Citation du jour

La mort fait partie de la vie, et si nous pensions plus souvent que nous sommes mortels, nous aimerions davantage encore la vie parce que, justement, nous estimerions que la vie est fragile, brève, limitée dans le temps et qu’elle est d’autant plus précieuse.

André Comte-Sponville

Plage de Bretagne

©Karine Fléjo photographie

Jackie et Lee, Stéphanie des Horts

Jackie et Lee Stéphanie des Horts

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« Jamais assez riche, jamais assez mince », telle était la devise des sœurs Bouvier,  Jackie et Lee. Deux sœurs intelligentes et séduisantes, rivales mais inséparables,  dont Stéphanie des Horts nous retrace le parcours dans un livre très documenté.

Deux sœurs rivales

Si chacun d’entre nous connaît Jackie Kennedy Onassis, moins nombreux sont ceux qui connaissent sa sœur de quatre ans sa cadette, prénommé Lee. Une lacune que Stéphanie des Horts entend bien combler avec ce livre très documenté sur les deux américaines.

Intelligentes et redoutablement belles, les deux sœurs Bouvier ont retenu très tôt la leçon de leur   mère Janet : « Marry Money », un principe que Janet a fait sien en épousant en deuxième noces Hugh Auchinloss, milliardaire et homme d’affaires.

Or si Lee est d’une étourdissante beauté, incarne la féminité et le glamour, c’est inlassablement Jacky que l’on regarde. Jacky la charismatique, la comédienne, la manipulatrice prête à tout pour s’arroger la première place. Les moteurs des deux soeurs? La passion, l’ambition, l’orgueil et la jalousie.

En épousant John Fitzgerald Kennedy, Jacky atteint son but. Elle devient plus populaire que Liz Taylor, Grace Kelly et Maryline Monroe réunis. Tandis que dans l’ombre Lee doit se contenter d’être la spectatrice des succès foudroyants de son aînée.

Pourtant, la situation de Jackie Kennedy, dont dans les moindres faits et gestes sont épiés et commentés, dont le mari est connu pour mettre dans son lit un nombre considérable de maîtresses,  est-elle aussi enviable qu’il y paraît ? Non.. Mais la jalousie entre les sœurs est telle, que Lee ne  parvient pas à mesurer sa propre chance. Elle a en effet le bonheur d’avoir épousé un homme éperdument amoureux d’elle, prêt à passer outre tous ses écarts, tous ses caprices, la relation exclusive qu’elle entretient avec Jackie, pour la garder.  Mais Stas Radziwill, aristocrate anglais, parait trop fade à Lee. Il lui faut plus. Il lui faut mieux. Il lui faut au moins autant que sa sœur.

Lors de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy à Dallas, Jackie Kennedy est frappée de plein fouet. Mais si Lee pense que cet événement va lui permettre de rattraper la longueur d’avance que Jacky a sur elle, elle se trompe. Car Jacky rebondit toujours et bien plus haut que l’on ne si attend. Aristote Onassis n’est pas loin…

Un livre très bien documenté sur deux personnalités hors du commun

Stéphanie des Horts nous dresse le portrait de deux femmes que rien ne semble pouvoir arrêter dans leur quête d’argent et de visibilité. Croqueuses d’hommes et de diamants, Jacky et Lee sont à la fois semblables et opposées, complémentaires et indissociables. Une relation relativement ambivalente qui mêle amour et jalousie.

Jackie et Lee est une lecture agréable, sur deux femmes au destin extraordinaire, qui ont côtoyé les plus grands de ce monde, artistes comme hommes politiques. Si j’ai trouvé ce livre très intéressant  et Stéphanie des Horts très habile à nous faire revivre ces soirées mondaines et ces vacances de rêves, je mettrais un petit bémol , celui d’avoir eu le sentiment qu’on perdait parfois un peu le fil conducteur, au profit d’un catalogue d’informations et d’anecdotes.

