Citation du jour

Beaucoup pensent qu’écrire c’est reporter. Que parler de soi, c’est raconter ce qu’on a vu, rapporter fidèlement la réalité dont on a été le témoin. Au contraire, moi je voudrais raconter ce que je n’ai pas vu, ce dont je ne sais rien mais qui pourtant m’obsède. raconter ces évènements auxquels je n’ai pas assisté mais qui font néanmoins partie de ma vie. Mettre des mots sur le silence. Défier l’amnésie. la littérature ne sert pas à restituer le réel mais à combler les lacunes, les vides. on exhume et ne même temps on crée une réalité autre.

Leila Slimani – Le parfum des fleurs la nuit
le parfum des fleurs la nuit

Comme des bêtes, Violaine Bérot

Comme des bêtes

Toute la force et la beauté de l’écriture de Vilaine Bérot dans ce roman au cœur de la nature pyrénéenne. Un roman sur la différence, les préjugés et une belle ode à la vie simple.

Enfant sauvage et enquête au village

Nous sommes au commissariat de police où une enquête est en cours, à la suite de la découverte d’une enfant sauvage, dans une grotte difficilement accessible sur les hauteurs de la montagne. Les habitants de ce village des Pyrénées se succèdent alors pour témoigner. Pour beaucoup, les soupçons se tournent vers celui qu’on surnomme « l’ours », car il ne parle pas et s’exprime par des grognements. Un jeune homme au fort handicap mental, déscolarisé très tôt, qui vit à l’écart du village avec sa mère. D’ailleurs, un témoin ne l’a-t-il pas vu en présence de la fillette ? L’aurait-il enlevée ? En serait-il le père ? Ou le frère ?

Pour d’autres encore, cet enlèvement de la fillette serait l’œuvre des fées. Une légende locale affirme en effet que les fées vivent dans cette grotte et enlèvent les enfants. Malheur à quiconque essaye de les leur reprendre.

Personne ne sait, mais chacun y va de ses affirmations. Et puis, la différence fait peur. Alors forcément, l’ours est la cible idéale. Au fil des témoignages, des portraits très divergents du jeune homme et de sa mère émergent. Qui croire ? Que croire ?

Une ode à la tolérance

Je suis une inconditionnelle de l’écriture de Violaine Bérot, de sa force, de sa beauté, de sa puissance évocatrice. De sa poésie aussi. Je vous ai déjà présenté Des mots jamais dits (chronique ), Nue sous la lune (chronique ICI) et Tombée des nues (chronique ) et attendais impatiemment le nouveau roman de l’auteure : Comme des bêtes. Impossible de le lâcher, de me résoudre à refermer le livre avant la dernière page, les larmes aux yeux…

Violaine Bérot a une écriture incisive, puissante, qui vous prend aux tripes. Pas de fioritures, mais un langage dépouillé, authentique, percutant. Viscéralement humain. Dans ce roman, elle nous immerge en pleine nature, dans les hauteurs des Pyrénées. Les villageois vivent modestement de la vente de leurs produits, de troc, sont heureux avec peu. Tout le monde se connait et connait cet enfant différent et sa mère. Une mère qui a refusé que son fils soit placé en institution, convaincue que son bonheur se situe ailleurs, libre, au milieu des bêtes qu’il aime tant et soigne avec tant de talent. Qui est le mieux placé pour juger de ce qui est bon pour l’enfant ? Les institutions avec leurs grilles de classement ou la mère ?

Mais la différence attire la suspicion, la défiance. Alors chacun y va de son avis, de son accusation, de ses soupçons. Et les témoignages des villageois sont édifiants. A travers eux, nous sommes invités à plus de tolérance, d’ouverture d’esprit. Car les accusations des uns envers cet enfant différent ploient au fil des pages sous les éloges que lui font d’autres villageois. La peur vient souvent de la méconnaissance de l’Autre et non d’une raison d’avoir peur.

La chute m’a mis des larmes aux yeux, tant l’auteure a su créer une proximité avec ses personnages, nous les rendre attachants. Et donc sensible à leur sort. Qui sont les plus cruels? Les animaux ou les hommes?…

Gros coup de cœur !

