Les amoureuses, de Clémentine Célarié : Amoureuses de l’Amour

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Les amoureuses, de Clémentine Célarié

Éditions du Cherche Midi, juin 2012

 

Amoureuses de l’Amour.

 

     « J’aime l’amour. Je l’aime sous toutes ses formes.  (…) C’est une nourriture, une drogue, une passion. » D’emblée, dès les premières lignes de ce recueil de nouvelles, le ton est donné. Nos héroïnes seront à l’image de l’auteur : des femmes passionnées, d’une grande noblesse de coeur et d’âme, prêtes à assumer leurs choix, à vivre leur amour pleinement, aussi improbable, difficile et inattendu soit-il.

 

     A travers quinze textes, Clémentine Célarié nous porte et nous transporte dans les tourbillons amoureux de ces femmes courageuses, actrices de leur destin, confrontées à des amours aussi exaltants que complexes. Pimprenelle est une éternelle amoureuse, polygame et bien décidée à marquer un break amoureux quand surgit ‘Action Man’, lequel lui fait chavirer le coeur. Anita est à la tête d’une tribu d’enfants tous issus des différentes unions de ses ex avec d’autres femmes et se réjouit de ces liens merveilleux tissés avec chacun. Li-Hou, bouleversante danseuse est amoureuse d’un pianiste et l’aimera par delà la mort, dans ce conte philosophique bouleversant à la Saint-Exupéry. Rowina, femme africaine d’une force vitale inouïe, d’une générosité débordante, entreprend, quant à elle, de rendre le sourire aux femmes qu’elle côtoie et que l’amour malmène, dût-elle s’oublier pour ce faire. Et Billie, amoureuse d’un homosexuel? Et Anna, aimantée par son voisin tout en demeurant éprise de son mari? Et Viata, que la mort a amputée de celui qu’elle aimait? Et la maitresse avec ses amants? Et l’officielle que la maitresse rêve de devenir un jour? Et cette autre femme, éperdument amoureuse d’un homme tellement plus jeune qu’elle? Des relations toutes différentes les unes des autres, qui dressent un tableau riche de l’amour, dans toutes ses nuances, dans toutes ses acceptions.

     Un tableau à dominante rouge, couleur de la passion.

     Clémentine Célarié nous offre ici non seulement une ode à l’amour, mais un hymne à la vie et à la tolérance. Aimons -nous vivants!

 

P. 286 : au sujet de l’amour : « Si tu étais sucre tout le monde serait gros si tu étais alcool tout le monde serait ivrogne si tu étais vent on vivrait en bateau si tu étais pluie on serait tes ruisseaux je te fais avec celui dans lequel je te vois je te trouve selon lui selon toi je te sens dans les yeux de ceux qui te portent »

Koryfête l’été avec…Marco Koskas !

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  Marco Koskas, dans quels livres allez-vous vous plonger cet été?

     Pour cet été, j’ai des projets de lectures liés à mon installation à Tel Aviv. Je vais donc lire tous les écrivains israéliens traduits en français, même ceux que j’ai déjà lus, comme David Grossman ou Amos Oz.

 
     Première de la liste: Alona Timhi et son hilarant  » Lily la Tigresse ». Je n’en ai lu que 78 pages, et j’ai déjà piqué deux fous rires, ce qui est un peu en deça du ratio de fous-rires que m’ont procuré  » La Conjuration des Imbéciles  » et « Mort à Crédit », mais c’est quand même pas mal. « Lilly la Tigresse », c’est l’histoire d’une grosse fille qui n’a qu’une seule copine, laquelle est mariée à un sale type très jaloux et violent. Enfin, c’est l’impression que donne le livre là où j’en suis, et c’est une expérience enrichissante en soi que de parler d’un livre dont on n’a lu que les 20 premiers pour cent. On peut faire totalement fausse route, donc c’est déjà bien. Mais, étant le genre de lecteur à abandonner un bouquin au bout de cinq pages si je ne suis pas embarqué, on peut aussi en déduire que je suis embarqué. Embeded, dit-on en américain, pour ces reporters qu’on embarque avec soi sur le champ de bataille. Bref je suis embeded sur Lily La Tigresse ( Folio ). Ces vingt premiers pour cent montrent qu’Alona Timhi est sûrement très folle et très marrante. Ses personnages sont bien allumés et son lexique en sels de bains est assez riche. Je dis ça parce qu’au cours de ces 78 premières pages, en effet, Lilly se prépare à aller avec sa copine au cirque. Donc elle fait couler un bain et se pomponne pendant que sa copine prend une rouste à la maison. Finalement Lilly va seule au cirque, mais à force d’attendre sa copine, elle rate la première moitié du spectacle. J’en suis là.

