Rencontre avec Laurent Gounelle : 2ème partie.

Rencontre avec Laurent Gounelle à la faveur de la parution de son nouveau livre «  Et tu trouveras le trésor qui dort en toi », aux éditions Kéro. Un livre entre l’essai et le conte initiatique, qui nous invite à réfléchir sur nos certitudes.

 

 

Est-ce une impression ou l’ego a gonflé dans nos sociétés contemporaines ? Pourquoi est-il devenu prédominant ? 

Je pense qu’on est à une époque d’ego exacerbé, où on et tourné vers soi . La course à l’ego pose problème collectivement. Cela vient peut-être des médias qui poussent beaucoup à cela via la publicité. Car c’est beaucoup plus facile de vendre un produit ou un service en appuyant sur le bouton de l’ego, en vous faisant croire que ces articles ou services feront de vous un homme qu’on va admirer, supérieur aux autres. Les publicitaires visent à nous faire croire qu’on est incomplet qu’il nous manque quelque chose pour exister pleinement, pour être reconnu, pour être aimé, et qu’il nous manque justement ce qu’ils ont à nous proposer. Sauf que la vérité est que non, nous sommes complets, mais on l’a un peu oublié. Cette quête perpétuelle est une fuite en avant.

– Ne pas avoir d’ego est-ce réalisable ?

On peut avancer dans cette direction, cela se travaille. La vie nous aide toutefois à prendre cette direction. S’identifier à sa beauté quand on avance dans la vie par exemple, n’est plus possible. Et on peut le voir comme un soulagement car l’avancée en âge aidant, on peut se dire que certes, on est plus ridé, mais on est toujours autant soi-même. La vie fait qu’on perd un certain nombres de choses auxquelles on ne peut plus s’identifier et qu’on gagne en sagesse, en libération de l’ego.

Il y a autre chose qui dans la vie peuvent nous aider à nous libérer de l’ego : ce sont les crises (crise professionnelle, crise personnelle, une maladie…). Suite à une maladie, un licenciement d’aucuns changent de vie, d’orientation, bien plus en accord avec eux-mêmes qu’avant ladite crise. Ne dit-on pas des personnes après la qu’elles sont en voie de rémission, ce qui peut s’entendre comme re-mission, nouvelle mission ? Par ailleurs, la spiritualité, la méditation, peuvent aussi nous y aider.

– La spiritualité c’est ce qui nous dépasse, le développement personnel c’est ce qui nous guérit, est-ce compatible ?

Oui, c’est compatible et selon moi il y a un ordre pertinent. Il peut il y avoir un risque à se connecter trop tôt à la spiritualité, avant d’avoir résolu ses problèmes, ses failles, du moins les plus gros. Si on se tourne trop tôt vers la spiritualité, on risque d’enterrer ses propres problèmes. Or il faut nettoyer le psychologique avant de se connecter au spirituel. C’est quand on s’aime vraiment soi-même (pour ce qu’on est quand on est nu) qu’on parvient à aimer les autres. Quand on a travaillé sur soi pour résoudre la plupart de ses problèmes, on s’intéresse moins à sa personne et on se tourne plus vers les autres et vers ce qui nous dépasse. On réalise qu’on n’est pas la personne la plus importante au monde.

– Pourquoi utilisez-vous le cadre du roman pour transmettre ce que la vie vous a appris ?

Parce que je crois au pouvoir métaphorique du roman. Un essai s’adresse à la tête, un roman s’adresse et à la tête et au cœur. Un roman permet de plus de se projeter dans un personnage.

– Comment analysez-vous votre succès ?

Il y a deux choses. D’une part, dans la vie on obtient assez facilement ce que l’on veut quand on a une seule intention. Or j’avais une seule intention : transmettre, être un passeur pour le plus grand nombre en rendant simples des idées complexes. Envie de partager tout ce que j’ai reçu par mes formations, mes rencontres avec des psys, des philosophes, des chamans. Cela m’a amené à prendre la plume pour transmettre, être un vulgarisateur. D’autre part, les êtres humains évoluent dans le bon sens, celui de la quête de leur bonheur, de la réalisation de soi. Et ce n’est pas une préoccupation d’homme riche au sens financier du terme, mais une richesse humaine.