Ce que j’appelle jaune, de Marie Simon : énorme coup de coeur!

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Ce que j’appelle jaune, Marie Simon

Editions Léo Scheer, janvier 2016.

Avec ce livre,vous allez recevoir un uppercut en plein cœur, vivre un tsunami émotionnel. Ou quand l’enfant à naître entraine la libération de la mère. Et deux êtres de venir au jour ensemble. Immense coup de cœur !

Le postulat de départ du roman de Marie Simon est aussi original que génial. Un bébé à naître s’adresse au lecteur depuis le ventre de sa mère et nous parle d’elle, de son enfance, de sa vie de femme. Et des projets qu’il a pour cette maman en devenir ! Car ce petit être facétieux, déterminé et ô combien lucide est animé d’un désir aussi noble que beau : réparer cette femme fragilisée par une enfance douloureuse, par les déceptions multiples vécues en amour y compris de la part du géniteur qui l’a quittée pendant la grossesse.

Une mission qu’il entend bien mener à terme. Non seulement il a décidé de sa venue au monde, a élu cette femme comme sa future maman, mais entend bien faire du reste de leur vie à deux (à trois s’il lui trouve un amoureux digne d’elle) la plus belle partie de son existence. De son cocon douillet, il observe avec discernement les gens qui gravitent autour d’elle, fait le tri entre les nocifs et les autres, entend ses silences, perçoit ses manques, ses failles, sait déjà ce qu’il devra faire pour les combler. « Je me vois la sauvant, la protégeant ou simplement la rassurant. (…) Moi aussi je vais la faire naître. »

Difficile de rendre par des mots la puissance évocatrice, la force émotionnelle qui se dégagent de ce livre. Difficile de parler d’un livre qui vous habite avec une telle intensité. L’écriture de Marie Simon est vive, serrée. A l’image de l’urgence qu’éprouve le bébé à mener à bien sa mission. Et le lecteur d’être pris par l’urgence de mieux connaître ce couple maman-bébé, emporté par le tsunami d’émotion qui déferle sur les pages.

Un morceau de bravoure.

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Dessin que m’a inspiré ce roman.

Citation du jour

 » C’est bizarre, mais je pense que les livres ne sont pas, contrairement à ce qu’on dit, de l’ordre de la littérature, qui est finalement un petit canton, mais de l’ordre de la vie, c’est-à-dire du désir. Or, on ne peut pas susciter artificiellement un désir. Les besoins, oui, on peut les créer et les satisfaire, ou pas. J’ai besoin d’une pomme, je l’achète, je la mange, le besoin est momentanément éteint. Le désir, c’est autre chose, c’est une histoire d’amour, une histoire passionnelle qui va entrer loin dans la vie de l’autre. Le désir ébranle la chair, l’esprit, tout.  »

Christian Bobin

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Grand Prix du Roman de l’Académie française 2016 : Adélaïde de Clermont-Tonnerre

 L’Académie française a décerné le Grand Prix du Roman à Adélaïde de Clermont-Tonnerre, pour son livre Le Dernier des nôtres, paru chez Grasset.

Le grand prix du roman de l’Académie française a été décerné à la romancière Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour son second roman, Le Dernier des nôtres(Grasset). À 40 ans, elle succède au palmarès à Boualem Sansal (2084. La fin du monde) et Hédi Kaddour Les Prépondérants), tous les deux récompensés en 2015.

Les autres finalistes étaient Benoît Duteurtre (Livre pour adultes) et Sylvain Prudhome (Légende). Cette prestigieuse récompense, créée durant la Première Guerre mondiale, est dotée de 10.000 euros. Parmi les lauréats de ces dernières années, on retrouve les noms de Pascal Quignard, Éric Neuhoff, Pierre Michon,Joël Dicker, Christophe Ono-dit-Biot et Adrien Bosc.

Le livre : 

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« La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue… » Manhattan, 1969 : un homme rencontre une femme.
Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d’un petit garçon.
Avec puissance et émotion, Adélaïde de Clermont Tonnerre nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes new-yorkaises, de la tragédie d’un monde finissant à l’énergie d’un monde naissant… Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman tendu comme une tragédie, haletant comme une saga.
Vous ne dormirez plus avant de découvrir qui est vraiment « le dernier des nôtres ».

 

Bernard Werber : Demain les chats (Albin Michel)

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Demain les chats, Bernard Werber

Éditions Albin Michel, octobre 2016

Et si les chats, un jour, devaient gouverner le monde ? Vous ne regarderez plus jamais votre chat de la même façon !