 
     Ensuite je lirai un truc plus grave d’Emmanuel Pinto, qui vient de paraître chez Actes Sud. Ca s’appelle  » Acouphène », et d’après ce que j’ai compris, c’est un livre qui parle de la guerre au Liban en 1982, et de Jean Genet, écrivain anti-juif idolâtré par Sartre et la gauche française. Enfin j’ai pas encore lu mais Emmanuel Pinto étant devenu un copain, il faut que je lise ça. J’espère pouvoir aussi lire le nouveau livre de Delphine Bertholon, puisque l’année dernière à la même époque je lisais son précédent roman. Mais je me demande si les romans de Delphine peuvent être considérés comme israéliens. Il faudra que je me renseigne…. 
 

                                                                                             Marco Koskas


Dis-moi pourquoi, de Claude Halmos : L’enfant en danger.

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Dis-moi pourquoi, de Claude Halmos.

Sous-titre : Parler à hauteur d’enfant

Éditions Fayard, février 2012

       Dans  Dis-moi pourquoi? Parler à hauteur d’enfant , Claude Halmos tire la sonnette d’alarme. A une époque où l’on pourrait naturellement penser que l’enfant est bien considéré dans notre société, la psychanalyste s’inquiète. L’enfant est en danger. Constat paradoxal? A priori seulement. Car si de considérables progrès ont été effectués au fil de l’histoire, et tout particulièrement dans les années 70/80 sous l’impulsion, en France notamment, de Françoise Dolto, on verse aujourd’hui dans l’excès. Sous prétexte qu’il faille dialoguer, écouter, informer l’enfant, on lui dit tout et n’importe quoi, n’importe comment. Un glissement sémantique opère, entretenant la confusion entre considérer l’enfant comme une personne à part entière et le considérer comme un adulte. Or l’enfant est un être en construction et non un adulte en miniature.

     Toute la difficulté de parler aux enfants réside alors dans l’équilibre à trouver en leur montrant bien qu’on les prend pour des interlocuteurs valables, sans leur permettre de se prendre ni les prendre pour des grandes personnes. Autrement dit, on progresse sur un fil ténu, avec le risque de basculer tantôt du côté où on considère l’enfant comme un adulte, tantôt en le bêtifiant car on abaisse le niveau du discours. Il s’agit par conséquent de leur parler ni « trop bas », ni « trop haut », de trouver la bonne hauteur d’enfant.

 

     Faut-il tout dire aux enfants? Faut-il répondre à toutes leurs questions? Quels écueils éviter? Quelle est la bonne hauteur à laquelle se placer? Après un rappel historique sur la place de l’enfant dans la société, Claude Halmos, avec un langage clair, imagé, accessible, accompagne les adultes que nous sommes face à ces multiples interrogations.

     Un guide précieux.

     Claude Halmos viendra parler de cet ouvrage au salon du livre de l’île de Ré, les 4/5 août 2012. Toutes les informations sur ce salon ici : http://www.ile-aux-livres.fr/nav.asp?go=presentation

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 18€

Nombre de pages : 202

ISBN : 978 2213 668314

Le blog « Les chroniques de Koryfée » à l’honneur dans le magazine The Pariser!

Ce samedi 14 juillet, le magazine The Pariser, dans son article « Jamais sans mon blog », a rendu hommage aux blogs littéraires, sous la plume de Gilles Paris. Et de découvrir avec une ineffable joie que Koryfée y figure!

Un grand merci à l’équipe du journal et tout particulièrement à Gilles Paris!

