Un père en colère, de Sébastien Hongre, aux éditions Max Milo : la tyrannie des adolescents

un-pere-en-colere-roman-couverture-jean-sebastien-hongre

Un père en colère, de Jean-Sébastien Hongre

 

Éditions Max Milo, mars 2013

 

     Stéphane est appelé au secours par la mère de ses enfants, Nathalie. Cette dernière vit prostrée dans leur logement devenu le territoire de leurs deux ados, Fred et Léa. Cloitrée dans la chambre, elle subit leur dictature, l’estime de soi mitée par leur insolence, le lien filial rongé par leur extrême violence. Trafic de drogue, règlements de compte, rapports de force, Léa et Fred évoluent en effet dans un univers aux antipodes de celui dont rêvaient pour eux leurs parents, parmi les caïds de la bande des Gremlins. Mais les ados avaient-ils vraiment le choix? Dans cette cité de banlieue frappée par la crise, pour ne plus subir, il n’y a parfois pas d’autre issue de passer du côté des bourreaux… Soir de crise. Un de plus.

 

     Et un de trop. Nouvel appel. Cette fois, c’est l’hôpital. Nathalie est dans le coma. Sa voiture s’est encastrée dans un mur, lancée à 120 km à l’heure. Tentative de suicide? Désir d’en finir face au calvaire que lui font subir ses enfants? Stéphane en est intimement convaincu.

 

     Et de se sentir coupable. Et de se fustiger de n’avoir pas su la protéger de la tyrannie de leurs enfants. Comment en sont-ils arrivés là? Comment leur autorité a t-elle pu être à ce point bafouée? Démission parentale? Faute du système? Maladie de la société? Stéphane veut comprendre. Et protéger Nathalie. Si elle s’en sort…

 

     Il crée alors un blog, unpereencolere.fr, désireux de partager son expérience avec d’autres parents en souffrance, de chercher une solution pour réconcilier les générations. La trouvera t-il et où, auprès de qui?

 

 

 

     Dans ce roman rédigé d’une plume énergique, humaine, sensible, Jean-Sébastien Hongre nous entraine dans le sillage de ses personnages – une tendresse toute particulière pour Kamel- et ne nous lâche plus. Les codes de la cité, la démission parentale, la surenchère des medias, l’auteur nous interroge, nous interpelle avec brio. 

 

     Un père en colère est un roman nerveux, bouleversant, pertinent, qui se lit en apnée!

Hipnofobia, de Salvador Macip : roman noir pour nuit blanche.

arton8035

Hipnofobia, de Salvador Macip

Editions Hachette, collection Black Moon, mars 2013

 

     Décor blanc pour nuits blanches. Un homme est retenu prisonnier dans un bunker secret de l’armée américaine. Question de sécurité nationale. Énigme insondable. Il s’agit en effet d’un cas d’espèce : depuis trois semaines, le prisonnier en observation n’a pas dormi une seule minute. Le Docteur Metcalf, spécialiste mondial du sommeil, et le général Sandcliff, sont réquisitionnés. Les seuls éléments à leur disposition sont bien maigres. Ce corps a été retrouvé en vie au milieu d’autres corps calcinés de l’intérieur. Le seul à avoir échappé à cette auto-combustion collective. Est-il membre d’une secte? Laquelle? Et quel but poursuivait-elle? Plus étrange : comment fait-il pour ne pas dormir? Car cette veille permanente est source d’un pouvoir phénoménal, pouvoir dont les répercussions sont inouïes : « Si nous parvenions à réduire au maximum les heures gaspillées à dormir, nous pourrions récupérer le trésor dont la Nature nous avait privés : la pleine maîtrise de notre force mentale. L’outil le plus inimaginable de notre planète » (P.27).

     Il va leur falloir oublier les explications rationnelles et pousser les recherches vers l’impossible. Et si cet homme était réellement capable de détruire tout ce qui s’approche de lui par sa seule volonté? Dans pareille situation, que faire pour le contrecarrer? Et surtout…peuvent-ils profiter de ce pouvoir redoutable? Une arme psychique qui pourrait être inculquée dès l’enfance, dans le cadre d’une École, institution réservée aux meilleurs élèves du pays. L’École, fabrique de surhommes…

Dans ce roman remarquablement construit, aux frontières de deux mondes, thriller et science-fiction, Salvador Macip nous interroge sur les risques de dérive d’un pouvoir qui serait absolu, celui du psychisme. La manipulation mentale, arme suprême?

