Quand souffle le vent du nord, Daniel Glattauer

9782246765011

Quand souffle le vent du nord, Daniel Glattauer

Editions Grasset, mars 2010

Traduit de l’allemand par Anne-Sophie Anglaret. Titre original : Gut gegen Nordwind

  

L’imagin’ère du virtuel 

Suite à une erreur de frappe dans l’adresse email, Emmi Rothner envoie son message de résiliation d’abonnement au magazine Like à un inconnu, nommé Léo.Leike Ce dernier lui fait remarquer très courtoisement sa méprise, mais l’erreur se reproduit, l’adresse mail de Léo étant désormais inscrite dans le répertoire de l’ordinateur d’Emmi.

Une récidive involontaire de la part de cette femme – ou un acte manqué ? –  qui va donner lieu à un échange de mails de plus en plus nourri. Emmi est mariée et se prétend heureuse en couple. Léo sort tout juste d’un deuil amoureux. Ce premier échange entre nos deux internautes aurait donc pu demeurer sans suite. Cependant l’auteur nous montre combien le pouvoir des mots est magistralement fort. Peu à peu, ils s’imaginent, se devinent, se cherchent et…se trouvent. Car à l’agacement premier cède la curiosité, puis l’attirance, le manque de l’autre. Cachés derrière leurs ordinateurs, ils se dévoilent l’un à l’autre, comme ils n’auraient jamais osé le faire avec quiconque dans la « vraie vie ».

Sans s’être jamais vus, sans avoir échangé de photographies, entendu la musicalité de leur voix, senti l’odeur de leur peau, des sentiments d’une force inouïe vont s’emparer d’eux. Et avec eux, la peur croissante que le passage du virtuel au réel ne détruise cette belle romance.

Car grande est la crainte que ce qui fait aussi la force de leur amour, à savoir cette part de mystère, ne survive à une rencontre. L’envie de se voir est à la hauteur de leur hantise d’un désenchantement, d’une bascule dans la banalité, de la fin de l’envie de continuer à s’écrire. Et l’auteur d’être là qui habilement nous fait nous attacher aux personnages, suivre leurs attentes fébriles derrière l’écran, leurs querelles d’amoureux, leurs espoirs et leurs doutes.

Vont-ils surmonter cette peur et finalement se rencontrer ? Cette tension maintenue à son paroxysme, place le lecteur sous une pression insoutenable et l’y maintient jusqu’à la dernière page.

 

Citation : « Ecrire, c’est embrasser avec l’esprit ».