Nos séparations, de David Foenkinos : savoureux!

ob_f8cb4d8463f5f88f7fdb00cf72333145_1336213

Nos séparations, de David Foenkinos

Éditions Folio, avril 2012

Il existe trois milliards de femmes, mais c’est encore et toujours Alice qui vient hanter la vie de Fritz. Alice, son premier amour, ses multiples désamours, sa montagne russe du bonheur, son long fleuve non tranquille. Alice, source de ses plus puissantes joies et de ses plus grandes souffrances. Alice, la femme qu’il aime envers et contre tout. Par delà les années.

Alors pourquoi passent-ils leur temps à se séparer? La palette de la rupture est riche en couleurs : différence de niveau social, interférence des parents et beaux-parents, IKEA, vie professionnelle, jalousie, deux polonais, une histoire de cravate et Schopenhauer bien sûr.

Certes, entre deux tentatives pour réussir son union avec Alice, Fritz vole vers d’autres femmes. Mais il les survole plus exactement. Car aucune, de Céline, Iris, ou Émilie ne sait lui donner des ailes comme cette dernière, lui faire à ce point tutoyer le ciel ou encore désirer rester dans le nid. Aucune ne lui inspire de réels sentiments. Des émotions fortes tout juste.

Alors, faut-il plusieurs échecs successifs pour réussir sa vie amoureuse, comme autant de répétitions avant la représentation finale? Le premier amour est-il une condamnation à perpétuité? Et peut-on cumuler réussite professionnelle et épanouissement affectif?

Avec Nos séparations, David Foenkinos aborde un sujet grave avec légèreté et pertinence. Avec beaucoup d’humour, de verve, une analyse très fine de la psychologie masculine comme féminine, il parvient à nous faire sourire de ce qui d’ordinaire accable. Un roman savoureux qui se déguste de la première à la dernière page!

P.62 : Il ne faut certainement pas vivre entouré de mots pour écrire. Pour écrire il faut s’échapper des phrases.

La paupière du jour, de Myriam Chirousse, aux éditions Buchet Chastel : un impossible pardon

ob_d69668d584645e02d2e2c702c1140396_9782283026298

La paupière du jour, de Myriam Charousse

Éditions Buchet Chastel, mai 2013

Un impossible pardon

Avril 1994. Fait divers. Un homme meurt suite à une fusillade dans une bijouterie.

Dix-huit ans plus tard, l’assassin est relâché pour bonne conduite. Un affront insupportable pour la fiancée de la victime, Cendrine Gerfaut. Cendrine comme la cendre… Comme ce qu’il reste de leur crépitant amour. Sa vie s’est arrêtée en avril, au printemps de leur vie. Ses jours ne sont plus que des nuits depuis, des paupières du jour. Des bris de rêves. Et de décider alors de se faire justice elle-même. A défaut de pouvoir ressusciter son fiancé, elle le vengera. A vie volée, vol de vie.

P.403 : « Puisque je ne peux plus t’épouser ni mettre tes enfants au monde, je t’apporterai la tête de celui qui t’a tué. Je te vengerai, et ce sera ma seule et unique raison de vivre avant de te rejoindre ».

La jeune femme débarque donc à Barjouls, village natal du tueur. Officiellement, elle est botaniste et vient faire une étude de terrain. Il s’agit d’étudier si la radioactivité est normale dans cette région des Alpes-Maritimes. Officieusement, elle vient venger son défunt fiancé. Mais aussi crédible soit sa couverture, les habitants sont sceptiques. Dans ce petit village du sud, tout le monde se connait, s’épie, commente les moindres faits et gestes. Un village pétri de rancœurs, truffé de secrets, peuplé de superstitions, qui ne livre pas facilement la clef de ses mystères à une étrangère. Et le mystère de s’épaissir encore suite à ce message d’un corbeau : « Celui que vous cherchez n’est pas celui que vous croyez. »

Cendrine assouvira t-elle sa soif de vengeance? Benjamin Lucas, meurtrier de son fiancé, est-il vraiment l’homme à abattre?