Un roman noir brillant qui vous fera passer une nuit blanche…

La Kar’Interview de Salvador Macip pour son roman Hipnofobia

arton8035

Hipnofobia, de Salvador Macip

Éditions Hachette, collection Blackmoon, mars 2013

Présentation de l’éditeur :

      Lumière blanche. Sol blanc. Le plafond, s’il existe, est blanc lui aussi. Je ne peux pas voir mes mains, attachées dans mon dos, mais elles doivent sûrement être déjà aussi pâles que tout ce qui m’entoure.
Le blanc, c’est le vide. Le vide de la pièce où l’on m’a enfermé. Je suis assis sur une chaise invisible, figé dans l’espace et le temps.
      Ils prétendent que mes pensées n’ont pas de consistance mais ils ne peuvent stopper mon mental. Ils ne savent pas que je les entends. Que je les vois. Je n’ai pas besoin de l’ouïe, ni de la vue, ni d’aucun autre sens.
Plus maintenant. Je peux suivre leurs mouvements de là où je suis.
     Je sais comment ils parlent de moi, comment ils doutent, comment ils se croient en sécurité après avoir coulé ces mètres de béton entre nous.
La voix du docteur M parvient jusqu’à moi aussi clairement que s’il se trouvait à mes côtés : « Nous le gardons en observation depuis déjà trois semaines, et il n’a pas encore dormi. »

 

La Kar’Interview 

Quel est votre parcours?

     J’ai fait des études de médecine. Je suis chercheur et travaille en laboratoire sur la lutte contre le cancer, plus particulièrement sur la mort cellulaire. J’ai commencé à travailler en Espagne dont je suis originaire, puis aux Etats-Unis. Aujourd’hui je suis établi en Angleterre.

Et quand trouvez-vous le temps d’écrire?    

     J’ai toujours écrit. Dans le cas présent, j’ai commencé à écrire ce roman, Hypnofobia, il y a six ou sept ans. Je suis hyperactif, dors peu. Alors j’utilise ce temps pour écrire.

 

Ce qui est fascinant, c’est la façon avec laquelle vous embarquez le lecteur sur des pistes complètement inattendues :

      Quand j’écris un livre, je me mets à la place du lecteur et j’ai envie qu’il prenne du plaisir. Je n’avais pas envie d’un thriller classique, avec un gentil d’un côté et de l’autre, un méchant qu’on arrête à la fin. Ici, les personnages principaux ne sont pas présents tout au long du récit. J’ai voulu que chaque chapitre soit une histoire différente, une pièce du puzzle. Une histoire courte à chaque fois. Et le plus difficile dans l’écriture a été de combiner ces chapitres, de fondre ces petites histoires dans la grande.

      Ce n’est qu’après avoir lu l’intégralité du roman qu’on a une vue globale de l’histoire.

 

Dans votre roman, il n’y a pas de vision manichéenne, avec d’un côté le bien, de l’autre le mal.

       Oui, en effet. Il y a ce passage du récit où je parle de l’École, cette institution où on sélectionne les enfants les plus intelligents pour les formater à devenir des êtres brillants à même de faire le bien ou..le mal. Des enfants à même de devenir des êtres bons ou des monstres. Je montre que finalement, le Bien ne peut pas vivre sans le Mal, ils s’auto-nourrissent. J’aime l’idée de changer la nature des gens, leur but, le pourquoi de leur passage sur terre. Et ce, dès l’enfance.

 

Il y a deux niveaux de lecture dans Hipnofobia.

      Oui, ce que j’ai aimé dans l’écriture de ce livre, c’est d’offrir une lecture à deux niveaux. Le premier niveau est une lecture de divertissement, de loisir. Le second est d’amener le lecteur à s’interroger : s’il avait ce Pouvoir absolu sur les autres, qu’en ferait-il? Il l’utiliserait à faire le Bien ou le Mal? L’utiliserait-il à libérer les gens, à se battre pour la démocratie? Et dans le même temps, si une seule personne a le pouvoir absolu, cela enlève aux autres la liberté de penser et d’agir, on verse dans la dictature… Donc j’aime susciter ces interrogations chez les lecteurs.