Citation du jour

« J’ai retenu au moins une chose de cette aventure extraordinairement belle qu’on appelle la vie : Mes échecs m’ont offert des leçons que je n’aurais jamais comprises sans eux. J’ai plus évolué grâce à ce qui s’est mal passé, que lorsque tout semblait bien aller. Des crises surgit la lumière, et parfois même la catharsis. »

Elisabeth Day – L’art d’échouer (Belfond)

L'art d'échouer, Elizabeth Day

Citation du jour

 » Le bonheur n’est pas une idée flottante.Le bonheur n’est pas une oasis à attendre les bras croisés en guettant à droite à gauche s’il n’arriverait pas, à tout hasard…Le bonheur requiert une rigueur, une méthode au couteau, un sens pragmatique, une discipline de l’effort. J’en suis le marin aussi bien que l’artisan.Ainsi donc, je prends soin de mes outils, je nettoie mon plan de travail, j’affûte le ciseau, je règle la boussole, je ne perds pas de vue la finalité. Et si, à certains moments de la création, le bonheur semble m’échapper, comme l’œuvre se dérobe parfois à l’artiste en plein labeur, je garde le cap. Je n’ai pas le choix. Je suis à la barre et je transporte de précieux passagers. »

Judith Wiart

Le syndrome de l’hippocampe, Zoé Brisby

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Après L’habit ne fait pas le moineau, Zoé Brisby nous revient avec Le syndrome de l’hippocampe, un roman d’une grande modernité, sur les différentes formes que peut prendre la maternité. En l’occurrence ici, sur la possibilité de concevoir un enfant seule, avec un père choisi sur catalogue. Un roman rafraichissant et plein de verve.

Faire un enfant seule

« Trente-cinq ans, c’est le précipice de la maternité. Soit on y saute à pieds joints, soit on reste sur le bord à vie ».

C’est le constat que Brune fit ce jour-là. Jusqu’ici, la question de l’enfant ne s’était pas vraiment posée. Vivant dans l’instant présent, elle considérait avoir tout le temps devant elle pour y songer. Mais son horloge biologique a dangereusement tourné et désormais son temps est compté. Aujourd’hui, son choix est clair : elle veut un enfant. Problème : depuis sa rupture, elle n’a pas d’homme sous la main.

Alors, renoncer ?

Brune se souvient avoir lu un article sur une clinique de fertilité au Danemark : tout un éventail de critères personnels permet de sélectionner le donneur de sperme sur catalogue. Pourquoi ne pas saisir cette chance ?

Et de partager son désir avec sa meilleure amie, son indéfectible soutien, sa sœur de cœur : la passionnée et fantasque Justine, ardente défenseuse de la cause végane et de la protection de la planète.

Justine décide alors d’organiser un voyage surprise au Danemark avec Brune, pour apprendre à mieux connaître le pays du futur géniteur mais aussi pour visiter ladite clinique de fertilité. Cette banque de sperme remplira-t-elle toutes les attentes de Brune ? Décidera-t-elle d’aller jusqu’au bout de sa démarche ? Et si ce voyage leur réservait bien d’autres surprises ?

Choisir son enfant sur catalogue

Dans le syndrome de l’hippocampe, Zoé Brisby traite d’un sujet très moderne : le choix dont disposent désormais les femmes pour devenir mères. Couple hétérosexuel, PMA, adoption, banque de sperme, mères porteuses, plusieurs configurations sont possibles. Dans le cas de Brune ici, l’auteure évoque une clinique de fertilité qui existe réellement au Danemark. Il s’agit de la plus grande banque de sperme au monde, Cryobébé, qui propose un catalogue de géniteurs référencés sous plusieurs critères : poids, taille, profession, hobbies, couleur des cheveux et des yeux, groupe sanguin, statut marital. Si cette pratique est interdite en France, nombre de françaises y ont recours en se rendant au Danemark.

En effet, en raison du syndrome de l’hippocampe, à savoir de la recherche (forcément vaine)  du père parfait, nombre de jeunes femmes laissent passer les années et écartent de potentiels prétendants tant elles sont en quête d’un idéal. Vient alors le moment où la fertilité baisse dangereusement et où l’urgence de mettre un enfant en route s’impose. C’est ce qui arrive à Brune.

Un roman pétillant, aux personnages attachants, avec des caractères bien campés, sur les femmes d’aujourd’hui.

Informations pratiques

Le syndrome de l’hippocampe, Zoé Brisby- Éditions Mazarine, juin 2020 – 375 pages – 18€

Livre pour enfant : Les cris des oiseaux

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Un très joli livre sonore, avec des pastilles à toucher, pour découvrir le chant des oiseaux. Pour enfants de 3 à 5 ans.