Avec ce deuxième roman, Myriam Chirousse nous entraine dans une enquête peuplée de rebondissements, au coeur d’une nature luxuriante et généreuse et d’une galerie de personnages hauts en couleurs.

La paupière du jour. Le titre est à lui seul une invitation à ce qu’on pose le regard sur le livre. Et de fait, la couverture soulevée, on ne cille plus jusqu’à la dernière page.

Un roman captivant et remarquablement écrit!

505 pages – 22€ Parution le 7 mai 2013

Si tu existes ailleurs, de Thierry Cohen : c’est aujourd’hui dans la poche!

ob_24049b74528c60f6c6608f123483c4e5_9782290059142

Une énigmatique prophétie

Il lui lâcha la main et traversa la route. Crissements de pneus. Coups de klaxon. Cris. Parvenu sur le trottoir d’en face, l’enfant se retourna. Sa maman gisait sur la route, tuée par une voiture en voulant le rattraper. En une poignée de secondes, son enfance et son insouciance ont été fauchées.

Trente ans plus tard, la blessure de Noam demeure béante, son sentiment de culpabilité prégnant. Certes, il y a bien eu une éclaircie dans le ciel de son âme sombre, avec ce philosophal amour pour Julia. Mais ce rayon de soleil dans sa vie a été bien fugace. Julia l’a quitté. Et sa vie de n’être que survie au milieu de ses vieux démons, de ces angoisses qui l’oppriment comme un étau, de ces manques affectifs qui le privent d’oxygène. Il les consigne dans son carnet de confidences, tente d’exorciser ses maux en les habillant de mots. En vain. Noam se résigne à ce que l’avenir se colore aux teintes noires du passé. Comme une fatalité à laquelle il ne peut échapper.

Pourtant, les propos étranges de sa nièce Anna, âgée seulement de trois ans, vont provoquer un séisme dans son existence : « Tu vas mourir du coeur en même temps que cinq autres personnes. » Que veut-elle dire? Faut-il accorder un quelconque crédit à la déclaration de la fillette? D’où lui vient cette soudaine « illumination »? Déstabilisant. Incongru. Effrayant.

Noam tente de se rassurer. Mais lui qui est déjà hanté par des idées morbides ne peut échapper à ceux de l’annonce de sa mort. Il les rejette à grands renforts de raisonnements, ils lui reviennent tel un boomerang. Et de décider d’investiguer. Et de devenir à ce moment-là acteur de sa vie. Enfin.

Une psychologue aux pratiques singulières, Linette Marcus, lui assure que l’annonce de sa nièce n’a rien d’ubuesque mais repose sur une théorie avérée: la prophétie des innocents. Dans notre monde où l’agressivité, la rivalité, la lutte pour le pouvoir se substituent souvent à l’entraide, aux relations pacifiées, à l’amour, les prophètes n’ont pour seul recours que les enfants et les handicapés, âmes nobles et pures par excellence, pour transmettre leurs messages. Anna aurait donc été « élue » pour lui délivrer une vérité.

Entre mysticisme et cartésianisme, Noam se bat pour découvrir la clef du mystère, retrouver ses cinq autres compagnons d’infortune. Une course contre la montre s’engage dans laquelle le lecteur s’engouffre en apnée. Impossible de reprendre son souffle. Impossible de quitter Noam des yeux. Impossible de reposer le roman avant la fin.

La construction est magnifique et d’une maitrise remarquable. Cette alternance entre présent et passé, carnet de confidences et propos mystérieux de cette personne qui demeure inconnue jusqu’à la toute fin, est menée avec brio. Ce n’est plus un mais plusieurs mystères qui s’entremêlent, qui attisent tels des soufflets puissants le feu de notre curiosité. On s’embrase avec Noam, on a envie de comprendre, de savoir, on tremble, on s’émeut, on s’attendrit. On devient le caméléon des émotions, riches, véhiculées par l’auteur.

