Le carnet à secrets, Susie Morgenstein (Nathan)

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Le carnet à secrets, Susie Morgenstern (auteur) Olivier Latyk (illustrateur)

Editions Nathan, octobre 2016

32 P., 10€

Quand l’amie de sa maman lui offre un cadeau, Emma se réjouit. Avant de s’interroger. Car cette fois, ce n’est pas un livre racontant une jolie histoire, mais un étrange ouvrage, sans images, ni texte. Emma se demande bien ce qu’elle va en faire. C’est alors qu’on lui explique son usage : il s’agit d’un carnet à secrets ! Nul besoin de savoir écrire ni lire pour s’en servir. Il suffira à Emma, au quotidien, d’y coucher ses émotions, ses joies et peines, en collant des images, des photos, ou en dessinant ce qui a marqué sa journée.

Un livre tendre, conçu pour être lu à deux avec un parent, un grand-frère ou une grande-soeur, et partager un moment de complicité et de partage. Une invitation pour l’enfant à exprimer ses émotions, à coucher sur le papier tout ce qu’il a ressenti sans parfois oser le verbaliser. Une forme de journal intime des premiers âges.

Citation du jour

Dans la philosophie hindouiste, reprit-il, on considère que gagner de l’argent est un objectif valable, et cela correspond à l’une des phases de l’existence. Il faut juste éviter de s’y enliser, et savoir ensuite évoluer vers autre chose pour réussir sa vie.
– Qu’est-ce qu’une vie réussie ? demandai-je un peu naïvement.
– Une vie réussie est une vie que l’on a menée conformément à ses souhaits, en agissant toujours en accord avec ses valeurs, en donnant le meilleur de soi-même dans ce que l’on fait, en restant en harmonie avec qui l’on est, et, si possible, une vie qui nous a donné l’occasion de nous dépasser, de nous consacrer à autre chose qu’à nous-mêmes et d’apporter quelque chose à l’humanité, même très humblement, même si c’est infime. Une petite plume d’oiseau confiée au vent. Un sourire pour les autres.

Laurent Gounelle, L’homme qui voulait être heureux (Anne Carrière éditions)

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Par la ville hostile, Bertrand Leclair

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Par la ville, hostile, de Bertrand Leclair

Editions Mercure de France, octobre 2016.

L’auteur s’est librement inspiré d’une brève lue dans Le Monde en 2014 : l’expulsion locative d’une femme dont les fils ont été condamnés pour trafic de stupéfiants au sein de la cité.  Une expulsion sous la pression des locataires de l’immeuble. Histoire d’un réel qui s’effondre.

Maître Lariboisière est huissier de justice, habituée aux confrontations difficiles avec les débiteurs. Pourtant, l’affaire dont elle s’occupe cette fois-ci lui pose un grave cas de conscience : la femme qui va être expulsée n’oppose aucune résistance verbale, refuse toutes les mains qu’on lui tend pour obtenir un logement provisoire, pour recevoir l’aide de l’assistante sociale, comme acceptant son sort sans se battre, dépouillée de ses meubles, de ses biens. Et bientôt de son toit.

Certes, ses fils faisaient régner la terreur dans le hall de l’immeuble avec leur trafic de stupéfiants. Certes, cette violence était insupportable pour tous. Et tous se sont d’ailleurs mobilisés pour que cela cesse. Mais les deux jeunes hommes sont à présent sous les verrous. Et pour longtemps. Cette peine n’est-elle pas une douleur suffisante pour leur mère ? Faut-il de surcroît la jeter à la rue ?

Bertrand Leclair nous fait pénétrer tour à tour dans l’esprit de l’huissier et celui de l’expulsée. Un huis-clos oppressant, qui nous fait ressentir avec force la violence sociale, l’injustice, l’acharnement. Une force décuplée par l’inertie de la victime. Moins elle résiste, plus la société donne le sentiment de tirer sur une femme à terre. Un livre qui ne prétend pas donner de leçon, mais qui interroge chacun d’entre nous. Condamnons-nous la violence par une violence plus grande encore, qui ne dit pas son nom ?