Découvrir le chant des oiseaux

Les éditions Usborne proposent aux petits de 3 à 5 ans, un livre aux illustrations chatoyantes, pour découvrir la magie de la nature environnante. Grâce à des pastilles placées dans les pages sur lesquelles le petit pourra appuyer, l’enfant entendra le chant des oiseaux, de la grive musicienne au piaillement de la pie, en passant par le pépiement des oisillons affamés. Il découvrira de nouvelles sonorités et se familiarisera avec les oiseaux rencontrés lors des promenades.

Un livre d’éveil ludique

Cet album illustré est une véritable explosion de couleurs, de sons et une immersion ludique dans la nature. Pour déclencher le chant des oiseaux, l’enfant devra se concentrer, développer son sens de l’observation pour découvrir la pastille et exercer sa motricité fine pour l’activer. Ludique, instructif, vous ferez des heureux en faisant entrer la nature à la maison!

Informations pratiques

Les cris des oiseaux, éditions Usborne mai 2020 – pour enfants de 3 à 5 ans- Pages en cartonnage épais – 13,90€

Site des éditions Usborne : https://www.usborne.fr/

Citation du jour

Ecrire, inévitablement, c’était mourir et faire mourir un peu. Faire glisser des êtres bien réels dans le chas d’une histoire, faire passer la porte de nos obsessions, le seuil de nos fantasmes, le cagibi de nos angoisses, c’était les altérer, les estomper ou bien les amplifier, nécessairement les contorsionner. Les tuer et les ressusciter.

Cécile Balavoine – Une fille de passage

Une fille de passage, Isabelle Balavoine

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Puzzle de Brest, Yann le Rest et Pascale Tamalet

Puzzle de Brest

Quand la Bretagne est en émoi car un doigt humain a été retrouvé à l’aquarium Océanopolis de Brest, ainsi que des morceaux de cadavre sur la plage. Y a-t-il un lien entre ces deux affaires? Plongée au cœur d’un trafic terrifiant.

Enquête en Bretagne

Alors qu’une classe de l’école primaire visite l’aquarium Océanopolis à Brest,  attraction touristique majeure de Bretagne, les enfants remarquent un poisson étrange qui ne ressemble à aucune espèce connue.. Et pour cause, il s’agit en réalité d’un doigt humain, apparemment féminin, qui évolue au milieu des requins. Comment ce doigt a-t-il pu se retrouver dans un aquarium ultra sécurisé et passer le système de filtrage ? À qui appartient-il ? L’enquête est confiée au capitaine Fox et aux lieutenants Le Gad et Ledut.

Au même moment, on leur signale la disparition de la commissaire de bord et du steward d’un paquebot de croisière en escale au port de Brest pour cause d’avarie. Dans la cabine des deux membres d’équipage, des vêtements griffés, des accessoires de luxe qui témoignent d’un train de vie bien supérieur à celui de leurs revenus. D’où vient tout cet argent ? Est-il la cause de leur disparition ? Cette affaire a-t-elle un lien avec la découverte macabre à l’aquarium Océanopolis ? Peut-on accorder du crédit aux propos d’un SDF imbibé d’alcool, qui affirme avoir vu sur le quai ce qui pourrait être deux corps sans vie être déplacés dans des sacs?

Le commissaire Hadrien Fox va devoir mener l’enquête.

Un polar bien mené

Yann le Rest est écrivain. Pascale Tamalet, ancienne inspectrice de la PJ,, est désormais correspondante judiciaire pour le journal régional Le Télégramme. Tous deux ont uni leur talent et leurs connaissances pour rédiger ce polar venimeux sur les terres bretonnes. Il s’agit ici pour le commissaire Hadrien Fox, un brin de macho et très séducteur, de remettre chacune à leur place  les pièces de ce puzzle breton. Et reconstituer ce puzzle est loin d’être simple avec cette enquête qui part dans toutes les directions : trafic animalier, violence conjugale, corruption, travail clandestin… Comment faire le lien entre ces éléments ?

Un roman divertissant, au style fluide, aux personnages bien campés, mais dont la tension narrative est cependant fluctuante , ce qui me laisse un peu sur ma faim. Je m’attendais à être davantage tenue en haleine par un suspense  plus savamment entretenu. Cela reste néanmoins une lecture agréable, avec pour cadre ma si chère Bretagne natale.

Glissez Virginie Grimaldi dans votre poche!

©Karine Fléjo photographie

Quand six « octogéniaux » décident d’unir leurs forces pour lutter contre l’avis d’expulsion qui les menace, cela donne un roman d’un humour irrésistible et d’une immense tendresse. Ou comment Virginie Grimaldi excelle à vous faire passer du rire aux larmes.

