Eloge de la cellulite et autres disgrâces, de Dominique Dyens (éditions Pocket)

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Eloge de la cellulite et autres disgrâces, Dominique Dyens
Editions Pocket 2008, Editions EHO 2006

Avec Eloge de la cellulite et autres disgrâces, Dominique Dyens se lâche complètement. Et …on ne la lâche plus !

Si l’auteure traite en effet d’un de ses thèmes de prédilection, à savoir l’éternel féminin, elle a l’art ici de nous surprendre tant par le style que par le fond, tous deux savoureusement irrévérencieux.

Dans un monde régi par le regard des autres, par ce qu’il est de bon ton de faire ou de ne pas faire, Dominique Dyens pose cette question jubilatoire : « Faut-il dégraisser les femmes comme les entreprises ? » Avec un inénarrable humour et une farouche lucidité, ces sept nouvelles nous plongent dans l’univers de la dictature des apparences, tant en ce qui concerne le physique que les valeurs morales. Botox, silicone, liposuccions, prothèses, viagra, sourires et dîners de circonstance, ont chassé les rides, peau d’orange, cellulite et autres stigmates du temps, de même que les tensions conjugales. La « perfection », selon les canons du moment, convergerait-elle vers un monde idéal ? Non.  Les héroïnes entendent bien renouer avec cette espèce en voie de disparition, l’anti-Barbie de la « Silicone Valley » : la femme non retouchée, non ripolinée, qui s’accepte telle qu’elle est et de par ce fait même, devient désirable dans le regard d’autrui. Une femme qui s’affirme, s’impose, se rebelle. Des Maisons Closes pour Femmes Respectables, aux petites gâteries consenties au patron du mari pour lui faire garder son emploi, en passant par la célébration de noces de verre où la transparence se fait soudain, l’auteure nous livre des expériences tragi-comiques où le féminisme est poussé dans ses retranchements.

Rires et effroi se mêlent. Car ces situations cocasses n’en manquent pas moins de profondeur et amènent à réfléchir sur l’estime de soi et des autres, sur les dérives d’une vie artificielle, tant pour soi que pour le couple : « Elle les avait amenés à reconsidérer les fondations même du bonheur en prouvant que l’on pouvait vivre avec ravissement dans un monde d’illusions et ce, tant qu’on n’était jamais propulsé de plein fouet dans la réalité. » Car c’est bien le réveil au réel qui peut fêler les âmes…

Un aperçu des dogmes de la mode mais aussi ceux de la vie à deux, que l’irremplaçable plume de Dominique Dyens relate si bien : du couple bancal qui joue devant les autres à « Monsieur et Madame Parfait » aux femmes en quête de l’idéal Barbie ripolinée, les apparences volent en éclat à l’image des rires déclenchés par la lecture.
           Un très agréable moment passé au coeur de ces pages.
Original, hilarant, sensible et percutant.

Bibliographie :
:
La femme éclaboussée, Editions Denoël 2000
C’est une maison bleue, Editions Denoël 2002
Maud à jamais, Editions Denoël 2003
Eloge de la cellulite et autres disgrâces, Editions Héloïse d’Ormesson 2006, Pocket 2008
Délit de fuite, Editions EHO 2009

Informations pratiques :

Prix éditeur : 6.20€
Nombre de pages : 179
ISBN : 9782266167581

Le prisonnier, de Anne Plantagenet (éditions Stock)

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Le prisonnier, Anne Plantagenet
Editions Stock 2009

Dans un petit village au coeur des montagnes, dans un pays et une époque volontairement non définis, c’est soudain l’agitation. L’évènement. Les jeunes ont en effet capturé « Papa », un homme dont l’auteur laisse  planer le doute sur le statut de criminel sanguinaire ou de héros. Un être hirsute, traqué depuis des mois, que ces derniers vont faire prisonnier dans une école, dans l’attente de l’arrivée des autorités.


Julia, l’institutrice, est sortie brusquement de son sommeil et sommée d’aller lui apporter à boire et à manger. Et un face-à-face de s’engager pendant de longues heures entre la jeune femme de 19 ans et le prisonnier. Et le lecteur au fil des pages de se rendre compte que n’est pas prisonnier celui que l’on croît…

 
Si la peur régit les premiers instants de ce huis-clos oppressant, où le langage est presque exclusivement celui du regard, peu à peu l’un et l’autre s’apprivoisent pourtant. L’homme cesse d’être cet animal sale et répugnant dans le regard de Julia, tandis que l’institutrice s’attire la compassion du captif. Tous deux se reconnaissent dans leurs blessures – physiques pour l’homme, psychologiques pour Julia- mais aussi dans la trahison dont ils ont été victimes.  Les yeux de « papa » face à elle se font miroir et lui révèlent sa propre déchéance. Depuis le départ d’Abel, son grand amour, elle s’est réfugiée dans l’alcool, s’inflige des coups, avec pour seul compagnon un piano sur lequel elle interprète en boucle la même sombre sonate de Beethoven. Elle se retrouve aujourd’hui aux frontières de la folie, à l’écart des hommes.
« Julia s’est liée toute seule, pieds et poings (…) accusant les autres, Abel, tous, du bannissement dont elle seule est responsable ». Cette prise de conscience va-t-elle opérer un déclic salutaire ?


Au terme de cette nuit de regards croisés, de brefs mots échangés, auront-ils la vie sauve? Qu’est ce qui les attend ? Renaissance ? Mort ? Rédemption ?


Une narration à l’ambiance terriblement anxiogène…


Bibliographie

Un coup de corne fut mon premier baiser, Editions Ramsay 1998
Seule au rendez-vous, Editions Robert Laffont 2005 (prix du récit biographique 2005)
Manolete, Editions Ramsay 2005 (Prix de la biographie de la ville d’Hossegor 2006)
Marilyn Monroe, Editions Folio biographies 2007
Pour les siècles des siècles, Editions Stock 2008

Informations pratiques :

Prix éditeur : 14,50€
Nombre de pages : 139
ISBN :  9782234062603