 

Retrouvez ledit article ci-dessous :

 

Jamais sans mon blog

 

     En janvier dernier est parue sur le blog de Livres Hebdo (la revue de référence des professionnels de l’édition) une enquête pour le moins déroutante. Un panel de mille cinq cent personnes interviewées sur le type de média qui les influence à lire un livre. 47,6% ont choisi les sites ou blogs culturels sur Internet. Pour info la télévision nationale stagnait à 4,2%, la radio nationale à 13,5%, les cahiers livres des quotidiens nationaux à 4,4% et les réseaux sociaux à 3%. Bien entendu on peut se demander quels âges représentaient ce panel et tout sondage, il me semble, n’est pas à prendre au pied de la lettre… Mais assez pour réfléchir à l’évolution des lecteurs, et comment Internet en à peine dix ans bouscule nos petites habitudes d’édition. Quelles maisons d’édition aujourd’hui prêtent attention aux très nombreux sites et blogs littéraires ?

 

     Dirigeant une agence de communication, j’en compte à peu près 400 avec lesquels je travaille plus ou moins régulièrement. Ils sont tenus pour la plupart par des amoureux du livre qui, au tout début, refusaient de recevoir un service de presse pour être libres d’acheter le livre qu’ils avaient envie de critiquer. Certes, ils ne sont pas journalistes, pour la plupart. Et ceux-ci les regardent souvent de haut, sauf quand ils deviennent auteurs à leur tour. J’ai été très surpris au fil du temps par la qualité de leurs chroniques. Et je suis convaincu que la passion insuffle l’envie de lire. Après tout, les blogueurs sont des gens comme vous et moi et leur faire confiance est aisé. Ils ne dépendent pas d’une rédaction et seuls leurs goûts et leurs envies les guident à vous faire partager leur lecture. Je connais quand même quelques journalistes critiques libres de leur choix également. Ne stigmatisons pas la valeur des uns ou des autres. Mais cette enquête de Livres Hebdo incite à la réflexion.

 

     A la frontière des deux mondes, actualitte.com « offre chaque jour toutes les informations sur l’édition et ses acteurs », des critiques, des dépêches, des enquêtes, des informations de première main. agents-litteraires.com s’attache à défendre les petits éditeurs indépendants et leur permettent de trouver de nouveaux lecteurs. Les critiques de unwalkers.com se déroulent dans une joyeuse anarchie. On aime, on déteste avec la volonté de tout lire, sans concession. D’autres, plus littéraires dans leurs choix, tiennent une belle ligne de conduite éditoriale comme sophielit , lesjardinsdhelene.org, lacauselitteraire.fr, ou fibromaman.blogspot.fr -avec chapeau bas pour la qualité d’écriture des chroniques de ces quatre sites. Littérature et polar se marient bien sur encresvagabondes.com, les rentrées littéraires sont étudiées à la loupe par les quatre cent blogueurs de chroniquesdelarentreelitteraire.com. La critique est parfois tranchante sur critica.fr qui a choisi de noter les livres, tandis que blue-moon.fr et onirik.net s’attachent à rédiger des critiques sur tous les genres! Amoureuses des livres, Charlotte et Karine, ont créé chacune leur blog, insatiablecharlotte.wordpress.com et koryfee.over-blog.com et choisissent avec soin les romans qu’elles souhaitent partager. Kevin et Yves, leur pendant masculin avec actulitteraire.fr et lyvres.over-blog.com sélectionnent d’eux-mêmes les livres qu’ils aiment mettre en avant. De jeunes blogueurs apparaissent depuis peu sur la toile internet. Leur site témoigne de leur passion. Des concours, de nouvelles pages Facebook créées régulièrement, des webzines, près de 80 livres lus par an, ces adolescents me fascinent. Ils ont pour la plupart envie de devenir écrivain. Pari tenu. Regarder attentivement leur site, c’est un régal ! bouquinsenfolie.blogspot.com (Nathan), lavoixdulivre.blogspot.com (Tom), lecinemadeslivres.blogspot.fr (Théo).