Le seul vrai langage au monde est un baiser…

Ce mois-ci, mon article pour le magazine Le provocateur de sourires est consacré  au projet de Julien Nonnon, intitulé : Le baiser. 

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(Photo copyright Julien Nonnon.)

 

“Le seul vrai langage au monde est un baiser“. C’est cette citation d’Alfred de Musset qui a servi de fil conducteur au nouveau projet de Julien Nonnon, street-artiste. Un projet baptisé #Le-baiser.

Le principe ? Dans un premier temps, la création d’une bibliothèque de l’amour. Qu’est-ce donc, vous demandez-vous? La constitution d’une banque de clichés et de vidéos de baisers. Les personnes sont des anonymes parisiens volontaires (couples, parents avec enfants, amis, voire inconnus). Une centaine de couples ont ainsi été retenus. Puis ces images et films sont projetés en format géant sur les murs emblématiques de la capitale, avec un jeu subtil sur l’interaction entre ces créations et l’architecture urbaine avoisinante.

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(Photo copyright Julien Nonnon)

Le but ? Que tous les parisiens se réapproprient leur ville avec amour.

Pour lire la suite de l’article, rendez-vous sur la page du magazine Le provocateur de sourires : cliquez ici!

Dans les brumes du mal, René Manzor : un polar magistral!

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Dans les brumes du mal, René Manzor

Editions Calmann Lévy, Novembre 2016

Avant toute chose : si vous achetez ce roman, renoncez tout de suite à ce que vous aviez prévu de faire le reste de la journée, voire une partie de la nuit. En effet, une fois commencé, vous deviendrez otage de ce livre, incapable de le reposer avant la toute dernière page. Je vous aurai prévenu…

La Caroline du sud tremble. Depuis quelques semaines, elle doit en effet faire face à des faits divers sanglants. Des enfants sont mystérieusement enlevés et leur mère retrouvée assassinée selon un rituel vaudou. Ainsi, John, Michael, Lily, ou encore Tom disparaissent, sans que l’on parvienne à faire le lien entre ces victimes. Quel est donc le mobile de ces crimes et rapts ? L’argent ? Un trafic pédophile ? La vengeance d’un(e) désaxé(e) ? Un acte d’amour désespéré ?

Et si ce n’était rien de tout cela…

C’est pour tenter d’éclaircir cette nébuleuse aussi dense que les brumes du bayou, que Dahlia Rhymes, agent du FBI, est appelée en renfort. Ses connaissances pointues en termes de crimes rituels en font une collaboratrice essentielle. Mais ce n’est pas le seul motif : un des enfants, Tom, est son filleul. Elle ne peut donc pas rester les bras croisés et se joint à un des meilleurs flics de Charleston et ami d’enfance, Nathan Miller.

D’emblée, René Manzor fait de vous non pas un simple lecteur, mais un témoin de l’histoire, catapulté en Caroline du sud aux côtés des enquêteurs. Les courts chapitres s’enchaînent à un rythme fou, à la mesure de l’urgence à retrouver les enfants. La justesse des situations, des émotions, le caractère très visuel de l’écriture, l’humanité des personnages et l’intimité créée avec eux, rendent cette enquête extraordinairement vivante.

Un polar dense, fascinant, brillant. Un coup de cœur !

Kididoc : des imagiers sonores avec des animations (Nathan)

Houuuuu! Imagier sonore des animaux et Vroum! Imagier sonore de la ville

Illustrations Nathalie Choux

Collection Kididoc, Nathan octobre 2016

Dès 6 mois; 14,90€

La collection Kididoc s’enrichit de deux nouveaux livres judicieux : des imagiers sonores et animés!