 

Peut-on vous qualifier d’auteur subversif au sens premier du terme?

      J’écris des livres pour que les lecteurs s’interrogent. Aussi, si faire réfléchir les gens, c’est être subversif, alors je le suis. Et je le prends pour un compliment. C’est d’ailleurs le propre de mon métier de chercheur de toujours poser des questions, interroger.

 

                                                                                                            Karine Fléjo

                                                                                          Propos recueillis le 22 mars 2013

Les gosses, de Valérie Clo, aux éditions Buchet-Chastel : jubilatoire!

ob_ac1c48af32ec26c8fbd3f586f4d1e06c_9782283026502-f7272

Les gosses, de Valérie Clo

Éditions Buchet-Chastel, avril 2013

Ils vous sourient, vous tendent leurs petits bras, se lovent sur vos genoux et soudain vous vous réveillez. Face à vous, les gentils petits sont devenus des ados boutonneux et râleurs. Affalés en travers du lit devant des jeux vidéos à longueur de journée, opposés à tout par principe, la maman chérie devient l’adulte à l’écart de laquelle il faut marcher car « c’est trop la honte », « ça fait pitié ».

Quadra divorcée, mère de deux ados et d’une petite fille de 9 ans, elle se sent dépassée. Comment ces gentils petits coeurs ont-ils pu changer ainsi? Eux si mignons, tellement en adoration devant leur maman, ne la ménagent plus guère. Et de faire souvent le même cauchemar : « Mes enfants se transforment, ils ont des bras et des jambes immenses qui traversent l’appartement et sortent par les fenêtres, ils prennent de plus en plus d’espace. Je suis obligée d’enlever toutes les portes. Je les regarde se développer ainsi, impuissante, et j’ai peur qu’ils m’écrasent. » Il va falloir gérer au mieux le fait d’être passée en quelques mois du « top 50 des mamans à l’has-been. » Et penser aussi à soi, à refaire sa vie.

Avec « Les gosses », Valérie Clo dresse le portrait d’une femme en laquelle se reconnaîtront bien des mamans. Enfants à gérer, vie sentimentale nouvelle à envisager, travail à assurer, la maman doit être sur tous les fronts à la fois. Un livre irrésistiblement drôle, des personnages attachants, des situations plus vraies que nature, vous passerez un délicieux moment au coeur de ces pages!

P.104 : Finalement, les enfants ne sont-il pas toujours de passage? Ils nous font croire qu’ils occupent notre vie alors qu’ils ne font que la traverser.

La première chose qu’on regarde, de Grégoire Delacourt, aux éditions JC Lattès : être, par-être ou…dispar-être?

9782709642866-G

La première chose qu’on regarde, de Grégoire Delacourt

Editions Jean-Claude Lattès, mars 2013

 

Etre, par-être ou… dispar-être?

     Un soir, tandis qu’il regarde tranquillement la télévision, Arthus Dreyfuss, 20 ans, garagiste de la petite ville de Long, entend sonner à sa porte. Il s’agit ni plus ni moins de l’actrice aux proportions parfaites, élue la plus belle poitrine d’Hollywood, celle qui fait fantasmer les hommes et verdir de jalousie les femmes : Scarlett Johansson. Mirage? Non. Cette dernière, épuisée, veut disparaître quelques jours, se fondre dans l’anonymat, être une fille banale. Just boring. Arthur hésite alors un quart de millionième de seconde. Et accepte. Il la prend sous son aile, lui offre son toit et lui laisse sa chambre. Just that.

     Lui qui jusqu’alors était fasciné par la mécanique automobile et la poésie dont «  les mots, emperlés d’une certaine manière, étaient capables de modifier la perception du monde », voit sa vie transformée. Mais saura t-il la réparer, elle? Saura t-il rendre le sourire à la petite fille blessée en elle? Car tous deux se révèlent avoir l’âme cabossée par les embardées nombreuses sur l’autoroute de leur vie. Il leur manque des pièces d’origine, du carburant de réassurances, de tendresse, d’attentions. Parviendront-ils à refaire le plein d’amour? Et de quel amour? Car le seul amour qui vaille, souligne l’auteur, le seul amour vrai, est celui qui permet « d’ être vu comme on se voit : dans la bienveillance de notre estime de soi » .