 

     Autrefois les critiques de la presse papier florissaient sur les portails Internet (Amazon, Babelio, Libfly), aujourd’hui rares sont celles retenues. Les blogs sont plus présents que jamais sur ces portails. Deux sites se partagent l’amour des livres en vidéo. Le plus exposé web-tv-culture.com propose une émission littéraire de 14 minutes sur un auteur découpée en trois parties. L’auteur, le livre et le regard d’un libraire. A quand ce concept parfait sur une chaine de télévision nationale ? Le plus prometteur lafringalelitteraire.com propose un concours sur chaque auteur interviewé avec soin. Deux vitrines sans faille de la production littéraire sur Internet. Et qu’importe les métiers des blogueurs, j’en connais une veilleuse de nuit dans un hôtel, une autre nourrice, un autre assureur, c’est bien l’envie de partager qui les réunit tous pour notre plus grand plaisir et, visiblement, celui des lecteurs qui leur font davantage confiance. En tout cas à méditer et à inclure dans vos plans de promotion messieurs les éditeurs !

 

Par Gilles Paris

 

Source : Article paru le 14 juillet 2012 dans la magazine The Pariser, dont vous pouvez retrouver le site internet en suivant ce lien : http://www.thepariser.fr/

Bon rétablissement, de Marie-Sabine Roger : un gros coup de coeur !

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Bon rétablissement, de Marie-Sabine Roger

Editions La brune-Le Rouergue, mars 2012

 

      Quand Jean-Pierre reprend conscience, il est en salle de réanimation. Diagnostic : polytraumatisé, « ce qui ne manque pas de panache ». A défaut d’avoir réussi dans sa vocation de méchant, il se sera au moins illustré par une sortie originale : un plongeon dans les eaux glacées de la Seine, percuté par un véhicule.

      Dès les toutes premières lignes, le ton est donné : le roman sera un cocktail d’humour, de rires, de tendresse, d’amour, de sensibilité, le tout mélangé dans un shaker de talent.

      De fait, on sirote ce roman avec délectation. Notre veuf, sans enfants, vieil ours ronchon et égoïste, voit sa vie métamorphosée par cette immobilisation forcée. L’occasion pour lui de revenir sur son passé, sur les êtres qui ont marqué son existence, mais l’opportunité aussi de rencontrer de nouvelles têtes. Du chirurgien à l’infirmière, en passant par une jeune mère de 14 ans, un étudiant prostitué, un policier orphelin, un copain adepte de kouign amann, les aides soignants, chacun entre dans sa vie et y laisse son empreinte. Des empreintes profondes, viscéralement humaines, qui peu à peu vont révéler un autre homme. Le Jean-Pierre acariâtre, méchant raté, fait place à un gentil réussi. Un être furieusement attachant. Un homme qui « met un mouchoir sur ses à priori et pose un garrot serré sur le flot de ses certitudes. » Un patient que l’on est impatient d’aimer.

      Marie-Sabine Roger nous offre ici un magnifique hymne à la vie. Avec une verve jubilatoire, des formules inédites aussi détonantes qu’étonnantes, l’auteur nous amène à revisiter nos certitudes, nos priorités, nos attentes. Un voyage enivrant au coeur de l’humain.

      Je pourrais vous parler encore longuement de ce roman que j’ai littéralement dévoré, des éclats de rire dans la voix, des larmes dans les yeux aussi parfois. Mais ce serait vous retenir devant votre écran, alors que vous n’avez plus une seule minute à perdre : filez dans la librairie la plus proche et offrez-vous ce petit bijou!!!

 

P. 104 : Chez ceux qui sont bornés, la bêtise est sans bornes.

P.133 : Pépé n’était qu’un acariâtre, un vieux râleur. Je suis pareil que lui, un constipé du coeur.

 

      Ce roman vient de se voir décerner le Prix des lecteurs de l’Express. Il va être adapté à l’écran par Jean Becker.

Les séparées, de Kéthévane Davrichewy : Les illusions perdues

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Les séparées, de Kéthévane Davrichewy

Editions Sabine Wespieser, 2012

 

Les illusions perdues.

     Dix mai 1981. Sur l’écran de télévision , le visage victorieux de François Mittérand apparaît. Cécile, venue passer la soirée chez Alice, assiste à la liesse. Les deux jeunes filles, alors collégiennes, se sentent peu concernées par cette euphorie. Elles ont leur monde à elles, leur passion pour l’art, la musique, la littérature, leurs projets artistiques communs. Elles partagent tout, se comprennent au premier regard, unies par des liens que rien ni personne ne semble pouvoir rompre. Une amitié fusionnelle qui forme un cocon doux et protecteur. Plus que des amies, ce sont des « âmies-soeurs ».