Le langage est avant tout relation à l’autre. Son ressort essentiel : le plaisir de l’échange. Pour l’éveiller, il suffit d’accompagner de paroles spontanées les gestes de la vie quotidienne. Ce n’est pas la quantité de paroles qui prime, mais la disponibilité et la chaleur de l’adulte qui parle, explique, chante, raconte.

Pour motiver votre enfant, faites-vous son interprète en donnant du sens à ce qu’il essaie de nommer de manière sommaire. Les imagiers sont alors un excellent moyen d’accompagner l’entrée dans le langage et la découverte du monde. Aujourd’hui, les austères grilles d’images légendées ont laissé place à des promenades interactives et créatives, entre images, mots et même vignettes sonores.

Centrés sur l’environnement familier, en l’occurrence ici, les bruits de la ville (bus, pompiers, chien, vélo, …) ou les cris des animaux (grenouille, pivert, loup,…), ces imagiers peuvent être proposés dès 6 mois, âge du pointage des objets qui précède l’apparition des premiers mots. Grâce à des onglets, l’enfant pourra animer l’image, découvrir la pastille sonore, être acteur de l’histoire.Et ceci, sans risque d’abîmer le livre dont les pages cartonnées résistent aux manipulations de leurs menottes pas toujours délicates! Il pourra même en fin d’ouvrage essayer d’imiter les bruits qu’il vient d’entendre.

Partagez ce plaisir avec votre enfant, sans attendre à tout prix des réponses justes. Laissez plutôt l’enfant s’attarder sur les images de son choix ; brodez, complétez, mimez, imaginez, associez, creusez ensemble les mots ! Le résultat vous surprendra…

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Nos 14 novembre, Aurélie Sylvestre : magnifique…

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Nos 14 novembre, Aurélie Sylvestre

Éditions JC Lattès, Novembre 2016

Un témoignage bouleversant, rédigé avec une sensibilité à fleur de plume, sur le combat d’une femme et mère pour rester debout, envers et contre tout, pour continuer à voir la beauté du monde malgré l’horreur. A lire !

Vendredi 13 novembre 2015. Un vendredi qui a commencé comme les autres. Aurélie, alors enceinte de 5 mois, s’occupe de son petit garçon tandis que son compagnon, Matthieu, se prépare pour le travail. Elle ignore à cet instant que c’est le dernier petit déjeuner qu’ils prendront ensemble. La dernière journée qui commencera dans les rires et la tendresse. Le soir, Matthieu se rend au concert des Eagles of metal au Bataclan.

Il n’en reviendra jamais. Il avait 34 ans.

Aurélie Sylvestre retrace ici son combat quotidien, ses blessures, ses doutes, ses victoires sur l’adversité. Le soleil persiste à se lever sur la ville, la vie se poursuit et il faut continuer avec elle, s’accrocher aux petits bonheurs, se féliciter de chaque pas effectué sans tomber, fidèle à la promesse qu’elle a faite à son compagnon devant sa dépouille : « Ne t’inquiète pas, je suis forte de notre amour je vais assurer je vais prendre le relais je te promets mon amour je te jure nous serons heureux ne t’inquiète pas nous serons heureux. »

N’allez pas vous imaginer qu’il s’agit de voyeurisme malsain, ou d’une femme qui se lamente sur son sort. C’est tout le contraire ! Aurélie Sylvestre part de son expérience particulière et nous montre avec une écriture fluide, des mots j comment elle a puisé en elle la force de tenir, pour elle, pour son fils, pour sa fille à naître. Un courage et une force vitale qui forcent l’admiration et nous font relativiser nos petits soucis du quotidien, prendre conscience à quel point il est urgent d’aimer et de le montrer aux personnes concernées. Une leçon de vie au caractère universel.

Un livre magnifique sur le pouvoir de l’amour, sur la résilience. Un témoignage dans lequel Aurélie Sylvestre redonne vie, par la voix de son encre, à l’homme de sa vie.

Coup de cœur !