      La mécanique de l’âme n’aura t-elle pour eux plus aucun secret?

     Dans ce magnifique roman, savoureux cocktail d’humour et de gravité, Grégoire Delacourt dénonce cette tendance actuelle à sacraliser le corps, à défaut de sacraliser l’âme. L’importance sociale de la minceur, de la beauté, et plus largement, la recherche obsédante de l’amélioration de l’image, relèguent au second rang la vraie beauté, celle qui existe au delà des apparences, celle notamment de l’estime de soi. Au scalpel de sa plume, l’auteur dissèque les âmes humaines avec une justesse chirurgicale, met les coeurs à nu et opère chez le lecteur une indicible émotion…

     « La première chose qu’on regarde » est une vibrante ode à l’amour. «  L’amour qui se transmet entre les êtres et ne se perd jamais. » (p194). Bouleversant. Brillant. Incontournable. Just that.

 

P.45 « La rouille grignote les âmes de ceux qui ne réalisent pas leurs rêves »

P86 : «  Ce n’est pas le temps qui civilise, mais ce qu’on vit. »

P. 98 : «  Le silence possède aussi la violence des mots ».

P134 : « Quand on s ‘abandonne soi, on se perd toujours »

La première chose qu’on regarde(ra), mercredi 20 mars ?

421523_3263761914363_2096686898_n    

Alors, on récapitule pour TOUT LE MONDE :

La première chose qu’on regarde, pour mercredi 20 mars, c’est :

–  avez vous bien 17€ dans votre porte monnaie ou avez-vous votre carte bleue et si oui, est-elle créditée, ou encore avez-vous votre chéquier? Sinon, vite, empruntez de l’argent à un ami!
Puis
–  votre librairie préférée est elle ouverte mercredi et si oui, à partir de quelle heure?
–  votre réveil fonctionne t-il ? Car vous voudrez être là dès l’ouverture de ladite librairie.
–  avez vous trouvé un bon prétexte pour votre retard au travail car il va de soi que le détour pour l’achat du livre sera en plus accompagné d’une irrrrrésistiiiiible et irrrrrépressiiiiible pause lecture pour dévorer tout chaud le roman acheté. Avec un peu de chance, votre employeur aura éprouvé la même envie, vous le croiserez à la librairie et n’aurez aucune excuse à fournir. Sinon, demandez un mot d’excuse à Grégoire Delacourt, après tout c’est lui le fautif!
– notez l’adresse d’un libraire de secours au cas où la premier n’aurait pas encore reçu ledit roman ( il sort pourtant bien ce vingt mars), n’en aurait déjà plus ( parti comme un petit pain à l’image de La liste de mes envies, sort que l’on souhaite au millésime 2013), ne saurait pas qu’il parait ce jour ( impossible, tous les libraires auront lu comme chaque jour le blog de Koryfée. NDR : d’une modestie indécente, Koryfée)

     Donc, on récapitule: mercredi 20 mars 2013, dans toutes les librairies, vous trouverez et n’aurez d’yeux que pour lui : le nouveau roman de Grégoire Delacourt, aux éditions JC Lattès, « La première chose qu’on regarde« !!!
Vu?

9782709642866-G

L’autobiographie de Patrick Edlinger, par Patrick Edlinger et Jean-Michel Asselin : le « risk symbol »

1357323625

L’autobiographie de Patrick Edlinger, par Patrick Edlinger et Jean-Michel Asselin

  Editions Guérin, février 2013

L’opéra vertical 

     C’est à Palud-sur-Verdon, la Mecque de l’escalade, LE spot des grimpeurs, que Patrick Edlinger s’était installé. Discret, fuyant les mondanités, à 52 ans, il continuait le rituel quotidien de l’entrainement, signait le rocher avant chaque escalade. Jusqu’en novembre 2012. Quelques jours avant de perdre la vie dans un accident domestique, il avait mis le dernier mot à cette autobiographie, laquelle prend une tournure testamentaire.