 

     Dix mai 2011. A l’approche de la cinquantaine, les deux femmes traversent de difficiles épreuves. Alice vient de se faire quitter par son mari, juste après avoir perdu son emploi. Divorcée, Cécile est à l’hôpital, plongée dans le coma. Mais elles ne sont plus là l’une pour l’autre. La philosophale amitié qui les liait s’est délitée. Que s’est-il passé? Comment des liens d’une telle force, une amitié vieille de trente ans, peuvent-ils se défaire? Quand cela a t-il commencé? Par la faute de qui? Y a t-il seulement un ou une coupable?

     Dès lors, comment grandir sans l’autre? Comment se construire amputée de sa présence et de sa si forte affection?…

     Si les liens sont coupés, les pensées qu’elles nourrissent l’une envers l’autre, elles, sont toujours aussi prégnantes. Depuis son lit d’hôpital, Cécile tente de comprendre l’incompréhensible. Assise à la terrasse d’un café, Alice s’efforce de son côté de mettre des mots sur l’indicible. Tandis que chacune rembobine le fil de son existence, remonte aux sources de leur amitié, des joies et des peines qui l’ont émaillée, apparaissent des non-dits, des secrets et cachotteries, des malentendus, vécus différemment par chacune. Tout ces petits grains de sable qui, peu à peu, ont grippé les rouages de leur amitié amoureuse. Tout ce qui, au fil du temps, a rendu leurs illusions illusoires.

     Dans ce roman choral à deux voix, Kéthévane Davrichewy aborde avec beaucoup de finesse, de justesse et de sensibilité, le thème peu traité de la rupture amicale. Ou comment les sentiments que l’on croyait indéfectibles agonisent. Une rupture à laquelle on n’est guère préparé. Car si on espère que l’amour s’inscrira dans la durée, on imagine volontiers l’amitié inscrite dans l’éternité. La désillusion n’en est que plus douloureuse…

     Un roman bouleversant, rédigé de haute plume, dont on notera de surcroît l’admirable construction. A lire. Absolument.

Koryfête l’été avec… Harold Cobert! Envie de surfer au Pays basque?

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Cet été, j’emporterai avec moi deux romans de la prochaine rentrée littéraire :

Géographie de la bêtise (Seuil)

Le 2e et très attendu roman de Max Monnehay, auteur en 2006 du très remarqué et remarquable Corpus Christine. Max Monnehay confirme ici son talent singulier et passe avec aisance l’épreuve du 2e roman. J’aurais l’occasion d’en reparler cet automne. 

Les fidélités successives (Albin Michel)

Volumineux et ambitieux, ce nouveau roman de Nicolas d’Estienne d’Orves entremêle avec maestria les destinées individuelles et collectives, la petite histoire prise en étau dans la grande, jusqu’au vertige du « double je ». 

     J’emporterai également, non pas dans ma valise, mais dans mes souvenirs de lectures, les romans suivants dont je vous recommande vivement la lecture sur la plage, à la montagne ou à la campagne, histoire de ne pas bronzer idiot :

Autogenèse (Michalon)

Un thriller politique engagé, un roman monde, porté par une écriture ébouriffante.

J’ai déserté le pays de l’enfance (Plon)

Premier roman de Sigolène Visson, à l’écriture aussi acérée que poétique. Une découverte proche de l’envoûtement.

Les dents de ma mère (Plon)

2e roman d’Amandine Cornette de Saint-Cyr, ou comment aborder un sujet grave avec une légèreté et un humour conjurant le désespoir. Un roman qui a la pudeur de son intelligence et de sa profondeur.

Héloïse est chauve (Héloïse d’Ormesson)

Une Lolita moderne du point de vue de la jeune fille, un pari romanesque fou, une écriture virevoltante et étincelante, un chocolat suisse fourré à l’arsenic. Un régal.

Roman à l’eau de bleu (Héloïse d’Omesson)

Drôle, pertinent, intelligent. Isabelle Alonso imagine un monde où se sont les femmes qui mènent le monde et les hommes qui se battent pour obtenir une égalité des droits. Humour et profondeur pour un roman étonnamment « masculiste ».