Informations pratiques

Comme des bêtes, Violaine Bérot- Editions Buchet Chastel, avril 2021 – 160 pages – 14€

Livre jeunesse : Tigre

Tigre

Un hymne à l’amitié entre une vieille femme fille et un tigre illustrée et écrite par le talentueux auteur néerlandais Jan Jutte.

Rencontre avec un tigre

Joséphine est une vieille femme qui vit en bordure d’une forêt, à la ville. Lors d’une de ses promenades solitaires, elle tombe face à face avec …..un tigre! Après quelques instants de frayeur, force lui est de reconnaitre que l’animal ne veut que son bien, doux comme un énorme chat. Joséphine décide donc de le ramener chez elle.

Mais si son compagnon à quatre pattes est devenu la coqueluche des habitants, il garde en lui le mal du pays. Pour preuve, il en a perdu ses rayures! Et le vétérinaire est très inquiet sur l’évolution de sa santé. Joséphine, par amour pour son tigre, prend une décision qui lui crève le cœur : ramener le tigre dans sa jungle natale, le seul lieu pouvant lui garantir une bonne santé et une belle vie.

Une magnifique histoire d’amitié

C’est une histoire d’une infinie tendresse que nous offre Jan Jutte, avec Tigre, paru aux éditions des éléphants. Ou comment la solitude d’une vieille femme prend fin avec sa rencontre avec le tigre. Comment des liens se tissent entre l’homme et l’animal. Une histoire pleine de douceur, de tendresse, de bienveillance, où l’homme comme l’animal prennent tour à tour soin l’un de l’autre. Une histoire lumineuse aussi. car, mais je ne vais pas vous dévoiler la chute, il n’y a pas qu’un seul tigre dans l’histoire…

A offrir à vos chères têtes blondes sans hésitation !

Informations pratiques

Tigre, Jan Jutte – Les éditions des éléphants – Dès 4 ans – 56 pages – 15€

De feu et d’or, Jacqueline Woodson

de feu et d'or Jacqueline Woodson

Un roman choral très touchant sur la société afro-américaine, sa condition, ses espoirs, ses batailles.

Anniversaire et passage à l’âge adulte

En ce printemps 2001, Mélody fête ses seize ans, un âge charnière où l’enfant bascule dans le monde des adultes. L’âge que sa propre mère Iris avait quand Melody est née. Pour l’occasion, toute la famille s’est réunie. Et alors que tous contemplent la belle jeune fille qu’elle est devenue, les souvenirs affleurent.

Jacqueline Woddson se glisse alors dans la tête de chacun des invités et se fait l’écho de leur histoire, de leurs combats, de leurs idéaux, des émotions qui les traversent. Des grands-parents témoins du massacre de Tulsa (en Oklahoma) perpétré durant deux jours en mai 1921 contre leur communauté noire, à cette rage de réussir d’Iris, rage qui la conduira à privilégier ses études à l’éducation de sa fille Mélody, en passant par Aubrey, jeune père comblé par sa fille, elle dresse des portraits très émouvants et très vivants de cette communauté afro-américaine.

Une écriture délicate et poétique

Après Un autre Brooklyn, Jacqueline Woodson nous revient avec De feu et d’or. Une peinture délicate et sensible de la société afro-américaine. Pas de clichés ici ni de prose caricaturale, mais des touches sensibles, parsemées ici et là, qui rassemblées dressent le portrait de trois générations d’afro-américains, de leurs souffrances et de leurs batailles pour être traités d’égaux à égaux. L’écriture est vive, les phrases et les chapitres courts, ce qui impulse un rythme soutenu au roman, à l’image du temps qui a passé trop vite depuis la naissance de Melody.

Un roman émouvant, beau comme un chant de gospel.

Informations pratiques

De feu et d’or, Jacqueline Woodson – éditions Stock, mars 2021 – 19€ – 204 pages

Les trois vies de Suzana Baker, Philippe Amar

Les trois vies de Suzana Baker

Quand un test génétique révèle des origines inconnues, commence alors une quête de vérité aussi excitante qu’effrayante. Une investigation qui va mener jusqu’aux heures les plus sombres de la Shoah.