Dans cet ouvrage absolument magnifique, émaillé de sublimes photographies, le funambule des parois, le félin des falaises revient sur sa vie, sur cet appel précoce de la montagne, sur ces défis en solo lancés au vide. A tous les vides. On glisse nos pas dans les siens, pris de vertige, encordés à ses mots. On comprend alors combien l’escalade à mains nues n’est pas pour lui un sport, une passion, mais un mode de vie à part entière. « Le solo est une démarche personnelle car il y a toujours une prise de conscience du risque de mourir et là, je vous prie de me croire qu’on n’a pas envie de perdre notre vie pour la gloire. Je tiens à profiter pleinement de cette vie qui est la mienne. Le solo, c’est simplement pour aller plus loin dans la zone de la peur, pour mieux se connaitre. » P.66

      Suite au fabuleux documentaire que lui consacre Jean-Paul Janssen,  » La vie au bout des doigts », en 1982, Edlinger passe de l’anonymat aux feux des projecteurs. Le mythe est né. Et Edlinger d’incarner le héros moderne. Un héros au physique d’ange, au génie incomparable de la grimpe, à la vie simple et saine. Le risk symbol. Souvent imité. Jamais égalé.

Celui qui a défié les sommets les plus prestigieux à travers le monde, nous offre aussi dans ce livre sa bataille la plus difficile entamée en 2009, bataille qui aura duré trois ans : celle de l’escalade de la dépression, maladie vertigineuse, abîme sans fin, sommet de souffrances. Fuite dans l’alcool, la cigarette, les médicaments, les heures à se vider la tête le long des parois, tout est bon pour tenter de faire dévisser l’ennemi intérieur.
P. 31 :  » Patrick sait qu’il ne pourra plus donner le change très longtemps. Un matin, la douleur n’est plus seulement existentielle, non, elle s’inscrit dans le corps, les gestes, la respiration, les battements de coeur, au creux du ventre, dans les mains qui se mettent à trembler. (…) ». L’ange blond de « La vie au bout des doigts », celui qu’on adulait du temps de l’argent et du succès, voit peu à peu le vide se faire autour de lui. Au bout des doigts d’une seule main restent les vrais amis…

      Pour sa fille tant aimée, Nastia, il renoncera à l’appel du vide du haut des falaises, solution tentante et radicale pour en finir. Pour elle, il n’abandonnera pas. Pour elle, il est prêt à réussir l’ascension la plus difficile de sa vie, à atteindre les cimes de la guérison. Et si la bataille est âpre, si les écorchures à l’âme sont nombreuses, si la douleur adhère à lui comme de la magnésie, s’il se met vert, il relèvera le challenge. Avec l’amour comme baudrier. Lui, Patrick Edlinger, l’homme des ascensions, évoque sa descente aux enfers. Et surtout, il plante au sommet de la guérison trois ans plus tard le fanion de l’espoir:  » C’est une maladie terrible car elle atteint ton corps et ton cerveau, mais curieusement, c’est aussi une chance. Si l’on s’en sort, on est encore plus fort. »

Une autobiographie captivante, véritable hymne à la vie, à la liberté, au dépassement de soi. Pour tous les amoureux de l’escalade, mais pas seulement : pour tous les amoureux de la vie.
Un livre somptueux à lire, à relire, à offrir!

Chuuut!, de Janine Boissard, aux éditions Robert Laffont : savoir replanter sur du pardon…

photobis

Chuuut!, de Janine Boissard

Éditions Robert Laffont, mars 2013

 

Savoir replanter sur du pardon.

     « Il y a toutes sortes de silences. On parle de silence « religieux », de silence « de mort ». Il peut y en avoir aussi de respect, de regret, de honte. » (P.133) Dans la famille Saint Junien, le silence est protection. Protection de l’unité du clan. Protection des liens du sang. Envers et contre tous. Envers et contre tout.

     Tous, Edmond et Delphine de Saint Junien, leurs quatre enfants, beaux-enfants et petits enfants vivent au château, près de Cognac. Tous ou presque. Car Roselyne manque à l’appel, partie pour Amsterdam avec un certain Werner quelques années plus tôt. Une absence douloureuse scellée par le silence. Jusqu’à ce jour où ils apprennent son décès, laissant derrière elle un fils, Nils, âgé de dix-huit ans. A cette nouvelle, une évidence : ce dernier doit rejoindre les siens au château.