La vie contrariée de Louise (Héloïse d’Ormesson)

Ce 2e roman de Corinne Royer est une réussite de suspense et de finesse où, c’est mon dada, les histoires individuelles se fracassent sur la digue de la grande histoire. 

Cyrano de Boudou (Héloïse d’Ormesson)

Un 2e roman, encore, fin, subtil, écrit avec la précision d’une partition, où Damien Luce revisite le mythe de Cyrano et le monde du théâtre avec les rires et larmes du clown. 

Manifeste vagabond (Plon)

D’une écriture lumineuse et implacable, Blanche de Richemont signe un appel à l’essentiel. Hypnotique. 

Le chapeau de Mitterrand (Flammarion)

Antoine Laurain réussit à tenir un pari romanesque impossible et à revisiter d’une manière aussi ludique que pertinente la société française du premier septennat de François Mitterrand. Chapeau bas !

                                                                        Harold Cobert

     Quant à vous, si vous souhaitez passer l’été au Pays basque et surfer sur des déferlantes d’émotion, glissez dans vos bagages le bouleversant roman de Harold Cobert, Dieu surfe au Pays basque.

Le Karinotron avec… Cypora Petitjean-Cerf! La belle année de Cypora.

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Cypora Petitjean-Cerf est née en 1974 et est professeur de lettres. Elle a publié en 2005 L’école de la dernière chance, un an en classe-relais ( Prix Louis Cros) et est l’auteur de quatre romans, Le musée de la Sirène (2005 – Prix Montalembert), Le corps de Liane (2007),Le Film (2009) et La belle année (2012), tous parus chez Stock.

     Une écriture ciselée, des personnages denses et attachants, un humour qui fait mouche, une sensibilité à fleur de plume, les écrits de Cypora Petitjean-Cerf sont des régals de lecture!

    Retrouvez la critique enthousiaste consacrée à ce si beau roman, La belle année, en cliquant sur ce lien : La belle année, de Cypora Petitjean-Cerf : Magnifique !

 

     Et à présent, voici Cypora « karinotronée »! Un GRAND merci à elle, qui s’est prêtée à cet exercice de style avec une extrême gentilesse :

1-Votre livre de chevet
Mon livre de chevet est « Un amour » de Dino Buzzati, l’histoire d’un architecte de cinquante ans désespérément amoureux d’une petite call-girl.

2- Vos lectures
Je dévore tous les romans de Nancy Huston, d’Emmanuèle Bernheim, d’Haruki Murakami.

3-Votre façon d’écrire.
Je suis une bosseuse, une acharnée. Je ponds tout le roman d’une traite, puis je le lis encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste pas un seul mot inutile. Ca prend du temps, mais il faut être exigeant et même impitoyable avec sa propre écriture.

4-Votre rapport aux lecteurs.
J’aime les rencontrer. Certains sont devenus des amis.

5- Votre prochain livre.
J’opère un retour à la veine fantastique de mon premier roman « Le musée de la sirène » et la réflexion sur l’enfance et l’adolescence est toujours là.

Koryfête l’été avec… Delphine Bertholon : « Je suis une excessive »

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Alors Delphine Bertholon, quels livres allez-vous emporter avec vous cet été?

Je suis une excessive : j’écris, j’écris, j’écris – et ne lis pas.

Je cesse d’écrire – et je lis, je lis, je lis !

Je suis donc, cet été, dans mon rôle de lectrice, pour rattraper, comme on dit à l’école, tout ce que j’ai loupé.

Tout – impossible !

Une partie, alors… (et la frustration inhérente)

Des terrasses parisiennes à la plage de Bandol, l’été 2012, ce sera :

1Q84, tome 3, de Haruki Murakami.

Je suis fan de l’auteur, bien avant qu’il ne soit star en France ; je viens de terminer le tome 2, je veux la suite ! (Mais mon préféré reste Chroniques de l’oiseau à ressort)

Claustria, de Régis Jauffret

Mon chouchou français. Et puis je suis curieuse de voir la manière (noire, j’imagine) dont il a traité un fait divers de « séquestration » – moi qui me suis collée à l’exercice de façon plus solaire avec Twist, en revisitant l’affaire Kampusch.

