Nina WÄHÄ, jeune auteure suédoise, nous parle de son roman paru en septembre aux éditions Robert Laffont « Au nom des miens », roman figurant dans la première sélection du Prix Fémina étranger 2021. Un roman polyphonique enivrant, déroutant, porté par une voix au ton à la fois féroce et résolument drôle. Rencontre avec la romancière.
Avec Au nom des miens, vous bousculez le genre de la saga familiale
J’adore le théâtre, j’adore Brecht, les voix des conteurs et c’est pourquoi j’aime mélanger les genres.
Vous abordez avec brio les relations familiales, la façon dont chacun perçoit et interprète les évènements, autrement dit il n’y a pas LE souvenir d’un évènement mais des souvenirs de l’évènement
J’ai vécu dans une grande famille avec 6 sœurs de mariages différents. Le souvenir des évènements, même si chacun a vécu le même évènement, est en effet propre à chacun. Chacun l’a vécu à sa façon et le relate à sa façon, différente de celle des autres membres de la famille.
Quand est sorti votre livre en Suède ? Et quels furent les retours ?
Il est sorti en Suède en 2019. Il a très bien marché avec près de 200 000 exemplaires vendus, score qu’atteignent généralement uniquement les polars en Suède. C’est mon troisième roman et si les précédents avaient été salués par la critique, ils n’avaient pas eu beaucoup de succès auprès du public. Avec celui-là, ce fut différent. Et c’est aussi le premier à être traduit en 15 langues dont le français.
Ce roman a d’abord été un recueil de nouvelles ?
Oui, quand j’ai commencé à écrire mon troisième livre, j’avais accumulé pas mal de prises de notes mais cela faisait longtemps, près de dix ans, que je n’avais pas écrit. J’avais donc peur de m’y remettre. Et j’ai pensé que le format de la nouvelle me conviendrait mieux. Je n’imaginais pas écrire un roman aussi long.
Comment procédez-vous pour l’écriture : vous avez l’architecture du roman déjà en tête où vous découvrez au jour le jour où l’écriture vous mène ?
Non, j’ai plein de notes en effet, pas au point d’ouvrir un musée comme la romancière autrichienne Friederike Mayröcker avec les siennes, mais quand je commence un roman, je n’ai pas la structure en tête. J’aimerais l’avoir mais ce n’est pas le cas. J’espère à chaque fois que le résultat final sera correctement structuré. C’est l’univers du roman qui me porte, me guide.
Quels sont vos personnages préférés dans ce livre ?
J’ai une préférence pour les deux adolescents, car l’adolescence est un âge où à la fois tout est possible et rien n’est possible.
Avez-vous un autre roman en cours d’écriture ?
Oui, je termine actuellement mon quatrième roman. Il sortira en Suède au mois de mars.
AU NOM DES MIENS, PRÉSENTATION DU ROMAN
Un roman vibrant et emprunt d’humour noir, à l’écriture incisve.
» Voici l’histoire de la famille Toimi et de quelques événements qui influèrent de manière significative sur la vie de ses membres. Quand je dis la famille Toimi, je pense à la mère et au père, Siri et Pentti, et je pense à tous leurs enfants, ceux qui vivaient au moment des événements et ceux qui ne vivaient plus. « Toimi’ est un drôle de nom pour une famille. En suédois, le mot signifie « fonctionnel’. Ce serait un drôle de nom pour plus d’une famille. Mais surtout pour celle-ci. Nous passerons le plus clair de notre temps dans la cambrousse. En Tornédalie finlandaise, plus précisément. En réalité, il suffit de savoir cela. Et que les Toimi sont des paysans, que nous sommes au début des années 1980, que Noël approche et que la famille compte beaucoup d’enfants, un peu trop à mon goût. «