Pas de doute, Thierry Cohen est un passeur d’émotion extraordinaire. A lire !!!

Éditions J’ai lu – Prix : 7,90€ – Mai 2013

Ivresse du reproche, de Marco Koskas, aux éditions Fayard

ob_edba6cc1216ccd904926a7b96275be14_31fzivokc5l

Ivresse du reproche, de Marco Koskas

Éditions Fayard, janvier 2013

 

Avec Ivresse du reproche, Marco Koskas tente de percer un mystère : celui de la cruauté de Hannah, sa mère, et plus largement, celui de la cruauté qui se propage comme une pandémie au sein de cette famille Kamous, famille juive de Tunisie dont elle est issue.

Car la vie de Hannah fut tout sauf un univers de douceur. Contrainte de quitter l’école dès 13 ans, la fillette doit renoncer à ses rêves de devenir institutrice. Elle qui aime tant lire, fera des ménages au bled. Sacrifiée sans que personne ne s’en offusque. Ses frères, eux, poursuivront des études supérieures de droit. Sa soeur Marie, des études d’infirmière. Et la rancoeur de nidifier en elle.

Sans instruction, Hannah est incasable. Aussi quand on lui trouve un mari à 18 ans, on ne lui demande pas son avis. Si elle l’aime? Là n’est pas la préoccupation de ses parents. Et de fait, Hannah ne supporte pas Maurice, cet homme qui lui fera sept enfants. La colère enfle en elle. Difficile pour cette femme de donner aux siens l’amour qu’elle n’a pas reçu. Son aigreur, si.

Dans les années 1960, elle prend le bateau pour Marseille avec ses quatre plus jeunes enfants. Direction finale : Bougival en banlieue parisienne. La France sera t-elle sa planche de salut? Obtiendra t-elle une revanche sur son passé et sur les Kamous?

Dans ce récit au style parfaitement maitrisé, l’auteur pousse un cri de révolte. Pourquoi pareille injustice? Pourquoi pareille méchanceté? Les mots comme des armes pour combattre la fatalité. Les mots comme des gifles pour réveiller les esprits. Toutes ces occasions d’aimer qui ont été perdues, tout ce fiel déversé tel un venin dans les veines des kamous : pourquoi?

Ivresse du reproche est un vibrant appel à l’amour perdu…

 

Note : ce roman fait partie des livres sélectionnés en finale du Prix Orange du livre 2013

Lundi noir, de Dominique Dyens, aux éditions Héloïse d’ormesson: Puissance, impuissance, décadence. Et renaissance.

ob_5474077410cc5b0a4987ce4c30b6cbfe_41vb8o1je3l

Lundi noir, de Dominique Dyens

Éditions Héloïse d’Ormesson, mai 2013

Puissance, impuissance, décadence. Et renaissance.

A 55 ans, Paul Deshoulières est un homme d’affaires redoutable et redouté, qui allie réussite personnelle, professionnelle et familiale. Un homme à qui tout sourit. Du moins en apparence. Car à y regarder de plus près, les sourires sont grinçants. Une opération lourde qui l’a laissé impuissant – sa « première mort »-, une femme « barbiebotoxée » au coeur transformé en compte en banque qui collectionne les amants comme de délicieux desserts, une peur viscérale de la perdre malgré les incessantes humiliations qu’elle lui inflige, la famille parfaite vivant un amour parfait dans un cadre parfait est parfaitement imparfaite.

Abandonnique, convaincu qu’aucune autre femme qu’Alice n’acceptera de partager sa vie avec un homme atteint dans sa virilité, il s’accroche désespérément à elle. Et de remplir le coffre-fort de son coeur d’argent pour acheter sa présence à ses côtés, quitte à remettre en cause l’intégrité et la respectabilité qui le caractérisent. Quitte à aller de plus en plus loin pour satisfaire son caractère vénal. Trop loin. Et c’est le délit d’initié.