Avenue des géants, de Marc Dugain

Parce que j’adore les histoires de tueurs en série ; et que j’en écrirai sans doute une un jour (en espérant que mon éditrice ne lise pas ces mots, ça va l’affoler… ;-))

Autobiographie d’une courgette, de Gilles Paris

Nouveau copain de « salon du livre », rencontré à Vannes. Le titre à lui seul me fait hurler de rire – et Gilles fait d’incroyables photos bizarroïdes avec son I-pad, ce qui ne gâche rien !

Eux sur la photo, de Hélène Gestern

Plusieurs libraires, qui me connaissent et aiment mon travail, supputent que je vais adorer. Et moi, j’ai foi dans les libraires !

Les vivants et les ombres, de Diane Meur

Nous devons intervenir ensemble aux rencontres de Tréguier en septembre, sur le thème des secrets de famille. Des chances que ça me plaise…

Sans elle, d’Alma Brami

Parce que j’ai rencontré cette charmante jeune femme il y a plusieurs années, au salon de Besançon, ; elle m’a plue, et plusieurs bloggeuses m’ont vanté les mérites de son écriture. Je m’y mets !

Et puis Paulette… de Barbara Constantine

J’avais lu (et aimé) A Mélie Sans Mélo ; son « best seller » m’interpelle – l’auteur étant de surcroît adorable, je suis ravie pour elle.

Asile, de Patrick McGrath

L’un de mes meilleurs amis, Jocelyn Dupont, a traduit Trauma, le dernier roman de McGrath publié chez Actes Sud. Grâce à lui, j’ai rencontré Patrick – on a bu plein de bières à St Germain des prés et, le temps d’une soirée, j’ai eu l’illusion d’être bilingue 😉

Parce que j’étais déjà fan de son Spider : puis de l’adaptation (par Cronenberg) – ce qui est assez rare pour être souligné.

                                                                               Delphine Bertholon

     Un IMMENSE merci à la chaleureuse et talentueuse Delphine Bertholon, pour cette participation à la Koryfête de l’été! Et je ne peux que vivement vous conseiller son dernier roman, Grâce, paru chez Jean-claude Lattès,

Koryfête l’été avec… Thierry Cohen! Si tu existes ailleurs, qu’y lis-tu?

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Alors Thierry Cohen, dites-nous tout : qu’allez-vous lire cet été?

     Pour cet été j’ai eu envie de me replonger dans les romans qui ont éclairé mon parcours de lecteur. Je vais relire ces « romans lumière » à la recherche des émotions qu’ils avaient suscitées lors de leur découverte. Et avec la crainte de ne pas les retrouver également car, parfois, un beau moment de lecture dépasse la rencontre entre un roman et une personne et puise sa force dans le contexte émotionnel.
      Je relis actuellement « Sur la route de Kerouac » et, pour l’instant, le plaisir est le même. J’ai hésité à voir l’adaptation ciné, de peur d’échanger mes sentiments contre des images hollywoodiennes et, du coup, j’ai décidé de le relire.
      Je relirai également Romain Gary, la Promesse de l’aube et l’Angoisse du roi Salomon.
      Puis tous les Michael Cunnigham. Ensuite Jonathan Safran Foer et Nicole Krauss, le couple magique.

      Dans les romans sortis récemment, celui de Lauren Elkin, « Une année à Venise ». J’ai rencontré l’auteur, ai apprécié sa douceur, sa finesse d’esprit et, du coup, j’ai hâte de lire ce premier roman sur lequel j’ai entendu beaucoup de belles choses. Et il y a le nouveau roman de Max Monnehay que j’attends avec impatience « Géographie de la bêtise » (j’avais adoré son « Corpus Christine »). Un auteur dont le talent est aussi troublant que la beauté.

 
      Ensuite je me fierai aux recommandations de mes lecteurs : Grégoire Delacourt, la liste de mes envies et Barbara Constantine « Et puis Paulette ». Je lirai également le premier roman de Dora Breitman « Demain j’ai rendez-vous avec Bobo Dylan », paru aux éditions Nadeau, sur lequel j’ai entendu beaucoup de jolies choses.

      Bref tant de voyages en perspectives…

                                                                                 Thierry Cohen