Test génétique et origines

Pour Lauren Moore, enseignante à Boston, c’est la stupéfaction : le test génétique que sa fille lui a offert sous forme de boutade pour son anniversaire, révèle des origines juives ashkénazes.  Et Lauren, experte en histoire contemporaine, de réaliser qu’elle ne connait pas sa propre histoire. Que lui ont donc caché ses parents ?

Elle ne peut guère compter sur sa mère, âgée de 89 ans, pour lui apporter les pièces manquantes du puzzle. En effet, cette dernière est atteinte de la maladie d’Alzheimer et ne reconnait plus sa propre fille. Elle semblait pourtant sur le point de lui faire des révélations lorsqu’elle a été rattrapée par la maladie. En effet, elle avait commencé des confessions écrites, hélas abandonnées. Un mystère que Lauren, aidée de sa fille et de son ex-mari, est bien décidée à élucider, quitte à devoir multiplier les voyages en Europe et découvrir une vérité glaçante.

Holocauste

J’adore la plume sensible et viscéralement humaine de Philippe Amar. Je vous avais parlé de mon énorme coup de cœur pour Le petit roi du monde, paru aux éditions Pocket (chronique ICI). J’attendais donc avec impatience de découvrir une nouvelle histoire signée de sa main. C’est chose faite avec son nouveau et magnifique roman : Les trois vies de Suzana Baker, aux éditions Mazarine.

C’est un voyage dans le temps que nous propose l’auteur. Une quête des origines. A travers le destin bouleversant de plusieurs familles juives lors de la seconde guerre mondiale, le lecteur reconstitue pièce après pièce le puzzle de la vie de Suzana, la mère de Lauren. Grâce à une construction remarquable, les indices se mettent en place et nous livrent le secret bien gardé des trois vies de Suzana Baker. Et lève le voile sur le mystère des origines de Lauren Moore.

Le lecteur passe par toute la palette des émotions à la lecture de ce roman : effroi, soulagement, peur, joie, attendrissement, colère, espoir. Impossible de reposer le livre une fois la lecture commencée, de ne pas chercher à connaitre ce qu’il advient des personnages, de laisser Lauren seule poursuivre l’enquête. Et d’être cueilli par la chute vertigineuse…

C’est à regret qu’on referme le livre, tant la compagnie de ces personnages était passionnante et émotionnellement forte. Tant leur histoire nous bouleverse. Une histoire qui rejoint la grande et laisse son empreinte durablement dans les esprits.

A lire absolument !

Informations pratiques

Les trois vies de Suzana Baker, Philippe Amar – éditions Mazarine, février 2021 – 393 pages – 20€

Prochains livres sur le blog

La semaine prochaine, retrouvez sur le blog, comme chaque semaine, des nouveautés littéraires pour adultes comme pour enfants.

Au programme de la semaine à venir

Côté littérature adulte :

  • De feu et d’or, Catherine Woodson, éditions Stock : Un roman choral très touchant sur la société afro-américaine, sa condition, ses espoirs, ses batailles.
  • Mais aussi Les jours brûlants, de Laurence Peyrin, aux éditions Pocket : Un magnifique roman, aux personnages attachants, sur un phénomène dont on parle peu : ces femmes qui, du jour au lendemain, choisissent de disparaître en abandonnant enfants, mari et travail.
  • Ou encore la magnifique plume de Violaine Bérot dont je vous ai déjà présenté les trois précédents romans : Comme des bêtes, Violaine Bérot, éditions Buchet Chastel. Toute la force et la beauté de l’écriture de Vilaine Bérot dans ce roman au cœur de la nature pyrénéenne. Un roman sur la différence, les préjugés et une belle ode à la vie simple.
  • Mais aussi le nouveau roman d’un auteur dont j’avais tant aimé le précédent roman Le petit roi du monde : Les trois vies de Suzana Baker, Philippe Amar – éditions Mazarine. Quand un test génétique révèle des origines inconnues, commence alors une quête de vérité. Une investigation qui va mener jusqu’aux heures les plus sombres de la Shoah.

Côté livre pour enfants :

  • Je vous parlerai d’un livre poétique et tendre : Tigre, de Jan Jutte – Les éditions des éléphants : Un hymne à l’amitié entre une vieille femme fille et un tigre illustrée et écrite par le talentueux auteur néerlandais Jan Jutte.

Et bien sûr, des citations, des extraits chaque jour de la semaine !