     Pour celui qu’on a baptisé Nils, en référence au récit « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède », la vie semble alors être un conte. De courte durée toutefois. Lorsque le corps de la petite Maria est découvert sans vie, Nils est le coupable tout désigné. Face au drame, le clan explose. D’un côté, ceux qui croient en son innocence. De l’autre, ceux qui l’accablent. Et Nils de se battre pour obtenir sa réhabilitation. Avec patience. Avec droiture. Sans haine. Sans violence. Car s’il a grandi dans un terreau hostile, stérile, il ne s’est pas laissé dépérir dans le manque. Il y a puisé un surcroît de vie, de courage, de combativité, a fait germer en lui une noblesse de coeur et d’âme exemplaires.

     Qui a donc tué Maria? Comment confondre l’assassin? Les liens du sang résisteront-ils à l’épreuve de la vérité?

     Dans Chuuut!, Janine Boissard capture son lecteur dès la première page et fait de lui la victime consentante d’une lecture en apnée. Un roman captivant, résolument optimiste, où l’amour, la famille, l’intégrité sont les meilleures armes pacifiques face à l’adversité.

     Il faut savoir « replanter sur du pardon ».

     A lire absolument!

P. 133 : D’une enfance trop difficile, trop tôt exposée aux coups de la vie, d’où la chaleur et la lumière ont été absentes, certains en sortent l’âme démantibulée (…). D’autres, victimes d’une même enfance, ont eu la chance, la force, de savoir exploiter chaque parcelle d’amour, chaque lumière à eux donnée. Nourris d’espoir, le jour où leur vie s’éclaire enfin, ils sont prêts à en accueillir, en savourer toutes les joies, à saisir toutes les mains qui se tendent. Ayant été blessés, ils s’efforceront à l’indulgence, ayant souffert, ils sauront reconnaître la souffrance des autres et s’emploieront à les réconforter.

P. 220 : On ne replante pas sur du malheur. On replante en remplaçant les mauvaises images par les bonnes, les larmes par des sourires, sans pour autant oublier ceux qui sont partis.

Vanessa Paradis, La vague à l’âme. Biographie de Erwan Chuberre-Saunier

vanessa-paradis--la-vague-a-l-ame-3504363

Vanessa Paradis, La vague à l’âme. Biographie de Erwan Chuberre Saunier

Éditions Didier Carpentier, février 2013

 

Le tourbillon de sa vie…

« Joe le taxi , c’est sa vie, du rhum au mambo, embouteillage… ». Qui n’a pas en tête ce tube qui déferla sur les ondes au printemps 1987? Qui ne se souvient pas de la touchante adolescente à la voix si singulière qui l’interprétait alors? Encensée par certains, vilipendée par d’autres, s’il est une évidence, c’est que la jeune fille avec ses trois millions de singles vendus ne laisse personne indifférent. Mais face à la critique, et ce, malgré sa fragilité apparente et son jeune âge, Vanessa Paradis tient bon. Les propos acerbes à son endroit façonnent un caractère de battante qui lui sera utile tout au long de sa carrière.  Coachée par son oncle, Didier Pain, l’adolescente entend bien montrer que la chanson n’est pas une lubie ni ce succès un feu de paille. Pas plus qu’elle n’est une marionnette dont on tire les ficelles.

Il faudra attendre 1990 et ses débuts au cinéma dans Noce blanche pour que ses détracteurs se calment un peu, pour qu’une légitimité en tant qu’artiste lui soit accordée. Meilleure interprète féminine lors des 5èmes Victoire de la musique, prix Romy Schneider, César du meilleur espoir féminin, son nom n’est plus synonyme de femme à abattre mais gage de qualité. Et les plus grands de travailler avec elle. De Gainsbourg qui la surnommera sa « lolycéenne », à la marque Chanel, de Jean-Baptiste Mondino à Jean-Paul Goude, de Lenny Kravitz à René Manzor, en passant par Patrice Leconte ou encore Matthieu Chédid, Vanessa Paradis fascine, touche, inspire.

C’est un portrait très vivant que nous offre Erwan Chuberre Saunier. Avec beaucoup de sensibilité, sans voyeurisme, il nous entraine dans les coulisses de la vie de l’artiste, de la femme et mère. Une personne attachante aux talents pluriels.