Vous êtes-vous déjà demandé ce que votre chat pensait de vous, des hommes en général, avec son petit air de supériorité ? Bernard Werber, lui, l’a fait ! Dans ce roman Demain les chats, il se glisse dans la tête du félin, une chatte parisienne prénommée Bastet, laquelle devient alors la narratrice. Et force est de constater qu’aux yeux de cette dernière en particulier, et de ses congénères en général, nous ne leur arrivons pas aux moustaches ! Quel besoin ont donc les hommes de s’inventer un dieu, sinon parce qu’ils ne supportent pas d’être libres et responsables de leurs propres actes ? Un besoin que les chats n’ont évidemment pas.

Autre faiblesse de l’espèce humaine : Bastet est consternée par notre perception du monde, limitée du fait de l’omnipotence du sens visuel. Et encore, une vue qui ne nous est d’aucun secours dans l’obscurité ! Affligeant ces hommes…

C’est alors que tentant de nous comprendre, Bastet rencontre le chat de la voisine, Pythagore, un chat de laboratoire apte à lui expliquer certains des comportements humains. Ce dernier a en effet un troisième œil greffé sur son front, lequel est en réalité une clé USB lui permettant de se connecter sur internet. Pythagore va ainsi lui enseigner l’histoire du rapport entre les hommes et les chats depuis l’origine. Mais l’ambition de Bastet va au delà de la compréhension de notre espèce : elle veut communiquer avec nous. « Cela confirme mon intuition : il faut que j’aide tous ces êtres à mieux dialoguer, car je suis sûre que s’ils communiquaient mieux, ils n’auraient pas besoin de se tirer dessus au fusil ou de s’envoyer des grenades au visage. » Un programme ambitieux.

Bernard Werber nous offre ici un roman destiné à mieux comprendre les hommes, ce qui les anime, et pour ce faire, il est nécessaire de prendre du recul. Quoi de mieux dès lors que le regard extérieur que posent sur nous les chats ? Un roman d’une brûlante actualité, lucide, pertinent, avec un humour cha(t)rmant. A lire!

Prix Fémina 2016 : Marcus Malte

Le jury du Femina a choisi de récompenser ce mardi Marcus Malte, un pseudonyme, pour son roman «Le garçon» (Zulma).

Marcus Malte a obtenu 7 voix contre 3 à Nathacha Appanah («Tropique de la violence», Gallimard) pour ce roman de plus de 500 pages qui nous invite à traverser le début du XXe siècle aux côtés d’un garçon sans nom et qui jamais ne prononcera une parole.

Le prix Femina du roman étranger a été attribué à l’Américano-libanais Rabih Alameddine pour «Les vies de papier» (Les Escales) et le Femina de l’essai à Ghislaine Dunant pour «Charlotte Delbo, La vie retrouvée» (Grasset).

Le livre de Marcus Malte est «une grande épopée, une histoire magnifique qui ressuscite le mythe de l’enfant sauvage qui parvient à la civilisation», a estimé Mona Ozouf. «C’est un grand roman d’apprentissage, une allégorie de l’ensauvagement des hommes par la guerre», a ajouté la présidente, en soulignant que la discussion entre membres du jury avait été «courtoise» mais «animée».

«Le garçon» dont nous parle Marcus Malte, 49 ans, est un être quasi sauvage. «Même l’invisible et l’immatériel ont un nom, mais lui n’en a pas». Dès les premières lignes, on est saisi par la puissance et le souffle de l’écriture. Le lecteur sent d’emblée qu’il ne sortira pas indemne de la lecture de ce roman fleuve.

Le récit s’étale de 1908 à 1938. Il tient à la fois de la fresque historique -on y parle beaucoup de la «boucherie» de 14-18- et du roman d’initiation.

Marcus Malte, connu pour ses polars, auteur d’une dizaine de romans et notamment de «Garden Of Love», aime surprendre.

«J’avais envie d’utiliser un registre de langage très différent de ce que je fais habituellement», a-t-il expliqué de sa voix douce après la remise de son prix. «Le fait de placer mon histoire cent ans en arrière m’obligeait à changer mon registre de langue». J’espère que mon roman provoquera des émotions chez le lecteur. C’est ça qui compte», a ajouté l’écrivain qui se refuse à parler de lui.

 

 

Les chemins de l’école (Nathan) : énorme coup de coeur!

Les chemins de l’école, collection tirée du film documentaire réalisé par Pascal Plisson, adaptée par Sophie Nanteuil

Éditions Nathan, octobre 2016

A partir de 8 ans ; 80 p ; 6,90€

Aux quatre coins du monde, 4 enfants ont en commun de vivre une aventure chaque matin en allant à l’école : Carlos en Argentine, Jackson au Kenya, Samuel en Inde, Zahira au Maroc. Immense coup de cœur !