Amitié, amour, vieillesse

Impasse des colibris, on trouve six maisons séparées par de hautes haies. Six maisons habitées par des octogénaires, qui partagent leur quotidien depuis des décennies. Il y a Marceline, rude en apparence mais fondante au cœur et Anatole, son amour depuis plus de soixante ans. On y croise aussi Joséphine, ex-danseuse, dans son célèbre justaucorps fuchsia, ou encore Gustave, Rosalie et Marius. Une impasse dont le calme est soudain rompu par l’annonce du nouveau projet du maire : il n’y a plus assez de classes pour accueillir les enfants, par conséquent il faut construire une nouvelle école et un parking. Ce qui suppose de raser les maisons de l’impasse des colibris.

Nos octogénaires sont sidérés. Comment ce maire, fils de leurs anciens voisins et amis, peut-il envisager un millième de seconde les expulser de chez eux ? Car raser leurs maisons, c’est bien davantage que de transformer de vieilles habitations en tas de pierres.

« Ce ne sont pas que nos maisons qui vont être écrabouillées, ce sont nos souvenirs. Nos vies. (…) Cette place est mon point d’ancrage, mon radeau. Elle a porté mes craintes de jeune mariée, la naissance d’amitiés, toutes nos soirées de rires, les premiers pas de nos enfants, leurs premières cigarettes aussi, elle a accueilli nos secrets, nos espoirs et nos peines, elle est partout dans ma mémoire. »

Alors, que faire ? Se mettre en quête d’une maison de retraite qui voudra bien les accueillir ? Chercher un appartement ailleurs ? Pleurer, se lamenter ? C’est mal connaître nos six compères. Si Marceline regrettait que les haies aient créé une certaine distance entre eux, l’expulsion qui les menace va les rapprocher. Et nos octogénaires de décider de contre-attaquer. Ils ont autant d’idées pour s’opposer au plan du maire que d’années au compteur. Et de fonder le groupe des « octogéniaux ». Leur méthode : multiplier les petites actions. Leur but : user le maire pour obtenir gain de cause. Ils jubilent à fomenter de nouvelles actions, à mettre en place de nouveaux projets, unis, déterminés. Voilà qui leur donne une nouvelle jeunesse !

Ils vont ainsi mener une opération escargot au supermarché, sur la route, écrire et chanter du rap sur Youtube, créer une page Facebook avec des milliers d’abonnés, être invités à la radio, à la télévision. En un mot, ils font le buzz. Et s’attirent le soutien de tous. Sauf du maire.

Pourquoi ce dernier s’acharne-t-il à vouloir construire son école à cet emplacement-là ? Son entêtement cache-t-il autre chose ? A-t-il des comptes à régler avec ces gens, comptes liés à une vieille histoire avec la fille de Marceline et Anatole ? Et nos « octogéniaux », aussi déterminés soient-ils, parviendront-ils à remporter la bataille ?

Un livre profond et léger, drôle et émouvant à la fois

Il est facile de faire pleurer au cinéma ou dans un livre. Il est beaucoup plus difficile de faire rire. Non pas juste sourire, mais rire vraiment (au risque de passer pour une douce dingue auprès des inconnus assis près de vous). C’est le cas de Virginie Grimaldi, qui est capable en un éclair de vous faire passer du rire aux larmes. Et inversement. Son irrésistible humour, ses métaphores désopilantes, ses personnages cocasses, vous feront éclater de rire bien souvent. Une légèreté qui ne doit pas laisser croire à une superficialité. Car les personnages de ce roman sont tout sauf futiles. Ces octogénaires sont en effet viscéralement humains, attachants, émouvants. Marceline nous dévoile son parcours de vie, sa renaissance en rencontrant Anatole, les combats qu’il lui a fallu mener, ses joies et ses peines. Une vie de soleil et de pluie, comme toute vie, mais illuminée en tout temps par l’amour de son Anatole. Un amour qui fait frissonner l’âme et galoper le cœur. Un amour dont chacun rêve.

Un roman lumineux, qui vous mettra des étincelles dans les yeux et du soleil dans le cœur!

Informations pratiques

Quand nos souvenirs viendront danser, Virginie Grimaldi – éditions du Livre de Poche, juin 2020 – 352 pages – 7,90€