Licenciement, endettement, assignation en justice, AMF (Autorité des Marchés Financiers) aux trousses, c’est la descente aux enfers pour Paul. A trop vouloir garder sa femme, il a tout perdu. Et s’est perdu lui-même. C’est alors qu’un chèque providentiel de six millions d’euros lui parvient. Loin d’être soulagé, notre financier panique. Qui est l’auteur de ce chèque? Cherche t-on à l’aider ou à le piéger? Et pourquoi? Vite fuir. Direction New-York.

C’est à présent l’heure des bilans : les femmes de sa vie ne l’ont aimé que pour ce qu’il avait, non pour ce qu’il était. Toutes. Toutes sauf, la toute première, la douce Madeleine. Qu’est-elle devenue ses 40 dernières années? « Il me semblait qu’en savoir plus sur la vie de Madeleine me permettrait de comprendre ce que j’avais raté dans la mienne. » Une quête de sens commence. Prélude à une renaissance?

Avec Lundi noir, Dominique Dyens excelle une fois encore à entrainer le lecteur dans le tourbillon vertigineux de ses intrigues. Mensonge, adultère, puissance, mais aussi et surtout rédemption, sont les ingrédients délicieux de ce suspens psychologique hitchcockien. Un roman à dévorer de toute urgence!!! A moins que ce ne soit lui qui ne vous dévore…

P.111. : (La première femme) : Celle qu’on n’oublie pas et qui ne vieillit pas. Celle pour qui on éprouve une indulgence et une reconnaissance presque aussi grandes que pour une mère, car cette femme-là aussi fait naître en vous l’adulte que vous serez.

Informations pratiques :

Date parution : Mardi 7 mai 2013 donc…demain en librairie!!! Ruez-vous dessus!!!

ISBN : 978 2 350 872254

Prix éditeur : 17€

Nombre de pages : 206

Si un jour la vie t’arrache à moi, de Thierry Cohen : un envoutant ballet littéraire!

ob_76e1680f3a4cff726650d0ee2a26c03b_518kysxafml-sl500-aa300

Si un jour la vie t’arrache à moi, Thierry Cohen

Éditions Flammarion, mai 2013

Clara est danseuse classique, discipline exigeante s’il en est une. A l’image de ce que fut son parcours de vie. Rien n’a été obtenu sans effort, sans une indéfectible persévérance. Rien n’a été de soi. Aussi entre elle et Gabriel, homme d’affaires brillant, fils unique d’une famille bourgeoise, c’est le grand écart socialement. Handicap insurmontable ou « détail » sans importance? La chorégraphie de leurs sentiments pourra t-elle continuer à être ce magnifique pas de deux, ou les préjugés sociaux seront-ils source d’une pirouette au bonheur?

Pour l’heure, Clara et Gabriel décident de vivre leur amour sans tenir compte des autres. Carpe diem. Elle l’aime pour ce qu’il est. Il n’a jusqu’alors été aimé que pour ce qu’il avait. Jusqu’au jour où la douce Clara, qui jusqu’alors s’était contentée de ce que Gabriel lui offrait, exige plus d’engagement. Besoin de se projeter. Besoin d’être rassurée sur son désir de faire sa vie avec elle. Pourquoi soudain ce besoin impérieux? Pourquoi le ballet de leur amour ne peut-il continuer sur la même scène de légèreté? Désarçonné par cette exigence aussi inexpliquée que subite, Gabriel peine à se positionner. Et le destin de s’en mêler… Et un passeur d’âme de surgir. Ce dernier passe alors un contrat avec le jeune homme. Trois conditions à respecter. Un délai court pour y parvenir.

Gabriel veut vivre pour Clara. Clara veut mourir pour Gabriel. Huit jours, huit petits jours sont octroyés à Gabriel pour sauver la femme de sa vie, pour éviter que leur amour ne tire sa révérence. Mais comment venir en aide à Clara…s’il est déjà mort?