Mamma Maria en version poche!

Mamma Maria éditions Pocket

Un roman gorgé de soleil, lumineux, bienveillant, qui vous fera voyager en Italie. Des personnages viscéralement humains que vous n oublierez pas de sitôt. Alors foncez!

 Un aller simple pour l’Italie

 Cela fait 40 ans que Maria tient un bar dans ce tout petit village italien. Un lieu incontournable, où chacun s’attable pour un café, un limoncello bien frais, une partie de scopa, ou un corneto. Maria, c’est un peu la maman du village, celle qui veille au bien-être de chacun. D’où le surnom donné à son bar : Mamma Maria.

Un bar où Sofia, traductrice, aime venir s’attabler pour travailler en terrasse. De retour de France où elle a rompu avec son petit ami Jérôme, elle peine à cicatriser de ses blessures. Mais Jérôme lui a intimé de choisir entre son village ‘pourri’ et lui. Alors elle a choisi. Pour autant qu’il lui ait laissé le choix.

Une femme et son enfant débarquent eux aussi au village sans l’avoir choisi. Parce qu’il en va de leur survie. Parce qu’ils ne pouvaient plus rester dans leur pays.

Si le village a réservé un accueil chaleureux au retour de l’enfant du pays, qu’en sera-t-il pour ces deux étrangers?

Un roman à siroter avec délice comme un verre de limoncello bien frais

Après Ciao Bella, premier roman au succès retentissant, Serena Giuliano nous revient avec un deuxième roman, Mamma Maria. Mieux, avec un aller simple pour l’Italie. Car quand vous aurez découvert la chaleur des habitants du village, quand vous aurez goûté à l’Amalfitano de Maria, quand vous aurez joué à la scopa avec Franco, quand vous vous serez reposés à l’ombre des citronniers, vous n’aurez plus envie de revenir. Tout comme vous n’aurez plus envie de fermer le livre et de quitter les personnages.

Un roman léger et profond a la fois, qui met l’accent sur la monté du racisme en Italie et dans le monde en général. Un livre qui nous montre que si certains sont agressifs et hostiles par peur de l’autre, peur des différences, l’homme peut aussi être capable du meilleur.

Un roman gorgé de soleil, qui se sirote comme un limoncello bien frais à l’ombre d’un citronnier.

Informations pratiques

Mamma Maria!, de Serena Giuliano – éditions Pocket, mars 2021 – 240 pages – 6,95€

Face à la mer immense, Lorraine Fouchet

Face à la mer immense

Imaginez les invités d’un mariage bloqués sur une île bretonne à cause du mauvais temps. Rapprochements, règlements de compte, mise à nu de secrets familiaux, la tempête n’est pas que sur la mer.

Mariage en Bretagne

Prune est une célèbre romancière. Dès son premier roman Face à la mer immense, il y a une vingtaine d’années, elle a rencontré un vif succès. Succès jamais démenti depuis. Mais de là à imaginer que la réalité puisse dépasser la fiction, que les lecteurs de ses livres puissent se rapprocher à l’image, et même grâce, aux personnages dudit roman, voilà quelque chose qu’elle n’avait pas envisagé.

C’est pourtant ce qui s’est passé avec Fleur et Merlin, lesquels se sont rencontrés grâce à son livre. Et d’avoir envie que Prune, à l’origine sans le savoir de ce rapprochement, y assiste. Le mariage aura lieu comme dans l’intrigue, sur l’île de Groix.

Si le mariage de ces deux lecteurs attendrissants émeut Prune, la perspective de retourner sur cette île bretonne qu’elle fuit comme la peste depuis 18 ans ne l’enchante pas du tout.

Mais il est peut-être temps d’affronter son passé, ses peurs, ses blessures. Et puis, ce ne sera que pour la journée. Juste une parenthèse vite refermée.

