2024 – 336 pages – 21,90€

La promesse, Marie de Lattre

Découvrez les multiples secrets qui ont jalonné la vie de l’auteure, la fameuse promesse que ses grands-parents se sont faite à Drancy. Et cette nécessité impérieuse de dire, d’écrire, pour que la vérité surgisse au grand jour.

Secrets de famille

L’année de ses 13 ans, alors qu’elle déjeune en tête à tête avec son père, ce dernier lui a fait des révélations incroyables. Ses grands-parents paternels actuels sont en réalité un couple qui a adopté son père, et non ses grands-parents de sang. Ces derniers ont en effet été déportés et assassinés à Auschwitz, parce qu’ils étaient juifs.

Des révélations ponctuées par une injonction à n’en parler à personne. Une confession frappée du sceau de l’interdit, à laquelle, sur le moment, Marie de Lattre n’a pas réagi, comme anesthésiée, en état de sidération.

Or ce n’est pas le seul secret de cette famille. La judéité et la déportation ne sont que l’arbre qui cache la forêt. A l’âge adulte, Marie de Lattre sent que pour avancer elle n’a plus le choix. Pour elle, pour ses filles, elle doit découvrir la vérité, déterrer les secrets, même si cela l’oblige à rompre la promesse faite à son père.

Un récit bouleversant

Dans La promesse, publié par les éditions Pocket dans la collection Révélation, Marie de Lattre construit son récit à la façon d’un puzzle, celui de son histoire inscrite dans la grande, celle de son père et de ses quatre grands-parents paternels. Un puzzle qu’elle tente de reconstituer, pièce par pièce, au gré de ses découvertes, mue par l’impérieuse nécessité de ne plus étouffer sous le poids des secrets. Des secrets qui la rongent, la lestent, la hantent même la nuit, sans qu’elle ne parvienne vraiment à en identifier les contours, la teneur. Alors, pour elle, mais aussi pour ses filles, elle s’est lancée dans une éprouvante mais nécessaire entreprise : comprendre pourquoi elle a quatre grands-parents paternels, leur histoire, la relation qu’ils entretenaient officiellement et officieusement les uns avec les autres, le pourquoi de leur silence sur leur passé.

Si la construction, un peu confuse, avec un fil narratif parfois difficile à percevoir, peut dérouter le lecteur, celui-ci ne peut qu’être bouleversé par les découvertes de Marie de Lattre sur ses origines, les souffrances endurées par sa famille, les secrets qui les ont garrottés.

Un récit nécessaire pour permettre au passé d’être dépassé.

Informations pratiques

La promesse, Marie de Lattre – éditions Pocket, février 2024 – 220 pages- 7,70€

Faire la paix avec son enfant intérieur grâce au Shadow light journal de Marie Gardeisen

marie cardeisen shadow light journal

Et si vous vous reconnectiez à votre enfant intérieur et faisiez la paix avec lui ? C’est ce que vous propose Marie Gardeisen, avec ces exercices pratiques pour vous libérer et cheminer vers votre propre vérité.

Guérir son enfant intérieur

Avec près de 110 000 abonnés sur son compte Instagram Guérir_son_enfant_interieur, Marie Gardeisen partage son cheminement personnel, ses questionnements, ses prises de conscience, ses doutes, pour accéder à sa propre vérité. A ses zones d’ombre comme à ses zones de lumière. Autrement dit, à une meilleure connaissance d’elle-même. Et elle offre ici de partager ses enseignements.

Par part d’ombre, elle entend les blessures (rejet, abandon, trahison, humiliation, injustice), les émotions négatives (colère, tristesse…) qui sont un frein à l’évolution personnelle, là où la lumière désigne les actions guidées par l’amour et la bienveillance. L’idée est ici de partager sa propre expérience, d’offrir à chacun des outils, la possibilité de cheminer à son tour vers une meilleure connaissance de lu-même et vers l’acceptation. Et donc vers une forme d’épanouissement véritable.

Un ouvrage avec des exercices pratiques pour se libérer

Avec Mon shadow light journal, publié par les éditions Flammarion, Marie Cardeisen part du constat suivant : les blessures d’enfance ont façonné notre enfant intérieur, lequel tremble toujours, quand nous sommes parvenus à l’âge adulte, à l’idée que ces blessures se ravivent. Cet enfant intérieur va donc nous conduire à adopter des comportement de protection, de retrait, de fuite, d’agressivité, autrement dit à avoir des réactions parfois disproportionnés par rapport à la situation actuelle. Et ce faisant, il nous détourne de la voie de l’épanouissement et de la sérénité intérieure. Il est donc urgent d’apaiser cet enfant intérieur et pour cela, d’aller à sa rencontre.

Cet ouvrage se présente sous la forme d’exercices pratiques. Des questions vous invitent à vous poser, à réfléchir et à répondre par écrit dans les paragraphes dédiés, afin d’accéder à une meilleure prise de conscience de vos zones d’ombre. N’être conscient que de votre lumière vous ampute en effet d’une connaissance de 50% de votre être. Mieux vous vous connaitrez, plus vous agirez en conscience et moins vous serez la marionnette de votre passé.

Un ouvrage de développement personnel, qui vous guide, vous accompagne, tout en vous invitant à prendre une part très active dans votre libération. Une démarche très intéressante à adopter à votre rythme !

Informations pratiques

Mon shadow light journal, par la créatrice du compte Instagram guérir_son_enfant_interieur, Marie Gardeisen-éditions Flammarion, janvier 2024 – 13,50€