Avec « Si un jour la vie t’arrache à moi », Thierry Cohen renoue brillamment avec le mysticisme. Ou quand les accidents de la vie peuvent être l’occasion de modifier la donne, l’opportunité d’une rédemption. Une construction remarquable, un style très fluide, des personnages indiciblement attachants, de rebondissement en rebondissement – un vrai feu d’artifice- le lecteur s’engouffre dans le récit, victime consentante d’une lecture en apnée. Un envoutant ballet littéraire!

P. 40 : Le destin se moque de la beauté, de l’amour, des sentiments parce qu’ils offrent seulement une lecture du présent. Le destin, lui, lisse le temps, ignore l’éphémère. Il revendique l’avenir et ne se raconte qu’au passé.

P. 226 : On pense diriger sa vie et, un jour, on découvre qu’on se contente de la suivre. On ne sait pas comment on est passé d’acteur à figurant.

La petite cloche au son grêle, de Paul Vacca : c’est désormais dans la poche!

ob_ae67d6a4aa97976704668f8f1be054c5_9782253175513

La petite cloche au son grêle, de Paul Vacca

Éditions Le livre de Poche, mai 2013

Lors d’une promenade avec sa mère sur les rives de la Solène, le jeune adolescent de 13 ans aperçoit à la dérobée la femme qui peuple ses rêves les plus exquis. Allongée sur l’herbe, elle est tout entière absorbée par sa lecture. A regret, il poursuit son chemin sans mot dire. A son retour, elle n’est plus là, mais sur le sol est resté son livre au doux parfum d’iris. Il s’en empare comme d’un trésor.

Chaque jour, lui qui jusqu’alors boudait la lecture se glisse avec délice dans les pages de cet opus de Proust, Du côté de chez Swann , bercé par les fragrances d’iris. Ce livre, son livre, est le pont par lequel il la rejoint, elle dont le regard a caressé ces mêmes lignes, elle dont les lèvres ont susurré ces mêmes mots. Un pont vers la femme aimée mais aussi un pont vers la littérature, vers d’autres univers, d’autres histoires, d’autres lieux. Un enchantement.

Paola jubile. Elle a la confirmation de ce qu’elle a toujours pressenti au sujet de son fils: la littérature est bien l’univers de celui qui sera, elle en est intimement convaincue, un grand écrivain. Le père, lui, s’inquiète : lire Proust à cet âge est étrange et pourrait avoir une mauvaise influence sur le petit. N’a t-il pas découvert en effet l’inclination de Proust pour les hommes?

Mais ce qui semblait séparer camps maternel et paternel va contre toute attente les réunir. Quand tombe la terrible nouvelle, c’est Proust qui va voler à leur secours, Proust autour duquel ils vont se retrouver. Plus de temps à perdre. Il faut savourer l’instant présent. Vivre pleinement. Le temps qu’il reste…

Dès les toutes premières lignes, Paul Vacca érige un pont d’encre et de papier que le lecteur emprunte avec une ineffable émotion. On savoure chaque phrase, chaque mot gorgé de tendresse comme une moelleuse madeleine, témoins bien plus que lecteurs de ces émois adolescents, du basculement de l’insouciance à la tragédie.

Nul doute que la petite cloche au son grêle, si poétique, continuera à résonner chez les lecteurs bien longtemps après sa lecture grâce à sa mélodie aussi vibrante que belle… MAGNIFIQUE!

P. 125 : Ne pas laisser le quotidien devenir quotidien.

P. 21 : Un frisson me parcourt. Ce n’est pas un livre, c’est son livre. Ce ne sont pas que des phrases, ce sont les phrases qu’elle a lues, son regard les a parcourues, sa bouche les a prononcées. Ces lignes pleines et serrées, je ne cherche même pas à en percer le sens. Je sais avec certitude qu’elles renferment ce qui lui plaît. Je sens que j’ai sous les yeux la clef qui me permettra, enfin, de pénétrer dans le monde mystérieux des femmes.