Or c’est sans compter avec les surprises du climat breton et celles, au moins aussi grandes, que réserve la mise en présence de membres d’une grande famille, avec les rancœurs, les jalousies, les non-dits et l’amour qui l’alimentent…

Une tendre mise en abyme

Avec Face à la mer immense, Lorraine Fouchet nous fait voyager en Bretagne, sur l’île de Groix qu’elle connaît si bien. Une île battue par les vents où en une seule journée, vous pouvez avoir les quatre saisons réunies. Et ce que vivent les invités du mariage est à l’image de ce climat breton : très variable. Pour certains c’est une grosse tempête, pour d’autres le calme plat, tandis que pour d’autres encore c’est un temps radieux. C’est une galerie de personnages très attachants que nous livre Lorraine Fouchet. Des personnages aux profils si variés que le lecteur se retrouve forcement dans l’un d’eux. Le couple séparé, les jeunes amoureux, le jeune homme homosexuel, le couple remarié, le fils en mal de père, l’amoureuse déçue, la maman endeuillée.

Avec beaucoup de tendresse, d’humanité et de sel (breton évidemment), Lorraine Fouchet nous montre que les tempêtes ne s’arrêtent pas à n’être que tourments. Elles permettent aussi de balayer le superflu, le douloureux, les non-dits et de chasser les nuages pour permettre au soleil de briller à nouveau sur les existences.

Informations pratiques

Face à la mer immense, Lorraine Fouchet – éditions Héloïse d’Ormesson, avril 2021 – 20€ – 320 pages

Léon et Gustave, Sophie de Mullenheim

léon et Gustave

Ce roman est un énorme coup de coeur. Une histoire tendre, émouvante, profonde, sur un enfant destiné à être mineur alors que ses rêves sont auprès de Gustave Eiffel et de sa tour. Une invitation à s’arc-bouter à ses rêves.

Travailler à la mine

Léon est un excellent élève. Mais si ses parents en retirent une certaine fierté, l’école leur apparait davantage comme une perte de temps qu’un atout. En effet, la famille vit dans la misère et il leur tarde que Léon, après le certificat d’étude, commence à travailler comme son père à la mine. Ils comptent sur son salaire pour subvenir aux besoins de la famille.

Léon, lui, nourrit d’autres rêves. Dans le journal, on parle beaucoup de Gustave Eiffel et de son projet un peu fou de construire une tour de plus de 300 mètres de haut pour l’exposition universelle. Fasciné par ce chantier, Léon rêve secrètement de travailler un jour pour l’ingénieur français Et de découper chaque article consacré à la fameuse tour. Et de confier ses envies à sa compagne et fidèle amie : la jument Cachou.

Si son instituteur plaide en sa faveur, insiste pour qu’on lui permette de poursuivre ses études et qui sait, de rejoindre un jour les ateliers de Gustave Eiffel, sa famille s’y refuse. Ils ne peuvent pas s’offrir le luxe de lui payer des études et de renoncer à son salaire à la mine. Sauf à vendre sa jument cachou…

Un sacré dilemme.

Un superbe roman pour enfants de 10 ans et plus

J’adore les romans pour adolescents de Sophie de Mullenheim. Vous pouvez retrouver la chronique de Pierrot et Miette ICI et celle de Emile et Mado ICI. Elle nous revient cette fois avec Léon et Gustave au cœur de la mine, toujours aux éditions Fleurus. Si chaque histoire est différente, je retrouve à chaque livre ces mêmes qualités qui me séduisent tant chez cette romancière : des personnages viscéralement humains, une histoire inscrite dans l’Histoire de France, une place importante accordée à la relation homme-animal, un suspens entretenu de la première à la dernière page et une émotion à fleur de plume.

Léon et Gustave, la jument Cachou mais aussi la jeune employée des mines Marie, vous feront chavirer le cœur dès les premières pages. L’auteure nous offre un voyage dans le temps, à la fin du XIXème siècle, au cœur des mines, où des hommes risquent chaque jour leur vie pour un salaire de misère. L’horizon des enfants qui naissent dans les familles de mineurs à cette époque est bouché. Ils n’ont d’autre choix que d’être mineur à leur tour, de risquer de finir ensevelis sous les décombres et de respirer des émanations toxiques à longueur de journée.

Faut-il pour autant renoncer à se battre? A rêver? Léon est un petit garçon dont l’horizon va plus loin que les paysages de terrils. Et la vie pourrait bien lui donner raison.

Un roman lumineux, émouvant, qui transportera les petits comme les grands.

Informations pratiques

Léon et Gustave, Sophie de Mullenheim – éditions Fleurus, mars 2021 – 233 pages – 14,90€