Je vous avais déjà parlé avec enthousiasme, en septembre 2015, de cette collection tirée du film documentaire français « Les chemins de l’école ». A l’origine, une série télévisée sur le quotidien d’enfants aux quatre coins du monde, pour accéder à l’instruction. Un reportage qui les suit à pied, à cheval, en bateau, à dos de chameau, en fauteuil roulant, bravant tous les dangers en milieu hostile. Des ces expériences de vie fortes ont été adaptés des livres, des « romans vrais », aux illustrations photographiques magnifiques.

Un an après, cette collection s’enrichit de quatre nouveaux titres. Quatre expériences bouleversantes, enrichissantes, instructives, aux antipodes du quotidien des petits occidentaux. Quatre êtres qui vivent à des milliers de kilomètres les uns des autres mais qui partagent le même espoir : celui d’un avenir meilleur grâce à l’instruction. A cheval, à vélo, en fauteuil ou à pied, leurs péripéties à travers le monde pour rejoindre l’école, nous font découvrir des lieux où accéder au savoir reste encore une aventure, et parfois même, au péril de sa vie.

Des livres à offrir aux petits comme aux plus grands. L’occasion par ailleurs de contribuer à une noble cause : l’achat du livre contribue en effet au développement de l’association « Sur le chemin de l’école », laquelle aide à la scolarisation d’enfants à travers le monde.

Pour en savoir plus : http://www.surlechemindelecole.org

Les finalistes du Prix Renaudot 2016

Prix Renaudot BibliObs

Les lauréats seront connus le 3 novembre, en même temps que celui du Goncourt.

 

La liste du Renaudot comptait huit romans et quatre essais. Elle a été réduite à cinq ce mardi 24 octobre.

Du côté des romanciers, des candidats aussi sérieux que Gaël Faye, Laurent Mauvignier et Serge Joncour ont été écartés. Résultat, ils ne sont plus que cinq dans cette catégorie. Les amateurs de parité observeront que sur ces cinq romanciers, trois sont des romancières.

Les 5 finalistes du Renaudot 2016 :

♦ Le Dernier des nôtres, par Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Grasset)

♦ Cannibales, par Régis Jauffret (Ed. du Seuil)

♦ California girls, par Simon Liberati (Grasset)

♦ Babylone, par Yasmina Reza (Flammarion)

♦ Chanson douce, par Leïla Slimani (Gallimard)

Les 3 finalistes du Renaudot Essais :

♦ Poupe, par François Ceresa (Ed. du Rocher)

♦ Sans oublier d’être heureux, par Marie-Dominique Lelièvre (Stock)

♦ Le Monde libre, par Aude Lancelin (Les Liens qui libèrent)

Ces deux prix seront remis le 3 novembre, au restaurant Drouant, en même temps que le prix Goncourt. L’an dernier, Delphine de Vigan avait remporté le Renaudot avec «D’après une histoire vraie» (Lattès), et Didier Blonde le Renaudot essai avec «Leïlah Mahi 1932» (Gallimard).

Rentrée littéraire : La tentation d’être heureux, Lorenzo Marone (Belfond)

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La tentation d’être heureux, Lorenzo Marone

Editions Belfond, août 2016

Rentrée littéraire

Un roman intime, tendre et profond, sur la solitude, les liens familiaux, l’importance de prendre sa vie en mains, mais aussi sur tous ces petits riens du quotidien qui font la richesse de l’existence. Un roman qui fait du bien, empli de poésie et d’espoir.

Cesare Annunziata est un ronchon septuagénaire, qui vit dans un vieil immeuble d’un quartier napolitain, où tout le monde se connaît. Veuf, père de deux enfants qu’il aime houspiller les rares fois où il les revoit, il entend bien continuer à vivre à sa guise, sans se préoccuper des autres, fussent-ils ses proches.

Pourtant, l’arrivée d’un jeune couple dans l’immeuble va profondément l’ébranler. La jeune femme, Emma, victime de maltraitances de la part de son mari, ne laisse pas le vieillard indifférent à son sort. Lui qui s’était promis de continuer à avoir la paix en s’occupant le moins possible des autres, voit sa cuirasse se fendiller. Et c’est tout une remise en question qui se glisse dans ce sillage. L’heure du bilan. Ce qu’il fait pour elle, l’a t-il seulement fait pour sa femme décédée 5 ans plus tôt, pour sa fille qu’il juge carriériste et coincée, ou encore pour son fils qu’il considère lâche de n’être pas capable de lui avouer son homosexualité? Non. Et de réaliser qu’il est passé à côté de sa vie, des siens. Que faire, se lamenter sur son sort ou réagir ? En cherchant à sauver sa voisine, il va se sauver lui-même. Et de décider de faire du reste de sa vie, la plus belle partie de son existence.

Avec des formules inédites et un humour savoureux, Lorenzo Marone nous offre un merveilleux roman, porteur d’espoir et de foi en l’être humain. Car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Car il n’est jamais trop tard pour dire et montrer aux êtres chers combien on les aime.